Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





Crée le 18 mai 2002

Pour nous contacter : endehors(a)no-log.org



D'où venons-nous ?


Nos références
( archives par thèmes )


Vous pouvez nous soutenir en commandant nos brochures :

Les éditions de L'En Dehors



Index des rubriques

Les collaborateurs et collaboratrices de l'En Dehors

Liens

A noter

Recherche

Archive : tous les articles

Session
Nom d'utilisateur
Mot de passe

Mot de passe oublié ?

Retour à la nature
Le retour à la Nature est une chose magnifique, en théorie ; l'imagination surexcitée de l'inadaptable à notre ère industrielle y aperçoit mille aventures ; il rêve de pays exotiques où loin du monde abhorré il pourra vivre en liberté en dehors de la contrainte des centres grégaires ; il voit une nature riche et clémente qui lui donnera une ample vie de liberté.


Certes, je ne veux point ici réfuter le camarade E. Bertran, ses déductions sont justes, seulement il oublie deux choses :
1° l'inadaptabilité de la grande majorité des camarades à une vie de pionniers ;
2° le climat meurtrier des régions tropicales où poussent les cocotiers ; là, le paludisme pernicieux a vite fait de décimer les plus vaillants et les colonies qui se sont établies dans les pays tropicaux n'ont eu qu'une courte existence. Ici même à Costa Rica, dans les plaines de San Carlos, terre on ne peut plus fertile, une colonie de 70 cubains vint s'installer ; au bout de deux années de résidence il restait, je crois, 14 survivants.
Au Nicaragua, dans la Mosquitia, région encore inconnue, une colonie de 2.000 danois fit une tentative, avec capital et machines, en vue d'une exploitation intense : ils n'ont pu résister all climat tropical. Il y a certes des endroits très habitables; ce sont les réglons montagneuses au-dessus de 500 mètres d'altitude, mais là les cocotiers n'offrent plus leurs ressources ; il est vrai que les bananes y viennent à merveille et que cette culture est, comme le dit E. Bertran, des plus élémentaires, et d'un grand rapport pour l'élevage des cochons. Ces régions montagneuses sont les seules où des camarades, pourraient s'acclimater si .... Mais voilà, il y un si ; et c'est que la réalité ne répond point au rêve fait par les assoiffés de liberté.
Ici, à Far-Away, j'ai vu passer une quarantaine de camarades hommes et femmes et je suis resté seul. La Nature, meure sous les tropiques et surtout sous les tropiques, bien que très prodigue est plus difficile à' vaincre que partout ailleurs. Les terrains prés des centres sont d'un prix inabordable pour les modiques ressources des camarades ; il faut donc aller dans la brousse afin de pouvoir avoir suffisamment de terrain pour faire l'élevage des cochons ; ces terrains, très bon marché, ou même gratuits, ainsi que le dit E. Bertran, sont loin de tout marché. Ici, nous sommes à 9 heures de Santiago de Puriscal et si la liberté y est illimitée, cela a cependant ses inconvénients. Dans ces retiros, seul l'indien s'installe et mène une vie très médiocre, faute d'initiative, je le veux bien et la mentalité de l'indien est loin d'être supérieure à celle des civilisés qui pourtant, ne brille pas beaucoup. Son indolence fait que sa vie est à peine supérieure à celle de l'animal et tout blanc qui s'installe dans son voisinage est considéré comme au moins millionnaire ; cette opinion ne facilite guère la vie du pionnier tout au moins dans les débuts. De plus, presque partout l'indien est pillard; l'année dernière j'eus une bonne parte de ma récolte de café enlevée sans que j'aie pu découvrir le ou les voleurs ; cette année j'ai fait bonne garde et j'ai pu récolter sans partage forcé. Pour tout camarade bien pensant, il est futile de penser à l'autorité pour redresser ces tors ; ce serait du
reste inutile ; il faut donc se résigner à subir ces pertes de temps à autre et les accepter si l'on ne peut les empêcher par ses propres moyens.
Je n'écris pas ces lignes pour décourager les camarades, je sais qu'il peut s'en trouver parmi eux quelques-uns capables de vivre leur rêve et de trouver une compensation à tout ce qu'ils laissent derrière eux, mais ce nombre est très restreint et je ne l'évalue guère à plus de 5 % et j'ai même peur d'exagérer.
Tous les camarades qui sont passés ici se croyaient très simples, ayant peu de besoins en dehors de la liberté, mais un court séjour leur a démontré crue la réalité ne valait pas le rêve et qu'après tout la civilisation offrait un tas de bonnes choses même aux pauvres exploités, que l'on ne peut s'offrir dans la brousse.
Ici la liberté. illimitée et, pour ceux qui arment la nature, une fantasmagorie de couleurs inégalable ! Mais il faut que ceci .puisse compenser celai sinon, pourquoi se contraindre à vivre dans la sauvagerie ?
Je connais les endroits dont parle le camarade E. Bertran et si je me donne la peine d'écrire, c'est pour mettre en garde les camarades contre leurs illusions ; j'en ai tant vu venir, ayant sacrifié leur avoir,effort de longues années de travail pour tenter de vivre leur rêve de liberté, et qui se sont trouvés sans ressources pour retourner en Europe, que je ne crois pas une mise en gardé inutile ; il ne faut pas compter gagner sa vie décemment dans les centres des pays tropicaux ; l'industrie y est nulle et les quelques emplois libres sont rémunérés d'une façon dérisoire.
J'ai reçu des lettres de camarades et aussi j'ai su qu'un mouvement se dessinait dans certains .milieux en faveur d'un nouvel essai à Costa-Rica. Ma réponse est celle-ci : « Malgré mon désir de voir venir s'installer des sympathisants libertaires par ici, que ceux qui viennent le fassent avec suffisamment de ressources pour résister 18 mois ou 2 ans en attendant le résultat de leurs efforts et aussi avec l'argent nécessaire pour assurer le retour en cas d'échec ou, simplement d'inadaptabilité; ainsi ceux qui viendraient auraient fait un beau voyage et goûté à quelques mois de glorieuse liberté, ce qui après tout n'est pas à dédaigner ».
Je n'ai point parlé des dangers de la brousse qu'il ne faut cependant pas négliger ; en ce moment je suis en .convalescence d'une morsure de serpent et j'ai bien failli y laisser mes os.
Cet article n'est pas très engageant, je le sais ; mais mon expérience ici ne me permet pas d'écrire autrement.
Maintenant aux aventuriers pour de vrai, qui n'ont point peur de la solitude et du dur travail je dis a venez, il y a des joies ici que l'on ne peut goûter dans l'ambiance des usines ».
C'est pour cela que je suis resté.

