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Il
y a plus méprisable cependant. Il y a ceux-là même qui font profession
d’exercer le pouvoir. Cette oligarchie qui fait son métier d’être des élus. Ces
élus professionnels ne sont en rien respectables. Ils ne sont en rien le peuple, ni même les représentants
qu’ils se déclarent être. La démocratie, là, n’existe que le bref instant où le
citoyen croit encore détenir son bulletin de vote, ce bout de papier dérisoire qui
hésite un choix entre charybde ou scylla. De démocratie, elle n’a que la
fonction élective provisoirement accordée, sinon, elle n’est qu’une oligarchie
au service des exploiteurs, et aujourd’hui, une quasi-monarchie grotesque. Une
monarchie sans royauté héréditaire (c’est sa seule limite à un absolutisme des
oukases), mais une mono-archie emplie de ces roitelets impudents qui décrètent
plus de répression, jugent qui peut passer les frontières ou décident à notre
place de la vie future.
Il
faudra un jour qu’ils rendent des comptes, ces professionnels de l’élection, ces
prétendus chefs de quelque chose comme s’il suffisait de se targuer d’un
pouvoir qui n’est pas à eux. Il faudra qu’ils expliquent la prétention de leurs
actes et l’infamie de leurs décrets. Qu’il prenne garde que le peuple ne leur
demande de quel droit ils ont ainsi disposé de nos vies. Oui, ils vivent de nos
abdications, mais ils exploitent surtout nos épuisements. Les voilà qui
fomentent des expulsions, des frontières, des contrôles. De temps à autres,
bien sûr, le système crapuleux que certains ont mis en place devient visible
lors d’un procès ou d’une « affaire », mais ces déboires masquent mal
que l’oligarchie se nourrit des autres…Et quand bien même, ces élus
professionnels construiraient une aimable politique, leur seule prétention de
détenir nos vies, de décider à notre place reste une immondice. La seule démocratie
est directe, et ne connait que des délégués
révocables à tout moment.
Et
puis, il y a ces accapareurs. Ceux-là qui prennent sur les autres, ceux-là qui
font faire leur sale besogne, parce qu’ils prétendent s’approprier pour eux
seuls un morceau de la planète terre. Ni le monde ni l’humanité ne sont à
vendre. J’ai lu, bizarrement dans le Monde Libertaire, les errements
« politiques » de certains appelant à associer les mots capitalisme
et libertaire. Ceux-là se gardent bien d’user du mot d’anarchiste. Il leur faut
une idée simple et le terme libertaire a toutes les connotations plaisantes à
leurs yeux. En utilisant la crainte que les communistes révolutionnaires
eux-mêmes ont de l’individu, en citant Proudhon, Bakounine, on peut réduire
l’anarchie à l’absence de pouvoir, mais surement pas au désordre. Au désordre
de quel ordre, d’ailleurs. L’anarchie est l’absence de pouvoir et c’est cette
idée simple non-autoritaire, mais extraordinaire qui vaut contre tous les
oppressions.
Il
y a au moins un malentendu, sinon une imposture. Le capitalisme n’existe pas en
soi, seule existe l’exploitation capitaliste. Pas de bourgeois sans exploités. Le
jour où un type s’est enrichi en se déclarant propriétaire, il l’a fait sur le
dos des autres. Le monde marchand vendrait sa propre mère et demande à chacun
de s’y consacrer. Rien de plus ignoble que le processus d’héritage qui décide
de l’inégalité des êtres humains. Le capitalisme est à vomir parce qu’il n’est
qu’une exploitation à l’échelle
planétaire. C’est ce que l’idéologie du « développement durable »
prétend prolonger encore en dépit du désastre. Ces gens-là font de l’argent le
fondement des relations, et de l’exploitation la seule qualité de la richesse. Ils
prononcent les mots emploi, recherche et développement et ces termes ont dans leur bouche toute l’amertume
des années d’oppression. L’humanité au contraire se pratique gratuitement. Même
une recherche scientifique ne se brevète pas, elle se publie librement.
Chacune
de nos résistances constitue une incroyable performance. Chacune de nos
rebellions génère un immense espoir. Du moins, il y a ceux qui refusent de
devenir ces auxiliaires de police qu’on nous demande de plus en plus
d’incarner, à l’école, au lycée, à l’université, au supermarché, dans la rue
même. Il y a ceux qui se battent, sabotent l’organisation policière du
monde, offrent des refuges aux exclus de la vie de quelques horizons qu’ils
soient. Ce monde ne tournera pas rond si facilement. Il existe une colère qui
réintroduit la liberté dans les révoltes, une perspective libertaire contre le
capitalisme, une alternative anarchiste contre le monde marchand…
Décidemment,
oui, je me sens anarchiste, aujourd’hui et maintenant.
