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Marie Bénilde : On achète bien les cerveaux
Lu sur ContreInfo : "Les liens des régies publicitaires avec les neurosciences prouvent que la fabrication de "cerveaux humains disponibles" chers à Patrick Le Lay,le président de TF1, est devenue une réalité des médias. Une idéologie est à l’oeuvre : elle vise à nous rendre étrangers à nous-mêmes pour faire de nous des cibles normées en fonction d’intérêts marketing. Marie Bénilde est enseignante et collabore au Monde Diplomatique

On achète bien les cerveaux

Par Marie Bénilde

Je suis l’auteur d’un livre dont vous n’entendrez probablement jamais parler dans vos journaux, à la télévision ou même à la radio. Son nom ? On achète bien les cerveaux (édition Raisons d’agir, 2007). Il ne s’agit pas d’un opuscule tendancieux ou d’un brûlot d’extrême gauche ou d’extrême droite. Simplement, c’est un livre qui prétend apporter une analyse critique sur un phénomène qui rythme notre quotidien : l’omniprésence massive de la publicité et ses conséquences sur les médias.

Le titre fait bien sûr référence à la phrase prononcée en 2004 par Patrick Le Lay, le PDG de TF1, sur le « temps de cerveau humain disponible » que le patron de la chaîne s’enorgueillit de vendre à Coca-Cola. Je suis allée enquêter dans le cœur même de la machinerie publicitaire de la Une. Et ce dont je me suis aperçue, c’est que la commercialisation du cerveau du téléspectateur n’est pas un phantasme ou un abus de langage. C’est le reflet de la plus stricte vérité si l’on en croit les propos de neurologues qui travaillent aujourd’hui pour les principaux médias, dont TF1, sur l’impact de la publicité dans la mémoire.

Le temps n’est plus où l’on se contentait de tests et de post-tests pour prouver l’efficacité des messages publicitaires. Face à des nouveaux médias comme Google ou Yahoo, qui proposent à l’annonceur de payer pour chaque contact transformé en trafic et de suivre le client à la trace, les grands médias cherchent à montrer qu’ils arrivent à pénétrer l’inconscient des consommateurs. A l’instar des grands annonceurs américains, ils ont confié à une société spécialiste des sciences cognitives, Impact Mémoire, le soin d’explorer ce que le cerveau retient dans la communication publicitaire. Pour cela, les « neuromarketers » ont recours à une machine uniquement utilisée jusqu’à présent à des fins médicales, pour détecter les tumeurs par exemple : l’imagerie à résonance magnétique (IRM).

Que disent les expériences menées en laboratoires ? Que la zone du cerveau réactive aux images publicitaires, le cortex prefrontal médian, est associée à l’image de soi et à la connaissance intime qu’on a de soi-même (c’est la région cérébrale qui est affectée lorsqu’il y a des troubles de schizophrénie par exemple). En activant le cortex prefrontal médian, les neuromarketers cherchent donc à réussir l’alchimie parfaite : l’opération qui consiste à transformer tout amour de soi en tant que soi - le narcissisme - en amour de soi en tant qu’autre - une cible publicitaire. La publicité vise donc à nous rendre en quelque sorte étrangers à nous-mêmes pour modeler en nous des comportements normatifs qui épousent les intérêts des firmes commerciales.

On le sait depuis Jean Baudrillard et John Kenneth Galbraith, la société de consommation ne peut exister sans son corollaire publicitaire. Car seule la publicité crée dans les têtes une urgence fantasmatique et pavlovienne sans laquelle il n’est pas de tension consumériste : c’est parce que je suis sans cesse sollicité par un univers euphorisant, rempli de symboles de bonheur, que je tends vers la jouissance de l’acquisition matérielle. De cette tension naît un désir structurant dans la mesure où il permet à l’individu d’exister en tant qu’homo consumans. Adhérer aux valeurs de l’imagerie publicitaire - « On vous doit plus que la lumière », « Vous n’irez plus chez nous par hasard », « Parce que je le vaux bien » -, c’est communier aux nouvelles icônes des temps modernes. Il s’agit de prendre corps dans l’espace collectif, de se transfigurer dans une identité à la fois plurielle et, puisqu’elle s’adresse à moi en tant que cible, singulière. L’essayiste François Brune parle d’une « volonté de saisie intégrale de l’individu dans ce qu’il a d’anonyme ».

