L'En Dehors

Par contre tu n'as pas de mal à associer "sorcière néo-païenne" et "Diable" (et tu lui accordes même une majuscule !). Etonnant. Parce que le diable, le démon, l'enfer, le péché, le mal, etc, c'est quand même un concept 100% chrétien (et relativement tardif dans l'histoire du christianisme), donc 0% païen. Et tu reprends donc à ton compte l'accusation portée par l'Inquisition et non pas ce que pronaient pour elles-mêmes les éventuelles "sorcières païennes", non ?

Je te conseille le lien http://endehors.org/news/2957.shtml , avec notamment ce passage que je dédie à ta réflexion :

"Il reste que Femmes, magie et politique est une lecture aussi dérangeante que stimulante. Elle oblige le lecteur, même s’il se croit et se veut éminemment progressiste, à se reconnaître comme l’héritier du monde qui a brûlé les sorcières, au cours de cette période restée dans l’Histoire officielle sous le nom de "Renaissance": elle l’oblige à se confronter avec ce qui, en lui, considère effectivement les anciennes guérisseuses comme des sorcières rétrogrades, sales et superstitieuses (même si on commence timidement à redécouvrir la validité de leur médecine préventive et de leur usage avisé des plantes); avec sa propre tendance à dévaloriser et à rejeter le corporel et le nourricier; avec sa propre adhésion à la vision mécaniste du monde, laquelle demeure, malgré les évolutions de la science, ce que le physicien français Bernard d’Espagnat appelle (dans son Traité de physique et de philosophie) "notre ontologie instinctive". Bref, elle l’oblige à identifier les formes d’autorité qu’il véhicule en lui-même – et là aussi on pense à Benasayag écrivant, dans Résister c’est créer, que "le néolibéralisme est en nous". Or, même si la vision mécaniste, qui se présente abusivement comme la seule vraie et raisonnable, produit des désordres de plus en plus évidents et de plus en plus graves, la réticence à s’en démarquer, l’espoir qu’on puisse résoudre la situation sans s’en écarter, restent très prégnants. Car au-delà d’elle, s’ouvre un terrain sur lequel on ne se sent guère à l’aise – surtout en Europe."

Ni dieu, ni maître, ni ordre moral. (ni messianisme ethnocentriste)

L'Unique, à perdre la raison.

cher anonyme,

je me permets de te dire que tu te plantes complètement lorsque tu écris "Parce que le diable, le démon, l'enfer, le péché, le mal, etc, c'est quand même un concept 100% chrétien (et relativement tardif dans l'histoire du christianisme), donc 0% païen" . Ces notions existaient bien avant le christianisme, dans les différentes religions de l'antiquité. Par ailleurs, la notion de païen est en revanche 100% chrétienne, car ce mot n'apparait qu'avec le regard des chrétiens sur les religions polythéistes et paganistes.

D'abord je ne suis pas anonyme, je suis L'Unique.

Ensuite, cher anonyme, non je ne pense pas me planter, mais bon je ne sais que je crois savoir, tout comme toi. Ce que je sais ou crois savoir, c'est qu'avant la chape de plomb imposée sur la pensée par le pouvoir politique et financier de l'Eglise à partir de la fin du Moyen-Age, il y avait une culture (je choisis ce terme exprès) populaire, avec son rapport à la terre et à l'existence, que peu m'importe que le nom païen lui aie été donné ensuite, ce qui m'importe c'est que cette culture n'a été que recouverte par le christianisme, qu'elle a survécu ces quelques siècles, plutôt dans les milieux dits "incultes" (je le mets entre guillemets, car comment pourrait-on penser des êtres humains incultes, c-à-d sans culture ?), et que depuis que les fables chrétiennes perdent de leur influence, que la couche s'écaille, réapparait naturellement ce qui existait dessous, de façon bien plus ancrée et depuis la préhistoire. Ceci pour la "notion de païen" dont tu parles. Quant au diable, etc, là encore je ne partage pas ce que tu affirmes. Le dualisme est une invention du christianisme. Je parle bien entendu d'une conception absolue du dualisme, qui diffère totalement par exemple du yin et du yang (qui sont 2 faces de la réalité, qui ne s'opposent donc pas mais se complètent), ou de l'antique mystique perse (du zoroastrisme à l'hérésie chrétienne manichéenne) qui contrairement aux arguments de l'Eglise pour la combattre ne propose pas une morale (comme le christianisme : chaque humain doit choisir dieu OU le diable), mais une philosophie et une pratique (l'humanité dans son ensemble a été créée par le diable, l'enfer est sur terre, mais l'humanité solidairement peut choisir de servir dieu et le bien). Bien entendu ce sont des métaphores, et il n'est pas nécessaire d'y croire, juste de réfléchir à leur sens.

