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L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





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Lettre ouverte à « Devoir de réagir », Mrs DEBOOZZE et Joe STARR etc
lu sur .millebabords. : "Devant le succès annoncé de votre campagne pour amener les « jeunes de banlieue » à aller voter, je pense que vous commettez deux erreurs. D’abord, lorsque vous dites partout que le bulletin de vote est une arme plus efficace que quelques Pandas brûlées, c’est soit un mensonge, soit une erreur historique : du strict point de vue de l’efficacité « citoyenne » (le votre !), les classes dangereuses ne sont jamais aussi efficaces que quand elles montrent les dents. La mobilisation pathétique de la classe politique et de ses contremaîtres associatifs, syndicaux, artistiques et compagnie le montre aisément : on a plus parlé des banlieues après quelques pandas brûlée qu’après deux décennies de combat anti raciste !!!! Votre initiative est d’ailleurs la meilleure illustration de cette mobilisation opportune....

Ensuite, vous allez très certainement réussir à amener bon nombre de ces jeunes à s’inscrire sur les listes électorales... Vous obtiendrez même, c’est probable, quatre députés arabes et cinq conseillers municipaux noirs... La belle affaire. Un jour et une fois de plus, ces jeunes se retrouveront une main devant, une main derrière, au sortir de l’isoloir avec, en plus, la sensation de s’être encore fait niquer ! A quelque chose malheur est bon, ils sauront alors qui les a amenés dans le mur, cette fois ci et ils découvriront, étonnés, que l’ennemi peut avoir une casquette à l’envers et se revendiquer « robeu » ou renoi » !

Car en fait, ce qui vous dérange fondamentalement, ça n’est pas que le monde soit organisé par une bourgeoisie à son profit en exploitant les producteurs de richesses ou en les jetant comme des Kleenex, selon les aléas et besoins de la production. Ce qui vous dérange, ça n’est pas qu’il y ait des riches et des pauvres. Ce que vous contestez, c’est que les pauvres aient toujours la même couleur. Et pour cause ! Vous êtes bien placés, comme la bourgeoisie noire étasunienne, pour savoir que le capital ménage toujours des places au soleil à quelques Winners, quelle que soit leur couleur d’origine, surtout s’ils ont eu faim (ça valide le « si tu veux tu peux ! »)

Et quand vous aurez obtenus une proportion raisonnable de médecins, avocats, journalistes, artistes et politicards noirs ou arabes, vous considèrerez que le monde tourne mieux.

Et ça aura changé quoi ?????????

Pépé, Marseille

Ecrit par patrick83, à 22:54 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires :

  Anonyme
24-12-05
à 11:00

Re:

euh ...

vaut mieux étre saoudien dans le XVI éme que portuguais au val fourré ....

proverbe malien ...

...depuis Bamako !

Répondre à ce commentaire

  Anonyme
24-12-05
à 13:26

Tout à fait d'accord avec Pépé.
Répondre à ce commentaire

  Cool Chêne
25-12-05
à 11:32

Banlieusards motivés et vierge noire effarouchée

Grossière erreur, Pépé. "Devoirs de mémoires" n'est pas un collectif communautariste (alors qu'est-ce que les questions "rebeu/renoi" viennent faire là-dedans? Joey Starr est certainement moins tiers-mondiste que la plupart des anars!).

Enfin, ce collectif a pour but d'éviter que Sarkozy ne devienne Président, et je crois qu'à ce titre, tous les moyens sont bons, même le vote (Sarko est bien + dangereux que Le Pen). Le vote ne changera jamais le monde, mais s'il peut nous faire éviter un nouveau Duce à la française, c'est déjà ça de gagné.

Pour finir, je trouve très regrettable de constater que sur la question du vote, nous passions beaucoup plus de temps à dire pourquoi on ne vote pas qu'à expliquer dans quelles conditions le vote serait un vrai choix (démocratie directe, mandat impératif avec possibilité de révocation, vote pour un programme précis et non pour une personne, implication de chacun dans la vie de la Cité au-delà du vote, etc...). Histoire de montrer que cet abstentionnisme (qui n'a jamais fait l'unanimité parfaite dans le mouvement anar, d'ailleurs) n'est pas une fin en soi, n'est pas qu'une posture d'intégrisme rebelle (car parfois on se demande quand même, un peu....).

