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Préhistoire : la coopération plutôt que la lutte
--> La coopération et l'entraide comme facteur d'évolution
De nouvelles découvertes scientifiques confirment l'intuition de Kropotkine sur la tendance ( naturelle ou culturelle, le départage entre ces deux options n'est pas encore établi ) des êtres humains à coopérer plutôt qu'à s'agresser. Depuis la fin du 19ème siècle les hommes de sciences et les économistes présentaient la société humaine depuis sa naissance comme une mêlée générale où les plus forts sortent vainqueurs, dans ce contexte, la nature guerrière des humains préhistoriques venaient apporter une confirmation à l'essence violente de l'humanité.

Dans son livre L'entraide, un facteur de l'évolution, le penseur anarchiste Pierre Kropotkine (1842-1921) proposait plutôt, une conception du progrès dans la nature et la société fondée sur l'entraide et la sociabilité, idée allant à contre-courant des conceptions dominantes.
Selon Robert W. Sussman, anthropologue à l'université de Washington à St Louis, cette idée longtemps soutenue que les premiers humains étaient des guerriers, tient plus à un postulat judéo-chrétien faisant de l'homme un être agressif et un mal en soi.

D'après Agustin Fuentes, chercheur à l'université de Notre Dame en Indiana, l'humanité a plus évolué en coopérant qu'à se battre.
Fuentes et d'autres chercheurs pensent que les humains étaient les proies de grands carnivores et n'ont survécu que grâce à la coopération entre eux, orientant les prédateurs vers d'autres proies plus faciles à attraper.
Sussman est le co-auteur d'un livre paru en 2005, « Man the Hunted: Primates, Predators, and Human Evolution». Dans ce livre Sussman and Donna L montrent que les humains ont d'abord évolué, non comme des chasseurs mais comme des proies. Le titre du livre fait référence à un symposium sur « l'homme chasseur » qui s'était déroulé en 1966 à l'Université de Chicago et à un livre du même titre paru en 1968.
Le colloque et le livre de 1968 présentaient alors ce qui apparaissait comme la pointe de la recherche, en particulier les thèses de Napoleon Chagnon, un anthropologue de l'université de Santa Barbara en Californie. Chagnon avait étudié la guerre chez les Yanomami et les Yanomamo des tribus du bassin de l'Amazone. Son livre s'était vendu à des millions d'exemplaires et était devenu un ouvrage de référence en anthropologie.
Cette année, Douglas Fry, un chercheur de l'Åbo Akademi University en Finlande et de l'University of Arizona à Tucson, publie un livre intitulé « The Human Potential for Peace » qui réfute certaines des affirmations de Chagnon.
Selon Fry , les études tendant à montrer que les humains se définissent par leur capacité à tuer sont fausses, il considère plutôt qu'ils se caractérisent par leur capacité dans la résolution paisible des conflits. Il contredit l'affirmation de Chagnon selon laquelle les hommes Yanomani qui étaient les meilleurs guerriers avaient aussi le plus d'enfants. Fry en réanalysant les données de Chagnon s'est aperçu que celui-ci n'avait pas pris en compte les différences d'âge et que ce n'étaient pas les meilleurs guerriers qui avaient le plus de succès reproductif mais les plus âgés.
Et plutôt que d'étudier les peuples « premiers » comme l'a fait Chagnon, Fry s'est tourné vers les restes fossiles. Il a constaté que nos ancêtres il y a 3 ou 4 millions d'années Australopithecus afarensis avaient de petites dents, manquaient d'outils et mesuraient un mètre.
Sans outil et avec leur taille, il est fort probable que nos ancêtres ont utilisé leurs capacités à s'échapper des prédateurs. A cet époque l'australopithèque a subi a peu près le même taux de prédation que les autres espèces de primates, d'après Fry ( à peu près 6% ).
Mais il y a deux millions d'années, un changement s'est produit, les taux de prédation des autres espèces ont soudainement monté, tandis que celui des humains diminuait.
Un autre groupe de primates avec des attributs humains le Paranthropus s'est éteint il y a un millions d'années alors que notre ancêtre Homo erectus prenait son expansion.
La coopération entre les australopithèques pourrait bien expliquer leur survie, hypothèse confirmée
dans un autre domaine par les recherches en neurologie darwinienne de James K. Rilling qui dirige le laboratoire de l'université d'Emory à Atlanta. Elles ont montré un lien potentiel entre l'acte de coopération et les centres de la récompense du cerveau.
Si les humains préhistoriques obtenaient une satisfaction instantanée en coopérant cela a pu faciliter la survie du groupe.

