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DE L’ANTI-ELECTORALISME EN POLITIQUE
--> --> Matière à réflexion
Ne nous méprenons pas, l’anti électoralisme est aussi stérile que l’électoralisme. Jeter à priori l’anathème sur le principe de la pratique de l’élection c’est confondre le moyen avec l’objectif. Que le processus électoral soit aujourd’hui un instrument entre les main du système en place est une évidence, et qu’à ce titre il soit dénoncé, est un impératif politique catégorique. Cela ne doit cependant pas nous aveugler au point de se priver d’un outil de fonctionnement social et politique qui peut rendre de grands services.

SUR LE PRINCIPE DE L’ELECTION

Le principe de l’élection n’a rien en soi de scandaleux. Elire dans une collectivité des représentants peut être un moyen commode et efficace de fonctionner socialement dans une collectivité.

Ce qui fait problème ce n’est pas le principe de l’élection mais le contexte et l’objectif dans lequel il est utilisé et la manière dont elle est utilisée.

Le principe du suffrage universel a été incontestablement un grand progrès. Issu des Lumières il posait comme principe fondamental de toute vie en société, la primauté de l’Homme et sa liberté absolue en tant qu’être social. L’aboutissement d’une telle conception a été un long combat et le principe de l’élection a été vécu, à juste titre, comme un immense progrès social et politique. Ce n’est donc pas le principe qui est à remettre en cause.

ELECTION / SYSTEME MARCHAND : LE COUPLE INFERNAL

Le problème c’est que ce progrès a fondé, à son origine, l’instauration du système marchand. En effet, celui-ci, qui naquit dans les replis et les marges de l’Ancien Régime a promu des valeurs qui lui étaient indispensables pour s’imposer face à l’ancien ordre – en particulier celle de la liberté d’entreprise… qui est devenue la LIBERTE et celle de l’égalité politique face aux privilèges de la Noblesse… et qui est devenue l’EGALITE. Ces valeurs « absolues », et toujours présentées comme telles, n’ont en fait un véritable sens que dans leur acception sociale concrète.

Au fur et à mesure du développement du système marchand, on a vu ce que ce qu’elles sont véritablement devenues.

Le principe de l’élection n’est qu’une forme de l’instauration de l’ordre nouveau, celui qui met bas l’absolutisme et consacre l’Homme comme acteur politique et non plus sujet du Roi ou d’une divinité quelconque.

Cette idylle entre ces valeurs et l’ordre marchand ne pouvait pas durer.

Pourquoi ? Parce que le système marchand s’est essentiellement fondé sur des principes profondément inégalitaires qui ne pouvaient qu’entrer en contradiction avec les valeurs qu’il proclamait. – par exemple le salariat qui en est le fondement, instrumentalise l’individu, le rend dépendant, le prive d’une partie de la richesse qu’il a produit et est donc parfaitement contradictoire avec ces valeurs.

Ainsi, une fois installé dans la société, le système marchand a entretenu le mythe de la LIBERTE et de l’EGALITE – notons que dans l’Histoire, tous les systèmes ont procédé de la sorte.

Ainsi, l’élection, qui dans son principe, est parfaitement respectable, est devenue une machine à assurer et à conforter le pouvoir des nouveaux maîtres. Une machine qui a confisqué de fait le pouvoir au nom de ceux là même qu’elle a spolié. Cette évolution est parfaitement logique, il aurait été absurde que le système en place permette à ses adversaires de le renverser.

Bien sûr les apparences ont été respectées, mais tout a été fait pour la vider de son sens : manipulation, conditionnement, règne de l’argent,… S’est créé une caste de privilégié-e-s, que le système a pu corrompre lorsqu’ils avaient, pour certains, des visées révolutionnaires, qui se reproduit, gère et assure la pérennité du système marchand. Cette caste incompétente et parasite – la classe politique – entretien l’illusion du « fonctionnement démocratique »  et de la « possibilité de changement par les élections ».

Il est aujourd’hui évident que l’élection ne peut en aucune manière permettre le changement de rapports sociaux… pourtant la croyance demeure chez nombre de citoyens.

UN SYSTEME COHERENT

De même que sous l’Ancien Régime on croyait « dur comme fer » que le « Roi représentait Dieu sur la Terre » et que « les misères du monde ouvraient grandes les portes du Paradis », la plupart des citoyen-nes sont convaincu-e-s aujourd’hui que la pratique de l’élection est la quintessence  de la démarche citoyenne et qu’elle ouvre les portes de l’avenir. Il faut dire que le système, comme tous les autres systèmes avant lui, se donne tous les moyens pour entretenir l’illusion…. et il réussi pas mal jusqu’à présent ! L’instruction civique est en effet plus axée sur ce point que sur un entraînement à l’analyse critique du système.

L’élection a d’ailleurs parfaitement réussi à mystifier, aux yeux de la plupart des citoyens, la réalité économique et sociale au point qu’elle constitue exclusivement la seule expression du désaccord, du mécontentement, mais aussi de la colère. Le processus électoral a stérilisé toute pensée politique.

On a ainsi assisté depuis le 19e siècle au passage progressif de la plupart des mouvements « contestataires », parfois radicaux, de la contestation radicale… à l’acceptation du jeu électoral. Ainsi, le politique est devenu la politique qui n’a plus comme seul objectif que la gestion du système en place.

Le système politique boucle ainsi sur lui-même. Il en est à la fois le moyen et la finalité. Pris dans cette logique, le citoyen, tout en étant formellement libre, est tout à fait impuissant.

GRANDEUR ET SERVITUDE DU BOYCOTT

Pour celle ou celui qui a pris conscience de cette réalité, la tentation est grande tout en dénonçant l’électoralisme, de ne pas participer à l’élection. La démarche est, au premier abord, logique… et si elle apporte la satisfaction de « ne pas se faire avoir », elle n’en demeure pas moins stérile car elle « s’imprime en creux » dans un système qu’elle ne permet pas de dépasser.

L’impuissance du boycotteur n’est que la réplique dérisoire de l’impuissance de l’électeur. Dans les deux cas, le système est gagnant, car aucune des deux attitudes n’est capable de remettre en question le système ; la première parce qu’elle le cautionne, la seconde parce qu’elle dénonce de manière incompréhensible pour celles et ceux qui  « y croient », et n’offre aucune alternative concrète.

