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L'En Dehors


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Témoignage : Au quartier B des condamnés à mort

Lu sur : La Rédac Nomade "Quand je suis entré par cette petite porte, tout était humide, obscur, le plafond était très bas. Même si tu ne sais pas que tu es dans le quartier B - ce qui était mon cas - tu le devines : ça sent la mort partout ! La vie ici, c'est l'attente, les sursauts à chaque bruit de clé, à chaque changement de gardien… surtout la nuit. Chaque fois on se dit "ça y est, c'est mon tour !" et tous les jours on meurt un peu plus. Il fallait nous faire sentir que nous étions différents.

 

Les histoires qu'on s'échange tournent aussi autour de la mort. Les cellules ouvrent à 9h. On va dans la cour. Chaque jour la même chose. Les sorties ? Les douches le mardi soir, l'infirmerie (fallait vraiment être K.O !) et en ce qui me concerne, le jeudi, une visite de cinq minutes de la famille avec toujours la présence d'un ou deux membres de la DST qui écoutaient et prenaient des notes.

 

Au quartier B, les jeunes condamnés à mort de 18 à 20 ans servent de marchandise sexuelle. Les plus vieux détenus les choisissent dans la cour. Pour 300 DH, empochés par les gardiens, ils pourront les violer. Les jeunes peuvent toujours crier, appeler au secours, ça ne change rien. Ça sert aussi à ça l'isolement ! Ces pratiques existent toujours...

 

Quelquefois on souhaite vraiment mourir. J'ai vu plusieurs demandes officielles de détenus qui suppliaient qu'on les exécute : ils n'en pouvaient plus. Beaucoup d'ailleurs tentent de se suicider. Waarab faisait un petit business avec les gardiens (cigarettes, nourriture…). Il voulait passer la nuit dans une autre cellule. Le gardien, Ahmed O., qu'il payait régulièrement, refuse. Il lui crache même dessus en lui disant : "Si t'as pas une corde pour te suicider, je te l'achète !". Vers 3h15 du matin, Waarrab se pend sous mes yeux. Je ne peux rien faire qu'appeler les gardiens, arrivés trop tard. Il avait écrit sur son torse les raisons de son suicide que je n'ai pas pu lire. C'était en 1990.

 

Si Abdelslam était un vieux qu'on respectait beaucoup. Lui, je n'ai jamais vraiment su comment il avait fait pour se pendre, entre le sol et le robinet qui était très bas. "Mjinina" (fou), c'est ainsi qu'on l'appelait, faisait peur aux autres détenus qui le trouvaient dangereux. Le chef de détention, Ahmed S., nous a alors rassurés : "N'ayez pas peur, ce mec, on va le tuer !". Le premier suicide de Mjinina avait échoué : il avait tenté de s'asphyxier en brûlant son matelas de paille. Il a passé plus de quatre mois dans un cachot, mains attachés dans le dos à un anneau, sans lumière. Régulièrement, on venait jeter des seaux d'eau dans sa cellule pour la rendre plus humide. Lorsque j'ai prévenu un gardien de son second suicide, il m'a répondu : "Cette fois, je vais le laisser crever !". Ce qu'il a fait. Il était alors 12h30. Le cachot n'a été ouvert qu'à 14h30 : Mjinina était pendu.

 

La prison rend fou aussi. C'est ce qui est arrivé à Maachi. Il était déjà là en 85 lorsque je suis arrivé. Il avait toujours en mémoire les putschistes de 73 qu'on avait traînés pour les mener à la mort. Depuis, il ne mangeait plus de viande. Chaque fois qu'on nous servait de la viande, il disait : "Vous mangez la chair de vos frères !".

 

Je me souviens aussi d'un autre Abdeslam, complètement renfermé. Il ne se remettait pas d'avoir tué sa mère. Il était rejeté par les autres détenus, comme souvent à l'égard de ce genre de criminels. Je discutais avec lui. Petit à petit il est revenu à la vie, peut-être aussi en devenant homosexuel, une chose normale en prison. La plupart étaient là pour meurtre. Et chaque fois, ces condamnés se repassent les images, entendent les cris de leur victime. Ils hurlent. Les condamnés à mort ne peuvent jamais dormir.

