C’est la racaille ! Eh bien, j’en suis !
Depuis plusieurs jours, les cités parisiennes brûlent suite à la mort de 2 jeunes (Zyad et Bounna, 17 et 15 ans) poursuivis par la police et en réponse aux discours du ministre de l’Intérieur et aux provocations policières. Les causes de cette poursuite ont été présentées de façon tronquée. La police a menti. Les médias aussi. Du coup, les jeunes (et moins jeunes) s’en prennent aux voitures, aux bus, aux divers locaux,
aux écoles, aux policiers, etc.
Depuis, les discours et les infos ne cessent de pointer du doigt le malaise des banlieues. Les religieux sont mis en avant afin d’essayer de ramener le calme et la police continue ses actions d’éclat et de provocations. Sarkozy à la télévision justifie et défend le déploiement policier à Clichy et ailleurs et prône une nouvelle fois la « tolérance zéro ».
Police et religion unies pour briser les révoltes.
Il
est intéressant de voir que la police et la religion s’entendent pour
obtenir un retour au calme - oppression physique d’un côté, oppression
morale de l’autre – sans apporter de solutions aux problèmes soulevés :
la violence et l’impunité policière, la misère sociale, le racisme.
Les
jeunes (et moins jeunes) brûlent leur quartier car ils / elles y sont
parqué.e.s. Impossible de quitter ce territoire. Pas de boulot, pas
d’argent pour circuler, contrôle policier pour dissuader les
excursions, y compris touristiques.
Les violences sont là et le
discours politique aussi. Les jeunes (et moins jeunes) ont tout à fait
identifier leur ennemi en la personne de Sarkozy, symbole d’une
politique raciste et sécuritaire de 20 ans, une politique au service
des patron.ne.s, une politique d’exploitation et d’exclusion. Les
jeunes (et moins jeunes) ont subi les violences policières lors des
manifestations lycéennes. Ils / elles ont vu le traitement réservé aux
mouvements sociaux : brutalité policière, non prise ne compte des
revendications sociales, indifférence et mépris de la part du
gouvernement. Les jeunes (et moins jeunes) connaissent et subissent le
racisme, la discrimination à l’embauche, au logement, etc. Ces
explosions de révolte en sont l’aboutissement.
Côté religion, c’est
l’UOIF qui édite des fatwas, lois islamiques, contre les émeutiers.
Rappelons que ce sont les mêmes groupes de l’islam politique qui
appelaient à refuser et à combattre la loi de laïcité à l’école et qui
tentent toujours d’imposer le voile aux filles et femmes des quartiers,
facs et écoles. A vouloir jouer avec le feu, les politiques (pompiers
pyromanes) préparent ce que dans d’autres pays les forces progressistes
combattent : l’introduction du religieux dans les lois civiles.
Qui utilise la violence ?
Le
pouvoir policier joue un jeu dangereux. Les propos de Sarkozy sont
révoltants, haineux et font échos aux pires propos des partis racistes
et fascistes. Sarkozy roule pour ces gens-là et l’explosion des cités
vient rappeler la mise en scène médiatique de l’insécurité lors des
dernières élections présidentielles. A cette occasion, Le Pen était au
2e tour et les jeunes (et moins jeunes) avaient tenu le pavé face aux
fascistes et aux votard.e.s arrogant.e.s. Sarkozy tente-t-il le même
scénario ?
Le discours médiatique se met en place pour justifier les
effusions de sang à venir : recours à l’armée, légitime défense de la
police, etc. Ce discours est tenu entre autres par Mr Pajon (PS), connu
dans nos milieux pour avoir porté plainte contre le Monde Libertaire
qui l’accusait de subventionner les intégristes catholiques dans sa
commune.
Utiliser la solidarité face au pouvoir.
Les cités
s’enflamment, mais le feu reste circonscrit. Le cordon sanitaire est
bien en place. La violence ne quitte pas le terrain des cités. Les
jeunes (et moins jeunes) ne peuvent pas aller brûler les tribunaux, les
ministères, les bureaux du Medef, alors que ce sont eux les ennemis,
les instigateurs de ces politiques d’exclusion, d’exploitation, de
répression.
De l’autre côté, les prolos, les travailleurs /
travailleuses, chômeurs / chômeuses, défilent tranquillement dans les
rues, bien encadré.e.s par les syndicats ou se fatiguent dans des
conflits longs et pénibles, sans succès, la rage au ventre et le dégoût
au cœur. Ce sentiment d’impuissance mène à souhaiter un affrontement
violent, un nouveau Mai 68, pour enfin briser cette situation de non
droit pour les exploité.e.s. Mais pour l’instant, le peuple n’a pas
encore construit son unité revendicative. Les forces populaires ne se
glissent pas encore dans les failles du système pour le faire exploser.
La
solidarité doit donc se construire avec et dans les mouvements sociaux,
eux aussi victimes des violences policières et judiciaires. Les marins
du STC subissent les attaques du GIGN, les traminots de Marseille sont
sommés par la justice bourgeoise de reprendre le travail, les faucheurs
volontaires sont condamnés, les lycéen.ne.s sont condamné.e.s par les
tribunaux bourgeois après avoir été frappé.e.s par la police.
Aux armes citoyen.ne.s ! La révolution reste à faire !
Fred – gr Proudhon FA (Besançon)