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L'En Dehors


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« On a transformé, dans la presse à papier, les cocktails Molotov en tract... »

Lu sur : Résistons « Ce que dit ce jeune membre de l’association Bouge qui Bouge de Dammarie-les-lys est tout un programme. Il évoque le passé de la cité, les émeutes, les voitures brûlées comme réponse à chaque agression policière ou judiciaire, mais il montre également la voie de la lutte du futur. Tracts, manifestations, organisation de la cité : c’est cette auto organisation qui assure la permanence de la lutte.

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En partant de la dénonciation collective de la violence étatique Bouge qui Bouge trace un chemin pour la résistance de tous et toutes dans les cités et quartiers. Il faut s’emparer de la presse à papier, c’est Gutenberg, l’inventeur de l’imprimerie, la diffusion des idées contre le gouvernement Flashball-Taser-Medef.

Une autre voie de résistance, c’est celle des rappeurs du groupe La Rumeur. C’est encore les mots de la révolte qu’on veut faire taire. La Rumeur est citée devant les tribunaux par le ministère de l’intérieur pour avoir osé qualifier de « victimes d’assassinats » les dizaines de corps criblés par des balles policières.


À Villeurbanne, ce sont des syndicats policiers qui manifestent contre la campagne qui met à nu une autre arme de l’État ; l’utilisation systématique du délit d’outrage pour faire taire, pour faire payer, pour faire enfermer.

Presse à papier, presse à parole. Elles forment des ruisseaux, faibles encore. Mais c’est comme ça que la résistance se forme.

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Le colloque outrage la police

Le colloque "Outrage et rébellion", organisé en écho avec la campagne de Résistons Ensemble par l’association Témoin, la commission des droits de l’homme du barreau de Lyon et le Syndicat de la magistrature a eu lieu le 21 octobre à Villeurbanne, près de Lyon. Il a été l’occasion de voir différentes approches s’exprimer sur le sujet, puisque les points de vue de professionnels du droit étaient mêlés à ceux des principaux concernés par ces délits : les militants, les habitants des quartiers pauvres harcelés par les flics et, d’une manière générale, tous ceux qui osent élever la moindre protestation contre l’arrogance et la toute-puissance des forces de l’ordre.


C’en était trop pour les syndicats de flics Alliance et Synergie officiers qui appelaient à une manifestation de protestation devant la mairie de Villeurbanne : le tract de présentation du colloque qui reprenait, dans une version différente, les arguments de la fiche "outrage" de Résistons Ensemble, était accusé de « jeter le discrédit sur une corporation intègre ».

Face à ces accusations, il est essentiel de réaffirmer que le délit d’outrage sert bien à couvrir les violences policières, à éliminer ceux que les flics considèrent comme des gêneurs et à arrondir leurs fins de mois. Il n’est pas étonnant que ces quelques vérités élémentaires agacent les syndicats policiers. La campagne "Outrage et rébellion" ne cherche pas à engager le dialogue avec la police, pas plus qu’à obtenir son assentiment : mais à trouver les moyens concrets pour s’organiser face à ses agissements.

Dammarie les lys : les passages à tabac de la Bac, c’est reparti !

Dammarie, souvenez-vous : l’histoire marquée par des morts suite à des interventions policières. En 1998, c’est Abdelkader, en 2002 c’est le tour de Xavier et de Mohamed. Bouge qui Bouge qui se crée, pour aider le quartier à tenir. Au début pour les enfants, pour les aides aux devoirs, puis c’est elle qui organise la résistance politique face au harcèlement, aux violences policières, et aux procès pour outrage et rébellion : manifestations pacifiques, tracts, plaintes en justice. Aujourd’hui la BAC fait son retour : un nez brisé, une plainte pour outrage et rébellion le 7 octobre. Les victimes à leur tour, aidées par Bouge qui Bouge, déposent plainte contre la police. « Il règne toujours une certaine insécurité tant que la BAC ne sera pas partie. » dit un habitant du quartier de la Plaine-du-Lys. Le pouvoir ne supporte pas que les jeunes des quartiers et des cités tiennent debout.

Procès en appel des inculpés du carnaval : l’acharnement policier et judiciaire continue

Le 24 février, le carnaval envahit le centre ville de Montpellier. Lors d’une intervention musclée, la police arrête six personnes au hasard pour violences, outrage et rébellion. Tous passent en comparution immédiate : trois sont immédiatement condamnés, sur les seuls témoignages policiers, à des peines d’un an avec sursis et cinq ans de mise à l’épreuve. Les trois autres demandent un report et se retrouvent, pour deux d’entre eux, en détention provisoire. Lors de leur jugement, un mois plus tard, la thèse de l’accusation s’effondre. Verdict :deux relaxes et un mois de prison avec sursis pour le seul condamné.

Le parquet s’acharne et fait appel. Le 19 octobre, les peines sont confirmées pour les trois premiers et très lourdement aggravées pour les trois autres : quatre mois avec sursis et même, pour un qui avait été relaxé en première instance, quatre mois de prison ferme. Dans les jugements de la cour d’appel, les casiers ont joué au détriment des faits.

N’oublions pas les dommages et intérêts : 200 euros par flic plaignant, une source de profit non négligeable qui explique bien des poursuites pour outrage ou rébellion.


« Face à ce climat de terreur policière et judiciaire, il est nécessaire de continuer à se rassembler, à circuler librement sans peur de l’uniforme, ni de la sanction, d’agir et de réagir chaque fois que c’est possible. » (Comité de soutien des inculpés du carnaval). »

Bulletin n°24 - Nov. 2004

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Lire aussi : Procès du groupe rap, « La Rumeur », intenté par le ministère de l'Intérieur

Ecrit par Mirobir, à 02:35 dans la rubrique "Pour comprendre".



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