Lu sur le journal des alternatives : "TORONTO 26 Juin 2010 - L’intersection de King et Bay est la capitale financière du Canada. Dans le quadrilatère formés par ces rues infâmes, au milieu des gratte-ciel emblématiques, sont situés les sièges sociaux des banques, corporations, entreprises de relations publiques et cabinets d’avocats qui aident à diriger le capitalisme mondial. King et Bay, à Toronto, est le cœur du capitalisme colonial canadien, qui projette sa misère partout dans le monde, grâce à l’exploitation minière, la foresterie et d’autres entreprises d’extraction des ressources.
Alors que les dirigeant-e-s du G20 avaient prévu se rencontrer derrière une cage d’acier et une opération de sécurité sans précédent de 1 milliard de dollars, un fort contingent de milliers de manifestant-e-s s’est rassemblé pour défier le Fortress Toronto de Stephen Harper.
Un contingent de plus de 1000 personnes, représentant divers mouvements de luttes communautaires à Toronto, en Ontario et partout au Canada a convergé dans un cortège intitulé « Get Off the Fence ».
Des militant-e-s et des organisateurs et organisatrices communautaires représentaient des syndicats de base, des groupes de justice pour les migrant-e-s, de solidarité autochtones, contre la brutalité policière, de justice écologique, de justice pour les queers et les trans, de lutte contre la pauvreté, anti-guerre, anti-occupation, anticapitalistes, féministes, anarchistes , et bien d’autres luttes et campagnes. Nous sommes unis, apprenant et s’inspirant les un-e-s des autres. Nous sommes enraciné-e-s dans nos communautés.
Le contingent radical d’aujourd’hui s’est séparé de la marche syndicale « People First » (qui prévoyait marcher en boucle de Queen’s Park à Queen’s Park, une zone de manifestation permise et désignée par la police). Mené par la fanfare montréalaise Chaotic Insurrection Ensemble, le contingent a pris la rue, et occupé un grand espace au sein de la marche syndicale. Le long de la rue Queen, les manifestant-e-s ont tenté plusieurs fois de percer les lignes de police, seulement pour se retrouver face à face avec l’anti-émeute qui frappait et ensanglantait les manifestant-e-s à coups de matraques et de boucliers.
Sans se décourager, les manifestant-e-s ont attendu que la marchePeople’s First continue jusqu’à l’avenue Spadina, où le contingent radical a fait demi-tour et s’est dirigé vers l’est, le long de la rue Queen, pendant que des manifestant-e-s se livraient à des destructions de propriété de corporations, incluant des magasins Starbucks et Nike le long de la rue Queen. Parfois à la course, à d’autres moments arrêtée pour favoriser le regroupement, la manifestation a été en mesure de marcher vers le sud sur la rue Bay, jusqu’à la capitale financière du Canada au coin Bay et King.
Aux cris de « pas de G20 sur des terres autochtones volées », et « pas de frontières, pas de nations, arrêtons les déportations », il y avait des ovations au milieu du bruit de vitre brisée, alors que la destruction ciblée des biens de criminels corporatifs bien connus continuait sur Bay Street. La manifestation s’est poursuivie vers l’est sur King jusqu’à Yonge, puis de la rue Yonge à Dundas Square.
Commentant la destruction de propriété, un journaliste du Toronto Star a écrit : « Pour la plupart, leurs cibles sont spécifiques et symboliques : tandis que la foule prenait d’assaut la rue Queen, ils ont attaqué des voitures de police, des banques et d’autres grandes corporations. Pourtant, ils ont laissé intact un magasin de disques, une taverne locale et une boutique de matériel indépendants. »
La plupart des cibles sont des symboles des nombreux retards éthiques d’une société dans laquelle la richesse est systématiquement arrachée aux personnes pauvres et racialisées qui la produisent, et reste concentrée dans les mains de quelques grandes corporations, des banques et des élites globales. Plusieurs voitures de police ont également été détruites par des manifestant-e-s, beaucoup d’entre eux et elles ressentant de la colère après une semaine de perquisitions illégales, d’arrestations et de violence arbitraire qui ont fait mal à plusieurs personnes, même durant les manifestations pacifiques de vendredi.
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Plus tôt dans la journée, des organisateurs et organisatrices communautaires clés et des militant-e-s des groupes anarchistes et anticapitalistes ont été ciblés pour des arrestations matinale (y compris au moins deux membres de Personne n’est illégal basés à Toronto et à Montréal, ainsi que des organisateurs et organisatrices duToronto Community Mobilization Network). Malgré les arrestations préventives et la pluie, les organisateurs et organisatrices et les militant-e-s se sont regroupés et ont improvisé ensemble pour prendre les rues de Toronto.
La répression de « l’État policier à un milliard » de Toronto a montré que les libertés civiles peuvent être suspendues à volonté. Elles ont été officiellement suspendues dans les 5 mètres entourant la cage d’acier du G20, mais, officieusement, partout ailleurs. L’État policier du G20 de Stephen Harper a vu des arrestations arbitraires, des passages à tabac, des perquisitions et saisies (y compris un parapluie confisqué hier, aujourd’hui surnommé « le parapluie à un milliard de dollars »).
Les cages d’acier de Fortress Toronto sont un microcosme de l’apartheid mondial, où l’élite se rassemble derrière des lignes de police, tandis que le reste d’entre nous doit survivre dans un État policier. Toronto a connu un avant-goût de ce que la majorité du reste du monde vit sur une base quotidienne.
Nous vivons dans un monde qui est défini par et maintenu par la violence, une violence que les leaders intéressés du G8/G20 perpétuent et nient en même temps. Cette violence est vécue quotidiennement par ceux et celles du sud. Elle est vécue par les autochtone au « Canada » et dans le monde entier, qui font face à la destruction continue de leurs cultures et de leur environnement par des sociétés minières, des méga-barrages, et d’autres forces de la colonisation continue. Elle est vécue par les personnes racialisées qui sont harcelées par la police. Face à cette violence sociale extrême qui est une réalité quotidienne, on ne peut verser de larmes pour les voitures et les fenêtres brisées par ceux et celles qui en ont assez des forces profitant de leur exploitation.
La clôture n’est pas tombée aujourd’hui, mais les intérêts que le G20 protège sur Bay Street ont été attaqués. Nous nous organisons tous les jours dans nos communautés. Mais ces luttes communautaires se sont également rencontrées aujourd’hui, pour quelques heures, pour défier avec courage la Fortress Toronto d’un milliards de dollars de Stephen Harper et l’ordre du jour du G20.