C’est la question généralement posée à l’abstentionniste : « OK, mais qu’est ce que tu proposes ? »

Une « campagne de boycott ou d’abstention » a donc à mes yeux un intérêt des plus limités.

Et imaginons par exemple un boycott massif, une abstention massive !… Pensez vous qu’au lendemain des élections les choses changeraient ? Mais dans quel sens ? et pour faire quoi ?  Même si l’immense majorité des citoyens-nes était convaincue du caractère pernicieux du système électoral actuel, est ce que ça voudrait dire qu’une alternative est possible ? J’en doute fort. C’est une condition probablement nécessaire pour le changement mais certainement insuffisante.

Les choses seraient bien entendu différentes si, parallèlement à un boycott massif, des luttes et une organisation alternative de relations sociales existaient… Alors là oui, l’abstention serait un des aspects, et certainement pas le plus important, d’une dynamique sociale de changement.

Aujourd’hui on est bien loin d’une telle hypothèse.

Dénoncer la logique électorale ! Soit, mais ne rêvons pas. N’en attendons pas plus qu’elle ne peut apporter. Moduler une action de boycott ou d’abstention sur le même modèle que la campagne électorale serait totalement dérisoire.

Un mouvement d’ abstention, même si il se dit « révolutionnaire » n’a pas de sens en soi. Ce qui est révolutionnaire, ou pas, c’est une situation sociale, c'est-à-dire un état de la société. dans laquelle les rapports sociaux dominants ne peuvent plus assurer la cohésion sociale et où de nouveau rapports sociaux sont prêts, économiquement et politiquement à prendre le relais.

De fait l’abstention n’est qu’une réaction « contre institutionnelle » à l’encontre de l’institutionnalisation d’un mécanisme totalement détourné, l’élection, dans le but inavoué de la pérennisation du système économique et politique en place. C’est une forme de «  grève civique ». c’est une révolte froide, certes respectable dans ce qu’elle a de conscience et de détermination, mais limitée tout de même à un aspect purement formel de la contestation.

L’anti électoralisme ne peut prendre son sens que s’il y a parallèlement une pratique concrète qui œuvre dans le sens du changement social. Et même, peut-être que dans ce cas, et dans ce cas seulement, l’électoralisme peut se retourner contre le système lui-même… mais nous n’en sommes pas là.

                                                                                              Patrick MIGNARD

 

Voir également les articles :

« DE L’ELECTORALISME EN POLITIQUE »

« VOTER EST UNE DROIT, MAIS EST-CE VERITABLEMENT UN DEVOIR ? »

« TEMPS ELECTORAL CONTRE TEMPS CITOYEN »

« DELEGATION DE POUVOIR ET DEMOCRATIE »
Ecrit par Patrick Mignard., à 11:30 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  Rakshasa
16-12-06
à 14:10

Le dépassement PM, le dépassement !

"Jeter à priori l’anathème sur le principe de la pratique de l’élection c’est confondre le moyen avec l’objectif."
Non PM, c'est juste faire de la contre-propagande. Ce n'est pas forcemment avec passion et intérêt que des abstentionnistes mênent ce genre de campagne. C'est juste pour faire apparaître une autre position et surtout c'est le premier pas pour proposer la démocratie directe qui s'oppose aux  l'indirectes, participatives comprises.
Si les élections ne sont pas dénoncées comme le processus de coercition qu'elles sont, on ne met pas le pied dans la porte pour faire les fameuses propositions dont tu regrettes l'absence. En te documentant un chouhia, tu verras qu'il y a bien des propositions derrière les abstentions (je ne devrais même pas défendre ça tellement c'est évident) et je me demande où tu vas chercher qu'il n'y en a pas


"Le principe de l’élection n’a rien en soi de scandaleux. Elire dans une collectivité des représentants peut être un moyen commode et efficace de fonctionner socialement dans une collectivité."

Bien sûr que c'est scandaleux ! Je ne vais pas te réexpliquer que le vote est injuste, qu'il est basé sur la confiance en la majorité (ce qui est complètement irrationnel) et que les abstentionnistes préfèrent la recherche d' un dépassement du systême électoral, dans l'unanimité par exemple.

 "Ce qui fait problème ce n’est pas le principe de l’élection"

Idem, c'est bien le principe qui est en cause. Il existe d'autres formes d'organisations qui ne nécessitent pas d'élection. Je ne te rappelle pas l'assembléisme ou le conseillisme qui la plupart du temps se passe du vote et pratique le mandatement impératif:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Mandatement_imp%C3%A9ratif

Cela ne te trouble-t-il pas que le mandatement représentatif soit le seul mandatement légal pour la Veme république ? Tu comprendras bien alors que le mandat représentatif appartient au capitalisme et qu'il est nécessaire de l'abandonner dans une optique de changement des rapports sociaux et économiques.

"Ce n’est donc pas le principe qui est à remettre en cause."

A force de ne pas remettre des principes républicain en cause, tu fais un vrai républicar. Il est vrai que tu appartiens au courant du démocratisme radical, mais tout de même, toi qui prône sans cesse la recherche d'alternartives, tu es bien conscient que la transformation de la société passe par l'abolition des formes anciennes de la domination. Alors ?

Bref, ce qui me semble stérile dans ta position c'est de te placer en dehors du jeu électoralisme/ contre-électoralisme, car là en effet tu n'as plus rien à proposer. Les électoralistes ont des propositions, les anti-électoralistes aussi, mais les anti-anti-électoralistes se retrouvent le bec dans l'eau à regarder les trains de la lutte passer sous leur nez. Du démocratisme radical on passe au radicalisme démocrate: "je suis plus radical que le radical, mais plus passif que le démocrate".
Pour un anarchiste il y a mille et une justifications à se tenir en dehors du jeu électoral car il lui reste des modes d'action. Ce dont tu es dépourvu, c'est précisemment de ces modes d'action, de cet autrement que tu appelles de tous tes voeux. Je t'invite à te rapprocher de personnes connaissant déjà des autrement pour t'expliquer (ou te former...).