P. PraT.

Far Away Farm, Santiago de Puriscal (Costa-Rica)

L'En Dehors #198-199 du 15 janvier 1931

Ecrit par libertad, à 22:44 dans la rubrique "L'En Dehors d'Armand".

Commentaires :

  Anonyme
05-06-05
à 16:09

LES ANARCHISTES ONT-ILS LA TÊTE DANS LES NUAGES???

Superbe texte d'un prolétarien réaliste.
Répondre à ce commentaire

  lagrimilla
10-06-05
à 14:19

Re: LES ANARCHISTES ONT-ILS LA TÊTE DANS LES NUAGES???

"Nous avons toujours eu beaucoup; nos enfants n'ont jamais pleuré de faim, notre peuple n'a jamais manqué de rien... Les rapides de Rock River nous fournissaient un excellent poisson, et la terre très fertile a toujours porté de bonnes récoltes de maïs, de haricots, ce citrouilles, de courges... Ici était notre village depuis plus de 100 ans pendant lesquels nous avons tenu la vallée sans qu'elle nous fût jamais disputée. Si un prophète était venu à notre village en ce temps-là nous prédire ce qui allait advenir, et ce qui est advenu, personne dans le village ne l'aurait cru."

Black Hawk, chef indien

"Le Lakota était empli de compassion et d'amour pour la nature, et son attachement grandissait avec l'âge. (...) C'est pourquoi les vieux Indiens se tenaient à même le sol plutôt que de rester séparés des forces de vie. D'asseoir ou s'allonger ainsi leur permettait de penser plus profondément, de sentir plus vivement. Ils contemplaient alors avec une plus grande clarté les mystères de la vie et se sentaient plus proches de toutes les forces vivantes qui les entouraient.

