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Commençons par nous demander ce qu’est la désobéissance.
Désobéir, v. intransitif : Ne pas obéir, refuser d'obéir à quelqu'un, soit en faisant ce qui est défendu, soit en ne faisant pas ce qui est commandé.
Il va de soit que la désobéissance n’est que l’action de désobéir.
Il y a plusieurs degrés de désobéissance. Il est possible de désobéir à l’autorité matérielle (pouvoir parental, pouvoir de l’instituteur, pouvoir de l’entrepreneur, pouvoir du policier, etc.) et à l’autorité immatérielle (pouvoir de la loi, pouvoir de l’économie, etc.). Objectons qu’il puisse y avoir des autorités d’objectivité matérielle (pouvoir d’une grille d’une prison, pouvoir d’une porte fermée à clef, etc.)
Ainsi, désobéir, c’est l’action de ne pas tolérer qu’un acteur ait du pouvoir sur nous. Le pouvoir se divise en deux formes : l’influence et l’injonction. N’étant pas là pour définir le pouvoir, je ne développerais pas plus.
« Ce qui est mystérieux dans le pouvoir de A sur B, c’est surtout que B accepte le pouvoir de A. […] Il peut paraître surprenant qu’une relation aussi inégalitaire que la relation de pouvoir soit si répandue et acceptée, alors qu’elle est toujours contraignante. »
J.-M. Morin, Précis de sociologie ; 1996.
A, dans de nombreux contexte, a la possibilité de nous influencer, de nous ordonner d’accomplir une action. Comment B peut-il l’accepter ?
Comment B, par exemple, a put conduire ne serait-ce qu’un seul wagon d’un des trains qui conduisait les déportés durant la seconde guerre mondiale à Auschwitz. A l’avait informé de ce qu’il faisait. B était donc en connaissance de cause. Comment a-t-il pu accepter l’influence de A ? Pourquoi B ne s’est pas révolté, n’a pas désobéit ?
Milgram, dans son expérience de 1974, a prouvé que sur 40 personnes testées, tout niveau social confondu, des sujets sont allés jusqu'à la mort de la victime.
Le reste a abandonné l'expérience vers 300 volts, quand l'élève simulait le coma.
[Pour ceux qui ne connaisse pas cette expérience, ou qui l’on oublié : bref rappel. Un professeur (faux) demande à un sujet (vrai) de poser des questions à une victime (fausse) et de lui administrer un choc électrique en crescendo (de 25 à 350 volts) à chaque mauvaise réponse. La victime est chargée de simuler les douleurs. Dès lors que le sujet proteste, veut abandonner l’expérience, le professeur lui demande de continuer, par exemple au nom de la "Science", d’envoyer les décharges à la victime. Les sujets ne sauront que plus tard qu’ils participaient à une toute autre expérience, destinée à comprendre l’obéissance. Et lorsqu’on leur demande « Pourquoi avez-vous fait cela ? » On obtient de belles drôleries… « Parce qu’on me l’a dit », « Parce que ce n’était pas moi le responsable » – en effet, le (faux) scientifique affirme préalablement au sujet qu’il prend pour lui l’entière responsabilité des conséquences de l’expérience –, etc. Tous, quasiment, nient avoir quoi que ce soit à se reprocher. Cette expérience fut répétée avec plus d’un millier de sujets, de différentes variantes et les résultats n’en furent pas améliorés.]
des sujets se sont soumis à la définition même de l’injustice : administrer des décharges électriques en crescendo à une victime qui ne leur avait absolument rien fait. La soumission à l’incohérence est totale.
Certaines affirment que le nazisme, ou une autre idéologie aussi inhumaine, ne pourrait pas recommencer. Mais lorsque je vois autant de gens, toutes professions confondues, obéir à l’ordre le plus stupide qu’il soit, je me pose la question.
Alors immédiatement, tous, vous vous dites que dans de telles situation, jamais vous n’auriez ainsi obéit. Permettez moi de rire ! Comment, petits prétentieux, osez vous affirmer que vous ne vous seriez pas soumis à l’ordre ?
Vous répondez présent pour participer à une expérience afin de faire avancer la Sience et un professeur vous demande de poser des question et de sanctionner les mauvaise réponse d’un homme dont vous ignoriez jusqu’à présent l’existence. La victime commence par émettre un petit « aïe » (de 25 à 100 volts), qui ira jusqu’à la demande claire d’arrêter l’expérience (de 175 à 250 volts) puis le refus de coopérer durant laquelle vous vous demandez si oui ou non, cet homme qui ingurgite des chocs électrique est mort (de 275 à 350 volts).
