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Henri-David Thoreau et sa révolte solitaire
Au dix-neuvième siècle, Henri-David Thoreau fut le premier à théoriser ladésobéissance civile qui a ensuite largement inspiré les mouvements non-violents. J'ai eu l'occasion de me rendre en juin 2004 à Boston aux USA, et de là je suis, allée à Concord dans l'état du Massachusetts où est né Henry David Thoreau. Je souhaitais connaître l'endroit où a vécu celui qui a été le premier à théoriser sur la désobéissance civile et voir la fameuse cabane dans les bois où il a vécu seul pendant deux ans.

C'est aujourd'hui une région encore champêtre avec des bais et des étangs. Le lieu précis où était la cabane de Thoreau est matérialisé. Effectivement elle était dans les bois, en bordure du lac de Walden. Une jolie balade à pied de deux heures est nécessaire pour accéder à ce "lieu historique". La cabane elle-même a été reconstituée et installée tout près du parking; sans doute pour permettre aux Américains (qui marchent peu) de la visiter. Au delà de cet aspect un peu folklorique, ce fut pour moi l'occasion de me remémorer qui fut ce personnage important pour les fondements même de la non-violence.

Henri-David Thoreau est né en 1817 à Concord dans le Massachusetts. Il a eu une enfance heureuse et vivait beaucoup dehors, il errait dans la campagne environnante, péchait et nageait dans les lacs et les cours d'eau. Au collège de Harvard à Boston qui est tout près de Concord, il se lie peu avec les étudiants, il passe beaucoup de temps à lire et à se cultiver. Alors que ses collègues étudiants aspirent et s'enthousiasment pour la vie moderne et les nouvelles inventions de l'âge industriel, pour lui la simplicité est déjà la clé du bonheur.

C'est à cette époque que Ralph Waida Emerson aient s'installer à Concord et termine d'écrire le recueil d'essais Nature. Thoreau est impressionné par ses écrit et attiré par ce groupe d'hommes et de femmes de lettres connus qui se réunissent autour d'Emerson pour discuter des problèmes d'actualité : l'esclavage, la démocratie, la religion, l'éducation... Ils se sont nommés eux-mêmes tes Transcendantalistes. Ils passaient une grande partie de leur temps à penser, parler, écrire, au sujet d'une vie, simple et des joies contenues dans la nature que Thoreau connaissait bien : il était capable de retrouver son chemin dans les bois par une nuit sans lune, et il prévoyait le temps. Il a exercé plusieurs métiers pour vivre (il a même été instituteur mais il a démissionné parce que les châtiments corporels sur les enfants faisaient partie du mode éducatif) mais sa principale activité était d'observer et d'écrire sur la signification de la vie qu'il découvrait dans la nature environnante, sur .le sens de son existence et de la destinée humaine.

En 1844, alors qu'il a 27 ans Henri David Thoreau va bâtir une cabane dans les haïs au bord du lac de Walden, à deux kilomètres de Concord. Il va y vivre seul en autarcie pendant deux ans ayant planté un hectare de pommes de terre, de fèves, de blé et de maïs. Il construit ses meubles, se chauffe avec le bois qu'il coupe, il boit l'eau du lac qu'il filtre, se nourrit de sa pêche, de sa chasse et des légumes qu'il cultive. Il décrit son expérience de simplicité volontaire dans le livre Walden ou la vie dans les bois qu'il publie en 1854. Anachorète des temps modernes, tout en étant retiré de ce

monde du dix-neuvième qu'il décrit comme « agité, inquiet, affairé et superficiel », il réfléchit à la condition humaine et prépare en quelque sorte son engagement citoyen. Il déclare que le premier devoir d'un homme envers son Etat, lorsque les intérêts de celui-ci sont en conflit avec sa conscience, est de lui résister. Cette expérience de Walden et son livre assureront à Thoreau une place dans l'histoire comme l'un des premiers philosophes américains et comme un homme de lettre éminent.

En juillet 1846, H.D. Thoreau refusa publiquement de payer à l'Etat sa quote-part. Abolitionniste convaincu il reprochait à l'État de soutenir l'esclavage qui régnait dans le Sud. Si l'État du Massachusetts avait mis l'esclavage hors la loi sur son territoire depuis I780, ce n'était pas le cas des états esclavagistes du Sud où des hommes, des femmes et des enfants étaient achetés et vendus comme du bétail. Pour Thoreau, tant que le gouvernement rattrapait des esclaves fugitifs, les emprisonnait ou les remettait à leur maître, chaque Américain devait se sentir responsable. De plus il reprochait aux USA de mener une guerre impérialiste contre le Mexique. Thoreau fut arrêté et conduit à la prison de Concord pour ce refus de l'impôt: La somme demandée était dérisoire, ce n'était pas une question d'argent, mais de morale, il fut content d'être incarcéré pour cet acte posé. Il ne passa qu'une nuit en prison, car son entourage paya la caution, ce qui le rendit furieux. A l'extérieur de Concord peu de personnes furent au courant de l'emprisonnement de Thoreau et dans son entourage cet acte passait pour celui d'un fou. Néanmoins quatre ans plus tard il publia un lire Résistance au gouvernement civil qui en 1866 dans une édition posthume parue sous te titre Désobéissance civile. Dans ce livre qu'il fait connaître en faisant des conférences, il théorise le droit de l'individu à refuser d~ cuirpérer, avec un système qui ne convient pas à sa conscience. Ce livre est devenu une référence, Tolstoi le découvrit en 1894 grâce â un journal anglais et Gandhi le lit bien plus tard en prison en Afrique du Sud.

