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Il
est toujours difficile de se dégager, libérer de la tradition, même
quand
celle-ci apparaît comme obsolète. Abandonner le tradition, c’est
abandonner une
partie de soi, de son histoire, de son engagement… et ça on le vit mal,
de même
que les autres vivent mal notre retrait et nous le font sentir. C’est
même
tellement douloureux chez certains, qu’ils préfèrent vivre dans le déni
et
refuser de voir la réalité……
Alors,
soit on se défile subrepticement, sur la pointe des pieds, soit on
assume
publiquement au risque de se faire montrer du doigt.
UN PEU D’HISTOIRE
La
création du 1er Mai est incontestablement une conquête
politique et
un moment important de la prise de « conscience de classe » de la
classe ouvrière.
Tout
cela se passait à une époque de montée « triomphante » du
capitalisme, dans quelques pays qui allaient dominer l’économie
mondiale durant
un siècle. Dominant par la puissance de leur technologie, la possession
des
capitaux, le contrôle mondial des matières premières et des énergies,
une force
de travail abondante, un contexte politique et idéologique susceptible
d’asservir « démocratiquement » - et par la violence si nécessaire
(fascismes) - le plus grand nombre.
Cette
classe ouvrière, déclarée « fossoyeuse du
capitalisme » était indispensable
aux grands patrons de l’industrie et de ce fait capable de leur faire
lâcher de
substantiels avantages.
La
résultante des luttes entre le Capital et le Travail a été,
historiquement une
côte mal taillée dont on paie aujourd’hui les conséquences, ou plutôt
les
inconséquences : des avantages
sociaux pour les uns, la conservation
du système marchand pour les autres. Les « expériences soviétiques »
ont toutes sombré dans la catastrophe avec retour au capitalisme.
Lorsque
les cartes, au niveau des États ont été redistribuées (décolonisation),
que le
progrès technique a remplacé massivement l’homme par la machine, que
les moyens
de communication ont permis une explosion de la valorisation du capital
(mondialisation), que le marché du travail est devenu mondial,… le
Capital
s’est adapté,… c’est même lui qui a façonné la mondialisation. La mondialisation c’est sa mondialisation.
Le Travail, lui, est resté sur ses positions ambiguës -
réformer plutôt que renverser - et sur ses
formes de luttes.
Ainsi,
cette « classe ouvrière des pays
industriels qui devait anéantir le capitalisme » s’est retrouvée en
position défensive, de faiblesse et même en liquidation dans ses
bastions les
plus puissants. L’ « internationalisme
prolétarien s’est volatilisé », les luttes sont devenus obsolètes
devant un Capital qui peut les contourner, le
refus de l’exploitation a été
remplacé par la crainte de l’exclusion.
On ne se bat plus contre le patron,
mais pour qu’il nous garde. On ne se bat plus « pour
l’abolition du salariat » (article 2 des statuts de la
CGT en 1906),… on en redemande.
Le
chômage s’est envolé, les services publics sont liquidés, de même que,
progressivement,
les acquis sociaux. Le système des retraites est peu à peu liquidé,…
Seuls, les
gardiens de musée de l’orthodoxie
prolétarienne osent ânonner les vieux slogans qui sentent bon la
naphtaline ! Nostalgie quand tu nous tiens !
Des
manifestations, des pétitions, des occupations, des séquestrations, des
lamentations,… il y en a tous les jours… Certains vont même jusqu’au
suicide.
Résultat : NEANT Rien n’y fait, le
Capital sûr de lui continue à prospérer se payant même le luxe de faire
payer
ses erreurs à ses victimes.
QUE FETE-T-ON EXACTEMENT
AUJOURD’HUI ?
A
risque de passer pour hérétique, on est en droit de se poser la
question.
Jamais
un 1er mai n’a été révolutionnaire, point d’orgue ou point
de départ
de renversement du capitalisme. Tout s’est toujours joué au niveau du
discours,
des slogans et des symboles. Revendicatif oui. Révolutionnaire non.
Ceci
est encore plus vrai aujourd’hui qu’hier.
Hier, manifester, c’était montrer sa force –
qui était réelle – c’était
arracher des concessions, des avantages au Capital. Aujourd’hui,
manifester c’est protester sachant que l’on ne fait
qu’accompagner la liquidation des
acquis sociaux, des entreprises.