 

La fonction de la prison devrait être la réinsertion. Au Maroc, ça a été de la vengeance pure ! La perpétuité même est inhumaine. 15 ans, c'est amplement suffisant ! Aujourd'hui, les choses prennent une autre tournure, mais la peur reste. On craint une aggravation de la situation. Les condamnés ont d'ailleurs vécu le 16 mai comme une véritable souffrance".

 

(Propos recueillis par Yann BARTE)

 

Hakimi Belkacem a passé 18 ans et demi en prison. Libéré le 7 janvier dernier, il nous décrit l'enfer du quartier B de la prison de Kénitra.

 

Condamné à mort en 1985 pour atteinte à la sécurité intérieure de l'État (accusé de trafic d'armes entre le Maroc et l'Algérie), Hakimi Belkacem a vu sa peine commuée en détention perpétuelle en 1994. Il fait partie des 33 graciés du 7 janvier 2004.

 

Ecrit par Mirobir, à 00:13 dans la rubrique "International".

Commentaires :

  yahya
14-12-04
à 18:11

respect pour ce bonhomme

j'me presente vite fait , je suis un rebeu de france ki a eu quelque probleme avec la justice marocaine et j'ai passer 6ans ds le penitencier d'oukacha , c claire les conditions ne st plus les meme qu'a l'epoque mai je peux vs assurez que c pas facile de vivre entassées et ds des conditions encore tres dure ,

mai g suis pas la pour parlé de sa ,

g rencontré kacem (on se tutoi labas qd meme) et sincerement g jms vu une personne comme lui

on a sympatisé et aujourd'hui g pe le considéré comme un grand frere , on a galéré plus de 4piges ensemble et franchement si il etait pas la g crois ke g serai encore labas , et c fou le nombre de fois ou il a sauvé les detenus des griffes des matons , car labas sa c reglais a la buanderie et tu pouvé crié tte tes trippes personne ne pouvai intervenir , sauf si tu croisais kacem sur le chemin de la buanderie et franchement il en a pris des risques pour des detenus , qui n'aurai et n'ont jms bougé pour lui , ils s'entendais tres bien avec tt le monde et meme avec la direction et pourtant il les affrontais qd il s'agissait d'un detenu jusqu'a ce mettre tte le monde a dos et biensur les choses ont changés pour lui .

sa santé c degradé , les transfert ratés , et   il es resté fidele a sa reputation et je suis super content qu'il est retrouvé la liberté , pour sa famille aussi qui ne l'ont pas lachés une seconde durant ces 19ans de detention ,jespere qu'on lui donnera ce visa pour qu'ils viennent ns rendre visite a paris ,

franchement RESPECT a toi mon pote pour etre revenu de cette enfer

l'gawri (c omme sa kon maplai labas "le francais") mai j'prefere yahya

PS= au faite y'avait des maton mortel aussi , super cool et eux aussi st devenu de tres bons amis

tt ceux ki bossais au quartier 1 ? franchement ils ont trop assurés avec moi ,ils se reconnaitront

Répondre à ce commentaire

  Anonyme
20-09-05
à 13:30

Re: respect pour ce bonhomme

salut yahya  c sana on c parlé pa mal au téléfone j'espere que tu lira ce message et j'aurai bientot de tes nouvelles au moins par l'intermédaire de kacem je suis toujours à Orléans
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
20-09-05
à 13:32

Re: respect pour ce bonhomme

salut yahya  c sana on c parlé pa mal au téléfone j'espere que tu lira ce message et j'aurai bientot de tes nouvelles au moins par l'intermédaire de kacem je suis toujours à Orléans
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
20-09-05
à 13:37

Re: respect pour ce bonhomme

je m'appelle sana et je confirme tt ce ke yahya à dit maleureusement acctuellement pour kacem sa va pa fort il se sent incompri par tous courage kacem

et respect

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  Fabrice DANT
20-09-05
à 16:40

Re: Re: respect pour ce bonhomme

les gouvernements gèrent des prisons qui mériteraient de les accueillir...
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