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Mais la Constitution européenne constitue un saut qualitatif. Presque 50 ans après le traité de Rome, il s'agit de donner un socle neuf à l'architecture de l'Union européenne, un " nouveau départ " juridique qui fera de l'économie de marché une loi d'airain pour chaque Etat membre ou candidat à l'UE.
Pour ce qui est des mécanismes politique, l'architecture de l'Union européenne restera essentiellement la même : codécision et vote à la majorité qualifiée (une addition des Etats représentant au moins 60% de la population). L'appareil politique de l'Union européenne reposera comme auparavant sur la technocratie installée à Bruxelles. Au finale, la " démocratie " indirecte se fait toujours plus indirecte, et les vrais centres de décision toujours plus hermétiques.
L'adoration du marché, dieu-soleil de l'Union européenne
La façon dont le projet Giscard confère un caractère constitutionnel à des mécanismes de contrôle de la concurrence confine à l'absurde et en dit long sur la nature de la " construction européenne ". Derrière ce terme séduisant empruntant aux idéaux internationalistes, les bourgeoisies des différents Etats cherchent à établir le code du commerce qui garantira au mieux leur enrichissement dans l'équilibre de leurs intérêts respectifs. Les travailleurs et travailleuses de chaque pays de l'Union sont les perdants de cette " construction ", déclinaison continentale de la mondialisation capitaliste.
Dans sa rédaction, le projet Giscard de Constitution européenne utilise à fond la méthode du faux semblant, qui consiste à proclamer de grands principes humanistes pour, dans le détail des articles, codifier tout le contraire. Ainsi, selon que l'on consulte la partie I (les objectifs de l'Union), la partie II (charte des droits fondamentaux), ou la partie III elle-même (les politiques et le fonctionnement de l'Union), on aura une vision bien différente du projet. Ainsi on apprend dans l'article I-2 que " l'Union se fonde sur les valeurs indivisibles et universelles de dignité humaine, de liberté, d'égalité et de solidarité, elle repose sur le principe de la démocratie et de l'État de droit. " Mais cette belle déclaration est contredite dans les articles III-69, 70, 77, 144 et 180 qui répètent à l'identique que l'Union agit " conformément au respect du principe d'une économie de marché ouverte où la concurrence est libre ".
Des garde-fous contre toute tentation sociale
Les différents gouvernements n'ont pas fini, pour mener leur politique antisociale, de se cacher derrière les contraintes de l'UE. Un trait fondamental du projet de constitution est ainsi d'inscrire comme obligatoires tout un arsenal de dispositifs libéraux (y compris certains qui répondent spécifiquement aux revendications de certains lobbies patronaux), mais de requérir l'unanimité des membres pour toute mesure risquant de contrecarrer les intérêts capitalistes, bloquant ainsi toute volonté politique allant en ce sens. Il en est ainsi des mesures contre la fraude fiscale, ou en matière d'impôt sur les sociétés, mesures qui doivent être prises à l'unanimité et surtout " être nécessaires pour assurer le fonctionnement du marché intérieur et éviter les distorsions de concurrence " (III-63). Il en est de même pour le contrôle de la circulation des capitaux, traité dans l'article III-46-3: " Seule une loi ou une loi-cadre européenne du Conseil des ministres peut établir des mesures qui constituent un pas en arrière dans le droit de l'Union en ce qui concerne la libéralisation des mouvements des capitaux à destination ou en provenance de pays tiers. Le Conseil des ministres statue à l'unanimité après consultation du Parlement européen. "
Pour le reste, presque tout ce que peut souhaiter l'Union des confédérations de l'industrie et des employeurs d'Europe (Unice, une union syndicale dont, en France, le Medef est membre) est inscrit dans la partie III du texte. En revanche, il n'est pas question de droit des salarié(e)s en matière de rémunération, d'association, de grève, etc.
L'Union européenne, instrument de l'exploitation économique...
La position de l'UE concernant le commerce international (et donc encadrant ses négociateurs à l'OMC) est inscrite dans la Constitution. L'UE " entend contribuer [...] à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux et aux investissements étrangers directs, et à la réduction des barrières douanières et autres. " (III-216).
En matière de casse des services publics, il est prévu que si la politique d'un Etat en faveur d'un service public a " pour effet de fausser la concurrence dans le marché intérieur, la Commission examine avec lui leur adaptation aux règles établies par la Constitution. Par dérogation à la procédure de droit commun, la Commission ou tout Etat membre peut saisir directement la Cour de justice qui statue à huis clos. " (III-17).
L'article III-80 consacre l'indépendance de la plus opaque des institutions européennes : la banque centrale européenne, chienne de garde de l'orthodoxie monétariste, qui réduit la politique économique à une évaluation comptable de l'alignement budgétaire des Etats sur les critères de Maastricht.
Le projet Giscard répond également aux exigences de divers lobbies patronaux, en se donnant pour objectif " d'encourager l'enseignement à distance " (III-182-2) ou en inscrivant que " toute mesure dans le domaine des prix et conditions de transport, adoptée dans le cadre de la Constitution, doit tenir compte de la situation économique des transporteurs. " (III-137). Sur cette question particulière des transports, la Constitution tolère cependant à regret que " les aides qui répondent aux besoins de la coordination des transports ou qui correspondent au remboursement de certaines servitudes [sic] inhérentes à la notion de service public. " (III-136).
... et de la domination militaire occidentale
En matière de Politique étrangère et de sécurité commune (Pesc, qui est l'un des champs politique de l'UE), " les Etats membres s'engagent à améliorer leurs capacités militaires " (I-40-3). L'article I-40-2 précise que la politique de défense européenne doit être " compatible " avec les obligations des Etats membres de l'Otan, reconnaissant la supériorité juridique de cette organisation militaire. Il est même précisé que " les États membres participants travailleront en étroite coopération avec l'Otan ".
