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L'En Dehors


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BATAILLE IDEOLOGIQUE
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En plein mois de Juillet, après un an de « révolution libérale » intense et deux mois d’une agitation sociale soutenue, couronnée par un échec évident de toutes les formes de luttes mises en place par les syndicats, les dirigeants de la majorité en ont conclu une chose très simple. « Nous avons gagné la bataille idéologique… » : « … nos idées et nos principes sont acceptés par les Français »,… Et pour qu’il n y ai aucune ambiguïté dans ces propos on décrète les grèves transparentes : « Désormais, quand il y en a, personne ne s’en aperçoit »

Propos provocateurs s’il en est, mais propos qui correspondent tout de même à une réalité : la lutte sociale, aujourd’hui, « ne paie plus ».

La molle réaction des syndicats à ces propos, sans parler du silence assourdissant de l’opposition officielle, en disent long sur les forces qui sont, paraît-il, à même de contrer cette offensive anti sociale sans précédent.

La dernière crise financière, puis économique n’a pas altéré l’opinion des tenants de ces propos… droits dans leurs bottes idéologiques, ils plient mais ne rompent pas devant les désastres engendrés par le système dont ils sont les garants. Le « revirements idéologiques », tout à fait superficiels d’ailleurs, se situent dans le cadre du système et ne l’altèrent absolument pas,… au contraire, ils le confortent.

COMMENT EN EST-ON ARRIVÉ LÀ ?
C’est la question essentielle que se posent tous les militants (qui réfléchissent) et citoyens conscients de la catastrophe politique et sociale que nous subissons et qui va s’aggraver.

C’est la conjonction de trois évènements qui sont bien évidemment liés :

 Une nouvelle phase du capitalisme international qui dès le début des années 80 tire politiquement les leçons de sa mondialisation – c’est le début de la « contre révolution libérale » qui balaie les restes des politiques keynésiennes particulièrement favorables aux concessions du Capital vis à vis des salariés. Avec un léger contretemps en France, l’arrivée de la Gauche au pouvoir vite convertie au libéralisme ambiant.
 La persistance d’une opposition salariée qui, incapable de s’adapter au « nouveau cours » du capital, reproduit des formes de luttes complètement anachroniques.
 Il n’y a aucune d’alternative hormis l’illusion d’une victoire électorale… dont on sait qu’elle n’offre aucune perspective.

Idéologiquement, ce qui avance, ce qui progresse, ce que l’on appelle pompeusement la « modernité » c’est le mouvement du Capital. C’est lui qui fait la nouveauté, qui charpente le monde, qui domine la pensée, qui décide de ce qui est produit, de la manière dont c’est produit et réparti. Il est aidé en cela par l’effondrement du « système soviétique », son, à tort ou à raison, alter ego, idéologique dont le vide de sa disparition est immédiatement occupé par les « valeurs » de la marchandise.

Face à lui, les salariés, dont une partie non négligeable comptait sur le « soviétisme » comme, sinon modèle, du moins allié, pour porter un coup décisif au système du salariat. Ceux-ci, qui ont réussi, à force de luttes, à arracher au capital des acquis sociaux non négligeables, ont continué à revendiquer comme par le passé et avec les mêmes méthodes… sauf que les conditions avaient et ont changé.

La double relance du Capital avec d’une part un pouvoir économique accru et une stratégie de valorisation nouvelle, du fait de la mondialisation, des marges de manœuvres élargies pour cette même raison, et d’autre part le bonus idéologique du à l’effondrement du « monde socialiste » l’ont surdéterminé dans sa puissance dominatrice aussi bien économique qu’idéologique.

POURQUOI IDÉOLOGIQUE ?
Parce que ce qui prime dans l’esprit collectif, et l’Histoire nous le montre, ce sont les principes, on peut dire même les valeurs, du système en place, celui qui organise les rapports sociaux.

Tout système s’est doté d’un « appareil » idéologique, dont les formes ont évolué en fonction des époques, pour se justifier aux yeux de la majorité, mais qui a toujours eu pour but, et à pas mal réussi dans son entreprise, a créer les conditions morales pour que la majorité, et même et surtout celles et ceux qu’il exploitait, acceptent les conditions qui leur étaient faites – ça été vrai des paysans au Moyen Age, ça l’est aujourd’hui des salariés.

C’est exactement la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui.

Dans aucun pays capitaliste développé, le système marchand n’a été renversé. Contesté, certainement, mais il a toujours réussi à faire accepter finalement aux salariés leur condition de salarié. Quand ça n’a pas été pacifiquement et par la négociation et le compromis, ça a été par la violence, le fascisme, la répression, mais le système est toujours « retombé sur ses pieds ».