Cf texte qui suit.

Répondre à ce commentaire

  Eduardo Colombo
25-12-05
à 11:34

Le vote et le suffrage universel

TEXTE PARU DANS Refractions n°7. (http://www.plusloin.org/refractions/refractions7/colombo_vote.htm)

« Les anarchistes ne votent pas ! » Avec une certaine fréquence, nous avons entendu cette affirmation. Est-elle vraie ?

Le vote
Voyons d’abord ce que c’est que voter.

I. Le vote est un procédé qui permet d’exprimer une opinion ou une volonté. Dans l’étymologie latine, votum est le participe passé de vovere : invoquer (Littré), faire vœu, donner ou refuser son vœu. Voter, c’est donner sa voix au chapitre (dans les anciennes confréries religieuses). On peut voter de différentes façons, comme par exemple, par ordres ou par tête. Le suffrage, ou vote, est une méthode qui sert habituellement à dégager une majorité (relative, simple, des 3/4, etc.) Il n’a de sens que dans les cas où l’on peut considérer que l’existence d’une opinion majoritaire est pertinente à la question.

II. Voter, donc, c’est donner une opinion (au sens large) sur quelque chose ou sur quelqu’un, en général pour constituer une majorité. Donner son vote peut servir dans une délibération ou dans une élection : dans ce dernier cas, cela permet de choisir (les mots electio et eligere signifient « choix » et « choisir ») entre deux ou plusieurs personnes qui postulent pour une charge institutionnelle. On peut l’utiliser aussi pour eligere une stratégie ou, encore, pour affirmer ou nier un point de vue.
III. Le vote sert à dégager une majorité, certes, mais à quoi sert une « majorité » ? Sûrement pas à avoir raison. Mais là où les opinons divergent sur des questions d’opportunité ou de tactique, là où les arguments ne sont pas convaincants – et encore une fois, il ne s’agit pas de questions de principes ou valeurs –, par exemple, pour décider quel jour on déclenche une grève ou pour savoir si on est d’accord pour faire un numéro spécial de la revue, la décision par majorité devient une procédure utile.

IV. Pour les anarchistes, alors, il faut considérer le vote par rapport à la pertinence d’une majorité.
Primo : la loi de la majorité (facilement critiquable et critiquée au niveau de la philosophie politique de l’anarchisme) propre à la démocratie directe ou indirecte n’est pas une « loi » qui s’impose aux anarchistes : toute prise de décision, tout engagement doit être librement acquis ou accepté.
Secondo : le libre accord exclut la majorité formelle obtenue par un vote. D’innombrables décisions, situations, circonstances, échappent à tout appel
à une majorité quelconque. La « majorité » des personnes, la majorité d’une assemblée, ne connaît la vérité, ni ne peut prétendre avoir raison, elle ne sait pas mieux que moi, ou toi, ou vous, ce qu’il faut faire.
Tertio : en matière de valeurs, de « principes », de connaissances, demander de prendre une décision « à la majorité » est une ineptie.
Je me refuse de participer à un vote où il faudrait décider si la liberté est préférable à l’esclavage, ou si la théorie immunologique de la « sélection clonale » est vraie.
Mais si on a affaire à des enjeux stratégiques groupaux, s’il faut entreprendre des activités communes, s’il faut se mettre d’accord pour choisir une orientation plutôt qu’une autre – et que moi, comme individu, je ne pense pas que ce choix touche mes valeurs (mes principes) – je peux très bien accepter comme méthode utile la participation à une décision prise à la majorité.
Corollaire : Dans un groupe anar ou dans une assemblée, si ensemble on a décidé d’appeler à une décision par majorité, et que personnellement j’accepte de participer au vote, alors je me tiens à la décision majoritaire (ce qui est une règle de responsabilité éthique).


