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D'après elle, l'important n'est pas de se questionner sur le pourquoi de l'oppression d'un groupe par un autre, mais sur le comment ce mécanisme d'oppression s'opère, sur sa fonction et sur ce qui le maintient. Pour les queers, la réponse est claire : la division binaire de notre société est la source des conflits et difficultés des rapports sociaux. Être queer (qu'on peut traduire à la fois par travers, sale pédé, sale gouine, pervers, bizarre, étrange, insolite, excentrique, louche, singulier, drôle, loufoque…), c'est se demander de quelle manière on pourrait penser autrement, sans catégories homme-femme, hétéro-homo, bien-mal, vrai-faux, Orient-Occident, etc.
La vision binaire de notre société place les hommes et les femmes dans deux catégories distinctes qui entraînent une hiérarchisation. Dès sa naissance, l'individu est restreint à l'une de ces deux catégories. Il est défini, limité, orienté selon les normes et idéaux de la société dans laquelle il vit. Il est non seulement localisé mais contrôlé sur la base de son appartenance sociosexuelle. Ainsi se définir en tant que femme ou en tant qu'homme, c'est consentir à la vision essentialiste et naturaliste de notre histoire. Le seul moyen de contrer ce dispositif de régulation est d'abolir toute catégorisation binaire.
Être queer, c'est accepter et assumer une identité sans essence, ce qui ne signifie pas l'absence d'identité, mais le retrait de l'ascendant relié à l'identité historiquement construite selon une catégorisation binaire. Cette position apolitique est en soi un geste politique, une prise de position face aux règles qui régissent notre société. Si nous naissons avec un potentiel polymorphe et que la seule raison de coller une identité à un être humain est un outil de contrôle social, pourquoi maintenir ce processus identitaire qui est la racine de l'oppression?
Cette déconstruction identitaire peut sembler familière à l'approche anarchiste. Cependant, cette dernière suggère une alternative qui pourrait potentiellement définir une nouvelle forme d'institutionnalisation. En effet, le pouvoir est toujours présent. Le convoiter autrement ne constitue qu'une transfiguration de celui-ci. Or, lorsque l'essence des identités est retirée, le pouvoir se dilue. Il se prononce partout et nulle part. En retirant l'importance des catégorisations, le désir de convoitise du pouvoir perd son sens. C'est l'équilibre du pouvoir. Plus encore, c'est l'ouverture à l'infini des possibilités puisque la catégorisation et les différentes formes de pouvoirs qui s'y rattachent n'ont plus d'emprise.
Les perspectives queers obligent à repenser les présupposés de notre structure sociétale afin de se dégager de tout "sens commun", c'est-à-dire de faire abstraction de nos constructions identitaires afin de penser le monde autrement. Pour faire partie d'une collectivité quelconque, il faut s'identifier à cette collectivité. Toutefois, cette affirmation ne tient plus dès qu'il y a non-reconnaisance de la catégorisation binaire. Dans cette perspective, il faut cesser de répondre par l'identification déterminée, ce qui nous permettra d'agir autrement. Le non-positionnement du sujet semble pouvoir prendre la forme d'une action dans un objectif d'émancipation.
Mais qu'en est-il par exemple des mesures de discrimination positive qui permettent la valorisation de catégories dites opprimées? Ces mesures coercitives donnent effectivement des résultats concrets. Néanmoins, "il est difficile de justifier la parité sans faire appel à une vision bisexuée de l'humanité". À long terme, cette stratégie atteindra ses propres limites et le problème de la hiérarchisation se réincarnera de façon plus pernicieuse, car la discrimination positive ne fait que renforcer le processus identitaire qu'elle tente de conjurer.
Le concept du sentiment d'appartenance implique une reconnaissance et une acceptation de l'identité. Pour ressentir l'appartenance, il faut une identification préalable. Nous devons d'abord ressentir une identité, une ressemblance, une similitude par rapport à un groupe quelconque. Le fait d'être semblables donne aux individus le sentiment d'appartenir à cette collectivité. Par contre, le fait d'être semblable ne signifie pas toujours qu'il y a un sentiment d'appartenance. Cette similitude doit s'inscrire dans une hiérarchie de valeurs propre à chacun.
