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Ce texte est dédié au/à la/
militant-e inconnu-e
SYSIPHE…
… ET SON ROCHER
Patrick MIGNARD
Commentaires :
Yul van Leed |
Réponse critique au texte de Patrick MignardPrécisons avant toute chose que je ne m’inscris pas parmi les procureurs amateurs qui, trop souvent ici, se lèvent le matin en se disant qu’il y aura un nouveau texte de Patrick Mignard à critiquer, et qui voient en lui un bouc émissaire tout trouvé pour leurs réquisitoires idéologiques. L’analyse succincte qui suit n’est pas motivée par quelque « mignardophobie ». Au contraire, je lui présente cette critique car je lui reconnais une certaine capacité de dialogue qui fait souvent défaut dans le champ politique. Je tenterai donc de me montrer aussi peu sarcastique que possible, d’autant que la « névrose obsessionnelle et maniaque du militant » mérite, à vrai dire, un constat bien plus dur, plus vaste et plus profond encore que ce que nous offre ici PM. Ce dernier ne s’est pas trompé dans son texte, et je l’en félicite, mais n’est à mon sens pas allé assez loin, et bien que le texte ne soit pas lui-même exempt de tout sarcasme, ces sarcasmes se limitent au militantisme des électoralistes, celui des abstentionnistes prétendus « révolutionnaires » (prétention qui ne coûte pas cher à une époque où seul le capitalisme peut s’offrir sa « révolution permanente » sans être inquiété ni par les réformistes ni par les contestataires) échappant à toute critique. Et l’on est en droit de se demander pourquoi, au nom de quelle distinction, le militantisme des anti-électoralistes se retrouve ainsi gracié. Pourquoi les errements de la profession de foi militante ne seraient problématiques que lorsque le militantisme se maintient dans l’espace électoraliste ? On finit par comprendre que ce que dénonce PM dans ce texte n’est pas tant la foi aveugle en tant que telle du militant (car nul courant n’échapperait dès lors à ses constats) que la foi aveugle qu’il ne partage pas (plus ?). Pour développer, je dirais que là où je vois un problème de croyance sur le mode religieux, croyance qui touche toutes les chapelles politiques, PM ne voit que le problème suivant : les fidèles des autres chapelles (électoralistes) nourrissent de fausses croyances au lieu de vénérer fidèlement le vrai dieu, j’ai nommé l’ « abstentionnisme révolutionnaire ». Là où il voit un problème de bonne ou de mauvaise religion, j’y vois plutôt un problème de religiosité tout court qui touche tout militant quelque soit son bord et sa chapelle. Comme d’habitude, PM s’en prend à ceux qui constituent vraisemblablement son ancienne famille politique : ses ex-camarades de la gauche électoraliste, et plus certainement son extrémité, pour être plus précis. Ceci n’est pas en soi un défaut, mais il est permis de s’interroger alors sur la pertinence de sa démarche. Je m’explique : quel sens prend donc cette critique souvent juste et intéressante dès lors qu’elle est publiée sur un site se réclamant ouvertement de l’anarchisme individualiste ? Il s’agit là de prêcher une écrasante majorité de convaincus, de faire une messe à des coreligionnaires, des fidèles déjà acquis à la cause anti-électoraliste. Voilà comment ce texte tombe lui-même dans les écueils qu’il dénonce. Tout cela sent la facilité, ça ne mange pas de pain, comme une virulente tirade anti-stalinienne publiée dans un canard trotskiste, par exemple. Tout cela est bien regrettable, dans la mesure où il faut bien admettre que tout, ou presque, de ce qui est dénoncé dans ce texte chez les militants électoralistes s’applique aussi parfaitement aux militants abstentionnistes. On en revient à ce que je développais plus haut : il aurait été plus pertinent d’en faire une critique de la foi militante plutôt qu’une simple critique de la foi ayant court dans les autres chapelles. C’eut été moins facile, moins gratuit, peut-être plus polémique mais bien plus constructif à l’œil des lecteurs anarchisants. Et puis, nous sommes un certain nombre à fréquenter ce site qui avons pris par le passé nos distances avec nos anciennes organisations anarchistes, après avoir observé dans ces dernières les mêmes dérives que celles décrites par PM. Comme disait Ferré, « le drapeau noir, c’est encore un drapeau ! » (…Et basta !). Par ailleurs, et relativement aux conclusions de ce papier de PM, je m’interroge sur les termes « militants » et « citoyens ». Etymologiquement, « militer » signifie « prendre les armes ». Est-il donc si contradictoire de voir des « militants » se comporter dans leur mouvement politique avec le même dogmatisme servile qu’un « militaire » dans son Armée ? Un « citoyen », lui, est celui qui appartient à la Cité, c’est-à-dire à l’Etat (Etat qui n’est pas nécessairement l’Etat-Nation moderne mais l’institution administrant la société). Cette précision faîte, on peut se demander s’il est bien pertinent de ramener le « bon » militantisme à la notion de citoyenneté, surtout quand on prend le parti de dénoncer les militants qui s’inscrivent dans le processus décisionnel de l’Etat.
En guise de conclusion, je dirais que ce texte constitue, pour le mieux, une entrée en matière « abstentionnistement correcte » pour qui ne se serait pas encore interrogé profondément sur le militantisme et ses limites. Pour approfondir ces amorces de réflexions, je ne peux que conseiller les lectures suivantes : http://www.mondialisme.org/article.php3?id_article=217 http://endehors.org/news/le-militantisme-stade-supreme-de-l-alienation Et pour un point de vue différent mais complémentaire, un texte d’un jeune auteur excellent : http://endehors.org/news/plus-vaste-que-soi
Cordialement.
Yul van Leed Répondre à ce commentaire
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Patrick MIGNARD 12-06-07
à 21:41 |
Re: Réponse critique au texte de Patrick MignardYul van Leed, ce que tu dis est parfaitement exact, ce que j’ai dit sur les militants des organisations politiques électoralistes est tout à fait transposable à propos de nombreux militants libertaires et anarchistes dans des conditions généralement différentes car leur rapport à l’organisation est sensiblement différent… ce qui ne veut pas dire plus sain. Dans une première version du texte ils étaient d’ailleurs tous ensembles mais, les différences qui existent tout de même obligeaient à des rallonges de raisonnement trop lourdes et un texte trop long. . Si j’ai finalement fait ce choix c’est parce que nous sommes en période d’élections d’une part, mais aussi parce que le raisonnement s’adresse à une plus grande quantité de militants encartés. En effet, les militants non encartés, ou encartés dans des organisations anarchistes sont, je pense moins nombreux, mais aussi plus fuyants et, en grande partie, politiquement inaudibles… Certes, nombreux, pas tous non plus, comme tu le dis sont figés dans leurs certitudes et n’hésitent pas à recourir aux vieux grimoires poussiéreux, à leurs références figées et savent aussi se dresser en « procureurs » et autres « commissaires politiques » pour insulter, condamner et jeter les anathèmes… j’en ai d’ailleurs fait les « frais » sur ce site et ne me suis pas gêné pour leur dire ce que je pensais de leurs procédés. Pour ce qui est du choix du site, le texte est sur plusieurs sites et pas forcément anarchistes… Je ne l’ai par contre pas proposé à des sites comme ceux de la LCR, Bellaciao (qui est PC)… et autres qui pratiquent allègrement la « censure démocratique ». Répondre à ce commentaire
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à 11:45