Il faut savoir que seulement 1%, sur l’ensemble des variantes proposées par Milgram, a refusé, dès la compréhension de l’expérience, d’y participer.
Premièrement : on vous ordonne, malgré que vous souhaitiez stopper la torture, de continuer. J’ai eut la chance de pouvoir visionner des extraits de l’expérience authentique et sachez que le scientifique ne vous laisse pas vous arrêtez sur un simple claquement de doigt… !
Deuxièmement : votre fierté intérieure va être sacrément outragée si vous osez stopper ce que vous avez commencé. (« je ne suis même pas capable d’aller jusqu'au bout de ce que j’ai entrepris : je suis complètement minable »).
Troisièmement : comment justifier votre souhait de vous arrêter avant l’envoi de 300 volts (par exemple), alors que vous aviez auparavant administré à la victime 275, 250, 225, 200,… volts.
Maintenant, qu’auriez vous fait ? Est-il possible de savoir comment réagir face à la directive que nous prévoyons de recevoir dans un futur proche ou éloigné ?
Comme promis au départ, je vous laisse dans vos interprétations personnelles sans vous proposer la mienne.
Tous, nous sommes subjectif, nous sommes des « sujets » subjectif) qui pensent. Il est impossible de vivre objectivement, tel un objet (objectif), qui n’a pas la faculté de penser.
Tous, nous pouvons donc dégager du pouvoir sur autrui. Mais pourquoi cet autrui l’accepte ?
Pourquoi B accepte t-il le pouvoir de A ? Sachant que B, acceptant l’injonction ou l’influence de A, sera en situation de dominance.
N’accepte pas la dominance :
Or, les êtres que nous sommes n’apprécient pas forcément d’être dominé. La preuve : une thèse fournit par X est contrecarré par Y : X va tout faire pour re-contrecarrer Y, Y re-contrecarrera X, et ainsi de suite, afin que X ou Y puisse dominer l’autre, puisse avoir le dernier mot.
Accepte la dominance :
Mais force est de constater qu’un entrepreneur P, demandant à O de lui apporter un café va être obéit. O est dominé et P profite de sa soumission. Pourquoi O ne désobéit-il pas ?
Remarquons donc la présence d’un lourd paradoxe suivant les situation.
Peut-on donc penser que B, acceptant l’autorité de A, n’a pas de fierté, n’a pas d’esprit assez fort pour contrecarrer son autorité, pour résister à sa domination ?
Avant de vous laisser dans d’importantes réflexions, j’aimerais préciser que l’obéissance participe dans certain contexte au développement de la notion du respect.
En effet, obéir à son père, lorsqu’il nous demande de lui donner la carafe d’eau, c’est lui témoigner un certain respect, une certaine attention. Sans entrer dans des notions de bien ou de mal, nous pouvons affirmer que ce genre d’actions sont positives pour le développement des rapports humains.
Après lecture de ce bref passage, tous, nous partons soudainement sur le principe qui est le suivant : obéir, c’est respecter l’autre, c’est établir une notion positive pour l’humanité.
Exact. Mais obéir, c’est respecter l’autre sans se respecter soi-même. Alors, [b]vivons-nous pour sois ou pour les autres ?
Peut-on donc vivre pour les autres et pour soi-même ? Accepter ainsi des notions de dominances, à certains moments[/i], puis des notions de liberté, dans d’autres ?
Bien sûr. Mais dans ce cas, comment savoir sur quel sujet accepter la désobéissance et sur quel autre accepter la soumission ? L’esprit humain est-il capable de juger si profondément sur quels sujets doit-il s’insurger et sur quels autres doit-il se révolter ?
Enfin, je vous propose une synthèse sous la forme d’un exemple simple et pertinent.
Pour rentrer chez moi, j’utilise les bus de ville. Cependant, l’arrêt le plus proche de mon habitat est relativement éloigné de celui préconisé par la Compagnie des Transports de Perpignan (C.T.P). De plus, il s’agit du terminus et le bus passe environ 30 minutes dans la ville, afin de desservir d’autres arrêts, avant d’y parvenir.