D’où un principe clé de la domestication des esprits : chacun cherche à se ressembler en tant que tribu consommatrice. C’est en effet parce que je renonce à mon appartenance à une identité universelle pour m’inscrire dans une fonctionnalité « tribalisée » que j’abdique de ma citoyenneté au profit d’un label de consommateur tel que l’entend l’ordre marchand. Ce faisant, la publicité permet la mutation d’une société de classes vers autant de cibles qu’il y a d’intérêts et de positions économiques à défendre. Elle vise la reproduction et la permanence de stéréotypes inhérents à tout message établi en fonction d’un statut supposé sur l’échelle sociale.

Seulement, puis-je réellement me retrouver dans cette incessante musique d’ambiance que je n’ai pas sollicitée ? Comme l’a montré Bernard Stiegler dans De la misère symbolique (éditions Galilée, 2004), « on ne peut s’aimer soi-même qu’à partir du savoir intime que l’on a de sa propre singularité ». Or les techniques marketing, parce qu’elles me donnent à entendre et à voir des sons et des images identiques à celles de mon voisin, me construisent une histoire qui est semblable à celle de mes congénères. Comme tel, c’est bien à un effondrement de la conscience individuelle et à une dissolution du désir que nous conduit l’idéologie publicitaire : « Mon passé étant de moins en moins différent de celui des autres parce que mon passé se constitue de plus en plus dans les images et les sons que les médias déversent dans ma conscience, mais aussi dans les objets et les rapports aux objets que ces images me conduisent à consommer, il perd sa singularité, c’est-à-dire que je me perds comme singularité ».( De la misère symbolique, op. cit. p. 26).

Selon Bernard Stiegler, le règne hégémonique du marché entraîne inexorablement la ruine d’un « narcissisme primordial » en ce sens qu’il induit un « conditionnement esthétique » qui est aussi une « misère libidinale et affective ». En s’identifiant à la cible publicitaire à laquelle il est supposé appartenir, le consommateur consent par là même à la dissolution de son désir individuel dans un « nous » artificiel créé pour les besoins d’édification du marché des classes dominantes.

De ce conditionnement va naître une nouvelle socialité phantasmatique qui amène le consommateur à se sentir déterminé beaucoup moins par son groupe de classe, son origine sociale, que par des aspirations collectives véhiculées par les médias. Ce n’est d’ailleurs pas tant des emblèmes statutaires que cherche à promouvoir la publicité que des rapports imaginaires qui permettent à l’individu d’exister virtuellement dans le regard de ses contemporains. Tout est prétendument accessible, y compris le luxe, puisque je ne suis plus prisonnier de mon statut mais libéré par ma consommation. A la vieille division archaïque entre dominants et dominés doivent venir se substituer des communautés de désirs susceptibles de reconstruire un « nous entièrement fabriqué par le produit ou le service » comme dit Stiegler.

L’ homo economicus est en quelque sorte consommé par ce qu’il consomme. Il se jette à corps perdu dans l’addiction consumériste, non pas tant dans une course éperdue à l’avoir, comme on le croit souvent, mais pour être. Car le bonheur publicitaire apporte une forme de plénitude fugace dans une société privée de repères politiques et esthétiques. Après la fin proclamée des idéologies et l’avènement d’une classe moyenne de plus en plus compromise par des tensions inégalitaires, il structure notre être de façon rituelle en permettant la transfiguration d’un « je » devenu anarchique, incontrôlé, en un « nous -cible » standardisé et resocialisé.

Créée en 1836 pour aider les journaux à mieux se vendre aux masses populaires, la publicité s’impose aujourd’hui comme le mode de financement principal, voire exclusif, des médias à l’ère numérique. Le consommateur accepte avec insouciance cette manne providentielle qui lui permet d’accéder à des contenus. Mais en connaît-il vraiment le prix ? Information altérée au profit d’intérêts économiques, positionnements éditoriaux déterminés par les perspectives de recettes des annonceurs, campagnes véhiculant des stéréotypes sociaux...

Parce qu’elle structure de façon incontestée notre inconscient collectif, la publicité est devenue un vecteur non plus seulement de revenus mais de sens... Les médias tendent à se transformer en zélés prédateurs d’une clientèle-proie pour le compte de leurs principaux clients. Des neurosciences au travestissement des contenus, tout est mis en place pour parvenir à cet objectif. Ce livre se propose d’étudier comment l’instrument économique d’une démocratisation de l’information s’est peu à peu mué en outil politique d’une domination économique.

Publication originale Agoravox

On achète bien les cerveaux : La publicité et les médias

Présentation de l’éditeur

Trop souvent, l’omniprésence de la publicité dans les médias est acceptée avec un mélange d’agacement et de fatalisme. Mais connaît-on le coût d’une telle résignation ?

Il est élevé : une information altérée au profit d’intérêts privés, une télévision soucieuse de " vendre du temps de cerveau humain disponible ", une presse soumise aux exigences des annonceurs...