Voilà de nouveaux éléments qui apportent du grain à moudre à la vision de l'histoire, telle que se la représentent les anarchistes : l'entraide et la coopération comme facteur d'évolution. La violence et la guerre ne sont pas consubstanciels de l'espèce humaine, une autre organisation sociale basée sur la coopération a préexisté à l'ordre social fondé sur la hiérarchie et la lutte. La violence n'est que le moyen d'exercer un certain type de pouvoir.

Libertad

Informations scientifiques tirées d'un article de National geographic : "Early Humans Were Prey, Not Predators, Experts Say"

A lire également : Aux origines de la guerre ( John Zerzan Green Anarchy #21 automne-hiver 2005-2006 )
Ecrit par libertad, à 21:30 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  croquemitaine
18-06-06
à 20:26

C'est franchement interressant et ça amene pas mal de questions sur des thèmes parralèles.

Comment est-on passé d'un primate se nourrissant de fruits essentiellement à des créatures mangeant de la viande ? Le lien avec la façon d'évolué/de muté de notre cerceau et système nerveux ?

Répondre à ce commentaire

  satya
19-06-06
à 20:29

merci pour cet article :)

pour moi, tout semble être fait depuis pas mal d'années maintenant pour nous convaincre du contraire: que les êtres humains sont des "animaux violents" et rien d'autre.
il faut dire que les médias et les politiciens ont bossé dur pour cela afin de nous faire accepter que la solidarité, les "oeuvres" collectives sont des illusions, des chimères, des idéologies... tout cela pour nous "vendre" la compétivité et la loi du marché.

les groupes de personnes capables de vivre en bonne coopération sont rares et peu visibles, pour beaucoup de personnes c'est assez désespérant.

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  libertad
19-06-06
à 22:15

Re:

D'autres sujets en préparation sur le même thème dès que j'ai un moment
Répondre à ce commentaire

  satya
20-06-06
à 12:11

Re: Re:

dis moi si je peux t'être utile, j'ai du temps de libre et besoin de m'occuper l'esprit ;)
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  Anonyme
20-06-06
à 21:59

Histoire : la coopération plutôt que la lutte

Ce texte, excellent est avec le quel je suis totalement d'accord, m'oblige à étaler ma culture sur la 1ère civilisation qui est vu le monde : la civilisation mésopotamienne

Début 3ème millénaire avnt JC, deux peuples se rencontrent entre-les-deux-fleuves : les akkadiens (sémites) et les sumériens (aucune famille ethnique connue), de leur rencontre nait et se développe la 1ère civilisation, avec ses 1ers échanges, dévellopement de la première écriture, fusion des religions, gros apports

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  Anonyme
20-06-06
à 22:03

Re: Histoire : la coopération plutôt que la lutte

(je pouruis)

...gros apports technologiques scientifiques de la part desz sumériens auxquels les akkadiens seront éternellement reconnaissant (après la disparition des Sumériens, le sumérien sera langue scientifique et savante jusqu'à la propre disparition de la civilisation babylonienne) etc etc etc....tout ça grace à la COOPERATION! de ce point de vue là, l'histoire se répète, la coopération et l'antiracisme développés en tant que leitmotiv au sein du civilisation l'a toujours rendu prospère, brillante et éclairante (citons également le califat de Cordoue, la Sicile de Frédéric II, l'Inde moghole, etc etc etc)