Un rond point, qu’emprunte le bus, est placé tout prêt de mon habitat. Après ce rond point, il commence son trajet de demi-heure, faisant le tour de la ville et desservant, en dernier, mon arrêt. Je dois admettre que j’essaye de faire preuve, dans le cas général, d’une importante capacité à patienter. Mais… Il est vrai que parfois, je me dois de rentrer un petit plus tôt chez moi. C’est donc pour cela que dans certains cas extrêmes, n’ayant aucuns principes moraux qui pourraient me l’empêcher (mais seulement des principes logiques), je m’autorise à demander au chauffeur de me déposer à ce rond point, lorsqu’il cède le passage aux autres véhicules, afin que je puisse gagner une trentaine de minutes.
Je n’ai pas de pourcentages précis mais j’ose proposer que moins de 10% des chauffeurs ont accepté ma demande (sur une base d’une quinzaine de chauffeurs différents).
10% de désobéissance… pour une action sans conséquences ni risques. Prenons l’exemple de mon trajet d’aujourd’hui. J’ai fait l’expérience tout à l’heure (rien que pour vous : cette fois, je n’étais absolument pas pressé). « Bonjour monsieur, pouvez vous me déposer ici, juste avant de vous engagez sur le rond point qui vient ? Ah, non. » Et après une minuscule seconde d’hésitation : « Désolé mais je n’en ai pas le droit. » [/i].
Ce n’est pas grave mais est-ce logique ?
L’obéissance est-elle logique ?
Agir par principe, est-ce logique ?
Voilà les questions auxquelles chacun de nous est à présent capable de répondre.
Et je terminerais par cette réponse de Milgram (établit pour répondre aux résultats de son expérience, traduisant la banalisation du mal) et par sa célèbre citation :
« Il y est amené [à obéir] parce que sa conscience, qui contrôle d’ordinaire ses pulsions agressives, est systématiquement mise en veilleuse quand il entre dans une structure hiérarchique. »
"Serions-nous tous des fonctionnaires de l'horreur en puissance ?"
A présent, posez vous la question suivante :
Peut-on désobéir pour le seul plaisir de vivre libre ?
Commentaires :
detred |
pourquoi obéir ou désobéir à n'importe quel être soi-disant supérieur à vous? dans les 2 cas ce serait reconnaitre cette hierarchie pour vraiment être libre, il vaut mieux s'EN FOUTRE, pensez par soi-même, agir par soi-même, c'est l'essence même de l'anarchie nan? ps : notez bien que je sais très bien que ma réaction est purement théorique, actuellement on aura beau SE FOUTRE MAIS ALORS MONDIALEMENT de nos prétendus supérieurs hiérarchiques quelqu'ils soient; on ne sera pas libre pour autant, disons qu'on sera juste sur la bonne tangente. ps2 : il est donc préférable de combattre ponctuellement ce système, et j'ai toujours prétendu que le mieux pour moi, c'est d'agir en restant au plus profond de ce système, être un virus, pas forcément constamment en action, car c'est en étant un militant actif au quotidien que l'on devient inefficace (marginalisé, repéré, listé, DST!!!) ps3 : mais vous me diriez alors "combattre ce système, c'est un ptit peu lui désobéir"! certes! mais vous pouvez aussi en profiter allègrement, une sorte d'obéissance sélective m'voyez :) au jour d'aujourd'hui, l'argent, c'est le pouvoir! prenez l'argent! prenez le pouvoir! vous prendrez votre liberté, car elle ne se donne pas! voilà voilà, jsais plus où j'en suis, bisous ps4 : il est temps de constater en cette année 2005 que l'équation : rêve + évolution = révolution est obsolète les lendemains qui chantent, c'est fini! le bonheur en communauté ne peut plus exister à travers des théories gauchistes elles aussi obsolètes, le bonheur ne peut être qu'individuel au travers d'une vie confortable aux côtés des gens qu'on aime et qu'on n'a pas choisi par opinion politique (NB : hormis l'extreme droite, faut pas déconner non plus) ps5 : ça a de moins en moins à voir avec le sujet initial, mais je vais conclure par ce que je répète et clame ici depuis deux ans : Y EN A RAS LE CUL DE VOS EXPERIENCES INTELLECTO-GAUCHO-HIPPIES, Y A TOUJOURS DES TYPES QUI CREVENT SOUS LES PONTS OU QUI SE FONT TORTURER AU QUATRE COINS DE LA PLANETE! ALORS AGISSONS! ras le bols, des primitivistes, des végétariens militants, des écolos et des communautés hippies, tous des égoistes! ps6 : LA COMMUNE N ETAIT PAS UNE EXPERIENCE SCIENTIFIQUE ISSUE D UNE EPROUVETTE ! ps7 : VIVE L ANARCHIE! Répondre à ce commentaire
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à 21:58