Hier manifester et faire grève c’était mettre
le couteau sur la gorge du
Capital. Aujourd’hui le Capital se
fout royalement de nos mobilisations,… et le dit ouvertement. On
manifeste et
l’on fait grève pour que les licenciements soient le moins douloureux
possibles.
Un
1er Mai sur fond de régression sociale, d’accroissement des
inégalités, de liquidations d’un siècle d’acquis sociaux et…
d’impuissance dans les luttes.
Hier
on
montrait sa force. Aujourd’hui
on étale sa faiblesse.
C’est dur à admettre, mais il faut bien
le reconnaître : nous sommes passés du 1er Mai triomphant au
1er
Mai de la soumission et de la capitulation.
Le
poids de la tradition, allié à l’hyper bureaucratisation des
organisations
ouvrières a fait du 1er Mai un véritable mythe intouchable…
toute
remise en question tenant du sacrilège.
Le
1er Mai fait parti d’un folklore désuet, qui ne correspond
plus à la
situation stratégique des salariés dans le système marchand.
Ce
mythe est tenace,… et on y tient d’autant plus qu’il n’y a rien – ou
pas
grand-chose - à côté pour exprimer l’aggravation de la condition
salariale. Le
1er Mai devient une sorte au messe ou toutes et tous
communient, se
donnant l’impression de l’unité, de la solidarité et… de l’efficacité.
Un
exutoire sans lendemain qui se base sur des formes de luttes
aujourd’hui
dépassées et un avenir politique et social incertain et plus que sombre.
Qui
peut croire aujourd’hui, que dans les conditions d’existence du
Capital, de son
existence multiforme, de ses capacités d’adaptation et de nuisance,
fondé sur
un système politique démagogique et manipulateur, des démonstrations de
rues
peuvent le faire reculer ?
Le
1er mai devient le chant du cygne du mouvement social avant
le
« grand silence » de l’été.
Ne
nous faisons aucune illusion… les
gestionnaires du Capital, et leurs marionnettes politiques, se foutent
complètement de nos mobilisations, sachant qu’elles ne débouchent sur
rien.
Ce 1er Mai, pas plus que ceux qui l’ont précédé ces
dernières années
ne changera quoi que ce soit à la situation qui va aller en empirant.
« Mais si on ne manifeste pas
le 1er Mai, qu’est ce qui nous
reste pour nous exprimer ? »
Excellente
question à laquelle on peut répondre à deux niveaux.
1
- Le peuple a pour s’ « exprimer » les élections dont
il n’est plus à démontrer qu’elles ne servent à
rien… Tout le monde n’en est pas encore convaincu mais, petit à petit,
l’idée
fait son chemin….
2
– S’il ne nous reste plus que le 1er
Mai, et autres défilés folkloriques,… alors on peut légitimement en
conclure que « les carottes sont
cuites », et qu’aucun changement social et politique n’est
possible.
Y a-t-il une autre alternative ?… certainement, mais encore faut-il ne pas
rester le « nez
dans le guidon » et suivre bêtement les organisations politiques et
syndicales qui « font leur beurre »
de la situation dans laquelle nous sommes. Encore faut-il prendre des
initiatives qui aillent dans le sens concret d’un changement…
Alors,
le 1er Mai c’est vraiment la « lutte finale » ?
On peut en douter.