Je t'invite aussi à te documenter sur la propagande en politique. Tu pourras peut-être réfléchir à ce que signifient certaines campagnes de contre-propagande et pourquoi il est urgent de les mener, même si tu n'entrevois pas ce sur quoi elles peuvent déboucher (chaque chose en son temps). Tu pourrais être surpris de relire tes propos à l'éclairage des techniques de propagande, et t'appercevoir de quel côté te situent tes écrits, en somme de quel propagandiste tu es sans pour autant vouloir cela.

PM, tu joues contre toi.
Répondre à ce commentaire

  libertad
16-12-06
à 17:29

Re: Le dépassement PM, le dépassement !

"Le principe du suffrage universel a été incontestablement un grand progrès. Issu des Lumières il posait comme principe fondamental de toute vie en société, la primauté de l’Homme et sa liberté absolue en tant qu’être social. L’aboutissement d’une telle conception a été un long combat et le principe de l’élection a été vécu, à juste titre, comme un immense progrès social et politique."
Patrick, d'un point de vue purement historique, je nuancerais tes propos en rappellant qu'en 1848 lorsque le suffrage universel a été instauré il fut tout d'abord un moyen de lutter contre le mouvement insurrectionnel parisien et contre les ouvriers. Ce suffrage universel fut mis en place par la bourgoisie qui craignait le mouvement populaire et savait bien qu'en donnant le droit de vote à la majorité paysanne, elle allait obtenir une chambre conservatrice qui réprimerait le mouvement populaire ce qui fut fait en juste après l'élection et surtout par Napoléon Bonaparte qui fut élu au suffrage universel.
On peut donc dire qu'au départ le suffrage universel fut un moyen pour écraser le mouvement de résistance au capitalisme industriel naissant et à l'alternative économique que ce mouvement construisait, alternative qui risquait de mettre le nouveau système en péril.
Répondre à ce commentaire

  Patrick MIGNARD
17-12-06
à 10:32

Re: Re: Le dépassement PM, le dépassement !

Je savais, en publiant ce texte sur ce site que je prenais des risques (sic). En effet, tenant de tels propos devant des anarchistes individualistes, ce qui me semble être la majorité des utilisateurs de ce site, je ne pouvais avoir que des réactions défavorables. Autant donc dire que la réaction de Rakshasa ne m’a donc pas surpris.

Rakshasa, je comprend parfaitement ta position quoique ne la partageant pas.

Je conçois parfaitement dans l’abstrait, quoique difficilement sur un plan pratique, que l’on puisse imaginer une collectivité humaine sans « représentativité », sans représentants… autrement dit une collectivité composée d’individus dont le seul élément constitutif est l’individu. C’est une position de principe tout à fait respectable mais qui ne résiste pas, du moins de mon point de vue, à la complexité de ce qu’est une organisation humaine… complexité qui est due au fait que l’Homme a développé une activité économique et donc sociale en constante évolution dans l’espace et le temps, il a diversifié ses activités. Il est de ce fait, du moins à mes yeux, incontestable que la répartition des tâches est nécessaire voire indispensable… sans préjuger de la manière et sur quel principe cela est fait. Ceci, j’en conviens est source de problème relationnels. Il est tout à fait exact que nombres de dérives sont possibles… à fortiori lorsqu’on se situe dans un système d’exploitation et de domination.

Personnellement je ne suis pas défavorable (peut-être suis-je naïf !) à ce qu’une personne, dans un cadre donné et un objectif donné, et avec toutes les garanties de contrôle, me représente… je pense que dans certaines situation ça permet de fonctionner plus rapidement et plus efficacement. Je ne pense pas qu’il soit possible, souhaitable, du moins moi je m’y refuse, de passer sa vie en réunion, assemblée, conseil, pour tous les actes de la vie. Si l’on doit désigner un délégué, voire deux ou plusieurs, sur mandat impératif qu’on le fasse par consensus, tirage au sort ou élection, je m’en moque… là n’est pas le vrai problème.

Je comprends que, pour une personne qui ne soit pas d’accord avec ce principe, une telle démarche soit inacceptable.

Une fois que l’on a dit ça on ne peut pas aller plus loin… Il s’agit d’une question de conviction.

Cela dit, quand tu dis « Ce n'est pas forcément avec passion et intérêt que des abstentionnistes mènent ce genre de campagne. C'est juste pour faire apparaître une autre position et surtout c'est le premier pas pour proposer la démocratie directe qui s'oppose aux l'indirectes, participatives comprises.

Si les élections ne sont pas dénoncées comme le processus de coercition qu'elles sont, on ne met pas le pied dans la porte pour faire les fameuses propositions dont tu regrettes l'absence ».

 

Là franchement, tout en comprenant également la position défendue, j’émet les plus grands doutes sur l’efficacité de la méthode. Ce que tu dis est formellement juste, mais seulement formellement. En effet, en l’absence de toute « démonstration », « pratique concrète », le discours est purement théorique et perçu en tant que tel.

 

Que l’on fasse la critique du processus électoral, dans sa forme et son fond, tout à fait d’accord, et je ne me gène pas. Je me refuse cependant à faire une fixation sur le principe de ce qu’est la représentativité.

 

Ce qui m’importe au delà de ce qu’est l’élection c’est la manière, alternative, que l’on peut mettre en place et au cours de laquelle on élabore, on crée des structures de fonctionnement… et je crois que l’on ne peut véritablement dire ce que l’on met en place que lorsqu’on le met réellement en place, qu’on peut l’expérimenter, s’en servir, le critique, le conserver, l’améliorer, voire ‘abandonner.(C’est un peu comme pour la monnaie… mais je ne m’étend pas sur ce point…)

 

Ainsi, quand tu dis « Bref, ce qui me semble stérile dans ta position c'est de te placer en dehors du jeu électoralisme/ contre-électoralisme, car là en effet tu n'as plus rien à proposer. Les électoralistes ont des propositions, les anti-électoralistes aussi, mais les anti-anti-électoralistes se retrouvent le bec dans l'eau à regarder les trains de la lutte passer sous leur nez ». Oui, je me place en dehors de ce jeu car, à mon tour, je le trouve particulièrement stérile… Rien n’en est jamais sorti et rien n’en sortira tant qu’il restera à ce niveau de discussion voire de pure polémique.

