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Commentaires :
Bakounina |
Pas de libération sans utopie amoureuseJe tombe par hasard sur cet article et j’en partage l’essentiel. Il y a peu de temps j’ai lu un livre qui répond au reproche fait au mouvement révolutionnaire de n’être porteur d’aucune utopie amoureuse et se réfère aux théories de Charles Fourier. Il s’agit de "l’utopie est morte ! Vive l’utopie !" de Denis Langlois (Editions Michalon, 2005). Le mieux est que j’en cite quelques extraits : " Et l’amour, camarades ? Grave et profonde question s’il en est que les utopistes, généralement austères et un tantinet puritains, éludent trop souvent. L’amour du genre humain passe encore. Mais l’amour tout court, l’irrationnelle magie, l’attrait sexuel et romantique (ou bien romantique et sexuel), celui qui rapproche exceptionnellement et intensément deux êtres, deux esprits, deux corps, et fait qu’ils ont envie de ne faire qu’un. Penser et pousser ensemble dans la même direction. De la première rencontre au partage des nuits, de la première étreinte au carrefour des mots. L’amour qui fait crier "Je t’aime !"... "Les amoureux font fleurir les pavés qui, ainsi que tout révolutionnaire le sait, recouvrent la plage. Ils sont les vrais sourciers, les mieux intégrés dans la société idéale, les seuls à s’y sentir véritablement à l’aise comme des éponges dans l’océan. Loin d’être égoîstes, uniquement préoccupés d’eux-mêmes et de leurs yeux couleur de "cèdre bleu et de fontaine", ils se reconnaissent dans la lutte des autres, puisqu’elle englobe leur lutte, puisqu’elle vise à changer l’existence de tous et donc la leur. Deux quêtes qui s’entrelacent. Un embrasement. Une complétude aux regards multiples... "La révolution exalte le projet d’une vie plus intense, plus enthousiaste, plus jubilatoire, plus solidaire, plus véridique, c’est précisément ce qu’ils recherchent : beaucoup de passions et beaucoup de moyens de les satisfaire. Comment, dans ces conditions, ne s’y fondraient-ils pas, tout en gardant leur unité et leur originalité de couple, petite cellule d’un mouvement plus vaste ? (...) Comment les désirs de leur corps ne rejoindraient-ils pas ceux du corps social ? Pour reprendre un célèbre graffiti de Mai 68 : "Plus je fais l’amour, plus j’ai envie de faire la révolution. Plus je fais la révolution, plus j’ai envie de faire l’amour."... "Il y a longtemps que le révolutionnaire authentique - le seul qui nous intéresse, camarades - l’a compris. D’une chanson d’amour, "Le Temps des cerises", il a fait un chant de la révolution, à moins que ce ne soit l’inverse... "L’Amour existera donc dans le Monde nouveau, il sera exalté, sensualisé, jovialisé. Pas idéalisé, ce qui serait en fait le mettre sous l’éteignoir. Débarrassé de tous les interdits, de tous les complexes, de tous les termes dédaigneux (on ne "tombera" plus amoureux, on "s’élèvera" amoureux), de toutes les inégalités entre sexes, qui l’empêchaient de s’épanouir, d’être vrai, d’être lui-même, d’être prêt à toute surprise, de se régénérer sans cesse dans l’extraordinaire. L’amour sera libre, parce que les êtres humains seront libres, libres de leurs sentiments, libres de leurs corps, libres de leurs désirs... Chacun aimera donc qui il voudra, comme il voudra. Notamment, si ça lui chante, un être du même sexe que lui. Cela ne regardera que lui à partir du moment où il ne fera de tort à personne et respectera la liberté des autres... "Pourquoi prôner l’utopie révolutionnaire ? Je crois vous l’avoir déja dit. D’abord parce qu’elle est amour. Un sociologue italien, Francesco Alberoni, a pu écrire que la passion amoureuse était "un mouvement collectif à deux comparable à la révolution". Tout notre corps, nos sens, notre esprit, s’y dilatent, s’y aiguisent. De quoi découvrir des odeurs que nous ne respirions pas, distinguer des couleurs que nous ne voyions pas, percevoir des pensées, des sentiments, des émotions, des fantaisies, des enthousiasmes qui ne nous effleuraient pas. Inutile d’ajouter autre chose. Vive la révolution et vive l’amour !" "Les dangers qui guettent ces deux passions sont d’ailleurs les mêmes : la sérénité, le train-train quotidien, la répétition de la banalité, le confort, la frilosité, les sentiers battus et rebattus, le retour à l’identique. La fin du voyage... "Artistes rouges ou de toutes les couleurs, femmes et hommes d’ici et de nulle part, préparez vos chevalets, vos partitions, vos caméras, l’envolée de vos mots, de vos danses. Poètes a vos luths de classes ou de vers (libres bien sûr), humoristes à vos calembours, à vos grains de sel, à vos filets de vinaigre qui doivent bien évidemment vous prendre d’abord pour cible, fabulateurs à vos chimères, pianistes à vos cordes sensibles, architectes à vos tours de Babel, écrivains à l’éclatante profusion de vos Majuscules. Demain, l’art et l’amour vont fusionner dans la subversion, dans l’insurrection, dans l’oeuvre totale, dans l’aventure vertigineuse, dans la passion charnelle des esprits et des corps, dans l’invitation et le clin d’oeil révolutionnaire du hasard... Camarades, nous ne sommes rien, soyons tout !" Bonne lecture. Bakounina.
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à 14:06