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L'En Dehors


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Sans gène et sans neurone
Nicolas Sarkozy a enseigné à ses peuples le double secret de la pédophilie et du suicide, par le biais de Philosophie Magazine (bel oxymore, s'il en fut); c'est génétique. Suivons la voie tracée par le Petit Leader et examinons le problème des gènes, qui revient en force pour deux raisons.

1. On a déchiffré le génome humain.

2. Les appareils qui permettent déjà de détecter des modifications de l'activité cérébrale et de les lier à des pensées précises, calculs, visualisation, etc., laissent entrevoir qu'on s'approche d'une connaissance matérielle de la pensée, vue en tant que communication électrochimique entre cellules cérébrales.

À partir de là, beaucoup trop de gens vont beaucoup trop vite en besogne. Les uns (en général de gauche), craignant à juste titre « le meilleur des mondes » et le retour de l'eugénisme s'accrochent à l'idée (fausse) que tout dans l'humain vient de l'environnement, plus précisément des environnements culturels, sociaux et économiques. Les autres (presque toujours de droite) désireux d'éviter que l'on critique les environnements culturels, sociaux et économiques dont ils sont les maîtres, rêvent de justifier les hiérarchies Sociales par les insuffisances génétiques et gloussent « Ah, ah! pensée matérielle = pensée dépendante du corps = pensée déterminée par ce qui détermine le corps = pensée déterminée par les gènes! »

Aux premiers, on conseille la lecture de Boyer, Dennett, Pinker, etc.

Aux seconds, on conseille de refermer Mein Kampf, et de revenir aux cours élémentaires de génétique et d'anatomie.

Oui, les instructions pour construire le corps humain se trouvent dans les gènes. Mais ces gènes sont simplets. Les instructions se trouvent donc plutôt dans les combinaisons de gènes et surtout dans les séquences successives de ces combinaisons.

La possession d'un corps humain ne suffit pas à constituer un être humain, les enfants sauvages le prouvent; grandis sans contacts humains, leur cerveau ne se développe jamais au même point que ceux des autres êtres humains. Pour penser comme un être humain il faut un cerveau normalement constitué (merci les séquences de combinaisons de gènes), et, il faut une société qui vous a

1. enseigné tout ce qu'elle sait, entre autres et surtout le langage;

2. qui vous a assez stimulé intellectuellement pour que physiquement, concrètement, matériellement, de nouvelles connexions se créent dans votre cerveau. On sait maintenant que, contrairement à ce que l'on croyait, il se crée de nouvelles cellules et de nouvelles connexions dans le cerveau tant qu'on l'utilise. On sait aussi que la configuration de ces connexions change ce que l'on en fait. Par exemple, je parle quatre langues et je lis très vite, mais je ne sais même pas faire une division, et je chante faux: mon cerveau, à un certain niveau semblable à ceux de tous les autres êtres humains est, à un autre niveau, configuré différemment que ceux d'un comptable monoglotte et d'une cantatrice. Et ces trois cerveaux seront configurés différemment que celui d'un chasseur-cueilleur Yanomami, qui ne lit ni ne compte, mais qui connaît des milliers de plantes et d'animaux et tire à l'arc comme un dieu. En d'autres termes, ces quatre cerveaux sont identiques à la base, mais se sont spécialisés différemment. Car on sait maintenant que le cerveau « se muscle », ou d'ailleurs s'affaiblit, selon ce que l'on en fait. 11 se muscle par système, pas globalement. Les joueurs de tennis ont un bras plus gros que l'autre.

Notre cerveau est un orchestre de dizaines de milliers d'instruments, (la vision des couleurs, celle des mouvements, l'audition, l'audition des mots, le contrôle de l'équilibre, l'art de faire de la bicyclette, la reconnaissance des visages, la reconnaissance des personnes, l'art de composer des fugues baroques, la connaissance des épices du Kérala, etc.) certains innés (en général les systèmes involontaires, certains systèmes réflexes, certains systèmes moteurs) et tous les autres acquis.