 

Libertad – Le suffrage universel est bien issu des Lumières, le terme « suffrage universel » apparaît avant le Révolution de 89 et est mis en application (quoique ne concernant que les hommes ) en août 1792 lors de la Convention Nationale.

 

Cela dit, tu as tout à fait raison quant à l’usage qu’en a toujours fait, et en fait la classe dominante… et l’exemple que tu donnes est tout à fait significatif… On pourrais rappeler aussi, plus prêt de nous, comment s’est terminé Mai 68 …Et la bouffonnerie du référendum sur le TCE… et tout ce qui va suivre…

Répondre à ce commentaire

  Patrick MIGNARD
17-12-06
à 10:45

Re: Re: Re: Le dépassement PM, le dépassement !

Mise au point technique....

Pour des raisons indépendantes de ma volonté (?) le nom de Rakshasa a sauté deux fois (?). La première partie du commentaire précédent s'adresse à lui... jusqu'à "Libertad - ....

Répondre à ce commentaire

  patrick83
17-12-06
à 12:23

Mise au point technique....

voilà !c'est réparé ;-)
Répondre à ce commentaire

  Abdel Issieux
17-12-06
à 14:01

Texte d'E.Colombo

Le texte qui suit me semble intéressant car il dépasse les positions de principes rigides d'un certain anti-électoralisme primaire (qui ne peut de fait s'opposer qu'à un électoralisme primaire de propagande d'Etat) pour revenir au fond du problème tel que les anarchistes l'ont appréhendé dès le départ.

Extrait de Réfractions n°7 (http://www.plusloin.org/refractions/refractions7/colombo_vote.htm) :

« Les anarchistes ne votent pas ! » Avec une certaine fréquence, nous avons entendu cette affirmation. Est-elle vraie ?

Le vote
Voyons d’abord ce que c’est que voter.

I. Le vote est un procédé qui permet d’exprimer une opinion ou une volonté. Dans l’étymologie latine, votum est le participe passé de vovere : invoquer (Littré), faire vœu, donner ou refuser son vœu. Voter, c’est donner sa voix au chapitre (dans les anciennes confréries religieuses). On peut voter de différentes façons, comme par exemple, par ordres ou par tête. Le suffrage, ou vote, est une méthode qui sert habituellement à dégager une majorité (relative, simple, des 3/4, etc.) Il n’a de sens que dans les cas où l’on peut considérer que l’existence d’une opinion majoritaire est pertinente à la question.

II. Voter, donc, c’est donner une opinion (au sens large) sur quelque chose ou sur quelqu’un, en général pour constituer une majorité. Donner son vote peut servir dans une délibération ou dans une élection : dans ce dernier cas, cela permet de choisir (les mots electio et eligere signifient « choix » et « choisir ») entre deux ou plusieurs personnes qui postulent pour une charge institutionnelle. On peut l’utiliser aussi pour eligere une stratégie ou, encore, pour affirmer ou nier un point de vue.
III. Le vote sert à dégager une majorité, certes, mais à quoi sert une « majorité » ? Sûrement pas à avoir raison. Mais là où les opinons divergent sur des questions d’opportunité ou de tactique, là où les arguments ne sont pas convaincants – et encore une fois, il ne s’agit pas de questions de principes ou valeurs –, par exemple, pour décider quel jour on déclenche une grève ou pour savoir si on est d’accord pour faire un numéro spécial de la revue, la décision par majorité devient une procédure utile.

IV. Pour les anarchistes, alors, il faut considérer le vote par rapport à la pertinence d’une majorité.
Primo : la loi de la majorité (facilement critiquable et critiquée au niveau de la philosophie politique de l’anarchisme) propre à la démocratie directe ou indirecte n’est pas une « loi » qui s’impose aux anarchistes : toute prise de décision, tout engagement doit être librement acquis ou accepté.
Secondo : le libre accord exclut la majorité formelle obtenue par un vote. D’innombrables décisions, situations, circonstances, échappent à tout appel
à une majorité quelconque. La « majorité » des personnes, la majorité d’une assemblée, ne connaît la vérité, ni ne peut prétendre avoir raison, elle ne sait pas mieux que moi, ou toi, ou vous, ce qu’il faut faire.
Tertio : en matière de valeurs, de « principes », de connaissances, demander de prendre une décision « à la majorité » est une ineptie.
Je me refuse de participer à un vote où il faudrait décider si la liberté est préférable à l’esclavage, ou si la théorie immunologique de la « sélection clonale » est vraie.
Mais si on a affaire à des enjeux stratégiques groupaux, s’il faut entreprendre des activités communes, s’il faut se mettre d’accord pour choisir une orientation plutôt qu’une autre – et que moi, comme individu, je ne pense pas que ce choix touche mes valeurs (mes principes) – je peux très bien accepter comme méthode utile la participation à une décision prise à la majorité.
Corollaire : Dans un groupe anar ou dans une assemblée, si ensemble on a décidé d’appeler à une décision par majorité, et que personnellement j’accepte de participer au vote, alors je me tiens à la décision majoritaire (ce qui est une règle de responsabilité éthique).


Le suffrage universel
« Si les élections servaient à changer quelque chose, elles seraient interdites. »

