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De cette consultation doivent, paraît-il, émerger des choix fondamentaux, certains même, n’hésitent pas à dire : un choix de civilisation… Rien que ça !
Cette conception n’a évidemment rien à voir avec la réalité sociale dans laquelle nous vivons,… elle est une astucieuse image fabriquée du pouvoir.
LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE : UN MYTHE
La fonction de « président de la république »
est une création purement artificielle. Elle date, dans sa
conception actuelle, de 1962, sur initiative de Charles De
Gaulle qui, au lendemain de la guerre d’Algérie n’était pas sûr
d’être désigné par le collège des « grands électeurs ». Ce
nouvel article de la constitution de 1958 instaure un régime présidentiel et
permet de donner un « légitimité » équivalente au législatif et
à l’exécutif. Celui-ci prenant finalement le pouvoir sur
celui-là.
Celle-ci est donc une pure opportunité politique, imposée par un « homme providentiel », du moins perçu comme tel, et permettant à la limite d’imposer un pouvoir fort, mais en tout cas une sorte de « monarchie républicaine ».
Le soit disant dialogue entre « un homme et le peuple », qui est à la base de la conception gaullienne de la Présidence de la République est un mythe directement issu de la personnalisation du pouvoir telle que l’imaginait Charles De Gaulle… et qui remonte d’une certaine manière aux racines de la monarchie.
Ce mythe est devenu, dans la classe politique, les partis, les médias, peut-être le peuple, la pierre angulaire de tout l’édifice politique français… le top niveau de la vie démocratique (?).
Pourtant, au regard des autres pays « démocratiques », une telle institution est loin de faire la preuve de son universalité. On peut même dire qu’elle est sources de dérives parfaitement contraires aux principes, proclamés, de la démocratie.
UNE MASCARADE POLITIQUE
Toute cette construction politique
permet au moins une chose : éviter de poser les vrais
problèmes – c’est
ce que l’on constate d’ailleurs aujourd’hui. En effet,
l’hyper personnalisation fait que l’on centre l’attention
publique plus sur la personnalité
que sur un programme.
Si l’ « homme du 18 juin »
pouvait encore représenter un symbole qui pouvait faire
confondre son image et sa « mission »,… ceux qui lui ont succédé
n’avaient pas le même prestige, loin s’en faut. Ce manque a largement été
compensé par une personnalisation
à outrance, produits des médias et des agences de
communication.
Les mises en scènes grotesques des candidats, leurs manières racoleuses, leur démagogie, les promesses à tout va,…sont devenues les pratiques courantes des campagnes électorales.
En 1981, lors de l’élection présidentielle, on pouvait imaginer – imaginer seulement, car on a vu la suite – qu’un projet politique original était porté par le candidat de la Gauche. Le mirage a été de courte durée.
Désormais c’est le pur spectacle de la politique, dans tout ce qu’elle a de plus vil et de superficiel, qui occupe tout l’espace politique. Les partis politiques ont compris tout de suite tous les avantages qu’ils pouvaient tirer de cette situation. Les politiciens professionnels ont œuvré pour investir la nouvelle fonction et faire en sorte qu’elle leur assure l’accès au pouvoir. Le soit disant « dialogue entre un homme et le peuple » s’est transformé en une course au pouvoir, parsemée, au sein des partis, de trahison, de soumissions, d’ambitions, de compromis et autres trafics d’influence…. le citoyen restant sur la touche à compter les points.
LE CULTE DE L’INESSENTIEL
Le triomphe mondial du libéralisme, s’il a conforté la Droite dans ses convictions, n’en a pas moins influencé la Gauche au point de lui faire perdre l’essentiel de ce qui pouvait – pouvait seulement – constituer un espoir de changement.
Aujourd’hui la pensée officielle, la pensée unique, a raboté
toutes les différences qu’il pouvait y avoir entre ce que l’on
appelle abusivement une « pensée
de droite » et une « pensée
de gauche ».
Ces différentes pensées baignent entièrement dans une conception
libérale de la société fondée sur la marchandisation totale des
activités humaines, la
déréglementation et le désengagement de l’Etat, c'est-à-dire du
collectif.
Les marchés constituants le substrat de ce qui constitue les relations sociales, la dimension politique - c'est-à-dire la dimension consciente et citoyenne - disparaît.
L’ « homme politique » n’est plus, fondamentalement, le représentant de celle ou celui qui l’élit, en ce sens que l’électeur-citoyen n’a plus prise réelle sur la réalité économique,… ce dernier ne peut que subir des mécanismes qui lui sont étrangers.
Le sens même de ce qu’est l’ « homme politique » change.
Pour le définir on ne peut décemment
plus dire le représentant
des intérêts de celles et ceux qui l’élisent, pas plus
d’ailleurs que le guide,
étant lui aussi soumis aux règles d’un système qu’il cautionne
et garanti.
La meilleur image qui puisse le représenter c’est celle du père (de la mère si c’est une femme).
La fonction tutélaire du Président de la République est parfaitement campée aujourd’hui par l’image du protecteur que voudrait faire croire – dans un excès de zèle qui le couvre de ridicule - l’actuel Président de la République.
Pour ce faire, pour accéder au pouvoir, le candidat doit jouer ce jeu : aimable mais ferme, attentif mais directif, généreux mais économe, rassurant (exorciser les fantasmes) attentifs aux rêves mais les pieds dans la réalité, à la fois « Père Noël » et « Père Fouettard »…. Autrement dit le rôle traditionnel du père de famille dans sa conception traditionnelle.
La campagne électorale porte donc là-dessus, une image apaisante, paternelle, voire pateline avec une touche de séduction plus sensuelle : postures à la tribune, allure générale, énergie, virilité/féminité (pas trop !), langage modéré,… Bref une image forte avec pas trop de choses sérieuses derrière, sinon des promesses, encore des promesses,… toujours des promesses…. Une réplique pour adulte de ce qu’est la lettre au Père Noël.
C’est ce discours lisse qui passe le mieux dans la population préparée par les médias et la classe politique à ne se prononcer que sur l’inessentiel. Celles et ceux qui sont en marge de cette logique spectaculaire sont irrémédiablement exclus de la course, et s’ils y participent c’est, soit par un narcissisme exacerbé (« je passe à la télé »), soit parce qu’il n’ont pas compris – eux et leur organisation – l’enjeu réel de cette mise en scène.
Porter au pinacle l’élection présidentielle, c’est donc se rabaisser à vouer un culte à l’inessentiel, aux apparences, à la mystification, à la fausse image du père. C’est abandonner son statut de citoyen et se comporter soit comme face à un gourou (voir l’hystérie de certains meetings), soit à voter par défaut contre celle ou celui que l’on déteste.
Dans tous les cas de figure, la démocratie n’a rien à y gagner et même tout à y perdre. Cela explique certainement la panade dans laquelle nous sommes aujourd’hui et nous serons demain.
Mars
2011 Patrick
MIGNARD
Voir aussi :
«PEUT-ON AVOIR CONFIANCE DANS LES HOMMES/FEMMES POLITIQUES?
« LE « PROGRAMME » EN POLITIQUE »
«VICTOIRE DE «LA» POLITIQUE…MORT «DU» POLITIQUE »