Les acquis sont la très grande majorité. Mais ils se dressent sur des systèmes plus anciens. Les systèmes d'un physicien nucléaire, sont acquis, redevables à la culture, à l'artificiel, au social, exact? Peau de balle! Savoir tourner virtuellement un objet dans sa tête, évaluer des trajectoires, des enclenchements et des poussées sont des choses essentielles pour un physicien mais à l'évidence innées, exact? Peau de balle! Sans apprentissage, ces capacités innées ne deviennent pas des systèmes. Elles sont là, mais sans l'environnement, elles ne se construisent pas.

Vous voyez où je veux en venir; s'il est bon de discerner ce qui est inné et ce qui est acquis, cette distinction n'est pas finale, parce que sans inné, pas d'acquis et sans acquis, pas d'inné.

Le débat inné-acquis ressemble au débat société-individu, dont évidemment il procède: qui veut tout sacrifier à la société oublie qu'elle est faite d'individus, qui ne prône que l'individu oublie que sans société l'individu meurt promptement.

Quant aux deux affirmations à l'origine de ce débat, examinons-les en détail. Postuler l'existence d'une prédisposition génétique au suicide, c'est n'avoir jamais lu Darwin. Un hypothétique « gène du suicide » qu'à présent éclairés par les paragraphes précédents nous appellerions « une séquence de combinaisons de gènes poussant au suicide » - aurait pour immédiate conséquence le suicide de son possesseur. Donc la non'-transmission du gène.

Il n'y a chez aucun animal de gène du suicide, parce que par définition ce gène s'éteindrait immédiatement. Et l'âne incapable de comprendre ça prétend gouverner nos vies!

Une séquence de combinaisons de gènes poussant à la pédophilie? Oui, s'écrient les génophiles, s'il y a bien un comportement à l'évidence poussé par les gènes c'est la sexualité, sans laquelle les gènes ne pourraient pas se transmettre!

Ahem. Reprenons. Qu'il y ait une poussée génétique à la sexualité chez l'être humain, aucun doute. Chez le mâle continent, vraiment continent (rare, mais ça existe), le sperme s'expulse quand même grâce aux rêves érotiques. Que cette « poussée génétique à la sexualité » s'exprime par un seul comportement précis, chacun sait que c'est faux. À l'intérieur même du comportement majoritaire, le comportement hétérosexuel, les variations sont immenses, de la brute épaisse qui se vide les couilles au séducteur impénitent, au romantique plutôt chaste, au père de famille fidèle à sa mission du samedi soir, de la mère de famille résignée à sa mission du samedi soir, à l'amoureuse brûlante, à la collectionneuse de one-night-stands. Et que dire alors des bisexuels occasionnels, des bisexuels réguliers, des homosexuels monogames, des homosexuelles polygames, des transsexuelles monogames, des transsexuels sadomasochistes, des bisexuels fétichistes, j'en passe et des meilleures! La pédophilie, qui est un comportement, est une variante, fréquente dans le clergé catholique, moins ailleurs; seulement une variante dans un échantillonnage de dizaines de possibilités.

En d'autres termes, la sexualité est un excellent exemple de ces traits humains à base incontestablement biologique et à expression incontestablement sociale/symbolique. Parce que le choix sexuel passe par les rôles sexuels enseignés dans l'enfance par le biais d'outils symboliques/ sociaux tels que le langage, le vêtement, le jeu, la voix, etc. Pour paraphraser Simone de Beauvoir, on ne naît pas pédophile, on le devient, tout comme on ne naît pas homosexuel, ni hétérosexuel, ni bisexuel fétichiste, on le devient. Mais on ne le deviendrait pas s'il n'y avait pas ces séquences de combinaisons de gènes qui ont créé les organes qui sécrètent les hormones qui mettent le feu aux postérieurs de tout un chacune.

Sans gènes, pas de sexe, sans social/symbolique pas de formes de sexe.

Pour en revenir à Sarko, je vois venir ceux qui veulent à toute force lui attribuer des gènes porcins ou adolfiques. Non, désolé. Mais je regrette avec eux qu'il n'ait pas le gène du suicide.


Jean-Manuel Traimond


Le Monde libertaire #1474 du 19 au 25 avril 2007

Ecrit par libertad, à 09:37 dans la rubrique "Actualité".



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