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Indymédia Paris : "Cette journée signe-t-elle l'apogée du mouvement pour le retrait du projet Fillon ? Alors que la manifestation est un succès numérique incontestable, l'avenir est sombre. L'ensemble des organisations lycéennes (UNL, FIDL, JCR) s'obstinent à canaliser et à mener le mouvement dans l'impasse. Alors que les lycéens sont prêts à en découdre, tout est fait pour les éloigner de l'Assemblée nationale, pour préparer le prochain « temps fort » au lieu de préparer et d'appeler à la grève illimitée jusqu'au retrait total du projet Fillon, qui seule peut nous mener à la victoire. Détaillons tout cela.
BILAN DE LA MANIF
Selon la police, il y avait 2 fois plus de monde à la manif d'aujourd'hui (30500) qu'à celle de jeudi (15000). Ce résultat est d'autant plus remarquable que beaucoup de lycéens ne pouvaient participer à la manif pour cause de bac blanc maintenu.
Alors que la coordination nationale lycéenne de samedi avait décidé d'aller jusqu'à l'Assemblée nationale, la FIDL, suivie par l'UNL ont appelé à la dispersion de la manif à Denfert-Rochereau (certains assumant leur position, d'autres affirmant que le service d'ordre de l'UNSA les aurait menacé s'ils voulaient continuer jusqu'à l'Assemblée) à 17h.
Alors que des lycéens et des militants de la FSE (Fédération syndicale étudiante) appelaient à continuer jusqu'à l'Assemblée nationale, ils ont été pris à partie et menacé physiquement par le service d'ordre de la FIDL. Il est à noter que les JCR-lycéens qui, dans un premier temps, avaient décidé de continuer ont très vite été rappelé à l'ordre par leurs aînés étudiants : ils n'avaient pas très bien compris les consignes.
En contradiction avec ce qu'avait décidé la coordination nationale de samedi, les principales organisations lycéennes ont donc refusé de faire converger les 50 000 manifestants vers l'Assemblée nationale, c'est-à-dire là où cela se décide.
AG DE JUSSIEU D'APRES MANIF
Cette Assemblée générale était décisive pour la suite du mouvement. Beaucoup d'étudiants, lycéens, profs (en tout cas beaucoup plus que jeudi soir) étaient réunis.
Alors qu'un étudiant de la FSE s'était inscrit pour intervenir, il en fut dans un premier temps empêché par les cadres de l'UNEF et la tribune (qui ne s'est pas présentée, mais sans doute constituée de FIDL, UNL, JCR). Devant les protestations de la salle qui réclamait que tout le monde puisse s'exprimer et participer à l'AG, la tribune fut contrainte de procéder à un vote. Le vote fut très clair : une nette majorité s'est dégagée pour permettre à tout le monde (lycéens, étudiants, profs) d'intervenir, alors que les petits chefs de la tribune voulaient continuer à isoler les lycéens.
Les 2 militants de la FSE inscrits ont donc pu s'exprimer : ils ont dénoncé l'attitude des organisations qui ont toutes refusé d'emmener les manifestants jusqu'à l'Assemblée nationale. Ils ont surtout proposé, pour la suite, que la coordination lance un message fort et clair : un appel aux lycéens, étudiants, profs à la grève générale jusqu'au retrait total du projet Fillon, c'est-à-dire un appel à la tenue d'AG qui votent la grève, élisent des mandatés, et légitiment ainsi l'arrêt total des cours.
Ce message a reçu un net soutien des lycéens, très peu habitués d'entendre un tel discours. Pourtant, les leçons du printemps 2003 sont très clairs : la succession des journées d'action ne peut que nous mener à la défaite. En mai-juin 2003, les directions syndicales ont refusé d'appeler à la grève générale jusqu'au retrait du plan Fillon sur les retraites. Aujourd'hui, c'est la même chose pour la FIDL, UNL, JCR. Ils sont tous intervenus pour discuter du prochain « temps fort », tous d'accord également pour considérer qu'il ne pouvait pas y avoir plus d'un autre « temps fort » cette semaine.
L'AG devenait de plus en plus confuse : la tribune a refusé d'inscrire au tableau et de soumettre au vote notre proposition de grève illimitée jusqu'au retrait total du projet Fillon. Malgré les protestations, elle a pu ne pas la soumettre au vote profitant du bordel général.
Par contre, elle a soumis au vote (et considérée comme adoptée dans la confusion générale) une proposition d'un prochain « temps fort » vendredi prochain (vendredi seulement !) qui serait un « sit-in » devant l'Assemblée .... Alors que la manifestation d'aujourd'hui est un immense succès, les organisations font le maximum pour enterrer le mouvement et éviter que les lycéens se mettent réellement en grève, se structurent, élisent leurs mandatés et ainsi s'auto-organisent contre les petits chefs d'orchestre de « temps forts ».
PERSPECTIVES
Autant le dire tout de suite, les perspectives ne sont pas roses. Cela peut sembler paradoxal après la manifestation d'aujourd'hui. Pourtant, les lycéens ne disposent d'aucune organisation qui veut réellement en découdre avec le gouvernement. C'est à eux de s'organiser, avec les étudiants et les enseignants, contre les dirigeants de ces organisations.
Il faut se réunir le plus tôt possible en Assemblée générale dans les lycées (et si possible dans les facs ou faire des AG lycéens-étudiants comme à Tolbiac aujourd'hui), voter la grève, c'est-à-dire l'arrêt total des cours, discuter à fond du projet Fillon, élire des délégués mandatés et révocables, qui constituent des coordinations (d'abord locales, et le plus vite possible une réelle coordination nationale de délégués mandatés).
Il est très important de dire que c'est uniquement en s'organisant, en se réunissant en AG, en élisant des délégués que les lycéens pourront réellement mener leur lutte jusqu'à la victoire. A défaut, ils seront contraints de suivre, avec de moins en moins de motivation, les prochains « temps forts » décidés par de petits chefs qu'ils ne contrôlent pas. On sait très bien que la stratégie des « temps forts » ne mènera nulle part sauf à négocier au final avec Fillon des aménagements à son projet, que ces organisations essaieront de nous faire passer au final pour des victoires.
Rien n'est encore perdu : la victoire est possible à condition de ne pas être dupe et de tirer les leçons des mouvements passés (notamment du mouvement de mai-juin 2003).
Site national de la FSE :
http://www.luttes-etudiantes.com Site de la section de Paris I de la FSE :
http://oxygenefse.free.fr
à 18:08