Le suffrage universel
« Si les élections servaient à changer quelque chose, elles seraient interdites. »

« Les anarchistes ne votent pas ! » Et c’est vrai, quand il s’agit du suffrage universel, les anarchistes prêchent l’abstention révolutionnaire. L’anarchiste refuse de se servir du bulletin de vote pour changer quelque chose ou pour participer à l’expression de « la volonté du peuple » parce qu’il sait que ces deux illusions sont d’énormes duperies constitutives de la démocratie représentative.
Les braves gens devraient le savoir et ne le savent pas. Un esprit libre ne peut manquer de s’étonner en regardant autour de lui que, même constamment abusée et périodiquement trompée, la confiance de l’électeur survivra aux déceptions répétées et à ses propres lamentations quotidiennes.
« Les législatures se succèdent, chacune laissant derrière elle le même désenchantement, la même réprobation. »
(Sébastien Faure)
Et, comme un pitoyable Sisyphe, l’électeur continue à voter quand le pouvoir politique lui demande de le faire.
Nous savons que nos arguments sont forts mais la raison ne suffit pas. L’habitude, la coutume s’imposent d’elles-mêmes pour la seule raison que le citoyen les trouve déjà là dans le tissu social, il les a reçues à la naissance et il suit la loi que le pouvoir lui a donnée.
« Or, les lois, écrivait Montaigne,
se maintiennent en crédit, non parce qu’elles sont justes, mais parce qu’elles sont lois. C’est le fondement mystique de leur autorité ; elles n’en ont point d’autre. » 1
Le régime de représentation parlementaire enlève au peuple sa capacité de faire ou d’établir ses propres normes. Déjà pendant la Révolution, à l’origine de la république, la bourgeoisie jacobine s’oppose au droit des sections d’avoir des assemblées permanentes.
« Si les assemblées primaires, dit Robespierre, étaient convoquées pour juger de questions d’État, la Convention serait détruite. »
Des mots qui susciteront le commentaire suivant de Proudhon :
« C’est clair. Si le peuple devient législateur, à quoi bon des représentants ? S’il gouverne par lui-même, à quoi bon des ministres ? » 2
Mais le gouvernement est nécessaire, nous dit-on, pour maintenir l’ordre dans la société et pour assurer l’obéissance à l’autorité, même si cet ordre et cette obéissance consacrent « la subordination du pauvre au riche, du vilain au noble, du travailleur au patron, du laïc au prêtre ». Bref, l’ordre étatique, c’est la hiérarchie sociale, la misère pour le grand nombre, l’opulence pour quelques-uns.
La démocratie représentative, assise sur le suffrage universel, ne peut que conforter cet ordre-là. Bakounine pensait que
« le despotisme gouvernemental n’est jamais aussi redoutable et aussi violent que lorsqu’il s’appuie sur la prétendue représentation de la pseudo-volonté du peuple ». 3
Mais, pourquoi le suffrage universel ne peut-il exprimer qu’une pseudo-volonté ?
Parce qu’il enferme trois fictions, trois vrais « pièges à cons » :

1. Un individu [citoyen(ne)], un vote. L’égalité numérique de l’institution collective qu’est le suffrage universel arrive à construire diverses unités abstraites – majorité, minorité, abstentionnistes – à partir d’un ordre sériel qui sépare, qui isole, les individus concrets et réels. Ces individus sont les agents de pratiques sociales diverses, ils intègrent des groupes sociaux, font partie d’un réseau de relations affectives et cognitives, de travail et de loisirs, et ces groupes-là comportent d’énormes inégalités devant le savoir, les possibilités d’information, l’argent. L’unité abstraite et artificiellement construite qui sort des urnes sert ainsi seulement à départager, à un moindre coût que la lutte ouverte, les différents groupes politiques et économiques de la classe dominante qui se battent pour contrôler le gouvernement, les partis politiques, les mass media, la circulation des capitaux. Les oligarchies « représentatives », que nous connaissons dans le monde industrialisé sous la dénomination de « régimes démocratiques », s’appuient sur cette pseudo-volonté populaire – résultat de l’égalisation ou uniformisation imposée dans l’abstraction numérique par le suffrage universel – pour maintenir la
hiérarchie sociale et l’appropriation capitaliste du travail collectif.