Aujourd’hui, cette situation n’a pas changé : le Capital a tissé un système politique qui verrouille toute issue pouvant le remettre en question. A force de démagogie sur la pseudo démocratie et l’ « esprit républicain »( ?) (on peut en voir les limites à propos de l’Europe), il n’y a en fait plus de choix.

Il a réussi à rendre universelle et intangibles des « valeurs » telles que l’efficacité, au sens marchand du terme, du travail, au sens du salariat, de la rentabilité, au sens financier, de l’intérêt individuel, au sens de la négation de la solidarité,…

Toutes ces « valeurs », que partage d’ailleurs la « gauche officielle », détachées de leur contexte social et aseptisée par un discours démagogiques, la grande majorité des citoyen-nes y adhère.

Cette situation est surdéterminée par l’incapacité des « opposants » à imaginer une stratégie concrète de changement. Leurs propositions se situent toutes dans le simple cadre d’une rhétorique, certes sympathique, mais abstraite et sans conséquence concrète, donc sans opérationnalité. Elles sont à la fois inoffensives pour le système, et lui servent de caution « démocratique »… « Vous voyez bien que l’on accepte la contestation !... ». La radicalité des discours cache en fait l’inexistence d’une stratégie de changement.

Cette situation explique le comportement apparemment ahurissant des citoyens qui en arrivent à voter en masse pour des individus qui non seulement n’apporteront aucune solution à leurs problèmes, mais aggraveront leur situation… alors que celles et ceux qui proposent une « solution » tout à fait conformes à leurs intérêts recueillent quelques poussières de pourcentage du corps électoral. Il y a là une contradiction que se gardent bien les opposants au système, d’élucider.

On peut ainsi dire que les dirigeants des intérêts du Capital ont gagné la « bataille idéologique » en ce sens que leurs « valeurs », leurs principes sont ceux de la société et n’ont aucune alternative sérieuse et concrète qui leur est opposée.

QUE FAIRE ET QUE NE PAS FAIRE ?
Est-ce à dire que leur victoire est totale et définitive ?

Bien sûr que non. D’abord, parce que dans l’Histoire rien n’est définitif. Mais ensuite et surtout parce que le système qui est fondé et porteur de ces « valeurs », est incapable d’assurer à terme la paix sociale et menace, par son fonctionnement, la survie même sur la planète.

Il n’empêche, qu’en dépit de cela, il domine économiquement, politiquement et dans les consciences… et continue ses dégâts en toute impunité.

La crise financière qui est en train de dévaster économiquement et socialement nos sociétés est dans l’état actuel incapable d’ouvrir sur une alternative… de la contestation radicale, des critiques véhémentes, voire des révoltes (comme en Grèce), des appels à la grève générale,… mais rien de déterminant.

L’ordre marchand règne

La fuite dans la construction d’organisations et de partis, pratique dans laquelle excellent les opposants au système, compense l’impuissance à se saisir d’une pratique alternative. Elle donne l’illusion de la radicalité, de l’efficacité, mais reproduit en fait le vieux schéma qui a fait faillite : organisons les plus convaincus pour prendre le pouvoir central et changeons la société.

Politiquement le déverrouillage idéologique des consciences ne saurait se limiter à de simples discours, aussi séduisants et convaincants soit-ils – la dérisoire expérience électorale en est la plus parfaite démonstration.

La dégradation, la décadence du système dominant, la prise de conscience par une partie – encore très limitée - de la population, engendre des pratiques alternatives riches en valeurs nouvelles, et porteuses d’espoir d’alternative quand à la mise en place de nouveau rapports de production et donc rapports sociaux. Or, ce phénomène n’est absolument pas pris en compte par la pratique politique actuelle qui se limite à conquérir des parties de pouvoir institutionnel, ce qui aboutit à la constitution d’une classe politique rapace et incompétente (des noms ?).

La bataille idéologique ne se gagnera pas dans les urnes et dans les assemblées et autres institutions officielles, pas plus qu’à coup d’affiches, de tracts ou de pétitions. Elle se gagnera lorsque les valeurs que nous défendons seront l’expression d’une réalité sociale alternative qui convaincra peu à peu la majorité de l’absurdité du système marchand et son possible remplacement par une société solidaire et viable.

Patrick MIGNARD
Janvier 2009

Voir aussi :
« LA RÉVOLTE ,… ET APRÈS ? »
« QU’EST-CE QUE CONSTRUIRE UNE ALTERNATIVE (1) (2) (3) (4) »
MANIFESTE POUR UNE ALTERNATIVE

Ecrit par libertad, à 13:11 dans la rubrique "Pour comprendre".



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