LE JOURNAL EST NÉ du projet d'un ensemble d'individualités anarchistes sardes en référence à l'Arkiviu Bibrioteka (librairie anarchiste) T Serra (de Tomaso Serra,anarchiste sarde ayant notamment combattu le franquisme en Espagne)avec comme ligne de mire, d'établir un contact direct, continu, avec les classes sociales sardes soumises en particulier à la répression et à l'oppression du pouvoir établi.
Le premier numéro de Su
Gazetinu est sorti en février 2001 en tant que bimestriel et s'est
maintenu pendant deux années (durant lesquelles différents hors-séries
virent également le jour).
Ensuite, avec des tentatives de
changements de rédaction de Guasila à Nuoro (petites bourgades de la
Sardaigne), il y eut différents problèmes d'ordre organisationnel qui
rendirent la périodicité du journal très incertaine pendant quelque
temps. Aujourd'hui, le journal est toujours bimestriel et en est à son
seizième numéro. Il comporte seize pages d'un format 19 x 29. Son
tirage moyen, de 700 à 900 exemplaires, peut parfois aller à 2000. Sa
diffusion est assurée essentiellement par des sympathisants du journal,
en Italie mais surtout en Sardaigne. Sa rédaction est collégiale,
composée de six personnes.
Une centaine de détenus reçoivent le
journal dont les informations proviennent des détenus eux-mêmes, mais
aussi de leurs familles et de leurs soutiens. Les envois aux détenus
ont été revus à la baisse pour des raisons financières, mais aussi
parce que les détenus se passent le journal au sein du même
établissement.
Ce qui caractérise le journal Su Gazetinu est le fait
que les informations et les messages qu'il veut faire passer ne sont
pas limités à ce qui arrive nu sein du mouvement révolutionnaire en
général, et en particulier dans le milieu anarchiste (arrestations,
procès, etc.), ou à se montrer solidaires avec les seuls détenus
anarchistes, mais plutôt d'approfondir les thématiques relatives à la
répression sociale, à la fonction sociale de la prison et de pousser à
la lutte pour obtenir non seulement de meilleures conditions de vie
dans les prisons, mais aussi permettre la prise de conscience du lien
réciproque entre le système pénitentiaire et le système social
soidisant libre.
Les moyens de lutte proposés sont ceux de l'action
directe, de l'autogestion des luttes, du refus des compromis si des
luttes revendicatives se mettent en place. Le but est toujours
d'essayer que, pendant ces moments de lutte insurrectionnelle, grâce
aux liens entre le dehors et le dedans, les prisonniers débattent et
remettent en cause, en même temps que la prison, tout le système social
qui l'a créée.
L'objectif du journal est de donner vie aux comités,
associations ou autres structures des amis et parents des détenus.
Aujourd'hui, on peut compter sur la collaboration de quelques avocats
en Sardaigne et en Italie, qui suivent soit les prisonniers
individuellement, soit les actions des comités qui se constituent et
qui agissent et fonctionnent le plus souvent de manière informelle,
d'où le besoin de Su Gazetinu comme lien entre eux.
Un tel projet ne
s'est pas improvisé dans la tête de quelques anarchistes sardes
illuminés, mais plonge ses racines dans trente années d'activité
sociale et culturelle que l'Arkiviù Bibrioteca a développée, en
complète symbiose avec le monde prolétaire et sous-prolétaire sarde,
dans l'optique de l'autodétermination des individus et des collectifs.
Pour tout contact, s'adresser au journal, via Buonarroti 2, 08100 Nuoro, Sardaigne, Italie. Courriel: sugazetinu@caninet.org.
Présentation
réalisée par Manolo, FA de Lyon, en relation avec Costantino qui fait
partie en Sardaigne de l'Arkiviù Bibrioteca, via Melas 24, 09040
Guasila, CA, Sardaigna.
Le Monde libertaire #1375 du 11 au 17 novembre 2004