Comme beaucoup d'intellectuels américains de cette épode H.D. Thoreau voyait la jeune république américaine comme un phare de justice pour le monde et la constitution comme un rempart

contre, 1'iniquité. Néanmoins,face à certaines situations particulièrement injustes, il pensait que le vote était une arme de protestation trop faible. Dans son essai, Thoreau place le citoyen en face de

sa conscience et en face de son gouvernement et se demande auquel des deux il doit la plus grande fidélité. Voici sa réponse : "La seule obligation qui m'incombe est de faire en tout temps ce que j'estime juste". Thoreau admettait qu'il devait être mis en prison pour son action mais il insistait sur le fait que son refus de payer l'impot était l'acte d'un bon citoyen servant son gouvernement avec conscience.

"Si la machine gouvernementale veut faire de vous l'instrument de l'injustice, envers notre prochain, enfreignez la ! » disait-il.

La désobéissance civile,c'était pour lui avant tout nu acte individuel, une attitude personnels qui découle d'un choix éthique. Il ne se préoccupait pas d'organiser une action collective, néanmoins i1

reconnaît que si d'autres citoyens posaient le même acte ensemble ils pourraient élever une protestation efficace même en étant une minorité. Comparant le gouvernement à une machine, il souhaitait montrer comment une faible minorité par le refus de payer l'impôt pouvait détraquer le mécanisme de cette machine. Ce serait, disait-il une révolution pacifique. En stimulant le courage des hommes et des femmes, et en leur montrant qu'ils peuvent agir selon leur conscience, la conception de Henri-David Thoreau sur la désobéissance civile a créé le fondement de la résistance non-violente à l'injustice.


Yvette Bailly

MAN-Lyon.


Références :

  • Puissance de la non-violence : Thoreau, Gandhi et les noirs américains, Betty Schechter.Nouveaux horizons

  • Walden ou la vie dans les bois, HD Thoreau Paris, Aubier, Ed Montaigne

  • La désobéissance civile, HD Thoreau, Ed Climats 1992

  • La désobéissance civile, Alternative non-violentes, n°108


S!lence #329 novembre 2005
Ecrit par libertad, à 00:12 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  simon
26-11-05
à 12:46

je connaissais pas son épisode de vie en autonomie dans la nature, ça me fait d'autant plus aimer le bonhomme. je vais chercher mais si quelqu'un trouve son bouquin "walden ou la vie dans les bois" sur internet, meme (surtout) en VO, faites tourner!
par contre qu'est que gandhi a été foutre dans les prisons sud africaines? y'a pas eu une ptite confusion?
Répondre à ce commentaire

  Cercamon
26-11-05
à 13:36

Re: Re: Re: Re: Le moyen? Et la fin?

"qu'est que gandhi a été foutre dans les prisons sud africaines? y'a pas eu une ptite confusion?"

Pas de confusion. On s'accorde à dire que ce qui s'est passé en afrique du Sud a été déterminant dans la vie de Gandhi !

Gandhi avait été envoyé en Afrique du Sud pour défendre les intérêts d'une entreprise indienne (il était avocat).

Et c'est là bas qu'il fera l'experience de la discrimination "dure". Après avoir gagné son procès, il s'installera quelques années avec sa famille en Afrique, et luttera très activement contre les lois ségrégationniste. C'est l'époque de la guerre des Boers. Il y fera plusieurs séjours de plusieurs mois en prison. Finalement certaines lois seront abrogées. C'est après que Gandhi reviendra en Inde...

C'est durant ses études à Londres qu'il (re-)découvrira l'hindouisme, c'est en Afrique qu'il concevra sa théorie non-violente...
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  Anonyme
26-11-05
à 14:47

Re:

Répondre à ce commentaire

  ogur
26-11-05
à 18:47

Re: Re:

On a pas trouvé mieux que le principe de désobeissance de Thoreau.

Raoul Vaneigem dans son "proposition aux grévistes...." le prolonge. La désobeissance civile et notamment celle qui consiste à opposer son refus à une injustice par un acte citoyen, devient entre les mains de l'écrivain situationniste un instrument de lutte, de cohésion contre un système qui fait la preuve chaque jour du péril qu'il nous fait encourir. Il propose aux fonctionnaires en grève d'imposer partout la gratuité des transports et des services. Ce qui présente a priori l'avantage de se rallier les usagers et qui empêchera la presse d'évoquer ses sempiternelles "prises d'otages". C'est un offensive contre le coeur du système. Les syndicats traditionnels refusent ce procédé. Soit que leur hierarchie est corrompue par de graces récompenses de l'Etat et des entreprises. Soit que ce mode présente un risque auquel nous devrons bien nous confronter, et surtout avant qu'il ne soit trop tard. Ce risque c'est bien que les grévistes ne suivent pas massivement le mot d'ordre du principe de la gratuité, que les usagers ne soient pas solidaires. Et je dis qu'il pourrait être bientôt trop tard dans un pays qui co:mpte plus d'actionnaires que de précaires. Et l'actionnaire, s'il n'est que cette sombre engeance de raclure emoustillées par le seul fric, s'il n'a d'autres principes plus élevés dans l'existence, l'actionnaire pourrait être l'obstacle ...

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