Lu sur
Actualité de l'anarcho-syndicalisme : "C’est une loi de l’histoire récente qu’on ne supprime pas en France impunément un jour férié. Forts de cette certitude, nous avons décidé de donner à la population les moyens de refuser la dernière injure que lui faisait le gouvernement.
Nous savions être seuls à pouvoir le faire. Car il s’agissait de se rebeller contre une loi votée et qui avait obtenu l’assentiment tacite des syndicats "représentatifs" en raison de l’espace de négociation, c’est-à-dire de l’espace de légitimation mutuelle des syndicats et gouvernement que cette loi offrait. Il suffisait donc de lancer un appel à la grève pour que celui-ci fut suivi.
Et comme la lutte est un art d’exécution, c’est dans la forme que nous avons employée que réside l’explication de ce succès.
Nous avions choisi une cible, l’Education nationale et, à l’intérieur de l’Education nationale, le premier degré. Ne disposant pas d’une audience naturelle, il nous a fallu procéder en deux temps : dans un 1er temps (début février 2005), envoi, d’un courrier informant les salariés de ce secteur que leurs collègues anarchosyndicalistes ne travailleraient pas ce jour-là (lundi de Pâques) et en exposant les raisons. Ce premier envoi avait pour objet de susciter la réflexion et le débat parmi le corps enseignant. Il fut suivi d’un 2ème envoi, 15 jours avant la date de ce qui a constitué formellement notre appel à la grève.
Entre temps, le premier envoi faisait son effet. Les autres syndicats recevaient des appels de leurs propres syndiqués qui leur signifiaient que, faute d’un appel de ces syndicats-là, ils seraient en grève avec la CNT-AIT.
Comme au jeu de quilles, certains de ces syndicats, pour sauver la cohérence de leur organisation, en vinrent à poser des préavis de grève SANS TOUTEFOIS FORMULER D’APPEL A LA GREVE.
Nous avons eu le concours inattendu de la FCPE du Gard qui appela les parents d’élèves à ne pas envoyer leurs enfants à l’école ce jour là.
Il en a résulté qu’au seul appel de la CNT-AIT, une part importante des enseignant fut en grève et la quasi totalité des élèves.
Nous oeuvrerons pour que le même état de désobéissance se retrouve dans tout le reste de la France le lundi de Pentecôte.
CNT-AIT du Gard, section éducation
ALES VILLE MORTE
SUCCES DE LA GREVE DE PROTESTATION LANCEE PAR LA CNT AIT DU GARD
A la suite d’une rare incurie, l’État a laissé mourir l’été 2003, du fait de la canicule plusieurs milliers de personnes âgées. Depuis, il n’a rien trouvé de mieux que d’imposer aux salariés un jour de travail non rémunéré par une loi. C’est le retour du servage. Dans toute la France, ce jour de corvée est fixée au lundi de Pentecôte. Dans le Gard (pour cause de Feria de Nîmes à Pentecôte), la date du jour de servage a été avancée au lundi de Pâques, ce 28 mars 2005.
La CNT-AIT éducation du Gard, après avoir dénoncé la manœuvre gouvernementale (qui fait payer la mort des personnes âgées a des salariés qui n’en sont nullement responsables) avait lancé un appel à la grève pour aujourd’hui. Comme ils l’écrivaient dans leur tract, particulièrement bien diffusé dans tout le département, le travail se fera "sans les enseignants de la CNT, ni de leurs sympathisants. Puisqu’on fait l’honneur aux Gardois d’être les premiers à subir cette loi malhonnête, nous ne manquerons pas de donner l’exemple en effet. Nous serons en grève ce jour-là"
Ils ont tenu parole. Négligée par les autres syndicats -dont pas un seul n’a daigné appeler à la grève, alors même qu’ils étaient très bien informés de l’initiative de la CNT-AIT- la grève lancée par la CNT-AIT a connu un succès inespéré.
Dans la ville d’Ales, où la CNT-AIT avait décidé de concentrer ses forces, c’est dès 8 heures du matin que les anarchosyndicalistes ont organisé un rassemblement de protestation rouge-et-noir devant le lycée Dumas (un des plus gros de France). Plus de 90 % des élèves et à peu près autant d’enseignant de cet établissement se sont joints à la grève. Le pointage fait à mi-journée nous permet d’affirmer de plus que la moitié des écoles du Gard étaient également fermées. Au-delà du secteur CNT-AIT éducation, l’idée de grève a fait largement son chemin. Les transports ne fonctionnaient pas à pratiquement 100 %. Les cantines étaient fermés, les cafétérias aussi. La Poste elle-même était totalement fermée.
Cette grève, qui témoigne d’un mouvement exemplaire de désobéissance civile et de résistance apporte un camouflet cinglant à tous ceux qui se sont couchés devant le pouvoir. Elle s’est faite, répétons-le, en dehors de toute participation des syndicats représentatifs, des partis politiques et assimilés.
Dès ce matin, sur France-Info, le Président du Conseil général du Gard ne trouvait pas d’autres termes pour qualifier la situation dans son département que ceux de "merdier organisé". Le mouvement de grève lancé par la CNT-AIT a sûrement beaucoup contribué à ce "merdier", joint à l’opposition spontanée de la population contre cette scandaleuse journée de travail gratuit.
L’après-midi, à 14 heures, une petit cortège noire-et-rouge, d’une centaine de personnes, qui avait reçu la participation de la CNT-Vignole, a eu lieu dans les rues d’Alès. L’appel pour étendre au lundi de Pâques dans toute la France le mouvement lancé dans le Gard par la CNT-AIT éducation a d’ores et déjà trouvé un large écho dans la CNT-AIT. Voici deux mois, que "Le Combat syndicaliste de Midi-pyrénées" l’a relayée (numéro de février 2005) et que de nombreux syndicats CNT-AIT diffusent le tract "Ne pas travailler pour rien, une idée qui doit faire son chemin". Une idée qui fera, soyons-en sûrs, beaucoup de chemin.
Correspondant de presse "Combat syndicaliste".
à 11:32