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Depuis Hugo et son Dernier jour d’un condamné, le verdict sur la légitimité de la peine capitale reste sans appel : que ce soit dans les mondes arabes, asiatiques ou en Occident, elle frappe les couches pauvres ou minoritaires, n’ayant droit à aucune défense digne de ce nom. Les Noirs (12 % de la population) représentent 60 % des exécutions aux États-Unis. Femmes et mineurs ne sont pas davantage épargnés, surtout dans le tiers-monde. L’efficacité ? Cette forme ultime et irréparable de répression est sans effet sur la criminalité. Inhumaine, absurde, cruelle, injuste, inutile, dégradante, la peine de mort reste de moins en moins défendable, en dépit des opinions publiques chauffées à blanc par l’étalage des attentats, des viols et des meurtres d’enfants. La problématique de l’opinion est faussée par le « droit à la vendetta » qui est au coeur de la sophistique pénale.
Dans la religion, le débat se joue entre les tenants d’une vision étroite des textes et ceux qui exigent leur réactualisation. On pense à l’islam et à la sharia. Des intervenants africains ont insisté sur le fait qu’elle n’est pas gravée dans le marbre, donc sujette à interprétation. Elle doit être revisitée à la lumière des exigences éthiques universelles. De même pour le monde chrétien : en 1999, le Saint-Siège a pris position contre la peine capitale en réclamant officiellement son abolition. Il reste pourtant une restriction dans le catéchisme de l’Église catholique dans les cas « d’absolue nécessité » ... Des voix chrétiennes s’élèvent contre cela. Quant aux théologies républicaines, il n’y a pas si longtemps encore la patrie des droits de l’homme a mis à la casse l’invention du docteur Guillotin, et, de ce point de vue, la laïcité n’a pas les fesses beaucoup plus propres que la religion...
Aujourd’hui, le nombre des pays ayant promulgué l’abolition progresse : Sénégal, Mexique, Tadjikistan, Philippines... Dix pays depuis 2005, et, au total, plus de 121 pays sur 192. En octobre 2005, l’Union européenne a appelé les gouvernements concernés à « faire preuve de courage, de leadership et d’humanité en oeuvrant en faveur de l’abolition », ce qui n’empêche pas le Japon et les États-Unis d’y conserver toujours leur statut d’observateurs... On peut voir dans ce paradoxe soit la continuation de la pratique du double langage, soit un symptôme du passage à une position défensive des forcenés de la violence d’État, porteuse d’espoir pour tous les condamnés en titre ou à venir. Vous ? Moi ? Qui sait, un « sauf si » est si vite arrivé...
[Par Jacques Lederer, écrivain, membre du Collectif pour Mumia Abu-Jamal]