« Les anarchistes ne votent pas ! » Et c’est vrai, quand il s’agit du suffrage universel, les anarchistes prêchent l’abstention révolutionnaire. L’anarchiste refuse de se servir du bulletin de vote pour changer quelque chose ou pour participer à l’expression de « la volonté du peuple » parce qu’il sait que ces deux illusions sont d’énormes duperies constitutives de la démocratie représentative.
Les braves gens devraient le savoir et ne le savent pas. Un esprit libre ne peut manquer de s’étonner en regardant autour de lui que, même constamment abusée et périodiquement trompée, la confiance de l’électeur survivra aux déceptions répétées et à ses propres lamentations quotidiennes.
« Les législatures se succèdent, chacune laissant derrière elle le même désenchantement, la même réprobation. »
(Sébastien Faure)
Et, comme un pitoyable Sisyphe, l’électeur continue à voter quand le pouvoir politique lui demande de le faire.
Nous savons que nos arguments sont forts mais la raison ne suffit pas. L’habitude, la coutume s’imposent d’elles-mêmes pour la seule raison que le citoyen les trouve déjà là dans le tissu social, il les a reçues à la naissance et il suit la loi que le pouvoir lui a donnée.
« Or, les lois, écrivait Montaigne,
se maintiennent en crédit, non parce qu’elles sont justes, mais parce qu’elles sont lois. C’est le fondement mystique de leur autorité ; elles n’en ont point d’autre. » 1
Le régime de représentation parlementaire enlève au peuple sa capacité de faire ou d’établir ses propres normes. Déjà pendant la Révolution, à l’origine de la république, la bourgeoisie jacobine s’oppose au droit des sections d’avoir des assemblées permanentes.
« Si les assemblées primaires, dit Robespierre, étaient convoquées pour juger de questions d’État, la Convention serait détruite. »
Des mots qui susciteront le commentaire suivant de Proudhon :
« C’est clair. Si le peuple devient législateur, à quoi bon des représentants ? S’il gouverne par lui-même, à quoi bon des ministres ? » 2
Mais le gouvernement est nécessaire, nous dit-on, pour maintenir l’ordre dans la société et pour assurer l’obéissance à l’autorité, même si cet ordre et cette obéissance consacrent « la subordination du pauvre au riche, du vilain au noble, du travailleur au patron, du laïc au prêtre ». Bref, l’ordre étatique, c’est la hiérarchie sociale, la misère pour le grand nombre, l’opulence pour quelques-uns.
La démocratie représentative, assise sur le suffrage universel, ne peut que conforter cet ordre-là. Bakounine pensait que
« le despotisme gouvernemental n’est jamais aussi redoutable et aussi violent que lorsqu’il s’appuie sur la prétendue représentation de la pseudo-volonté du peuple ». 3
Mais, pourquoi le suffrage universel ne peut-il exprimer qu’une pseudo-volonté ?
Parce qu’il enferme trois fictions, trois vrais « pièges à cons » :

1. Un individu [citoyen(ne)], un vote. L’égalité numérique de l’institution collective qu’est le suffrage universel arrive à construire diverses unités abstraites – majorité, minorité, abstentionnistes – à partir d’un ordre sériel qui sépare, qui isole, les individus concrets et réels. Ces individus sont les agents de pratiques sociales diverses, ils intègrent des groupes sociaux, font partie d’un réseau de relations affectives et cognitives, de travail et de loisirs, et ces groupes-là comportent d’énormes inégalités devant le savoir, les possibilités d’information, l’argent. L’unité abstraite et artificiellement construite qui sort des urnes sert ainsi seulement à départager, à un moindre coût que la lutte ouverte, les différents groupes politiques et économiques de la classe dominante qui se battent pour contrôler le gouvernement, les partis politiques, les mass media, la circulation des capitaux. Les oligarchies « représentatives », que nous connaissons dans le monde industrialisé sous la dénomination de « régimes démocratiques », s’appuient sur cette pseudo-volonté populaire – résultat de l’égalisation ou uniformisation imposée dans l’abstraction numérique par le suffrage universel – pour maintenir la
hiérarchie sociale et l’appropriation capitaliste du travail collectif.

2. Le choix de l’électeur se porte, dans la pratique, sur des candidats préalablement sélectionnés par les partis politiques. Ces candidats – sauf dans les élections municipales de petites villes – ont fait, par les exigences institutionnelles de ces mêmes partis, une longue carrière politique, ils ont été présélectionnés, et on voit mal quelqu’un de rebelle ou rétif franchir les premiers échelons d’un tel parcours. Ce sont les partis qui choisissent les « représentants du peuple », et ce sont eux qui sollicitent les voix des électeurs.
La volonté du peuple, déjà réduite à une unité numérique – il ne délibère pas et ne décide pas, ce sont ses soi-disant représentants qui auront cette tâche –, a, pour s’exprimer, la possibilité d’opter en dernière instance entre deux ou trois politiciens, et il choisit, comme on dit, le moindre mal. Choisir le moindre mal est, en bonne logique, choisir toujours le mal. Et peut-on faire semblant de croire que telle est la volonté du peuple ?

3. La représentation qui sort du suffrage universel est une délégation globale du pouvoir de l’électeur (capacité de décider) sur la personne du représentant pendant le temps du mandat. Oubliées les prétentions des commettants des sections de Paris en 1789 qui enjoignent leurs élus de se conformer aux volontés des assemblées primaires. Oublié le mandat impératif ou contrôlé. Oubliée la révocabilité à tout moment du délégué. Les « assemblées primaires » appartiennent désormais aux partis politiques (si on peut continuer à donner cette appellation à ces réunions convoquées par les « caciques »). Le peuple, considéré comme mineur, est sous tutelle. Il a choisi son maître. « Il la ferme » jusqu’à la prochaine convocation du pouvoir politique. On appelle démocratie représentative ou indirecte cette institution dans laquelle la volonté du peuple a été escamotée par l’alchimie du suffrage universel.

L’anarchiste ne veut pas jouer la comédie. Il ne se plie pas devant l’autorité institutionnelle. « Les anarchistes ne votent pas ! »

Eduardo Colombo

1. Montaigne, Essais, III, XIII. De l’expérience.
2. Pierre-Joseph Proudhon, Idée générale de la révolution au xixe siècle, édition de la Fédération anarchiste française, Paris, 1979, p. 119.
3. Michel Bakounine, Étatisme et anarchie. Œuvres complètes, éd. Champ libre, Paris, 1976, vol. IV, p. 221.

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  rom
17-12-06
à 16:06

Re:

Il y a, me semble-t-il, beaucoup de choses très justes dans l’article de Patrick.

 

La « campagne abstentionniste » n’a que très peu d’intérêt si elle consiste (comme celle des autres Partis) à coller des affiches, distribuer des tracts ou expliquer aux gens pourquoi nous ot’ anars on veut pas qu’ils aillent élire leur maître, blablabla...