Prenons l'exemple d'un travesti pour qui "être un homme" est moins significatif qu'"être une femme". Malgré que son sexe biologique soit relié à la catégorie homme, cette identité est de moindre importance que son identité de genre, c'est à dire femme. Ainsi, le sentiment d'appartenance dépend de deux facteurs : l'identité (la similitude ressentie) et les valeurs (la hiérarchie accordée). De la même façon, le fait d'être femme ne suppose rien en soi. Cela indique seulement une similitude. Avec l'avènement du féminisme, il y a eu problématisation de la situation des femmes, ce qui a fait naître un sentiment d'appartenance qui à son tour a engendré des actions sociales, politiques et économiques. L'identité féminine n'est que le point de départ du processus de revendication, alors que le sentiment d'appartenance à ce groupe est à la base du mouvement même.
Mais pourquoi sommes-nous si attachés à certaines de nos identités? Probablement parce qu'elles nous permettent une certaine emprise sur le social. Dans un monde de plus en plus séculier, juxtaposé à l'individualisme, l'identité fait foi de Dieu, le Moi est souverain. L'appartenance devient une forme de tradition. L'Histoire est alors primordiale, car c'est sur elle que repose la construction de notre identité.
Par exemple, "être Québécoise", c'est reconnaître l'Histoire du peuple dit québécois. En faisant éclater les identités à la base des oppressions, ne tue-t-on pas l'Histoire du même coup? Ce qui pose véritablement problème, c'est la notion conservatrice et romantique de la tradition. Ce conservatisme est en soi extrêmement réducteur, car dès que l'on ne fait pas partie de l'Histoire et des traditions, on ne peut réclamer l'identité rattachée à cette tradition. La spécificité québécoise est alors constituée du passé et non du présent et donc source d'incapacité d'émancipation. Le fait d'être féministe peut également être vécu en rapport à une certaine tradition qui peut comporter certains risques. Être féministe et être Québécoise doivent donc subir une reconceptualisation importante pour permettre une nouvelle dynamique qui rendrait compte de la complexité de la situation actuelle, soit être une femme en 2005.
En tentant de réconcilier les perspectives queers avec l'action politique, nous sommes dans l'obligation de nous tourner vers l'avenir, d'oublier la tradition et l'Histoire pour réclamer une spécificité propre au moment présent qui ne s'élabore pas sur des assises identitaires. En d'autres termes, une fois l'identité éclatée, le sentiment d'appartenance n'est plus nécessaire. L'identité sexuelle, de genre et de désir devrait se muter en une multitude d'identités sur lesquelles il serait impossible de fonder une hiérarchisation et un sentiment d'appartenance. Il ne s'agit pas de faire disparaître complètement l'identité mais de lui retirer sa valeur et la portée qu'on lui a accordé jusqu'ici. Cette conception théorique soulève la possibilité de réconcilier la revendication d'une identité sans essence avec le politique, c'est-à-dire un positionnement identitaire qui ne se fonde pas dans une perspective hétéro-référentielle, mais bien auto-référentielle.
Pour que le concept de l'identité ne privilégie pas la classe dominante, il faut créer un espace pour le déploiement d'une multitude d'identités. Dès lors où la catégorisation binaire fait place à une seule catégorie inclusive de toute identité, nous ne pouvons plus parler en terme de catégories. Ainsi, se positionner politiquement ne pose plus problème puisque ce positionnement ne se fonde pas sur une identité issue d'une catégorisation. De plus, dans cet "état inaltéré", le pouvoir existe, mais ne peut prendre la forme d'un ascendant sur l'identité; il ne peut donc pas être instrumentalisé. Avec la démultiplication de l'identité, le sentiment d'appartenance change de signification. Il vit à l'intérieur de chaque être en se fondant dans le présent plutôt que dans le passé.