2. Le choix de l’électeur se porte, dans la pratique, sur des candidats préalablement sélectionnés par les partis politiques. Ces candidats – sauf dans les élections municipales de petites villes – ont fait, par les exigences institutionnelles de ces mêmes partis, une longue carrière politique, ils ont été présélectionnés, et on voit mal quelqu’un de rebelle ou rétif franchir les premiers échelons d’un tel parcours. Ce sont les partis qui choisissent les « représentants du peuple », et ce sont eux qui sollicitent les voix des électeurs.
La volonté du peuple, déjà réduite à une unité numérique – il ne délibère pas et ne décide pas, ce sont ses soi-disant représentants qui auront cette tâche –, a, pour s’exprimer, la possibilité d’opter en dernière instance entre deux ou trois politiciens, et il choisit, comme on dit, le moindre mal. Choisir le moindre mal est, en bonne logique, choisir toujours le mal. Et peut-on faire semblant de croire que telle est la volonté du peuple ?

3. La représentation qui sort du suffrage universel est une délégation globale du pouvoir de l’électeur (capacité de décider) sur la personne du représentant pendant le temps du mandat. Oubliées les prétentions des commettants des sections de Paris en 1789 qui enjoignent leurs élus de se conformer aux volontés des assemblées primaires. Oublié le mandat impératif ou contrôlé. Oubliée la révocabilité à tout moment du délégué. Les « assemblées primaires » appartiennent désormais aux partis politiques (si on peut continuer à donner cette appellation à ces réunions convoquées par les « caciques »). Le peuple, considéré comme mineur, est sous tutelle. Il a choisi son maître. « Il la ferme » jusqu’à la prochaine convocation du pouvoir politique. On appelle démocratie représentative ou indirecte cette institution dans laquelle la volonté du peuple a été escamotée par l’alchimie du suffrage universel.

L’anarchiste ne veut pas jouer la comédie. Il ne se plie pas devant l’autorité institutionnelle. « Les anarchistes ne votent pas ! »

Eduardo Colombo

1. Montaigne, Essais, III, XIII. De l’expérience.
2. Pierre-Joseph Proudhon, Idée générale de la révolution au xixe siècle, édition de la Fédération anarchiste française, Paris, 1979, p. 119.
3. Michel Bakounine, Étatisme et anarchie. Œuvres complètes, éd. Champ libre, Paris, 1976, vol. IV, p. 221.

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  antoaneone
26-12-05
à 11:02

Re: Banlieusards motivés et vierge noire effarouchée

apparemment,  pour nous, les d'jeun's qui n'avont pas encore de carte d'electeur, pour voter, apparemment, pour 2007, jusqu'à la st sylvestre pour s'inscrir sur les listes, et-ce vrai? De toute façon je n'irais pas m'inscrire, voter pour lui ou elle, de gauche de centre gauche de droite ou de milieu centre droit democratiqe populaire, je n'irais pas voter, je suis assez lucide sur l'utilité d'aller voter.
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  Anonyme
26-12-05
à 21:25

Le vote vue par Albert Libertad (semble t'il)

Le criminel

C’est toi le criminel, ô Peuple, puisque c’est toi le Souverain. Tu es, il est vrai, le criminel inconscient et naïf. Tu votes et tu ne vois pas que tu es ta propre victime.

Pourtant n’as-tu pas encore assez expérimenté que les députés, qui promettent de te défendre, comme tous les gouvernements du monde présent et passé, sont des menteurs et des impuissants ?

Tu le sais et tu t’en plains ! Tu le sais et tu les nommes ! Les gouvernants quels qu’ils soient, ont travaillé, travaillent et travailleront pour leurs intérêts, pour ceux de leurs castes et de leurs coteries.

Où en a-t-il été et comment pourrait-il en être autrement ? Les gouvernés sont des subalternes et des exploités : en connais-tu qui ne le soient pas ?

Tant que tu n’as pas compris que c’est à toi seul qu’il appartient de produire et de vivre à ta guise, tant que tu supporteras, — par crainte,— et que tu fabriqueras toi-même, — par croyance à l’autorité nécessaire,— des chefs et des directeurs, sache-le bien aussi, tes délégués et tes maîtres vivront de ton labeur et de ta niaiserie. Tu te plains de tout ! Mais n’est-ce pas toi l’auteur des mille plaies qui te dévorent ?

