Destiné aux anarchistes débutants, L'ABC du libertaire s'attache à réveiller les consciences endormies : " Montrer combien l'autorité est irrationnelle et immorale, la combattre sous toutes ses formes, lutter contre les préjugés, faire penser. Permettre aux hommes de s'affranchir d'eux-mêmes d'abord, des autres ensuite. " En 1906, les presses de la colonie d'Aiglemont proposent à Jules Lermina (1839-1913), écrivain populaire favorable à la République et au socialisme, d'initier une série d'ouvrages militants. Journaliste dans la presse d'opposition sous le Second Empire, cet agitateur patenté revient avec son alerte abécédaire à ses amours de jeunesse en récriminant contre l'Etat bourgeois.
Lermina incite l'apprenti-libertaire à cultiver la sérénité devant l'adversité et à se défier des enthousiasmes, en même temps qu'à prendre du recul pour percevoir les choses globalement.
Si l'autorité et la propriété méritent d'être combattues, c'est qu'elles sont usurpées. Les " dogmes sociaux " se servent de la tradition pour entériner les injustices en les imputant à la pseudo-fatalité d'un état de nature inégalitaire. Premier d'entre les préjugés, la religion endort les consciences, justifie les pires injustices.
Lermina joint au communisme fédérateur et internationaliste de Marx la dénonciation de la propriété engagée par Proudhon : " La propriété n'est pas seulement le vol, elle est le meurtre ". Il considère que la propriété attise l'envie et le ressentiment. Le capital organise à son profit les guerres, planifie le gaspillage et les famines selon ses intérêts.
À tous les étages de la société, on assiste à l'enrégimentement des corps, à l'aliénation des consciences. Le travail, la famille, la patrie sont à réinventer. Mais l'avènement du monde libre passe par " l'abolition du capitalisme ".
Edition établie par Jérôme Solal, éd. Mille et une nuits 64 pages 2,5 euros
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