Le bilan des acquis propres au féminisme post-moderniste permet de concevoir les gestes à ne plus poser parce qu'inadéquats pour l'époque actuelle. Il suggère également des pistes à explorer, dont les perspectives queers qui amènent un nouveau souffle, une vision du monde autre, un concept nouveau, celui de la liberté identitaire, c'est-à-dire une liberté polymorphe. Cette liberté ne se définit pas par les libertés individuelles ni même collectives, mais bien par une liberté immanente nécessaire avec l'émancipation de l'être.
Commentaires :
Tof |
une catastropheCe texte est un tel condensé d’inculture historique et sociologique qu’il faudrait une quinzaine de pages pour tout déconstruire. Ca fait maintenant quelques temps que je réalise que le féminisme est un obstacle sérieux à toute émancipation. Dommage, on aurait pu espérer beaucoup mieux de ce mouvement. Des affirmations qu’on aimerait bien voir démontrer pullulent, telles que : « lorsque l'essence des identités est retirée, le pouvoir se dilue ». C’est possible d’avoir une explication de ça ? Parce que j’aurai cru exactement l’inverse.
« Les perspectives queers obligent à repenser les présupposés de notre structure sociétale afin de se dégager de tout "sens commun", c'est-à-dire de faire abstraction de nos constructions identitaires afin de penser le monde autrement. » Alors ça, c’est du platonisme pur jus : il faut se méfier de l’opinion, laissons donc faire les experts qui vont nous faire des schémas pour que nous puissions enfin réfléchir selon la vraie vérité.
« Ce qui pose véritablement problème, c'est la notion conservatrice et romantique de la tradition. Ce conservatisme est en soi extrêmement réducteur, car dès que l'on ne fait pas partie de l'Histoire et des traditions, on ne peut réclamer l'identité rattachée à cette tradition. La spécificité québécoise est alors constituée du passé et non du présent et donc source d'incapacité d'émancipation ». Le pouvoir central a perpétuellement cherché à détruire les traditions car la mémoire était un instrument de résistance. La complexité du rapport au monde qu’impliquait la tradition était un frein à la fonctionnalisation généralisé de ce même monde (fonctionnalisation nécessaire à l’artificialisation du monde et à la transformation des peuples en main d’oeuvre). Il fallait donc ringardiser la tradition, ce qui fut fait, entre autre, par l’école et l’industrie culturelle, pour la transformer en élément d’oppression dans l’inconscient populaire. On peut dire que l’auteure a bien retenu ses leçons à l’école. Il ne s’agit pas de magnifier les traditions mais de dire que le monde est plus humain quand on sait qui on est et comment on est face au monde. Encore un truc sur les traditions, nous n’avons, pour la plupart, qu’une idée très vague de la tradition, de ce qu’elle est. Nous ne l’avons jamais vécu et sommes totalement acculturés car citadins. Donc attention quand on en parle parce que ça ressemble souvent, à l’image de cet article, qu’à une somme de préjugés.
« Être féministe et être Québécoise doivent donc subir une reconceptualisation importante pour permettre une nouvelle dynamique qui rendrait compte de la complexité de la situation actuelle, soit être une femme en 2005. » Voilà, donc la manière de penser doit être reconceptualisée de manière consciente (puisque visiblement les penseurs féministes nous disent comment nous y prendre) pour qu’enfin la liberté apparaisse. Les reconceptualisations de l’imaginaire ne se décident pas, elles sont le résultat d’un ajustement plus ou moins rapide avec les pratiques. On ne dit pas aux gens comment il faut penser.
« En tentant de réconcilier les perspectives queers avec l'action politique, nous sommes dans l'obligation de nous tourner vers l'avenir, d'oublier la tradition et l'Histoire pour réclamer une spécificité propre au moment présent qui ne s'élabore pas sur des assises identitaires. En d'autres termes, une fois l'identité éclatée, le sentiment d'appartenance n'est plus nécessaire. » Oui et ben c’est exactement la démarche des fascistes. Par exemple, dans la société totale, le système de classe est effondré et tout le monde se sent interchangeable. La perspective de l’indifférenciation fait péter un boulon à la grande partie de la population qui devient alors une cible facile pour les stratégies de conscientisation paranoïaque du pouvoir central : la crise de l’indifférencié provoque alors la mise en place de la figure de bouc émissaire.