1er Mai 2010 Patrick
MIGNARD
Voir aussi :
« ACQUIS
SOCIAUX :
RIEN N’EST JAMAIS ACQUIS »
Et en
particulier pour
celles et ceux qui me diront « OK qu’est
ce que tu proposes ? »
« QU’EST-CE QUE
CONSTRUIRE UNE ALTERNATIVE ? » (1) (2) (3) (4)
Commentaires :
eve196809 |
le crashL'analyse de M. Mignard sur la mutation du syndicalisme est partagée. certains militants en concluent qu'il faut renouveller les structures (création de syndicats autonomes, autogérés); d'autres que le syndicalisme de droit a son destin tout tracé depuis sa légélisation et qu'il faut plutot une autonomie politique; donc quitter les syndicats. Ces phénomènes semblent se reproduire régulièrement. Il est toujours bon de le rappeller afin d'éviter des déconvenues douloureuses aux plus jeunes de nos compagnons. Pour autant la proposition "d'alternative" de Mignard est forcément discutable : et là aussi le débat semble déjà entendu. je ne décris pas. de toute façon la proposition n'est pas généralisable; c'est là son principal défaut. Mais elle a du mérite. Mais la période d'effondrement s'accélère à l'évidence. Elle prend une vitesse et une puissance révolutionnaire bien qu'elle s'affiche comme une réforme sans arret. La réaction (puisque la risposte était le role d'organisations vermoulues ou affaiblies : syndicats et partis) semble pour l'instant se faire par le vide : répression et renoncement organisationnel oblige : on le voit avec le refus de vote de la majorité des "citoyens" : le cirque électoral peine à maintenir le règne de la "démocratie" : le peuple ne participant plus et même souvent de manière majoritaire. pour les syndicats c'est la même chose : la recomposition orchestrée par sarkozy ne peut que faire aussi le nettoyage du champ syndical et pousser au départ ...définitif comme c'est mon cas. Certes il reste SUD et CNT sur la route et j'en proviens. Mais il y aura forcément une recomposition là aussi à cause de la refonte des règles du jeu légal (loi de 2008). Même si certains pensent passer à travers les gouttes, on nage là dans l'infinitésimal.A terme c'est l'intégration ou le départ des militants. Du coup il ne faut pas escompter autre chose qu'un effondrement aussi des syndicats, du syndicalisme légal. Certains diront que c'est terrible, que le Capital va nous manger tout crus. Et c'est vrai. Mais comme dit M. MIGNARD, il vaut mieux essayer de voir la vérité en face et chercher d'autres voies à la lutte des claases que de camper sur des positions illusoires de type ligne Maginot qui nous ont évité de réfléchir collectivement quand il en était encore temps. maintenant il est trop tard. trop tard pour beaucoup de monde. Et pas seulement la classe ouvrière occidentale. Répondre à ce commentaire
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eve196809 03-05-10
à 15:40 |
Re: le crashUn autre mot encore : ce crash "citoyen" et "syndical" est inévitable. il est profond. il vient de loin. Il va juste se généraliser encore. même la presse militante morfle ( à ce qu'elle en dit). sans parler de la bourgeoise, qui est en voie d'extinction. C'est dire ! Plutôt que d'ajouter du désespoir à une situation très difficile ( mais amplement méritée), précisons tout de suite que dans la guerre de classe qui se joue à travers le boycott des institutions" républicaines" , légales comme les partis, les syndicats et les médias industriels vient de renaîtrelà où d'aucuns pleureront que la classe d'en bas capitule. c'est juste une question de fraicheur d'esprit, de recul, de point devue. mais ça change tout ! Ce qui est une entrave aujourd'hui peut devenir un point d'appui demain. or le boycott ne coute rien. C'est le moins qu'on puisse dire. Et n'expose à aucune charge policière. Quant à l'autonomie, c'est l'un des buts de l'émancipation affiché depuis le début. L'industrialisation inaugurant sa perte. L'autre but c'est l'égalité, la liberté, l'anarchie concommitant avec l'harmonie. Une utopie, certes improbable. Mais pas impossible. C'est et ça restera la voie du salut " terrestre" mais c'est pas de la tarte. Puisque nous voici à l'heure de la fin d'un monde vermoulu de la lutte des classes, je m'adresse surtout aux jeunes cerveaux, disons aux cerveaux souples : Pour conserver le but, l'esprit de la révolte, de la révolution, du socialisme, du communisme, de l'anarchisme, du situationnisme il va falloir INVENTER autre chose. et personne ne peut à ce stade dire quoi avec certitude. Nous voici plus que jamais plongés dans les délices et les peines de la liberté à assumer par ses propres choix plutot qu'en suivant les appels des uns et des autres qui ont l'air bien etc... L'époque est plus que jamais une prise de conscience et d'indépendance. Gare aux drogues matérielles ou mentales. Place aux jeunes ! Place aux initiatives personnelles ! A bas toutes les orgas ! Chasse aux canards ! Que la crise s'aggrave ! Que la vie l'emporte ! Répondre à ce commentaire
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à 15:15