Chez Kléber, à Toul, les deux cadres retenus depuis jeudi par le personnel de l’usine que Michelin compte fermer l’an prochain ont été relâchés ce dimanche en début d’après-midi, escortés par la directrice départementale du travail.
Outre la colère provoquée par la suppression « inéluctable » de 826 emplois en 2009, l’annonce de la hausse de 35% du bénéfice net de Michelin en 2007, à 774 millions d’euros, ainsi que la progression de 3% de son chiffre d’affaires, à 16,8 milliards d’euros, a enflammé les esprits des salariés pour aboutir à la séquestration du directeur des ressources humaines et du directeur du personnel, deux cadres dont le rôle est central dans la finalisation des licenciements, des indemnités, des reclassements et de la fermeture du site lorrain. Pour les sortir de là, dans la matinée, Michelin s’est dit « prêt à faire évoluer le plan » social : les futurs licenciés bénéficieront d’« un réel accompagnement » et partiront avec une indemnité de 2.500 € par année d’ancienneté (ils voulaient 3.000 € et Michelin 2.000). Une bien maigre compensation à l’aune du préjudice réel et de la lutte menée.
Après un douloureux bras de fer de 16 jours au Carrefour Grand Littoral de la cité phocéenne (intervention musclée des forces de l’ordre, sept grévistes assignés au TGI de Marseille pour "entrave au travail"…), un protocole a été signé entre la direction et la CFDT, syndicat majoritaire dans l’établissement. Il prévoit une revalorisation des contrats de travail à temps partiel de 2 à 3 heures par semaine, une contribution exceptionnelle aux œuvres sociales du Comité d’entreprise de 80.000 € au lieu de 45.000 €, un étalement du décompte des jours de grève, et une revalorisation de la valeur du ticket restaurant à 3,50 € au lieu des 3,05 € actuels. Les employés cet hyper - qui réalise un chiffre d’affaires annuel de 150 millions d’euros -, pour la plupart payés moins de 1.000 € net par mois, réclamaient à l’origine une hausse sans condition de leurs tickets restaurant de 3,05 à 4,50 € (le prix d’un sandwich), une prime exceptionnelle de 250 € pour tous, ainsi qu’une augmentation du nombre d’heures de travail pour les salariés à temps partiel le désirant. La CGT, minoritaire, a refusé de signer cet accord qu’elle juge « pas satisfaisant » mais, comme FO, a appelé à la reprise du travail « pour éviter la division du personnel ». « On a quand même réussi à faire plier un peu le numéro deux mondial de la grande distribution. J’espère que notre lutte amènera une prise de conscience nationale », positive le délégué du personnel CFDT.
Tout ça pour ça... Le mouvement ouvrier a bien du souci à se faire devant un patronat toujours plus cynique et inflexible qui n’en a que faire de l’emploi, privatise ses gains, mutualise ses pertes et, surtout, ne respecte même plus ses salariés.