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Concrètement, le juge choisit parmi un panel de règles et
d’obligations : pointages réguliers dans un commissariat (de une fois
par mois à une fois par jour), suivi social (obligation de travailler
ou de rechercher un emploi), interdiction de se rendre dans certaines
parties du territoire, interdiction de voir certaines personnes,
restrictions d’horaires, interdiction de quitter son domicile,
obligation de soin, interdiction de se déplacer hors du cadre autorisé
sans l’avis du juge d’instruction…
Toutes ses règles personnalisées multiplient les raisons d’être
incarcéré (ou réincarcéré) car ne pas les respecter peut être puni de
plusieurs mois de prison. Elles sont des contraintes qui agissent sur
le quotidien : une partie assure « l’insertion sociale », l’autre la
surveillance pure et simple.
Les dispositifs voués à la mise au travail et au contrôle se développentsur toute la population.
La fonction sociale de la prison est de gérer la misère et d’être
un repoussoir pour tous afin d’accepter l’exploitation. Sous couvert
d’objectifs d’insertion, le suivi social ressemble bien souvent à une
mise au travail forcée. Ainsi, les dispositifs du contrôle judiciaire
sont similaires à ceux du contrôle des chômeurs, où le moindre faux pas
peut être suivi d’une suppression d’Assedic ou autres allocations. Ce
sont autant de rendez-vous qui rappellent à l’ordre et contraignent à
accepter n’importe quel boulot. Bien déçu celui qui pense y trouver une
activité épanouissante, il n’y trouvera que travail de merde et
discipline.
Le contrôle judiciaire est toujours un contrôle des déplacements et des
fréquentations, dans une dépendance permanente aux instances
judiciaires.
Les projets personnels sont, dès lors, placés sous leur surveillance et
soumis à leur accord. Ainsi, dans beaucoup d’affaires, des proches sont
considérés comme des complices et il est interdit de les rencontrer, ce
qui a pour conséquence d’isoler et de briser les liens. Parfois même,
le contrôle judiciaire interdit de se rendre dans le territoire de son
lieu d’habitation.
Cette surveillance est facilitée et renforcée par un maillage
policier resserré sur tout le territoire. L’ensemble de la population
est régulièrement contrôlé : la vidéosurveillance se développe encore,
jusque dans les rames de métro et les halls d’immeuble, les téléphones
portables permettent de suivre à la trace et de connaître le carnet
d’adresse ; dans les transports en commun la puce du « pass navigo »
permet d’obtenir des informations sur l’identité, les droits sociaux,
les stations empruntées ; sur les routes la sécurité routière est un
bon prétexte aux contrôles ; dans les rues les contrôles au faciès vont
bon train. Les contrôles de douane ne se font plus seulement aux
frontières mais sur tout le territoire. Les frontières se matérialisent
à chaque contrôle de papier au travers duquel certains passent et
d’autre non.
En prison, les interdictions et
l’absence de liberté sont palpables à chaque instant à travers les murs
et les barreaux. Avec le contrôle judiciaire, chacun est sommé
d’intérioriser les interdits et les obligations. A l’instar de bien
d’autres aspects de notre société au premier rang desquels le salariat,
le contrôle judiciaire participe de cette intériorisation de la
résignation, de cette auto-discipline qui doit faire accepter à chacun
de rester à sa place et de ne pas faire de vagues.
Ceci a pour objectif de neutraliser toute volonté d’émancipation
et de révolte face au fonctionnement de cette société. Les assignations
à résidence et les interdictions de rencontrer des proches favorisent
l’isolement, le repli sur soi et la limitation des déplacements au
trajet
domicile/travail, ce qui représente pour le pouvoir le mode de vie
idéal pour contrôler et gérer la population.
Comme face à toute mesure visant à soumettre et à contrôler chacun, que ce soit dans les transports, au travail ou à la CAF, il existe de multiples formes de résistances et de contournements des mesures du contrôle judiciaire. Toutes sortes d’arrangements, de magouilles et d’esquives permettent de ne pas se soumettre en permanence, de continuer à vivre et donnent pleins de raisons de ne pas se résigner. Dans chaque procédé de contrôle, il y a toujours des failles et ce n’est pas l’accumulation de ces mesures coercitives qui entameront la détermination à lutter pour une société libérée de l’exploitation et de l’enfermement.
Brochure (8 p A5) à lire dans son intégralité et à télécharger sur infokiosques.net...
À FAIRE TOURNER LARGEMENT ÉVIDEMMENT...
Les personnes mises en examen
évoquées dans cette brochure font toutes l’objet d’une même affaire
juridique qui a débuté en janvier 2008 notamment pour transport de
fumigènes et de clous tordus, et tentative d’incendie d’une dépanneuse
de police lors des élections présidentielles.
Une brochure relate plus précisément ces affaires et esquisse quelques analyses : “ Mauvaises intentions n° 1 et 2 ”.
Vous pouvez la recevoir gratuitement par courrier en envoyant un mail à solidaritesinculpes (((AT))) riseup.net
ou la consulter directement sur internet à l’adresse :
http://infokiosques.net/mauvaises_intentions. Cette adresse permet aussi de se tenir au courant des dernières nouvelles.