Thierry
Lodé
Professeur
d’Écologie Évolutive
Commentaires :
dgino82 |
merci pour ce ptit texte qui nous réconforte dans notre anarchisme et nous redonne l'envie de rebellion, qu'on a tendance à nous faire perdre par l'usure
Répondre à ce commentaire
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satya 11-02-10
à 14:14 |
Re:oui, tu as raison, cela fait du bien à lire :)
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Rakshasa 11-02-10
à 18:13 |
Nouveau ! Avec encore plus d'anarchisme dedans :) !Oui, moi aussi j'ai trouvé ce texte plutôt bien. Mais dès la fin de sa lecture, il m'est apparu que Thierry tu n'abordes pas la question de l'enseignement, question par laquelle tu es d'ailleurs directement concerné:
- Le rôle de l'enseignement scolaire, universitaire comme outil de reproduction des classes sociales et d'intégration à la société du travail. -La hiérarchisation des rôles dans la transmission du savoir. La spécialisation comme vecteur de concentration de pouvoir, d'autorité. -L'infantilisation des individus par l'évaluation par épreuves, classements, examens. -La compétition permanente, le règne des experts. -L'absolu absence de démocratie dans l'enseignement qui fait plus penser à de l'enrégimentement pour une préparation au STO. Il me semble qu'une critique de l'école, de l'enseignement aurait pu avoir sa place dans un tel texte. En somme, comme le flic, le curé, le patron, le professeur aussi est une figure de l'autorité et un acteur majeur de reproduction des inégalités et de restriction des libertés dans notre société. Tout ça pour te poser une question: comment composes-tu avec une telle contradiction, entre le sentiment d'être anarchiste et le fait de faire partie de l'élite ? De quoi se sentir un peu plus anarchiste encore ;) ! Répondre à ce commentaire
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ThierryLode 11-02-10
à 19:37 |
Re: Nouveau ! Avec encore plus d'anarchisme dedans :) !Merci de ces commentaires.
J'ai déjà un peu écris sur l'éducation http://endehors.org/news/l-ecole-fabrique-de-l-inegalite. Mais, en effet, il y a tant à dire... Répondre à ce commentaire
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Mirobir 16-02-10
à 15:52 |
Effectivement, partant du postulat que tout individu armé (au sens littéral comme figuré) est potentiellement dangereux pour les autres ainsi que pour lui-même, on ne peux qu’acquiescer au contenu de ton billet. Il y a là une forme de schizophrénie de l’absolu que de vouloir appartenir à ce monde « Politico-judiciaire ». N’en vouloir accepter les avantages du statut sans les inconvénients est symptomatique du discours ; le non savoir-faire (appelons-le l’incompétence), qui résulte sans doute de millénaire d’écrasement de l’Homme par l’Homme (Religion, politisme, éducation, ...) : Il faut dominer, et par la force, son meilleur outil. Si on rajoute, comme tu le souligne, que l’« individu » agit sur ordre, ou par pulsion destructrice - on en connaît les conséquences. Hormis le castor (mais sans nuire à son biotope), l’humain n’est-il pas le seul animal de cette planète à vouloir changer son environnement (pour son unique profit d’ailleurs), et à ne jamais savoir s’y adapter… Répondre à ce commentaire
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ThierryLode 17-02-10
à 08:44 |
Re: le castor est un ingénieurEn fait, la plupart des animaux modifient leur milieu et non seulement les "animaux-ingénieurs" tel que le castor, l'éléphant etc...c'est le concept évolutif de "construction de niches" qui résulte de la compréhension que les animaux sont actifs, aussi bien en disposant leur gite qu'en protégeant leurs oeufs par exemple. Ainsi, les mares creusées par les éléphants favorisent même l'évolution des différentes espèces... de poissons. Le jeu des interactions entre les espèces génère l'évolution à travers des micro interventions, y compris "volontaires".
Si l'homme a une particularité, ce n'est donc pas d'aménager son environnement, d'ailleurs de nombreux peuples premiers (pense aux papous, aux Bushmen) n'altèrent pas beaucoup leur milieu de vie. Je pense qu'il n'y a pas de propre de "l'homme", d'"essence cachée", sinon l'art de discuter, le langage, la palabre. Mais il y a bien un enjeu de l'exploitation capitaliste du travail humain, qui organise le pillage de la planète. (Ce qui a ému pour un temps les écolos qui souhaitent maintenant "réguler" cela comme d'autres veulent "réguler" les salaires des patrons)...et l'autoritarisme des états et des polices est construit précisement pour protéger cette exploitation. Merci pour ton mot. Répondre à ce commentaire
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nana-infernale 22-03-10
à 15:25 |
un billet d'humeur pareil, ça met du baume au coeur...Marsssi Répondre à ce commentaire
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à 11:11