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Indymédia Paris : "Le combat des lycéens force l'admiration et montre l'exemple à leurs aînés. Depuis plus de deux mois, ils manifestent, bloquent ou occupent leurs établissements, et le font seuls, pour s'opposer à la loi Fillon et dénoncer un système scolaire fondé sur le tri social.
À de rares exceptions près, les profs n'accompagnent pas cette mobilisation. Ils semblent laissés à l'abandon par leurs organisations syndicales majoritaires. Aucune de ces organisations ne lance de campagne ni de mot d'ordre de mobilisation contre la loi Fillon, elles font la sourde oreille aux appels mille fois répétés des lycéens pour que les profs entrent dans l'action contre cette loi.
La mobilisation lycéenne, elle, a déjà surmonté l'obstacle des vacances, seule et même contre la volonté de certains qui se réunissent actuellement avec le ministre pour appeler les lycéens à gentiment rentrer dans leurs classes. Elle a survécu aux agressions des casseurs de manifestants, a fait preuve de la plus grande maturité dans son organisation d'une « coordination lycéenne » et a trouvé des formes d'action originales qui déroutent le pouvoir, les chefs d'établissement et les syndicalistes traditionnels.
LES LYCÉENS CONTINUENT LEUR COMBAT MALGRÉ LES PRESSIONS MÉDIATIQUES.
Depuis le début, ou presque, de leur mouvement, journaux, radios et télés n'en finissent pas de l'enterrer contre toute évidence ! La mobilisation lycéenne, soi-disant « essoufflée », a aussi surmonté cette intox et montré justement sa capacité à tenir la distance. Contrairement aux rumeurs, elle ne se limite pas aux quartiers « bobos » ni à la seule région parisienne. Chaque jour, dans de nombreuses académies, les actions se multiplient.
LES LYCÉENS RÉSISTENT À LA RÉPRESSION POLICIÈRE, AUX ARRESTATIONS, AUX MISES EN GARDE À VUE, AUX MISES EN EXAMEN ET AUX INTIMIDATIONS.
Une vingtaine d'élèves sont actuellement présentés aux juges après leur arrestation dans les manifestations où la provocation policière est patente. Certains sont malmenés par les CRS et les Gardes Mobiles, traînés à terre, parfois roués de coups et blessés, dans une indifférence quasi générale, à l'exception du soutien apporté par la présence de quelques adultes à leurs côtés dans les manifestations. Le 13 avril, sur le parcours de la manifestation, un enseignant a été violemment frappé (ITT de 6 jours) par les CRS. Déjà, la comparution d'un lycéen parisien au tribunal correctionnel de Paris est prévue le 27 mai. Un autre, avec quatre lycéens de Montreuil, est mis en examen suite à l'occupation de l'inspection académique de Seine St Denis, et d'autres (Paris, Val d'Oise, Val de Marne …) ont été arrêtés et poursuivis, souvent sur témoignages mensongers de responsables de l'éducation nationale, lors des occupations ou directement par la police dans les manifs (à Paris, notamment, les 13 et 14 avril). De plus, les sanctions commencent à pleuvoir dans les établissements (au lycée Victor Hugo, une élève a été exclue 15 jours par le conseil de discipline). SUD Education appelle les personnels à la solidarité avec les élèves pour obtenir l'arrêt des poursuites et l'abandon de toute sanction.
La mobilisation lycéenne, peu entourée et soutenue, gagne chaque jour en maturité. Les lycéens disent de plus en plus clairement non à l'injustice sociale du système scolaire que la loi Fillon aggrave. Les lycéens des banlieues et des quartiers défavorisés sont de plus en plus présents dans l'action.
LA LOI FILLON DOIT ÊTRE ABROGÉE ! PARENTS, PROFS, PERSONNELS, TOUS ENSEMBLE CONTRE LA LOI FILLON !
La loi classe les élèves, dès l'élémentaire, en fonction de leurs soit disant « aptitudes ». Elle les rejette de l'enseignement général, dès le collège, en fonction de leur comportement et de leurs « capacités », encadre autoritairement les élèves en difficulté pour leur faire accepter leur sort sans protester (classes relais multipliées par cinq et Projets Personnalisés de Réussite Éducative -sic !-), les trie socialement dans des classes de niveau en fonction de leurs « intérêts » et « talents » en proposant des options dites nobles à certains et dans certains établissements, et en regroupant les autres, dans des classes de niveau ou dans d'autres établissements, où l'option « découverte professionnelle » prendra sa vraie dimension d'exclusion vers l'apprentissage et la vie active !
La loi réduit l'enseignement à une formation aux métiers et fait dépendre les programmes scolaires des politiques industrielles des bassins d'emploi. Elle lie le sort de l'école, des élèves et des personnels à la gestion des collectivités locales, à l'intervention de la police et de la justice, et aux intérêts du Medef.
La loi Fillon et les mesures qui l'accompagnent, c'est aussi : la suppression massive d'options en fonction des besoins des bassins d'emploi, la suppression des enseignements artistiques et musicaux, la suppression de la deuxième langue vivante obligatoire, la suppression des dédoublements et du travail en groupe, des suppressions massives d'heures de cours, des suppressions de postes, des réductions de personnels, la multiplication des personnels à statuts précaires, la décentralisation des personnels ouvriers et administratifs, moins de présence d'adultes investis dans la vie de l'école, la disparition des surveillants au profit d'assistants d'éducation précaires sous payés et sur employés, l'alourdissement des tâches et l'allongement annualisé du temps de service des personnels, y compris des profs,…et ce n'est que le début d'une longue liste d'attaques contre les élèves, les familles et les personnels. LES LYCÉENS ONT RAISON ! LA LOI FILLON C'EST L'ÉCOLE DU MEDEF : NOUS N'EN VOULONS PAS !
SUD Education Paris (15/04/05)
à 23:03