Les banlieues sont pacifiées, la révolte qui a grondé s'est apaisée, mais les raisons qui l'ont provoquée restent, elles, bien présentes. Les technocrates des différents ministères vont maintenant, confortablement installés à leur bureau dans les beaux quartiers, analyser les causes du ras-le-bol de ceux que les politiques ont refoulés dans ces foutoirs urbanistiques que sont les cités qui, ces quarante dernières années, poussent comme des champignons vénéneux dans la périphérie de nos grandes villes. Gageons que les solutions que ces cols blancs à la solde des capitaines d'industrie et des rapaces de la finance vont nous pondre, consisteront surtout en un plus draconien contrôle social, de manière à pouvoir exploiter avec plus d'efficacité ces réserves de main-d'oeuvre bon marché. Que de belles promesses électorales en perspectives!
Il faut croire que la répression et (isolement ne suffisent plus à contenir la révolte; maintenant c'est la démocratie et les libertés individuelles que l'on suspend à ceux qui, avant qu'ils ne se soulèvent, étaient déjà relégués dans les oubliettes de l'économie et de la politique par les racailles qui nous gouvernent. Trois mois d'état d'urgence, voilà ce qu'ont voté les deux chambres censées garantir la démocratie. Il faut dire que les faux derches qui siègent confortablement dans ces institutions n'ont jamais hésité à donner leur aval aux dictateurs qui le leur demandaient. Comme en 1940 à Philippe Pétain, ou bien pendant la « pacification » de (Algérie. À cette époque les pouvoirs que les parlementaires out octroyé à (armée en Algérie ont permis à celle-ci de commettre en toute impunité des crimes de guerre que nos députés et sénateurs se sont empressés d'amnistier par la suite, privant de ce fait les générations futures d'une information objective quant aux atrocités commises. Pendant trois mois, notre liberté de circuler, de nous exprimer à travers des publications, des théâtres, le cinéma, etc. et même de nous réunir comme bon nous semble, restera à la discrétion de M. le préfet. Si c'est comme cela que ces messieurs veulent donner l'exemple de la démocratie à la jeunesse, alors celle-ci ne sera pas longue à comprendre que tous leurs beaux discours se résument à une phrase: « Soit jeune, chômeur, précaire et pauvre, mais surtout ferme ta gueule! »
Sommaire :
Étatisme et syndicalisme, choix et stratégies, par A. Pierre, page 4
Nouvelles des fronts, de l'Hexagone à l'Europe, par Hugues, page 5
À la porte les étrangers?, par M. Rajsfus, page 6
L'autruche brave le froid et maintient sa vigilance, par Frédo Ladrisse, page 6
Brèves et autres, page 7
Strasbourg et la barricade des quartiers, par P. Sommermeyer, page 8
Circulez! Circulez, explications par A. Sulfide, page 9
Lyon et la révolte dans les quartiers pauvres, par Manolo, page 11
La politique parisienne, bas les masques, par J-L. Debry, page 12
Faits d'hiver, pas si timbrés que ça, par J-M. Raynaud, page 14
Les veuves de Rouen, victimes de l'amiante, par Thierry , page 15
Pologne, les anarchistes de Poznan appellent à la solidarité, page 16
Science sans conscience et domination, par Thomas, page 17
Le Réseau éducation sans frontières, par A. Sizaire, page 19
Dormez citoyennes, les étoiles s'occupent de vous, par N. Potkine, page 20
A propos de Mai 68 et du cinéma, par Bélial, page 21
Jean Dassonval à la librairie du Monde libertaire, par A.Rober, page 22
Radio libertaire, page 22
Agenda, page 23
Le Monde libertaire #1417 du 24 au 30 novembre 2005