« Il ne s'agit pas de faire disparaître complètement l'identité mais de lui retirer sa valeur et la portée qu'on lui a accordé jusqu'ici. » « Qu'on lui a accordé jusqu'ici »... Serait-ce possible d’être plus précis ? De quel moment à quel moment ? Parce que là, ça peut être une chose ou son contraire.
« Dès lors où la catégorisation binaire fait place à une seule catégorie inclusive de toute identité, nous ne pouvons plus parler en terme de catégories ». Non, mais là, je sais que je m’énerve mais c’est tellement du n’importe quoi que je ne sais pas par où commencer. Juste une question : c’est quoi une novlangue, pardon, un langage dans lequel il n’y a plus de catégories ?
Bref, je résume mon sentiment par rapport aux idées de cet article mais aussi de ce qu’est le féminisme à notre époque : catastrophique. Répondre à ce commentaire
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emilie 26-07-06
à 15:25 |
Re: la terre est plate, le soleil lui tourne autourTof,
Tout ce charabia pour nous dire que le féminisme est une "catastrophe" et qu'il nous faut préserver "identité" et "traditions" comme instruments de "résistance" face au pouvoir "central" ? (???) C'est quoi le féminisme non catastrophique ? Répondre à ce commentaire
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Anonyme 26-07-06
à 15:40 |
Re: une catastropheMerci Tof pour cette critique à laquelle j'adhère pleinement et que je loue pour son rapport à l'histoire. Toutefois, il me semble qu'elle prend peu en compte l'aspect du texte qui permet ces affirmations farfelues que tu as soulevé : son explication de l'origine de l'oppression des femmes. J'espère parvenir dans ce qui suit à compléter ta charge utilement.
On nous dit que : "La vision binaire de notre société place les hommes et les femmes dans deux catégories distinctes qui entraînent une hiérarchisation. Dès sa naissance, l'individu est restreint à l'une de ces deux catégories. Il est défini, limité, orienté selon les normes et idéaux de la société dans laquelle il vit. Il est non seulement localisé mais contrôlé sur la base de son appartenance sociosexuelle. Ainsi se définir en tant que femme ou en tant qu'homme, c'est consentir à la vision essentialiste et naturaliste de notre histoire. Le seul moyen de contrer ce dispositif de régulation est d'abolir toute catégorisation binaire." Ce que ce piètre auteur nomme "catégorie binaire", comme s'il avait à se défendre contre une sorte de manichéisme grossier, est le produit direct d'une opération banale de la pensée humaine qui consiste à fixer des seuils limites à partir desquels une chose change de qualité. Ainsi, la nature nous offre des continuums de sensation à l'intérieur desquels nous posons des bornes afin de distinguer des *qualités*. Prenons quelques exemples. Nos yeux perçoivent de la lumière. À l'aide d'un prisme, nous pouvons nous rendre compte que la lumière blanche se décompose sous la forme un spectre continu que l'on peut aussi observer, si on a de la chance, dans les arcs-en-ciel. Ce spectre est d'une même nature d'une extrémité à l'autre. Du point de vue de la physique il n'y a que la fréquence qui change. Mais ayant la possibilité d'en choisir une partie pour par exemple pigmenter un pull en rouge, nous découpons ce continuum en couleurs, en qualités différentes. Les couleurs ne sont pas l'essence de ce que nous percevons avec nos yeux, mais un apprentissage social nous montre comment poser les bornes au bon endroit pour que nous puissions affirmer nos besoins envers un pull rouge avec l'espoir justifié d'être *reconnu* par nos pairs. Nos oreilles perçoivent des sons. Le passage des sons aux mots se fait aussi par la distinctions de phonèmes à l'intérieur des continuums sonores que notre appareil phonatoire peut produire. Ainsi, notre anatomie n'est pas faite pour produire des phonèmes comme le son "a" du français. Il peut d'ailleurs être ouvert ou fermé. Nous avons appris à distinguer des phonèmes à l'intérieur de tous les sons que nous pouvons produire. C'est pourquoi il peut arriver qu'on se perde dans les phonèmes d'une autre langue, en confondant des mots, car nous avons