Tu te plains de la police, de l’armée, de la justice, des casernes, des prisons, des administrations, des lois, des ministres, du gouvernement, des financiers, des spéculateurs, des fonctionnaires, des patrons, des prêtres, des proprios, des salaires, des chômages, du parlement, des impôts, des gabelous, des rentiers, de la cherté des vivres, des fermages et des loyers, des longues journées d’atelier et d’usine, de la maigre pitance, des privations sans nombre et de la masse infinie des iniquités sociales.

Tu te plains ; mais tu veux le maintien du système où tu végètes. Tu te révoltes parfois, mais pour recommencer toujours. C’est toi qui produis tout, qui laboures et sèmes, qui forges et tisses, qui pétris et transformes, qui construis et fabriques, qui alimentes et fécondes !

Pourquoi donc ne consommes-tu pas à ta faim ? Pourquoi es-tu le mal vêtu, le mal nourri, le mal abrité ? Oui, pourquoi le sans pain, le sans souliers, le sans demeure ? Pourquoi n’es-tu pas ton maître ? Pourquoi te courbes-tu, obéis-tu, sers-tu ? Pourquoi es-tu l’inférieur, l’humilié, l’offensé, le serviteur, l’esclave ?

Tu élabores tout et tu ne possèdes rien ? Tout est par toi et tu n’es rien.

Je me trompe. Tu es l’électeur, le votard, celui qui accepte ce qui est ; celui qui, par le bulletin de vote, sanctionne toutes ses misères ; celui qui, en votant, consacre toutes ses servitudes.

Tu es le volontaire valet, le domestique aimable, le laquais, le larbin, le chien léchant le fouet, rampant devant la poigne du maître. Tu es le sergot, le geôlier et le mouchard. Tu es le bon soldat, le portier modèle, le locataire bénévole. Tu es l’employé fidèle, le serviteur dévoué, le paysan sobre, l’ouvrier résigné de ton propre esclavage. Tu es toi-même ton bourreau. De quoi te plains-tu ?

Tu es un danger pour nous, hommes libres, pour nous, anarchistes [sic]. Tu es un danger à l’égal des tyrans, des maîtres que tu te donnes, que tu nommes, que tu soutiens, que tu nourris, que tu protèges de tes baïonnettes, que tu défends de ta force de brute, que tu exaltes de ton ignorance, que tu légalises par tes bulletins de vote, — et que tu nous imposes par ton imbécillité.

C’est bien toi le Souverain, que l’on flagorne et que l’on dupe. Les discours t’encensent. Les affiches te raccrochent ; tu aimes les âneries et les courtisaneries : sois satisfait, en attendant d’être fusillé aux colonies, d’être massacré aux frontières, à l’ombre de ton drapeau.

Si des langues intéressées pourlèchent ta fiente royale, ô Souverain ! Si des candidats affamés de commandements et bourrés de platitudes, brossent l’échine et la croupe de ton autocratie de papier ; Si tu te grises de l’encens et des promesses que te déversent ceux qui t’ont toujours trahi, te trompent et te vendront demain : c’est que toi-même tu leur ressembles. C’est que tu ne vaux pas mieux que la horde de tes faméliques adulateurs. C’est que n’ayant pu t’élever à la conscience de ton individualité et de ton indépendance, tu es incapable de t’affranchir par toi-même. Tu ne veux, donc tu ne peux être libre.

Allons, vote bien ! Aies confiance en tes mandataires, crois en tes élus.

Mais cesse de te plaindre. Les jougs que tu subis, c’est toi-même qui te les imposes. Les crimes dont tu souffres, c’est toi qui les commets. C’est toi le maître, c’est toi le criminel, et, ironie, c’est toi l’esclave, c’est toi la victime.

Nous autres, las de l’oppression des maîtres que tu nous donnes, las de supporter leur arrogance, las de supporter ta passivité, nous venons t’appeler à la réflexion, à l’action [sic].

Allons, un bon mouvement : quitte l’habit étroit de la législation, lave ton corps rudement, afin que crèvent les parasites et la vermine qui te dévorent. Alors seulement du pourras vivre pleinement.

LE CRIMINEL, c’est l’Electeur !

Placard anti-électoral publié par l’Anarchie n°47, 1er mars 1906


Extrait de Cette Semaine #84, fév/mars 2002, p.1
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