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L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





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Un potlatch immédiatiste
--> traduction par Eduardo Diaz d'un texte de Hakim Bey
1. Le nombre des participants peut varier, mais il doit être déterminé à l’avance.

2. La structure de base est un banquet ou un pique-nique. Chaque participant doit apporter nourriture ou boisson, etc..., en quantité suffisante pour que tout le monde soit servi au moins une fois. Les plats peuvent être préparés ou terminés sur place, mais on s’abstiendra d’apporter des produits préparés commercialement (sauf le vin & la bière, bien que, dans l’idéal, ceux-ci devraient être élaborés chez soi). Il est essentiel que les plats soient le plus recherchés possible. Efforcez-vous d’être mémorable. Il n’est pas nécessaire que le menu soit une surprise (bien que cette option puisse rester ouverte). Certains groupes peuvent préférer coordonner le banquet, ceci dans le but d’éviter les duplications et les combinaisons malheureuses. Peut-être est-il bon d’organiser le banquet autour d’un thème, chaque participant étant responsable d’un plat particulier (amuse-gueule, soupe, poisson, légumes, viande, salade, dessert, glaces, fromages, etc.). Exemples de thèmes : La Gastrosophie de Fourier, le Surréalisme, les Amérindiens, Noir & Rouge (tous les plats seraient de couleur rouge ou noire, en l’honneur de l’anarchie),

3. Le banquet devrait comporter un certain degré de cérémonie : On portera des toasts, par exemple. Peut-être serait-ce une bonne idée de «s’habiller pour dîner», d’une façon ou d’une autre ? (Imaginez par exemple que le thème du banquet soit «le surréalisme». Le concept «s’habiller pour dîner» prendrait dans ce cas un sens bien particulier). Il est possible de faire jouer des musiciens durant le banquet, à la condition que certains d’entre eux acceptent d’offrir leur musique aux autres convives en tant que «cadeau» & acceptent de manger plus tard. (La musique enregistrée est à exclure).

4. Le but principal du Potlatch est, bien sûr, l’échange de cadeaux. Chaque participant doit arriver avec un ou plusieurs cadeaux & repartir avec un ou plusieurs cadeaux différents. Ceci peut être accompli de plusieurs façons :
(A) chaque participant apporte un cadeau qu’il offrira à la personne assise près de lui à table (ou tout autre arrangement similaire) ;
(B) chacun apporte un cadeau pour chacun des autres convives.

Le choix peut dépendre du nombre des participants, l’option (A) convenant mieux aux grands groupes et l’option (B) aux petits rassemblements. Si l’on a choisi (B), il peut être bon de décider à l’avance si les cadeaux seront tous de même nature ou s’ils seront différents. Par exemple, si je joue avec cinq autres personnes, vais-je apporter, disons cinq cravates peintes à la main ou bien cinq cadeaux totalement différents ? Les cadeaux seront-il offerts à des personnes spécifiques (auquel cas ils pourraient être choisis en fonction de la personnalité du destinataire) ou bien seront-ils distribués au hasard ?

5. Les cadeaux doivent être l’œuvre des participants, et non pas des articles manufacturés. ce point est essentiel. Certains éléments pré-manufacturés peuvent entrer dans la fabrication des cadeaux, mais chaque cadeau doit être une œuvre d’art en soi. Si, par exemple, j’apporte cinq cravates peintes à la main, je devrai peindre chacune moi-même, du même motif ou de motifs différents. Il me sera permis, toutefois, d’acheter des cravates toute faites qui serviront de support à mon travail.

6. Les cadeaux n’ont pas nécessairement besoin d’être des objets physiques. Un participant peut offrir de jouer de la musique durant le dîner, un autre peut jouer une scène. Il faut néanmoins se rappeler que dans le potlatch amérindien, les cadeaux se devaient d’être superbes, et même ruineux pour les donateurs. À mon sens, ce sont les objets physiques qui conviennent le mieux, & il est important qu’ils soient aussi beaux que possible — pas nécessairement coûteux à fabriquer, mais vraiment impressionnants. Le potlatch traditionnel était une occasion de gagner du prestige. Il est important que les participants fassent preuve d’un désir de compétition dans le choix de leurs présents, d’une détermination à offrir des cadeaux d’une réelle splendeur ou de grande valeur. Certains groupes peuvent vouloir discuter de ce point à l’avance — certains parmi eux peuvent insister pour que les cadeaux soient des objets physiques, auquel cas musique ou représentation théatrale deviendraient simplement des actes de générosité supplémentaires, mais hors-potlatch, pour ainsi dire.

7. Notre potlatch, toutefois, est non-traditionnel par le fait que, théoriquement, tous les participants gagnent — chacun donne et reçoit également. Il est certain, néanmoins, qu’un convive ennuyeux ou pingre perdra de son prestige, alors qu’un joueur imaginatif et/ou généreux verra le sien augmenter. Dans un potlatch vraiment réussi, chaque participant se montrera également généreux pour que tous se sentent contents. L’incertitude du résultat final ajoute un soupçon de hasard à l’événement.

8. L’hôte, qui procure le lieu, peut bien sûr s’attendre à des soucis et des dépenses supplémentaires, aussi un potlatch idéal devrait-il faire partie d’une série dans laquelle chaque participant sert d’hôte à son tour. Cette série serait l’occasion d’une nouvelle compétition : Qui offrira l’hospitalité la plus mémorable ? Certains groupes peuvent choisir d’établir des règles visant à limiter les devoirs de l’hôte, alors que d’autres désireront laisser celui-ci libre de s’en donner à cœur joie. Dans ce dernier cas, toutefois, il conviendra d’organiser une série complète d’événements, pour que nul ne se sente lésé par les autres ou supérieur à eux. Mais, dans certaines régions & pour certains groupes, toute la série serait impossible à compléter pour des raisons de faisabilité. À New York, par exemple, tout le monde ne bénéficie pas de l’espace nécessaire pour accueillir même un petit groupe. Dans ce cas, les hôtes gagneront inévitablement un prestige supplémentaire. Et pourquoi pas ?

9. Les cadeaux ne devront en aucun cas être «utiles», mais devront être agréables pour les sens. Certains groupes peuvent préférer des œuvres d’art, d’autres des conserves maison & des bocaux de cornichons, ou de l’or, de l’encens et de la myrrhe, ou même des actes sexuels. Il convient de s’accorder à l’avance sur quelques règles de base. Les offrandes de cadeaux ne doivent pas faire l’objet de quelque médiation que ce soit — pas de vidéocassettes, pas d’enregistrements sonores, textes imprimés, etc. Tous les cadeaux doivent être présents sur le lieu de la «cérémonie» du potlatch : pas de billets pour d’autres événements, pas de promesses, pas de remises à plus tard. souvenez-vous que le but du jeu et sa règle la plus essentielle consiste à éviter toute médiation & même toute représentation.

Être «présent», pour offrir des «présents».


Hakim Bey


Traduction glanée sur internet, il y a déjà un bout de temps...






Ecrit par provisoire, à 19:15 dans la rubrique "Pour comprendre".



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