Quant aux autres religions de l'antiquité dont tu parles, cite-m'en une seule dans laquelle les humains à leur mort ne vont pas tous au même endroit (que ce soit le paradis ou l'enfer, peu importe), dans laquelle il y a une sélection selon des critères moraux après le décès. Non, le christianisme a inventé ça, l'islam l'a repris, mais ça n'est même pas lié au monothéisme puisqu'il n'y a pas de ça dans le judaïsme.

Non ?

L'Unique, qui ne confonds pas matérialisme et rationnalisme.

PS pour Libertad : Je sais pas si je pourrai aller voir Dame Mim, je suis pas mal occupé en ce moment... A suivre.

Je suis entièrement d'accord avec tout ce que tu écris, Rakshasa. Moi aussi je suis matérialiste et athée. Moi aussi je ne supporte de vivre que parce que je ne doute pas que j'irai un jour nourrir les petites bêtes. Moi aussi je combats toute forme de hiérarchie, de pouvoir et d'autorité. Ainsi que les privilèges. Ainsi que le divin, le sacré et la magie. Ainsi que les élus de toute sorte. Et sans aucune ambiguïté toutes les idoles et tous les clergés.

Bon, si tu as compris autre chose dans mes interventions, c'est que je me suis mal exprimé, ou que tu as lu en diagonale, ou que le sujet est inhabituel et demande donc de tourner un peu autour pour communiquer ? Je ne sais pas.

L'Unique, réincarné à spirale.

Je voulais juste dire que pour moi l'anarchisme est incompatible avec toutes formes de pensées surnaturelles.

Ce que fait et dit Starhawk est vraiment épatant. Je conseille en particulier le texte "ce que nous essayons de faire", qui contient les choses les plus intelligentes et les moins dogmatiques sur l'alternative violence/non-violence dans les mouvements altermondialistes. Starhawk est quelqu'un qui recommande et met en oeuvre la pluralité des tactiques. Et humainement, c'est aussi quelqu'un de très agréable, même si ce n'est pas le plus important peut-être.

S'agissant de côté sorcière, d'abord, qu'il s'agisse de son comportement pratique ou des propos qu'elle tient, je constate qu'elle parvient aux mêmes conclusions que les rationalistes et les matérialistes les plus farouches (dont je suis). Le fait de s'identifier aux sorcières n'a rien à voir avec une quelconque allégeance cléricale. Les femmes qu'on a brûlées comme sorcières ne se condidéraient le plus souvent pas comme des sorcières, mais commes des dépositaires de savoirs empiriques traditionnels.

Et puis, comme l'a montré Jeanne Favret-Saada (si je me rappelle le titre, je le mets), il n'y pas de sorciers, il n'y a que des désorceleurs qui désignent les ensorceleurs !

Bref, dans l'histoire, on commence par être accusé de sorcellerie avant de se dire sorcier. Voilà un point commun avec les anarchistes !

(Si je ne me trompe, en rhétorique, cela se nomme une antiparastase)

AZ

ceci ne vous évoque rien....

« Il n'y a plus nulle part où aller si ce n'est de l'avant. Si nous gardons espoir et vision, si nous osons marcher avec courage et agir au service de ce que nous aimons, les barrières qui nous tiennent à distance céderont, comme la police a finalement cédé lors de notre marche de Washington. Le nouveau chemin n'est pas balisé, il n'est pas cartographié. Cela donne un sentiment d'étrangeté, mais c'est un sentiment vivifiant, un sentiment de danger, mais c'est un sentiment de liberté. Nous sommes né(e)s pour frayer ce chemin, et les grands pouvoirs de la vie et de la créativité marchent avec nous vers un avenir viable. »

Extrait de « Seule La Poésie » in « Parcours d’une Altermondialiste » de Starhawk, aux Empêcheurs de penser en rond.