Mais même en cas de " troubles intérieurs graves affectant l'ordre public, en cas de guerre ou de [...] menace de guerre ", les États sont censés se concerter pour éviter que soit " affecté " " le fonctionnement du marché intérieur " ! (III-16)
Notre objectif : enclencher une crise de l'Union européenne
La crise de légitimité de l'Union européenne est latente depuis les débuts. Elle a été renforcée par la signature du traité de Maastricht et, dans certains pays, par le forcing des classes dirigeantes en faveur de l'UE, malgré l'hostilité majoritaire de la population. Ainsi l'État danois a-t-il réorganisé le référendum sur la ratification du traité de Maastricht jusqu'à ce qu'il obtienne une petite majorité favorable à la signature. Ainsi l'État irlandais, confronté au " non " de la population au traité de Nice en juin 2001, a-t-il dû réorganiser le référendum, avec cette fois une solide préparation " pédagogique " pour obtenir une majorité favorable à la signature en octobre 2002. Le vrai visage de la " construction européenne " est également révélé par les mouvements sociaux qui secouent périodiquement les différents pays de l'Union.
L'éventualité d'un référendum sur la Constitution européenne - et d'un " non " majoritaire dans plusieurs pays - peut être l'occasion de déclencher une crise majeure dans l'UE.
Paris, 10.01.2004
Constitution européenne:
Les capitalistes disent "oui"
Nous répondons NON!
DÉPLIANTS QUATRE-PAGES ARGUMENTAIRES D'ALTERNATIVE LIBERTAIRE. (ormat pdf).
Commentaires :
kmilstg |
élections...pièges à cons!Aux dernières nouvelles,l'institut de sondage Ipsos, donne le rien à péter majoritaire à 55% devant le rien à battre à 45 %. Le clan du rien à battre ne s'avoue pas vaincu!
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Bolkenstein 31-03-05
à 11:24 |
Quand A.L. sert la république.Alternative libertaire est donc favorable à un référendum. J'aime bien cette organisation révolutionnaire qui respecte les insitutions de la 5ème république (parce que si y'a référendum en France, c'est tou simplement que dans la constitution francaise, tout ce qui touche à elle, et c'est le cas de la constitution européénne, doit faire l'objet d'un référendum, c'était l'idée du général qui si l'on vote bien pourra devenir le plus grand français de tous les temps). Pourquoi être pour le référendum? Parce que c'est démocratique? Si c'est le cas, la victoire du OUI fera en sorte que les opposants n'ont plus qu'à fermer leur geule. Cette campagne non seulement pour le NON , mais aussi pour la mise en place de référendum, ne fait que légitimer les insitutions.
Par ailleurs, comme le dit le commentaire ci-dessus (si j'ai bien compris), qu'est-ce qu'on en a à foutre de ce référendum. La constitution menace les services publics. C'est vrai, mais est-ce que les gouvernements qui se sont succédés ont attendu cette constitution pour casser le service public, il me semble que non. Je doute que la lutte pour la défense des services publics, contre les politiques libérales passe par une campagne pour le NON au référendum, à moins que l'on soit atteint d'une terrible maladie qui touche une partie du mouvement libertaire, à savoir le réformisme dont un des symptômes est l'opportunisme. Répondre à ce commentaire
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simon 31-03-05
à 15:11 |
Re: Quand A.L. sert la république.les politiques c'est des autistes. ils vivent dans leurs petits palais et se baladent avec chauffeurs. les seuls signaux qu'ils peuvent reçoivent de l'extérieur, c'est:
-les baffes -les claques electorales j'aimerai bien en giffler un ou deux (poliment) le 30A, mais une bonne claque electorale ça leur ferait pas de mal. un referendum c'est pas comme une election, c'est "nos dirigeants nous posent une question", c'est quand meme moins pire que "comme nouveau president, vous preferez peste ou cholera?". l'abstention a un réferendum, a moins que ça ne soit un réferendum truqué (c'est pas le cas: ici c'est oui ou non on veut ce machin), ça sert a rien a part a faire dire aux journalistes pour la Xieme fois "ya un malaise..." et à faire gagner le oui car ceux qui ont tous les interets du monde à ce que ça passe eux ils s'abstiennent pas. regardez ce qui s'est passé en espagne. personne n'a dit "on annule tout" a cause de l'abstention, giscard ne s'est pas retiré aux hespérides, et ça fait tout un pays qui sera régenté selon cette constitution pour tres longtemps. juste pour dire, voter au referendum ne legitime pas les institutions, surtout si c'est pour les contredire. Répondre à ce commentaire
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anonym3 02-04-05
à 23:41 |
Re: Re: Quand A.L. sert la république.La question référendaire est simple, c'est oui ou non. mais ceux qui choisissent sont les politicards non choisis aux éléction précédentes ; faut il à la prochaine éléction choisir les meilleurs candidats selon les critéres enboncés en dessous, afin que le prochain référendaire soit mieux ?
Critéres: Les autres éléctions c'est un peu plus complexe, c'est du oui ou non pour chaque candidat, il faut donc réfléchir un peu plus et faire un comparatif entre tous les oui et non de chaque candidat et choisir celui qu'on décide être le plus oui et le moins non. Aux prochaines éléctions tu voteras ? car voter pour un candidat ne légitime pas les institutions, pas plus qu'un référendum... Répondre à ce commentaire
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à 22:48