Comme il est dit très justement dans l’article : seule une situation sociale est potentiellement révolutionnaire. Il ne suffit pas de proclamer l’abstention « révolutionnaire » pour qu’elle le devienne (de fait, le mobile de la révolution me semble aujourd’hui très peu présent dans la majorité des démarches abstentionnistes, non ?).

Considérer que le boycott des institutions porte en lui-même un projet de société alternatif me semble illusoire et surtout peu ambitieux. C’est par les luttes sociales, l’élaboration d’un projet conscient d’émancipation collective et individuelle, que pourra s’établir un rapport de force seul capable de discréditer l’institution aux yeux de tous. Il n’y aura plus besoin alors de déployer ses beaux arguments pleins d’objectivité pour convaincre les gens de ne plus voter puisque l’enjeu sera de prendre parti, soit pour l’ordre actuel, soit pour celui qui est en germe et que nous construisons dans les luttes.

 

Je pense également qu’on peut défendre aujourd’hui l’abstention tout en reconnaissant que le suffrage universel a représenté un énorme « progrès ». (comme le capitalisme, dirait marx), et s’est même inscrit dans une démarche philosophique dont on peut, du moins en partie, se revendiquer (l’humanisme des lumières). Le problème, comme dit Patrick, c’est que le système électoral que nous connaissons est marié depuis toujours à l’économie marchande. Ainsi, le mythe démocratique du « un homme = une voix » ne sert qu’à plaquer une égalité fictive sur le corps social, lui-même entièrement soumis aux aléas du capital. C’est donc un mensonge que nous devons dénoncer.

Est-ce à dire que le principe d’élection doit être rejeté en lui-même et à chaque fois ? N’a-t-il pas joué un rôle fondamental dans le mouvement révolutionnaire ouvrier ? Ne joue-t-il pas encore un rôle important chaque fois que nous essayons de nous organiser, de nous fédérer, de transmettre à nos camarades proches ou lointains des infos, des décisions prises pendant les assemblées ? Rakshasa, tu fais valoir la « démocratie directe » contre le principe d’élection, je suis curieux de savoir comment tu penses résoudre ces questions et comment tu envisages, par exemple, l’organisation pratique d’une collectivité qui dépasse la trentaine de personne ?

 

Il y a une différence entre « donner sa voix » à un aspirant-chef (autrement dit : offrir sa responsabilité, la mettre entre les mains d’autrui), et élire un délégué chargé de transmettre une décision prise collectivement, ou encore voter pour définir les objectifs de telle ou telle action. Toute la question est de savoir à quel moment l’élection est pertinente ou pas. A quel moment l’unanimité est requise, ou seulement la majorité, etc. Ces décisions là sont elles-mêmes politiques, doivent être mises en question à chaque mouvement comme nous remettons aujourd’hui en question l’électoralisme institutionnel qui n’est qu’une forme de soumission au pouvoir, de dépolitisation des masses.

 

Pour ceux qui ont vécu les interminables AG du mouvement de l’an dernier, on sait à quel point le vote peut être source d’ennui, d’énervement, de bureaucratie inutile, de castration. Plutôt que de s’enfermer des heures dans un amphi pour voter des motions à la chaîne, il eut souvent été plus judicieux de libérer l’initiative, organiser des petits ateliers, des groupes affinitaires, etc etc. Il n’empêche que, même dans ce cas, il apparaît parfois nécessaire d’élire une personne chargée de rapporter aux autres les décisions prises, les travaux effectués, etc. Il apparaît également nécessaire de s’accorder, lors d’une action politique (même d’un petit groupe, même illégale, même contre l’Etat ou le Grand Capital !) sur les objectifs qu’on se donne : et cela peut passer par le vote à l’unanimité.

 

Ainsi, voter ne veut pas toujours dire s’aliéner à un groupe qui écrase l’individu. Cela ne veut pas toujours dire « perdre sa voix ». L’association d’égoïstes dans le plus pur style stirnerien pourrait même s’y adonner, occasionnellement et sans dogmatisme, sans pour autant perdre son authenticité. C’est du moins mon avis.

 

En attendant, le boycott de toutes les élections que le pouvoir organise pour nous est un premier pas, nécessaire mais insuffisant, vers l’élaboration d’un véritable projet d’émancipation pour tous et pour chacun.
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  Anonyme
17-12-06
à 16:12

Re: Re:

          texte fort interessant qui donne une vision claire de l'abstention proner par les anarchistes.
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  Anonyme
17-12-06
à 16:26

Re: Re: Re:

abdel issieux:  en effet tres interessant ton article qui nous donne une vision claire de l'abstention proner

par les anarchistes et empeche la confusion developer par de pseudos anarchistes.

quand a la campagne anti-electorale(affichage,reunions etc...) celle ci est plus que salutaire face a la politique

politicienne et pour reafirmer l'identitee anarchiste.