Pourtant, la publicité se présente comme un art, une culture, une machine de rêves. En réalité, elle façonne des besoins de consommation, véhicule des stéréotypes, alimente la course au productivisme. Et, désormais, elle recourt aux neurosciences pour installer ses " marques " dans nos consciences.

Ses agences milliardaires en ont fait un pouvoir financier ; ses conseillers en communication, un pouvoir politique ; son influence sur la presse, un pouvoir médiatique. Bien plus qu’une émanation superficielle de l’ordre économique, la " pub " est un rouage essentiel.

Ecrit par libertad, à 00:04 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  noals
04-04-07
à 05:48

"Une idéologie est à l’oeuvre : elle vise à nous rendre étrangers à nous-mêmes pour faire de nous des cibles normées en fonction d’intérêts marketing."
c'est déjà fait.
le reste, c'est du baratin.

( ne fait que passer )

Répondre à ce commentaire

  Rakshasa
04-04-07
à 06:25

Je dirais même plus !

"Une idéologie est à l’oeuvre : elle vise à nous rendre étrangers à nous-mêmes"
le reste c'est du baratin
ou encore
"Une idéologie est à l’oeuvre"
le reste c'est du baratin
Répondre à ce commentaire

  noals
04-04-07
à 08:45

tout à fait

je dirais meme plus !
une idéologie a oeuvré.
Répondre à ce commentaire

  ibubolo
04-04-07
à 11:58

expérience ------------------------- test

-c'est parceque ca s'est laissé faire.
-c'est parceque ya des gens qui disent que de toutes facons on peut (jamais?) rien.
-c'est parceque le discours du "c'était mieux avant", ne laisse présager rien d'autre que du "ca sera pire demain", mais cette fois pas en discours, mais en observant la réalité.
-c'est parceque les gens ne croient plus en leur capacités à se rebeller et s'organiser, mis en confiance par les discours défaitistes et passéistes et qui, finalement, empechent à l'action, car de toutes facon rien ne servira jamais à rien.
-c'est parcequ'à un moment ou on se doit de se rebeller et de s'organiser, certains/es preferent tomber dans la critique gratuite et destructive (contraire de constructive) de tout élan de motivation.

mais bon, c'est pas parceque y'en a qui croient que plus rien n'est à tenter puisque tout l'a déja été, qu'on se doit de les écouter et les suivre aveuglément dans leur critiques stériles ?!?

vous chais pas, mais moi en tous cas, non...


(;-) ceci n'est pas un commentaire, c'est un test conceptuel )
Répondre à ce commentaire

  noals
04-04-07
à 13:24

Re: expérience ------------------------- test

retardataire(s?).
ceci n'est pas un commentaire mais une insulte.

J-8 en ce qui me concerne.
d'ailleur, j't'invite a venir lire sur mon blog la signification de ce compte à rebour si tu a le courage de la chercher.
je t'invite aussi a y laisser tous commentaire aussi gratuit que destructeur, j'me ferai un plaisir de les exploser uns par uns pendant les quelques jours qu'il me reste a passer ici bien sur, si toute fois cela en vaut la peine.
tiens ! j'vais meme aller jusqu'a te donner un lien qui surement pourra t'eclaircir sur mon point de vue ainsi que mon commentaire stérile, retardataire.
http://noals.joueb.com/news/23.shtml
tu tombe bien, j'm'ennuie en ce moment.

j'pourrais aussi te donner un autre lien pour te prouver a quel point le genre de mentalité dont tu fait preuve est a la traine comparé a moi, d'autant plus que nous somme actuellement en train de parler de la publication d'un livre et ca me fait relativement bien rire mais passons.

( ne fait que tuer le temps. )

excuse ma violence certaine, sincèrement pardon, et accepte en contre partie une réponse a ta question.
mais bon, c'est pas parceque y'en a qui croient que plus rien n'est à tenter puisque tout l'a déja été
oups, excuse moi encore, j'n'aurais meme pas la prétention d'aller jusqu'à ton point d'interogation car déjà, tu as tord.

serait-ce concluant ?
excuse moi aussi pour certaine provocation car il est évident que pour ma part, un seul mot suffirait a détruire le moindre de tes commentaires sur mon blog concernant un sujet relativement sérieux, retardataire.
a moin que tu aurez besoin d'explication ?
je ne crois pas la moindre des choses aurait ete d'en demander.

bien sur, tous ceci n'est qu'un trollage stérile, ce n'est pas comme si les discussion sur un site, blog ou forum ete lu ou comprise pour ne pas dire, pris en compte car cela se saurait, j'me trompe ?

c'ets l'heure de ma dose de nicotine.
tchuss ^^

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  ibubolo
04-04-07
à 19:05

Re: Re: expérience ------------------------- test

les résultats de mon expérience dépassent toutes les attentes...

il s'agissait d'un copié/collé d'un commentaire sur un autre fil, je voulais en tester l'effet sur des critiques autres que les miennes...  


