L'En Dehors

Si tu réfléchis, t’es foutu

Constaté en visionnant les reportages*que le magazine 90 minutes de Canal+ a consacré aux banlieues en flammes que les jeunes incendiaires ont une forte propension à se croire dans la vie comme dans un jeu de rôle vidéo**, ce qui ne constitue pas vraiment une surprise, et, plus préoccupant, que c’est manifestement aussi le cas pour les flics des BAC qui les traquent, à moins qu’ils aient abusé des séries TV made in USA***, ce qui revient à peu près au même quant à une approche réaliste de leurs attributions.
En dehors de tout point de vue partisan, on aurait pu espérer davantage de maturité lucide chez des fonctionnaires recrutés sur concours que chez des gamins sans trop de repères, comme on dit. Eh bien, c’est raté ! un point partout, la balle à celui qui court le moins vite.

*un peu too much mis en scène pour être tout à fait crédibles
**bon, d’accord, la vraie vie est aussi un jeu de rôle, où il n’y a, hélas, que peu de vedettes et plein de figurants
***pour les connaisseurs, plutôt The shield que FBI-portés disparus

Tout Eddy comme il dit

Non-lieu confirmé le 2 novembre par la cour d’appel de Versailles concernant le délit d’injure à caractère raciste reproché par une assoce corse au sieur Moine qui avait déclaré dans un vieux Paris-Match qu’il ne fréquentait plus Michel Sardou depuis « qu’il est sur son île de crétins ».
A qui songeait-il ? Dutronc ? Kouchner ? Strauss-Khan, tous bien installés dans l’île en compagnie de quantités d’autres millionnaires en euros ?
Quoi qu’il en soit, même s’il n’a pas injurié, Eddy a tout de même charrié, car tous les Corses ne sont pas des crétins, et tous les crétins ne sont pas Corses. Comme Sardou, par exemple.

La France de tout en bas au fond à droite…

A force de lire sur les forums et d’entendre dans les transports en commun les vociférations lepénistes de la France laborieuse, qui réclame ici des camps, là des chars et au milieu des légionnaires, on va finir par penser que les francs-tireurs des banlieues, s’ils n’ont pas grand-chose à déclarer, réussissent tout de même à démontrer que le franchouillard standard possède bien un ganglion à la place du cerveau et une pompe à deux balles fabriquée en Chine à la place du coeur.
Mais est-ce que c’était vraiment le but de la manœuvre ?

… contre les champions de la contre-productivité

68% des Français approuveraient la gestion de l’actuelle « crise des banlieues » par Nicolas Sarkosy. Encore un effort en faveur des bagnoles en feu, les p’tit gars, et le président de l’UMP finira demain ou après-demain mieux élu que Chirac en 2002, et cela quel que soit son adversaire.
Toutefois, considérant que l’appréciation négative de l’actuelle politique droitiste est inversement proportionnelle à la notoriété positive de certains de ses défenseurs, rien n’interdit en principe l’élection d’une Assemblée nationale majoritairement socialiste.
Nicolas président et François Premier ministre, ils en ont rêvé ensemble il y a six mois dans Paris-Match, les Français le feront.

Attention, la gauche se réveille !

François Puponi, Gilbert Bonnemaison et David Habib, tous élus ou anciens élus PS disent dans Libération du 14 novembre tout le mal qu’ils pensent de la prolongation pour trois mois de l’état d’urgence.
Puponi, Bonnemaison, Habib, ça ne vous dit rien ? que des pointures, pourtant !
Pas des quasi inconnus comme ces Hollande, Strauss-Khan, Fabius, Lang, Emmanuelli, Montebourg…

Bien vu, Philippe !

Dans l’édition numérique du Monde daté du 15 novembre, Philippe de Villiers voit en Jacques Chirac « le chef du parti des immigrés ».
Ouf ! c’est en pratiquant ce genre d’humour aussi pénible qu’involontaire que les leaders de la réaction se coupent de tous les QI au-dessus de débile léger.

La faute au lion

Selon d’éminents experts sortis d’on ne sait où excipant d’études commandées par on ne sait qui, la polygamie –diablerie forcément allogène- expliquerait à elle seule une bonne partie des troubles banlieusards du mois.
La polygamie, phénomène marginal, c’est l’alibi hypocritement correct –à droite du moins- pour expliquer que les familles nombreuses sont en première ligne des familles à problèmes, constatation d’évidence, car plus on a de gosses, moins on a de temps, d’attention et d’amour à leur consacrer individuellement, et, lorsque, en prime, on n’est pas très thuné, moins il y a pour chacun d’espace, d’argent et de promesses d’avenir, donc plus il y a de risques que certains d’entre eux se mettent à faire des conneries.
Et ça ne date pas de l’immigration, mais depuis que les pauvres font beaucoup plus de mômes qu’ils n’en peuvent assumer.
N’en déplaise à la bien-pensance angéliste, plus qu’une question sociologique, c’est un problème mathématique, qui peut se résumer à un banal calcul de probabilités.
Seulement, dans un pays où des ministres mobilisent jusqu’à 600 mètres carrés de logement prestigieux pour abriter douillettement leur huit rejetons bien proprement baptisés, ne comptez sur personne pour remettre ouvertement en cause un lapinisme triomphant béni par toutes les églises, partis et associations humanitaires.

Rien à signaler

Dans la nuit du mercredi 16 au jeudi 17 novembre, 98 véhicules ont été incendiés, moyenne habituelle enregistrée chaque nuit en France.
On ne s’étonnera pas qu’avant les récents événements, le pouvoir sécuritaire incarné par le prévôt Nicolas n’ait pas d’avantage « communiqué » sur cette moyenne habituelle : cela aurait évoqué aux populations déconcertées la funeste époque de cet incapable de Jospin, n’est-ce pas ?

Dommage collatéral

Ambiance générale à la répression et consignes du pouvoir aidant, la justice, indépendante au poil comme il faut mais pas plus, a la main lourde en ce moment, au point de condamner José Bové à quatre mois fermes pour une moisson prématurée de ce maïs génétiquement trafiqué dont personne ne veut, mais que l’industrie agro-alimentaire tient absolument à  faire bouffer à notre bétail, histoire que demain le boeuf cinglé fasse oublier la vache folle.
La prochaine fois, José brûlera une ou deux chignoles*, c’est presque aussi polluant, mais moins dérangeant, surtout pour la filière automobile, et plutôt moins lourdement sanctionné.

*ou dégonflera les pneus de son propre tout-terrain

Encore un chef-d’œuvre littéraire condamné par la censure !

Sous la pression de la place Beauvau, la biographie précoce de l’ineffable Cecilia ex-Sarkosy, pourtant a priori autorisée par celle-ci et rédigée par une plumitive de la presse pipole, a été mise au pilon par son éditeur avant même d’être distribuée.
Diable ! Nicolas, naguère si fier de nous faire découvrir sa petite famille recomposée, aurait-il quelque chose à cacher au bon peuple friand d’histoires d’alcôve ?
Car on peut supposer que cette femme qui va d’époux en époux riches et célèbres doit posséder d’étranges pouvoirs, puisque ce n’est pas les jolies filles intéressées par les mariages rentables qui manquent.

Les brèves hebdomadaires, c’est pas mauvais, mais ça sent un peu le réchauffé, pas vrai ?

Mathias Delfe