Le commerce est l’une des branches d’activités la plus touchée par les maladies professionnelles. Douleurs cervicales, tendinites dues aux gestes répétitifs, fatigue physique due à la station debout prolongée ou aux déplacements incessants. L’exposition au bruit et les sollicitations permanentes accentue le stress. Les postes de caisse ou de vente crée une tension incessante due à l’organisation de la gestion de plusieurs tâches en même temps (s’occuper des produits, contrôler les opérations, accueillir le client). Le secteur de la boucherie de gros (abattoirs, grande surface...) est le plus touché par ce que la médecine du travail appelle les troubles musculosquelettiques (TMS). La découpe à la chaîne à des cadences importantes favorisent l’apparition de ce type de maladies. Le travail à la chaîne et sous pression de temps est constant : ne pas faire attendre. C’est bien connu : le client est roi. Souvent on demande aux travailleurEs de surveiller la fraude, le vol. Soit le/la travailleurEs accepte de faire le flic soit il/elle risque des problèmes avec son employeur. Le motif de mécontentement de la clientèle est souvent utilisé par l’employeur pour licencier.
Les patrons du commerce se plaignent de ne pas trouver de personnel. On ne se demande pas pourquoi ! Les horaires et plannings sont irréguliers : horaires décalées, journées continues, modulations d’horaires, travail les jours fériés, en nocturne, le samedi, le dimanche, planning adaptable. Le smic est généralisé, et le paiement des heures supplémentaires aléatoire, voir difficile. Les contrats courts et précaires sont majoritaires. Le travail à temps partiel non choisi est subie en particulier par les femmes. Plus de 36% des salariéEs sont à temps partiel dans le commerce de détail, proportion qui monte à 46% dans les grandes surfaces alimentaires.
La taylorisation des postes de travail s’est systématisée.
L’individualisation du travailleurE (que ça soit à son poste ou par les avantages/résultats) permet de l’obliger à rentrer dans une capacité d’adaptabilité et de flexibilité toujours plus grande. C’est le zèle du petit chef qui doit faire du chiffre. La hiérarchisation accentuée en pyramide (unE salariéE gère 3 équipes, elles-mêmes gérées par une personne, le/la 1er étant dirigéE par quelqu’unE qui en dirige 4 comme lui/elle...). Le système est bien rodé et donne l’illusion d’une participation commune à l’entreprise. Mais chacunE est amenéE à diriger l’autre et à le contrôler. C’est une branche qui sait manier la culture d’entreprise par des collaborateurs et autres partenaires, imposant à ses employéEs ses tenues de travail. L’utilisation du cadeau à la réussite ou aux méritantEs est très développée (l’employé du mois par ex.). Ces critères sont de plus en plus subjectifs et répriment toutes contestations lorsqu’elles touchent les planning et la répartition des postes. C’est la concurrence entre collègues.
Le commerce c’est 23 conventions collectives qui concernent environ 3 200 000 salariéEs dont plus de la moitié dans le commerce de détail. D’où la différence d’application selon la type, la taille de l’entreprise, et son champs d’activité.
Et les acquis obtenus dans des magasins symboles comme la Fnac sont en train de se fissurer.
Les grandes marques accroissent leurs profits et reviennent sur les acquis des employéEs du commerce. Les travailleurEs du commerce doivent souvent défendre leurs droits et souvent ce n’est que pour faire appliquer le Code du travail.
Les conditions de travail se sont fortement dégradées avec les déréglementations sur le travail nocturne, le travail dominical et l’annualisation du temps de travail pour toujours plus de rentabilité.
La polyvalence est de plus en plus souvent imposée. Il n’est pas rare de cumuler des postes de caisse avec des fonctions de gestion ou de compta. Bien sûr cela permet de ne pas reconnaître les métiers et les qualifications et donc de sous payer les travailleurEs. Les primes ou heures supplémentaires liées au travail le dimanche n’est qu’une miette donnée aux travailleurEs. Si les salaires permettaient de vivre décemment, les salariéEs ne seraient pas contraintEs d’accepter des horaires supplémentaires ou le travail les dimanches. L’ouverture le dimanche n’amène pas de gain supplémentaire pour les entreprises. L’amplitude horaire d’ouverture des magasins est un cercle vicieux du au jeu de la concurrence. Cela ne crée pas d’emplois. Les soldes ne font que développer l’emploi précaire. Des missions de 9h de travail par jour en bout de caisse à remplir des sacs pendant plusieurs jours d’affilés m’ont été proposées par les magasins pendant les fêtes de fin d’année ou les soldes. Les opérations événementielles ou promotionnelles détériorent les conditions de travail grâce à des déréglementations importantes. Ces ouvertures se basent sur la frénésie des consommateurs. Ouvrir les magasins le dimanche nécessite du personnel de nettoyage par exemple (pour beaucoup sous traité), l’ouverture de services liés aux transactions, l’ouverture d’autres services qui finira par toucher toutes les branches d’activités...Si nos conditions de travail sont rendues plus difficiles c’est seulement pour le profit du patronat.
Mais c’est aussi notre mode de consommation basé sur l’exploitation qui est à remettre en cause. L’individualisme de notre comportement permet d’engraisser le capitalisme sur le dos des travailleurEs. Nous réclamons le droit pour tous au repos et aux horaires auxquels il/elle a droit. Le dimanche est un temps de repos collectif. Est-il vraiment important de pouvoir acheter n’importe quoi à n’importe quel moment ? En achetant le dimanche et les jours fériés on prive unE autre de son droit au même temps de repos que tous les travailleurEs.
La réduction des effectifs ou le manque d’effectif pèsent sur les salariéEs. La réduction du personnel dans les grandes enseignes de l’industrie du disque est en train de se mettre en place. Sacrifier des emplois pour rester leader.
Les grèves se sont multipliées ses derniers mois : La Redoute, Intérior’s, Trois Suisse, casinos Partouche, Fnac, Conforama, Ikéa, grande distribution (Carrefour, Auchan, Monoprix, Picard...) signes d’un ras le bol général des travailleurEs. Les salariéEs ne sont pas dupes et expriment leur ras-le-bol face aux dégradations de leurs conditions de vie.
à 12:27