**Attention, critiquer est dangeureux pour les petites certitudes militantes, ne critiquer qu'avec modération**
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  Anonyme
04-04-07
à 19:06

Re: Re: expérience ------------------------- test

Je vois mal comment tu peux démonter les propos d'Ibubolo avec des photos de vacances! (lol...)
Répondre à ce commentaire

  noals
04-04-07
à 19:31

Re: Re: Re: expérience ------------------------- test

c'ete déjà plus stimulant que ce livre qui m'a l'air aussi chiant que votre manque de répartie lol.

ok j'abuse..
je sort -->
tchuss. ^^

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  Rakshasa
04-04-07
à 20:19

Re: Re: Re: expérience ------------------------- test ou piège ?

A la fois pour réaliser une expérience, il faut un protocole et répéter celle-ci un certain nombre de fois. Tirer des conclusions sur la seule réponse de noals, hum...attention comme tu dis, expérimenter de la sorte peut être dangereux pour les petites certitudes de blogueureuses...
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  Anonyme
04-04-07
à 22:23

IL a
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  Anonyme
04-04-07
à 22:33

Il a l'air d'un pénible ce bouquin!
Les recherches en neurosciences pour appuyer la publicité sont pratiquement aussi vieilles que la psychologie, et ne paraitront nouvelles qu'à un psy nord-américain encore tout englué dans son behaviorisme.
On peut mesurer tout ce que l'on veut, cartographier, faire des IRM, mesurer le poul, la résistivité, la conductance, tout ce que vous voulez.. au final, ce n'est pas ça qui explique que l'on achète ou pas.
Souvent, le phénomène est inexplicable sans son volet social. Créer la tension pour amener l'acte de consommation, certe, mais pas sans replacer tout cela dans un contexte, une société et des normes. Mais alors, nous n'aurions pas tous les mêmes neurones ? La science n'explique pas tout, et loin de là. Fort heureusement, car sinon l'Homo-Conardus-Consomatus-Febrilus serait aux portes de nos supermarchés depuis fort longtemps.

L'auteurE a un métro de retard. Ou bien est-ce une rame ? Peu importe, Google et consorts l'ont fort bien compris: le marketing du futur, c'est la geolocalisation, le pistage des habitudes de consommation, l'établissement de plannings de réceptivité. Tout ceci, on peut le faire facilement avec internet qui devient une excroissance sociale pour beaucoup de gens. Pister, tracer, corréler n'a jamais été aussi facile. Enfoncée, la Poste, avec son service de géolocalisation-marketing vendue aux entreprises et mis à jour par les facteur collabos (Besancenot, si tu m'entends...).

Comment lutter ? C'est technique.
Bloquez les sites de pubs.
Bloquez les "counters" bien connus (Xiti par exemple).
Bloquez les "referers" (dernier site visité).
Controlez les cookies.
Utilisez des adresses emails multiples et changeantes.
Connectez vous aléatoirement à vos sites favoris, ou mieux, utilisez un robot pour capter les pages, ou planifiez vos chargements à coups de flux RSS et de robots.
Scriptez, scriptez, il en restera toujours quelque chose!
Utilisez des proxys webs pour naviguer, ou mieux encore Tor et/ou Freenet.
Créez des tunnels, cryptez, passez à IPV6.

Devenez invisible. Devenez votre voisin. Devenez plus personne.

Et là, les publicitaires vont commencer à faire la gueule.
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  ibubolo
05-04-07
à 11:12

Re: Re: Re: Re: expérience ------------------------- test ou piège ?

en fait il s'agit d'une répétition...   l'expérience résidait surtout dans le fait d'assembler ce paragraphe à n'importe quelle discussion en cours ; et à plusieurs reprises, j'ai constaté que ce paragraphe peut être mis à toutes les sauces.

Là où les résultats (de compatibilité) ont dépassé les attentes et le cadre expérimental, c'est quand une personne, abusée par la qualité de ce sermon moralisateur, se met à lui répondre de la même manière que moi quand j'y ai été confronté la première fois...

Donc, je vous avouerais que la section alpine de neuromilitanting libertoïde a de belles heures devant elle, et que l'heure est au mousseux dans des godets en plastique blanc.
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