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Lu sur Actualité de l'anarcho-syndicalisme : "Loin de s’interroger sur le sens de ces deux morts, les médias ont immédiatement retranscrit le flot de calomnies déversé par la police et le gouvernement sur les deux victimes. Lorsque, devant tant de cynisme venu se rajouter à un fond chronique de misère, les banlieues se sont embrasées, tout le monde a prestement oublié l’origine de la révolte, et toute la classe politique s’est retrouvée pour stigmatiser "les jeunes". Quelques rappels
Voici trois ans, les même ou presque, nous expliquaient qu’il fallait voter Chirac pour éviter que Le Pen ne suspende un jour les libertés. Aujourd’hui, nous avons Chirac et la suspension des libertés. Était-ce bien la peine de faire défiler des millions d’électeurs -dans les rues d’abord, dans les urnes ensuite- pour en arriver à un aussi piteux résultat ? La CNT-AIT, presque seule, avait appelé à l’abstention au deuxième tour comme au premier. Les faits lui donnent aujourd’hui raison : il n’y avait rien à attendre de cette farce électorale. Voici à peine un an, les mêmes ou presque, nous expliquaient qu’il fallait voter "non" à la Constitution européenne, car cette dernière contenait un article permettant de suspendre les libertés. Inutile de répéter le raisonnement ci-dessus, c’est exactement la même chose. Dans quelques mois, les mêmes ou presque, viendront nous expliquer, avec le même type d’arguments, qu’il est indispensable de voter. Ils feront semblant d’oublier que l’histoire électorale démontre, avec une force particulière ces dernières années, que ce n’est pas des urnes que viendront les changements auxquels nous aspirons.
D’autant que ceux qui se présentent à ce jour comme les principaux challengers de l’équipe gouvernementale en place ont hissé la couleur. Premier parti de l’opposition, le Parti socialiste a en effet approuvé cette monstruosité qu’est l’état d’urgence -même s’il a ensuite mollement protesté contre sa prolongation. C’est un signal, un signal fort qu’il a envoyé à la classe dominante pour lui dire : “Nous aussi, nous sommes prêts -si vous nous redonnez le pouvoir- à défendre vos intérêts, quitte à suspendre la démocratie, à réprimer aussi sauvagement qu’il le faudra une partie de notre propre électorat”.
Cet état d’urgence a été décrété alors que la situation n’avait rien de catastrophique, loin de là. Ceux d’entre nous qui vivent en banlieue en ont vu vraiment d’autres. Certes, les médias ont mis le paquet, pour faire croire que la France flambait. En fait, les affrontements ont été circonscrits, et, même dans les zones "chaudes", assez limités.
En se plaçant un instant sur le terrain de nos adversaires, dans une perspective du maintien de l’ordre capitaliste, une constatation s’impose : l’état d’urgence n’était nullement nécessaire. Mais sa proclamation permettait de tester, grandeur nature, sa faisabilité au cas où il s’avérerait un jour réellement utile. C’est donc à une répétition générale que nous avons assisté. Elle a été fort rassurante pour le pouvoir : il n’a manqué ni de crétins, morts de trouille, pour dénigrer les révoltés, ni de collaborateurs pour le soutenir.
Grâce à ce front commun, la France a retrouvé son petit rythme pépère : les entreprises délocalisent et licencient au rythme des cours de la bourse. Les loyers continuent leur hausse irrésistible. L’électricité est privatisée. Les expulsions de sans-papiers s’accélèrent. Des SDF meurent de froid. Le tarif du gaz explose. Les "avec-papiers" expulsés de leurs logements sont toujours à la rue. La violence policière se donne libre cours. Les ghettos se renferment. Les jeunes sont sacrifiés… L’oppression étatique, la misère économique et sociale font chaque jour tâche d’huile. Dans ces conditions, il est clair -au moins pour nous- que la révolte des banlieues, si elle avait été accueillie dans la solidarité, pouvait être le point de départ d’une remise en question générale de cette société fondamentalement injuste. C’est pourquoi nous nous sommes attachés à un travail de présence sur le terrain, d’explication, de solidarité. C’est ce même travail que nous invitons à entreprendre avec nous dès aujourd’hui tous ceux que la situation actuelle excède, dans la perspective des prochains mouvements sociaux qui viendront inexorablement.
Paul
Le 27 octobre 2005, à Clichy, deux jeunes qui reviennent d’une partie de football meurent carbonisés. Ils s’étaient réfugiés dans un transformateur électrique pour échapper à un contrôle de police. Pourquoi, des adolescents qui n’ont rien à se reprocher, ont-ils, en France, à ce point peur d’un simple contrôle de police qu’ils sont prêts à tout ? Parce que les contrôles de police sont arbitraires, répétitifs, souvent violents, toujours humiliants et peuvent durer des heures, tout cela sans raison aucune. Zyad (17 ans) et Banou (15 ans) n’ont pas voulu subir une fois de plus cette humiliation. Ils en sont morts.