Le vieux Lakota était un sage. Il savait que le coeur de l'homme éloigné de la nature devient dur. Il savait que l'oubli du respect dû à tout ce qui pousse et à ce qui vit amène également à ne plus respecter l'homme. Aussi maintenait-il les jeunes sous la douce influence de la nature."

Standing Bear, chef Lakota (Sioux)

"La vie dans un tipi est bien meilleure. Il est toujours propre, chaud en hiver, frais en été, et facile à déplacer. L'homme blanc construit une grande maison, qui coûte beaucoup d'argent, ressemble à une grande cage, ne laisse pas entrer le soleil, et ne peut être déplacée; elle est toujours malsaine. Les Indiens et les animaux savent mieux vivre que l'homme blanc. Personne ne peut être en bonne santé sans avoir en permanence de l'air frais, du soleil, de la bonne eau. Si le Grand Esprit avait voulu que les hommes restassent à un endroit, il aurait fait le monde immobile; mais il a fait qu'il change toujours, afin que les oiseaux et les animaux puissent se déplacer et trouver toujours de l'herbe verte et des baies mures.

L'homme blanc n'obéit pas au Grand Esprit. C'est pourquoi nous ne pouvons être d'accord avec lui."

Flying Hawk, chef Sioux du clan des Oglalas

 "Le Grand Esprit nous a donné une vaste terre pour y vivre, et des bisons, des daims, des antilopes et autres gibier. Mais vous êtes venus et vous m'avez volé ma terre. Vous tuez mon gibier. Il devient dur alors pour nous de vivre.
Maintenant vous nous dites que pour vivre, il faut travailler. Or le Grand Esprit ne nous a pas fait pour travailler, mais pour vivre de la chasse.

Vous autres, hommes blancs, vous pouvez travailler si vous le voulez. Nous ne vous gênons nullement. Mais à nouveau vous nous dites « pourquoi ne devenez-vous pas civilisés? » Nous ne voulons pas de votre civilisation ! Nous voulons vivre comme le faisaient nos pères et leurs pères avant eux."

Crazy Horse, grand chef Sioux du clan Oglalas

"Regardez mes frères, le printemps est venu, la terre a reçu les baisers du soleil et nous verrons bientôt les fruits de cet amour. Chaque graine est éveillée, et de même, tout animal est en vie. C'est à ce pouvoir mystérieux que nous devons nous aussi notre existence. C'est pourquoi nous concédons à nos voisins, même nos voisins animaux, autant de droit qu'à nous d'habiter cette terre.

Cependant écoutez-moi mes frères, nous devons maintenant compter avec une autre race, petite et faible quand nos pères l'ont rencontrée pour la première fois, mais aujourd'hui, elle est devenue tyrannique. Fort étrangement, ils ont dans l'esprit la volonté de cultiver le sol, et l'amour de posséder est chez eux une maladie. Ce peuple a fait des lois que les riches peuvent briser mais non les pauvres. Ils prélèvent des taxes sur les pauvres et les faibles pour entretenir les riches qui gouvernent. Ils revendiquent notre mère à tous, la terre, pour eux seuls et ils se barricadent contre leurs voisins. Ils défigurent la terre avec leurs constructions et leurs rebuts. Cette nation est comme le torrent de neige fondue qui sort de son lit et détruit tout sur son passage."

Tatanka Yotanka, ou Sitting Bull, grand chef Sioux

 
"Les vastes plaines ouvertes, les belles collines et les eaux qui serpentent en méandres compliqués n'étaient pas « sauvages » à nos yeux. Seul l'homme blanc trouvait la nature sauvage, et pour lui seul la terre était « infestée » d'animaux « sauvages » et de peuplades « sauvages ». A nous, la terre paraissait douce, et nous vivions comblés des bienfaits du Grand Mystère. Elle ne nous devint hostile qu'à l'arrivée de l'homme barbu de l'Est qui nous accable d'injustices insensées et brutales."

Standing Bear, chef Lakota (Sioux)


Répondre à ce commentaire

  lagrimilla
10-06-05
à 14:24

tiré de:  "Pieds nus sur la terre sacrée",T.C.Mac Luhan
Répondre à ce commentaire



Modèle de mise en page par Milouse - Version  XML   atom