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L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





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Lieux & Pratiques : 1. Pourquoi ? 1.5.
--> Quelques constats de base & Etat des lieux ou De quelques lapalissades en milieu anarchiste
1.5. Gémissements & profession de foi

Nous savons bien qu’il faut combattre et que dans le même temps il faut construire.
Construire. Non pas en réaction, en creux, en négatif de l’oppression, du capitalisme, du Système, du Léviathan, du Spectacle, réaction qui nous en rendrait toujours tout aussi dépendantEs, mais en positif, en plein, en nous fondant sur les valeurs de générosité, de don, d’équité, de partage, de liberté, en sachant bien que tant que l’unE de nous sera esclave, aucunE d’entre nous ne saurait être libre. Et même si nous sommes impatientEs de nous émanciper, ce n’est pas en en culpabilisant d’autres parce nous estimons qu’ils/elles sont aliénéEs et en les pressant de se libérer plus vite que nous nous en sortirons.

D’autres le disent autrement «Si nombreux que soient les êtres, je fais vœu de les sauver tous !». Mais il est temps de sortir de la martyrologie anarchiste, de l’orthodoxie des luttes, de toute vision eschatologique, de nos querelles de chapelle, de la morale et de la culpabilité qui nous imprègnent. Regardons-nous un peu, à nous entendre, on se croirait au beau milieu des querelles théologiques médiévales. Alors ? Réaliste ou Nominaliste ? Ce n’est pas seulement le flic que nous avons dans la tête que nous devons extirper c’est aussi toute cette curetaille qui nous paralyse en interne, foi d’anarcho-mystique ! (Et en passant, je connais des curés qui sont un peu plus efficaces que nous, sur le terrain, auprès de vraiEs genTEs, comme en matière de communautés... à méditer...)

Certes, l’époque ne s’y prête guère, à l’heure de ce que certainEs d’entre nous appellent la «Guerre Civile Mondiale», quand la terre partout nous rappelle qu’elle aussi est mortelle. Mais nous ne serons pas sauvéEs, aucunE d’entre nous ne le sera si nous ne sommes pas vivantEs, et c’est long d’apprendre à vivre. Il faut d’abord mourir, plusieurs fois mourir à soi-même. Et je sais que je suis faible et impuissante chaque fois que j'ai peur, chaque fois que je me laisse happer par l'urgence et l'imminence de la catastrophe annoncée. Il n'y a rien à comprendre. Les charognards seront toujours là pour s'occuper des cadavres.

Alors j’ai choisi d’ouvrir les yeux et d’ouvrir mon coeur à la beauté du monde et des êtres qui le peuplent et de ne combattre que pour ça... Combattre en toute humilité et de toute la force de ma faiblesse, en toute quotidienneté. C’est le seul combat qui vaille à mes yeux et je ne le mène qu’au nom de la douceur, de la sensibilité, de la fraternité, de la sororité, et de la vie. Et parfois je n’ai rien d’autre à donner qu’une main tendue, un sourire, un peu de présence. Il y en a qui n’ont même plus ça à donner. Alors que l’on cesse de me dire que ça ne suffit pas, vous croyez que je ne le sais pas ? Ce que je pourrai construire, je sais bien que ce sera peu, que ce sera rien, que je me tromperai bien des fois, mais je sais aussi que je le construirai d’autant mieux, et que je me tromperai d’autant moins que j’aurai pu le construire avec d’autres et que je n’en aurai écrasé aucunE, fût-ce au nom du plus bel idéal.

Je suis provisoire, enfante perdue, orpheline et je cherche mon peuple, qui est peuple-là, qui est peuple-pour-la-vie, qui est peuple-pour-le-rêve, et je serai toujours du côté des victimes, toujours. Vivre ce que l’on aime avec les gens qu’on aime, c’est mon seul programme, et je ne pourrai le vivre si pour cela d’autres sont astreintEs à ployer le dos sous des contraintes et des responsabilités auxquelles je me serais dérobée, c’est pourquoi je veux également partager les contraintes et les responsabilités, d’un commun accord. Cela n’existe pas l’indépendance : la vie sur cette planète dépend de l’air qu’elle respire, dépend de l’eau qui l’abreuve, dépend de la terre qui la nourrit, dépend du feu qui la chauffe, et la vie des humainEs, ces animaux étranges, dépend aussi de l’amour (mettez un autre mot si celui-là vous gêne), de l’attention qu’on lui porte, de la qualité des liens que nous sommes ou non capables de tisser. Puissions-nous tous et toutes choisir nos dépendances et n’en imposer aucune.

C’est pourquoi je veux vivre ici et maintenant, c’est pourquoi je veux retrouver le NOUS.

... alors, passons aux choses sérieuses...

Provisoire


Ecrit par provisoire, à 18:17 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  Sésame
18-02-06
à 20:58

C'est beau comme tu parles.

Mais je sais pas s'il y a quelqu'un à convaincre ici.
C'est ce qui m'inquiète le plus.

A ciao.

Répondre à ce commentaire

  les marques
18-02-06
à 23:03

Il n'y a plus rien

Et ce rien, on vous le laisse!
Foutez-vous en jusque-là, si vous pouvez,
Nous, on peut pas.
Un jour, dans dix mille ans,
Quand vous ne serez plus là,
Nous aurons TOUT
Rien de vous
Tout de nous
Nous aurons eu le temps d'inventer la Vie, la Beauté, la Jeunesse,
Les Larmes qui brilleront comme des émeraudes dans les yeux des filles,
Le sourire des bêtes enfin détraquées,
La priorité à Gauche, permettez!

Nous ne mourrons plus de rien
Nous vivrons de tout

Et les microbes de la connerie que nous n'aurez pas manqué de nous léguer, montant
De vos fumures
De vos livres engrangés dans vos silothèques
De vos documents publics
De vos règlements d'administration pénitentiaire
De vos décrets
De vos prières, même,
Tous ces microbes...
Soyez tranquilles,
Nous aurons déjà des machines pour les révoquer

NOUS AURONS TOUT

Dans dix mille ans.
Répondre à ce commentaire

  etatabatoir
19-02-06
à 17:59

Re:

" j'ai de quoi bouffer et une téloche pour passer le temps et réver,  pourquoi devrais-je me battre? ça me suffit..." <<== c'est avant tout contre ceci qu'il faut se battre, c'est cela la vrai peste de notre époque, l'importance prise par les médias qui désormais pensent à notre place. Le schéma marxiste n'existe plus, chacun chez soit , tout le monde branché et résigné.

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