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  Rakshasa
17-12-06
à 19:34

Eloge de la démocratie directe

Effectivement Patrick, c'est une levée de boucliers et heureusement. Cette question du vote chez les anar, si elle est largement partagée, c'est parce que c'est une spécificité (plutôt qu' "identité", mais ne nous perdons pas en débats sur ces mots pour l'instant) du mouvement anarchiste. Sans cette particularité, parmi d'autres, point d'anarchisme, mais un énième courant coco de parti.
Ce à quoi tu sembles aspirer, c'est à un renouveau des élites. Tu affirmes que tu ne veux pas passer ton temps en assemblées, mais dans ce cas tu préfères que cette tâche qui te sembles fastidieuse (parce que tu n'a jamais pratiqué pour construire à mon avis) soit confiée à un autre. Dans le cas d'assemblées souveraines ou conseils souverains, tu n'es pas contraint d'y assister et dans ce cas tu délègues informellement ton pouvoir à cette assemblée souveraine, que tu peux rejoindre quand l'envie ne te fais plus défaut. Tu reconnais par là, la souveraineté entière de tes pairs, pas plus l'un qu'un autre, et tu détiens un contrôle égal à autrui.
Je reviens sur l'idée que tu te fais des assemblées souveraines, ennuyeuses, longues, fastidieuses. Il en est effectivement ainsi dans un contexte de lutte, puisque nombre de sujets font débats et que se confrontent des sensibilités politiques souvent à cran. L'autogestion de la militance est très délicate j'en conviens. Mais, as-tu essayé l'organisation en assemblée pour une toute autre tâche, de production, de création et éventuellement de loisir ? Là, hors des crispations et des malheurs de la lutte, tu découvriras vite quel potentiel exceptionnel renferme la pratique de la démocratie directe, et à quel point elle coule de source pour chaque individu politisé ou non. Passer du temps en réunion lorsque celle-ci permet la construction d'autres rapport et la réalisation de projets communs est réellement épanouissant et loin d'être ennuyeux. Bien sûr, ce n'est pas tout le temps sans problêmes, mais en général c'est justement la régularité des assemblées qui permet le contrôle et la transmission d'informations, afin de les régler.
Si tu crains de devoir être partout à la fois, pour toutes les taches, je te rassure, il existe le mandatement qui permet de les répartir (on parle par exemple de commissions pour un groupe d'individus mandatés pour une tâche précise). Le mandatement doit être révocable et les commissions n'ont qu'un pouvoir exécutif et non décisionnel. Et c'est justement là que nos chemins se séparent. Tu préfères laisser la décision à celui que tu à mandaté. Tu l'as donc mandaté pour la tâche précise de décider à ta place. Et si ses décisions sont contraires à ta volonté tu n'y peut plus rien puisqu'il est dans son droit selon le contrat de cette délégation de pouvoir. Tu ne tiens plus les rêne de ton existence.
Dans une assemblée souveraine, aux moments de décisions, il est nécessaire de demander s'il y a une opposition à la proposition plutôt que de demander qui est d'accord et qui ne l'est pas, car dans ce dernier cas on revient au vote ( la majorité l'emporte et cela ne clos pas l'opposition). Clore l'opposition c'est arriver à un point du débat tel que soit la proposition s'avère irréalisable, soit elle ne rencontre plus aucune hostilité. Aussi  les individus n'ayant pas plus d'avis que cela ne sont pas obligés de s'exprimer dessus ni de participer à la réalisation s'il ne se sentent pas concernés. Il faut toujours garder à l'esprit en cas d'opposition, le dépassement des contradictions, le dépassement de la dualité, la proposition qui ne va pas déplaire. On sort du clientélisme de politique de parti qui ne vise qu'à faire des proposition plaisant à une majorité.
Cette pratique très souple exige néanmoins que chacun soit conscient des nécessités qu'implique un projet, une réalisation, notament quand il s'agit de répondre à des besoins. Cela s'apprend très vite car tout le monde se trouve au pied du mur rapidement.
Enfin, cela permet un essor des connaissances de tous les individus, intéressant certains à des activités qu'ils n'auraient même pas pu envisagé de toucher du doigt.
Quant au manque de réalisations que tu imputes à la démocratie directe, presque tout est à faire, puisque dès que ce type d'organisation de la société nait, la répression s'abat sur lui, quand ce n'est pas les mouvement contre révolutionnaires de gauche qui récupèrent le morceau. J'ai à mon actif de cette année encore une expérience de grosse association (50 000€ de subventions à l'année), que j'essayais de faire passer en autogestion avec une grande part des actifs ( ceux au charbon). Tout était ok, jusqu'au jour de l'AG de changement des statuts (qui aurait du être la dernière sur le mode démocratie représentative) où nous avons vu débarquer 40 personnes jamais vues auparavant sympathisant du PC, verts et consors, relations du bureau qui devait sauter. Tous ces braves gens ont voté un texte, magouillé au dernier moment par le bureau seul, qui ne représentaient pas le fonctionnement des 6 derniers mois, et cela sans avoir lu le dossier remis juste à l'entrée de l'AG. Tous ces braves gens ont réélu le bureau qui les avait sifflé.
Bref, si manque d'expériences concrêtes il y a, les raisons ne sont pas à chercher du côté de l'efficacité de la démocratie directe, mais du manque de force de ses partisans.

Je colle un petit texte tiré de 1984 à méditer:
Au long des temps historiques, et probablement depuis la fin de l'âge néolithique, le monde a été divisé en trois classes. La classe supérieure, la classe moyenne, la classe inférieure. Elles ont été subdivisées de beaucoup de façons, elles ont porté d'innombrables noms différents, la proportion du nombre d'individus que comportait chacune, aussi bien que leur attitude vis-à-vis les unes des autres ont varié d'âge en âge. Mais la structure essentielle de la société n'a jamais varié. Même après d'énormes poussées et des changements apparemment irrévocables, la même structure s'est toujours rétablie, exactement comme un gyroscope reprend toujours son équilibre, aussi loin qu'on le pousse d'un côté ou de l'autre.

...Les buts de ces trois groupes sont absolument inconciliables. Le but du groupe supérieur est de rester en place. Celui du groupe moyen, de changer de place avec le groupe supérieur. Le but du groupe inférieur, quand il en a un - car c'est une caractéristique permanente des inférieurs qu'ils sont trop écrasés de travail pour être conscients, d'une façon autre qu'intermittente, d'autres choses que de leur vie de chaque jour- est d'abolir toute distinction et de créer une société dans laquelle tous les hommes seraient égaux.
Ainsi, à travers l'Histoire, une lutte qui est la même dans ses lignes principales se répète sans arrêt. Pendant de longues périodes, la classe supérieure semble être solidement au pouvoir. Mais tôt ou tard, il arrive toujours un moment où elle perd, ou sa foi en ellle-même, ou son aptitude à gouverner efficacement, ou les deux. Elle est alors renversée par la classe moyenne qui enrôle à ses côtés la classe inférieure en lui faisant croire qu'elle lutte pour la liberté et la justice.
Sitôt qu'elle a atteint son objectif, la classe moyenne rejette la classe inférieure dans son ancienne servitude et devient elle-même supérieure. Un nouveau groupe se détache alors de l'un des autres groupes, ou des deux, et la lutte recommence.

... La nouvelle aristocratie était constituée, pour la plus grande part, de bureaucrates, de savants, de techniciens, d'organisateurs de syndicats, d'experts en publicité, de sociologues, de professeurs, de journalistes et de politiciens professionnels. Ces gens, qui sortaient de la classe moyenne salariée et des rangs supérieurs de la classe ouvrière, avaient été formés et réunis par le monde stérile du pôle industriel et du gouvernement centralisé.