Sur la Mésopotamie, je peux développer si vous voulez + de détails

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  libertad
20-06-06
à 22:13

Re: Re: Histoire : la coopération plutôt que la lutte

Oui sujet passionnant que la naissance de l'Etat et surtout de ce qui existait avant.
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  Anonyme
20-06-06
à 22:55

Re: Re: Re: Histoire : la coopération plutôt que la lutte

le problème de c qui ce passait avant, ce qu'il  n' ya pas de traces écrites, juste quelques indisces et surtout les interprétation des archéologues qui peuvent toujours être sujet à caution
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  libertad
21-06-06
à 00:37

Re: Re: Re: Re: Histoire : la coopération plutôt que la lutte

Il y a les mythes !
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  ibubolo
21-06-06
à 02:08

les mites ça troue le pull

je dois dire que les louanges de systèmes de castes, c'est rigolo, mais je ne vois pas l'intérêt ; l'entraide étant définie par les comportements instinctifs, faire un parallèle avec un quelconque pouvoir politique ou une civilisation, me paraît bancal...  à moins que la nature nous eut appellé à de grandes choses de mille ans, ce qui m'étonnerait...

ce que je veux dire, c'est que l'entraide, si elle est humaine, existe autant chez les antiracistes que les racistes, chez les fascistes ou les antifascistes, chez zoroastre ou chez hegel, cela n'a rien de moral, nous sommes une immense association d'égoïstes, plus ou moins bien associéEs.

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  tut
21-06-06
à 21:57

Bande de singes !!!!

Espèces d'imbéciles, de toute évidence l'humanité a émergée dans le sang et les bombes nucléaires, dans le pétrole et la misère. Tous ca grâce à l'économie bienfaisante. ne vous a-t-on amais enseigné à l'école l'ordre naturel économique, qui prouve rationnellement que seul le patron peut calmer les ardeurs révolutionnaires de l'ouvrier, seule la publicité peut unir les hommes, l'argent c'est la fraternité, et les c.r.s nos protecteurs...?! Ne comprenez vous pas que nous sommes nés barbares, nous sommes nés pour être des monstres et seule la société hiérarchisée et monnayée peut calmer nos instincts les plus primitifs !!!
nb : ceci était un peu d'humour noir :)  
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  tut
21-06-06
à 21:59

Re: Bande de singes !!!!

Plus sérieusement, cette "découverte" de scientifiques débranchés, est tout à fait évidente. N'est-elle pas la cause, le but, et la raison des mouvements anars ??
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  takpi
25-06-06
à 21:07

L'entraide, dans les sociétés sans Etats...

libertad évoque l'anthropologue Napoléon Chagnon, auteur de "Yanomami, le peuple féroce"... Un autre anthropologue, le français Jacques Lizot, a vécu de 1968 à 1991 chez ces Indiens et a constaté l'inverse de Chagnon : il y a vu beaucoup d'amour, et non l'obsession guerrière. Il en parle dans "Le cercle des feux" (Seuil) et dans deux longs articles parus dans la revue de Clastres, Castoriadis et Lefort "LIBRE" de 1977 et 1978 n° 2 et 4. Aux dernières nouvelles, Lizot en a eu marre des forêts rabougries du sud de la Lozère, région de Saint Etienne Vallée Française, et est reparti chez les yanomami du sud du Venezuela. Comme il a démontré que ces "sauvages" vivent sans travailler, le cinéaste de "Attention Danger Travail" Pierre Carles part le rejoindre : idée de donner une suite à son film en montrant peut être qu'on devrait s'inspirer de ces peuples en avance sur nous !
Par ailleurs, Patrick Tierney a écrit un pamphlet anti-ethnologues où il dénonce le médecin James Neel , coupable d'expériences chez les yanomami : au nom de la sociobiologie, et avec la complicité de Chagnon, il aurait déclenché des épidémies !mais bizarrement, les missionnaires sont épargnés !
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  flippy
28-06-06
à 16:24

Re: L'entraide, dans les sociétés sans Etats...

l'entraide de kropotkine est un livre très interessant !
vivement conseillé, malgré son scientisme du à son époque...
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