« BIENVENU DANS CE MONDE MODERNE. » Voilà ce que souhaitait il y a quelques jours un journaliste de France Info aux nouveau-nés de l'année 2004, avant d'enchaîner sur les conditions désastreuses dans lesquelles se déroulent l'accueil des patients et le travail des salariés de l'hôpital en France. ironie? Humour? Non, apparemment ni l'une ni l'autre. Il s'agit bien de ce monde moderne, que l'on tente de nous vendre à toutes les sauces. Celle des journalistes, celle des experts, celle des gouvernants et, bien évidemment, celle des patrons qui, eux, ne pèchent jamais par manque de modernité. Un monde moderne, où l'on réinvente le temps des croisades, de la religiosité triomphante, de l'esclavage et du patriarcat. Évidemment, qu'on se rassure. Il ne s'agit plus de ces temps obscurs où l'absolutisme dictait la marche du monde. Non, aujourd'hui nous vivons en démocratie, et la liberté, les droits de l'homme (plus que ceux de la femme), la justice et l'égalité sont au coeur de ce monde que construisent les grandes puissances au niveau national et international. Et n'en déplaise aux Ivoiriens, aux Irakiens ou aux Afghans morts sous les bombes de la modernité. N'en déplaise à tous ces archéo-extrémistes, qui s'opposent à ce que nos vies ne se réduisent pas à l'économie et que subsiste encore des lambeaux de services collectifs. N'en déplaise non plus à toutes ces femmes qui se font taper dessus, ou à celles voilées à qui l'on empêche d'accompagner leurs enfants en sortie à l'école sous prétexte de laïcité pendant que d'autres érigent des croix hautes de 17 mètres en plein centre-ville. N'en déplaise enfin à tous ceux qui, bientôt, se retrouveront enfermés dans des camps aux frontières de l'Europe ultramoderne. Comment faire face à de telles régressions? Comment dépasser cette apathie qui nous assomme toujours plus à chaque lutte perdue, à chaque acquis qui disparaît? Les dirigeants de ce monde ne se privent pas pour utiliser toujours les mêmes instruments de domination. Ne nous privons pas non plus. Il n'y a rien à attendre de ce système, même à visage humain. Si nous avons sans doute beaucoup perdu en terme de pratique de ce qui faisait la culture ouvrière et de ses luttes, nous en avons encore la mémoire. Profitons-en.
Sommaire :
Sida, fichage, flicage et restrictions, par P. Schindler, page 5
L'autruche, tête dans le sable mais lucide, par F. Ladrisse, page 6
Un flic ça va, trois flics bonjour les dégâts, par A. Sulfide, page 7
Circulez, à Strasbourg y'a rien à redire, page 8
Services publics, agonie de l'EDF, par J. Langlois, page 9
CFDT, quarante ans et un dentier tout neuf, par Jimma, page 11
Vieillir, c'est gâtir un peu, page 12
Le Vatican attaqué par des soucoupes volantes, par Olivier, page 14
l'anarcho-syndicalisme passé en revue, page 16
Mixité contre ségrégation sociale, par H. Kebabza, page 17
Un vagin qui a beaucoup à dire, page 19
L'art, ça a de la gueule, page 21
Vie du mouvement, page 22