appris à poser nos limites ailleurs dans notre propre langue. Nos yeux perçoivent la couleur de peau. À l'aide du métissage, nous pouvons nous rendre compte, d'une part que nous formons une seule et même espèce quelque soit notre couleur de peau, d'autre part qu'il existe un continuum de couleurs de peau. Là ou les américains ne distinguent que "black" et "white" et au vu de leur histoire ségrégationniste on conprend pourquoi, les africains ont une richesse de vocabulaire pour la peau noire qui peut étonner les américains. Parfois, le seuil est directement à la portée de nos sens, comme c'est le cas le plus souvent pour le sexe humain et d'autant plus que la puberté est passée. Notre capacité intellectuelle à séparer les choses peut donc s'employer directement et fonder la distinction naturelle homme/femme. Comme le font remarquer les tenants de la pseudo-théorie queer, cette distinction sexuelle n'échappe pas au problème du continuum puisque qu'il a des filles d'apparence masculine, des garçons efféminés et même certains sexes qu'il est parfois difficiles de catégoriser en homme/femme en raison du fait qu'au stade embryonnaire le sexe est un seul et même tissu qui a à se développer en mâle ou femelle. Là encore une part d'apprentissage social va intervenir, parfois injustement comme le sort de ces femmes anglaises à qui on a infligé petites filles une amputation partielle du clitoris car il fut jugé trop gros pour une femme par un médecin ou un parent. Nous avons vu que la catégorisation, en général ou binaire, est un moyen qui nous permet de distinguer les qualités des choses et des êtres qui nous entourent. De plus, nous nous l'appliquons aussi, fondant ainsi les bases de notre identité. La hiérarchisation des qualités qui intéresse notre féministe queer implique une autre faculté intellectuelle : le jugement. Ainsi la plus part des gens s'accordent pour distinguer le marron du rose. On peut facilement, comme le font la plus part des enfants, appliquer cette distinction à la couleur de peau d'un homme en le rendant de façon caricaturale "noir" ou "blanc". Cependant, affirmer qu'un "blanc" est supérieur à un "noir" procède d'autre chose : du jugement de valeur, de la morale. Certes, on peut évacuer les problèmes moraux en imaginant qu'il suffit de détruire la distinction des couleurs comme le propose cette ersatz de théorie "queer" pour rendre impossible le jugement que le "blanc" est supérieur, mais à vrai dire on se bat alors à côté de la réalité, car on ne remet pas simplement en cause cette morale raciste, mais toute morale, c'est-à-dire la possibilité d'affirmer ses goûts propres en jugeant ceci ou cela bon pour soi. Cela, comme l'a fait remarquer Tof, est fasciste dans sa logique car c'est un parfait déni de l'individu qui devient sans qualité, miséreux. Ainsi, pour affirmer qu'un homme est supérieur à une femme, il ne *suffit* pas de dire que nous pouvons distinguer les hommes des femmes, quand bien même cette distinction est régulée socialement. Mais pour affirmer qu'un homme est supérieur à une femme, il est *nécessaire* de pouvoir distinguer les hommes des femmes. C'est pourquoi affirmer qu'une homme est supérieur à une femme ne repose pas uniquement sur la distinction homme/femme. Il est donc faux d'affirmer "Le seul moyen de contrer ce dispositif de régulation est d'abolir toute catégorisation binaire.". Voilà, j'espère, de quoi ruiner tout le reste. Répondre à ce commentaire
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emilie 28-07-06
à 20:38 |
Re: la catastrophe essentialisteLa "piètre" auteure reprends l'analyse de Marie-Ange Cossette-Trudel disponible à l'adresse : http://www.lespantheresroses.org/textes/a_la_defense_du_queer.htm
Cybersolidaire est un site féministe. "Piètre" mais féministe, en tout cas bien plus que les essentialistes. Les panthères roses sont des pédés-gouines (mais pas seulement ^^) militantEs énérvéEs par l'ordre moral (et les essentialistes). "Piètres" mais panthèrEs. Emilie Pantera Rosa, piètre mais queer. Répondre à ce commentaire
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Anonyme 29-07-06
à 15:00 |