George Orwell dans "1984"
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  Johan
18-12-06
à 03:58

Abstention = danger

Désolé de décevoir, mais moi, j’ai l’intention d’aller voter. Ce sera certainement un vote contre certains plus qu’un véritable soutien à un(e) candidat(e). Par métaphore, je dirais que je voterai pour le rhume si cela peut m’éviter le choléra. Ce qui ne signifie en aucun cas que je suis content d’être enrhumé. Tous pourris, peut-être ; mais il y a des plus pourris que d’autres.

L’autre danger de l’abstention est le suivant : Prenons le cas d’un quartier ou d’une catégorie de personnes qui refuserait de participer aux élections. Par exemple (et plus ou moins au hasard) : une minorité ethnique, une cité, une région sinistrée, les jeunes, les chômeurs, les homosexuels. Un président qui aurait l’intention de se faire élire a besoin de voix, c’est une évidence mathématique. S’il raisonne d’un point de vue électoraliste, il n’aura rien à faire de ces catégories de personnes, puisqu’elles n’iront pas gonfler son pourcentage de voix. Dans le cas contraire, il sera bien obligé de les écouter. Et si ces personnes manifestent, il devra satisfaire les demandes.

Bien sûr, on me rétorquera qu’en Russie et en Iran, on vote également en choisissant son dictateur. La différence, c’est qu’une fois les élections passées, on a juste le choix de la fermer. En France, on a encore la possibilité du fameux « troisième tour social », parce que les élections ne sont pas tout.
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  Rakshasa
18-12-06
à 09:40

Ils sont tous clientélistes

Johan, pour une réponse à ta remarque, je te renvoie sur les post ci-dessus.
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  Madame Sarfati
18-12-06
à 10:20

encore pas de chance

purée les enfants c'est terrible ce qui m'arrive : je cherchais des trucs sur l'anarchisme, sur Google, et je tombe sur ce site de mahbouls, complètement obsédés par... les élections !
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  Anonyme
18-12-06
à 10:44

Re: encore pas de chance

johan:    tu te berce d'illusions. le seul interet et objectif des politiciens,le pouvoir tout le reste n'est que monsonges,

duperies et hypocrisies. l'abstention est une arme contre le pouvoir et la la politique politicienne et pour l'anarchisme.

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  Rakshasa
18-12-06
à 10:52

Re: encore pas de chance

Sarfati, tu vas voir comment elle vont t'obséder pendant encore de nombreuses années les élections... Alors évidemment il y a toujours ceux qui se réveille tous les 5 ans pendant deux semaines pour protester. Ici c'est pas 2007 la question, c'est le systême représentatif, ne réduit pas celui-ci à la campagne en cours. 2007 c'est juste pour coller avec l'actualité.

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  Madame Sarfati
18-12-06
à 11:02

Re: Re: encore pas de chance

Rakshasa tu es mal élevé mon fils, mais je te réponds quand même. Sauf erreur de ma part, "ceux qui se réveillent tous les 5 ans pendant deux semaines pour protester", c'est bien : ceux qui s'intéressent aux élections. Mais bon, fais comme tu le sens, puisque tu es en train de "coller avec l'actualité".

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  Rakshasa
18-12-06
à 11:50

Re: Re: Re: encore pas de chance

Parce que tu ne te préoccupe pas de l'organisation de la société dans laquelle tu vis ?
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  Rakshasa
18-12-06
à 12:19

Re: Re: Re: Re: encore pas de chance

Et puis Sarfati, sacré rigolo, tu as réussi à briser le fil de discussion ! Sacré troll va, qu'est-ce qu'on s'amuse avec toi ! Tiens je vais faire une proposition. C'est qu'on ote tous tes commentaires et les miens qui te répondent. Pour les miens ça ne me gène pas vu l'intérêt de l'échange et puis je pense que pour toi, c'est pas un problême puisque de toute façon c'est un site de maboul obsédés des élections, hein ? Qu'est ce que t'en dis ? Et Libertad, ça te branche?
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  MathiasDelfe
18-12-06
à 12:38

Re: Chassez le naturel



Le Pol Pot de l’En Dehors ne peut décidément jamais s’empêcher d’en appeler à la censure de papa Libertad, lequel en véritable libertaire ne l’écoute jamais.
Eh ! Raksachose, crée ton site, tu pourras y monologuer à loisir !

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  Rakshasa
18-12-06
à 12:57

Re: Re: Chassez le naturel

C'est juste une proposition, un retour d'ironie... Mathias la Morale. 
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  Rakshasa
18-12-06
à 13:03

1 troll+ 1 troll= Xtrolls²

Ah! au fait les trolls ! Sympa la cession d'invectives !
"Pol Pot" un des points godwin, discussion morte...
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  Madame Sarfati
18-12-06
à 15:23

Attestation

Je soussignée Madame Sarfati certifie être d'accord avec la proposition de Monsieur Rakshasa, que l'on ôte tous mes commentaires, et les siens en réponse. Car c'est que, faut pas m'en vouloir, c'est plus fort que moi, j'étais déjà comme çà quand j'étais petite : rien que d'entendre parler des élections, çà me donne... envie de péter !
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  Monsieur Sarfati
18-12-06
à 16:21

Re: Attestation

ne faites pas attention... mon épouse a toujours eu un peu tendance à vouloir tirer la couverture à elle... mais bien entendu c'est dans toute la famille, qu'on a depuis longtemps compris, que :

VOTER, C'EST PETER DANS l'EAU !

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  Monsieur Sarfati
18-12-06
à 16:30

(additif)

quant à Monsieur Rakshasa, qui a de toute évidence pété les plombs, son attitude est d'autant plus absurde que mon épouse ne l'a pas attaqué et qu'en plus elle n'a rien d'hostile, au point de vue qu'il dévelopait. Mais simplement çà la... gonfle, ces élections.
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  Johan
18-12-06
à 18:21

Re: Re: encore pas de chance

Je ne suis pas plus naïf que ceux qui les paranos qui se croient en permanence dans Matrix.

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