Non à l’état d’urgence !
Alternative libertaire dénonce vivement la décision prise par le gouvernement français d’appliquer la loi du 3 avril 1955, sur l’état d’urgence, pour faire « régner l’ordre » dans les quartiers populaires.
Le texte en question prévoit, sur simple décision administrative : couvre feux, perquisitions de jour et de nuit, tribunaux militaires, interdiction de rassemblement, fermeture des cinémas, des théâtres, des cafés, des lieux de
réunion, mais aussi contrôle de la presse écrite et radiophonique.
L’état d’urgence durerait 12 jours, c’est-à-dire jusqu’au 20 novembre 2005, et pourra être reconduit.
Cette loi avait été appliquée en Algérie entre 1955 et 1962, et en 1984-1985 en Nouvelle-Calédonie, pour mater la rébellion indépendantiste.
Avec l’état d’urgence, tout est dit de la façon dont l’État français conçoit la réponse à apporter à la détresse sociale, au chômage, aux discriminations, à l’humiliation dont sont victimes les quartiers populaires.
C’est désormais ouvertement la gestion coloniale des « cités » qui est à l’ordre du jour.
L’explosion des violences, sur tout l’Hexagone, a révélé, s’il en était besoin, l’oppression insupportable dont sont responsables trente ans de régression sociale et de huit années de durcissement sécuritaire (1).
Déjà l’État français a fait l’aveu de son incapacité à maîtriser la situation, en annonçant le rappel de réservistes de la police et de la gendarmerie. Il pourra bien, demain, faire appel à l’armée, comme le réclame l’extrême droite, et se lancer dans une escalade de la répression : il ne viendra pas à bout d’une révolte dont les causes sont si profondes, et qui ne demandera qu’une nouvelle étincelle pour repartir.
La population des quartiers concernés par les violences a jusqu’ici fait preuve d’un remarquable sang-froid et d’une grande dignité, en refusant de traiter les émeutiers comme des « racailles », comme le voudrait l’État.
Nous pensons être en phase, aussi bien avec ces populations, qu’avec les émeutiers, en réclamant plus que jamais :
– le retrait de l’état d’urgence ;
– l’abrogation des lois liberticides Chevènement-Sarkozy ;
– la justice sociale : le droit à l’emploi pour tous et toutes et le maintien de
services publics égalitaires ;
– toute la vérité sur les circonstances de la mort de Ziad Benna et Bouna Traoré.
Secrétariat fédéral d’Alternative libertaire,
le 8 novembre 2005
(1) Cf communiqué d’AL du 6 novembre : « Une semaine de révolte contre
l’injustice sociale »
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