Re: Re: la catastrophe essentialisteÉmilie,
"En plus d'être orienté vers la catégorie de genre qui correspond à son sexe biologique, l'individu sera socialisé selon ce genre, puis ce processus de socialisation sera répété, performé sans fin tout au long de sa vie. L'individu n'assume pas délibérément et avec plaisir le genre, c'est plutôt par la réitération qu'il se consolide dans son genre. La performativité est une précondition de l'individu; une sorte de rituel devenu intrinsèque de par son assimilation. Le seul moyen de contrer ce dispositif de régulation est donc d'abolir toute catégorisation binaire. Se définir en tant que femme ou en tant qu'homme c'est consentir à la vision essentialiste et naturaliste de notre histoire, car la relation entre le sexe et le genre est actuellement indissociable." Marie-Ange Cossette-Trudel IL y a certes des subtilités entre le résumé et l'original, mais le point que j'ai soulevé précédement est bien le même. Je maintiens donc qu'il est faux d'affirmer "Le seul moyen de contrer ce dispositif de régulation est donc d'abolir toute catégorisation binaire." C'est tout simplement illogique comme je l'ai démontré ci-dessus. Ce *n'est pas* le seul moyen, c'est le moyen le plus grossier et il procède d'une amputation profonde de nos facultés intellectuelles. Marie-Ange se veut en effet plus théorique que la vulgarisation que nous a servi Satya. Elle fonde son raisonnement sur ce qu'on nomme la "pragmatique" en linguistique dont l'origine se trouve dans les travaux de J. Austin et de son livre "Quand dire c'est faire", 1962, et plus particulièrement sur la "performativité" (http://fr.wikipedia.org/wiki/Performativit%C3%A9). Ainsi lorsqu'on parle on peut *faire*, c'est-à-dire transformer le monde, "mais l'expression n'est performative que si la personne a réellement l'intention de faire l'acte et si les différents protagonistes respectent des critères d'authenticité (...). Un critère de contexte doit aussi être présent(...)." (wikipédia) On peut donc dégager la notion de "force illocutoire", comme le fait J. Searle dans son livre "L'intentionnalité", 1985. "Il y a une distinction evidente à faire entre le contenu propositionnel (...) et la force illocutoire avec laquelle ce contenu propositionnel est présenté dans l'acte de langage". L'acte de langage ("l'acte illocutoire") peut donc être plus ou moins fort. Ainsi, D. Vanderveken dans son livre "La logique illocutoire", 1990, en vient à distinguer entre la *réussite* et la *satisfaction* d'un acte de langage. En gros, l'acte de langage est réussit si la personne s'est bien exprimée et l'acte est satisfait si le monde a réellement changé. C'est pourquoi la présentation que fait Marie-Ange lorsqu'elle affirme que "se définir en tant que femme ou en tant qu'homme c'est consentir à la vision essentialiste et naturaliste de notre histoire, car la relation entre le sexe et le genre est actuellement indissociable." est grossièrement fausse, car l'acte de langage n'est pas un simple problème d'énoncé, c'est une affaire complexe qui dépend du monde tel qu'il est, des croyances personnelles, de la situation dans laquelle on énonce... Mais dans le monde de Marie-Ange, n'importe quelle personne qui se dit homme ou femme joue nécessairement le jeu d'une idéologie unique : le patriarcat. Et qui plus est, cette infortunée personne joue toujours correctement, bien qu'elle "ne l'assume pas délibérément et avec plaisir". Paradoxalement, on se demande comment un groupe de personnes "queers" a pu émerger dans un tel monde. Bref, la performativité n'est pas une science exacte et il a très certainement de quoi changer ce monde si on joue à ce jeu là, plutôt que de vouloir le faire cesser et donc d'appauvrir le monde comme le veut Marie-Ange. Par ailleurs Émilie, l'habit ne fait pas le moine. Ce n'est pas parce que l'on se dit féministe que l'on a nécessairement raison. Je t'en prie, la prochaine fois argumente, défend tes choix personnels, bref, cesse de te cacher derrière d'autres. Sincèrement, je pense que tu as tout à y gagner. Répondre à ce commentaire
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à 13:51