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Hacktivist news service : « Nous sommes en 2004 après Jésus-Christ. Toute la France est occupée par les néolibéraux… Toutes ? Non ! Un village peuplé d'irréductibles Chômeurs résiste encore et toujours à l'envahisseur ». C'est par cette petite pirouette humoristique que nous introduisons le compte rendu de l'Assemblée générale qui a réuni jeudi 4 novembre, les adhérents et sympathisants des 4 principales organisations de chômeurs : AC !, APÉIS, CGT Chômeurs, MNCP (à la Bourse du Travail de Paris).
Car, comme dans Astérix, ces irréductibles Chômeurs sont aussi de redoutables débatteurs et, parfois même, de farouches « bagarreurs » (usant exclusivement de mots, contrairement aux personnages d'Uderzo).
Voilà bien le principal handicap qui entrave l'unité et les actions du mouvement ; une unité qui s'est quand même manifestée à plusieurs reprises, notamment pendant la bataille des Recalculés.
Comme l'a rappelé fort justement Muriel de l'APÉIS : « chaque organisation a sa façon de travailler. Nos divergences sont bien connues. Mais cela ne nous empêche pas de converger sur l'essentiel : la défense des droits acquis et la lutte pour en gagner de nouveaux ». Une mise au point partagée par l'assemblée, mais qui ne peut gommer les nombreuses dissensions… qui ne tardent pas à s'exprimer.
Les copains d'AC ! reprochent aux camarades de la CGT leur manque d'implication sur le terrain des actions (en faveur de la gratuité des transports ou des « Recalculés » de l'ASS…). Ceux de l'APÉIS, très mobilisés en cette période post-hivernale contre les coupures EDF, regrettent de mener leurs actions en solo. Ceux du MNCP, qui se débattent en province sur tous les problèmes touchant à l'exclusion, se sentent eux-mêmes un peu « abandonnés ».
À l'occasion de cette AG, les plus remontés ont dénoncé une « unité de façade qui n'est pas réelle sur le terrain ».
Mais comment peut-il en être autrement ? Les organisations de chômeurs se battent sur tous les fronts - sans potion magique - sans moyens financiers, avec la seule énergie de leurs militants (qui sont eux-mêmes, pour la plupart, dans des situations précaires).
Et la liste des luttes à mener est vraiment impressionnante :
* La gratuité des transports pour les chômeurs et précaires, chère aux copains d'AC !
* L'abrogation de la Loi de Sécurité Quotidienne (LSQ) qui condamne des chômeurs et précaires à des peines de prison ferme pour le délit de fraude habituelle dans les transports (François Thonier vient d'écoper de 2 mois de prison ferme. Un vrai scandale !).
* La « bataille » des Recalculés qui se poursuit puisque l'Unedic et l'Assédic se pourvoient en cassation suite au jugement de la Cour d'appel d'Aix-en-Provence favorable aux Recalculés. Un sujet sur lequel s'investit Charles Hoareau de la CGT Chômeurs de Marseille.
* Le « recalcul » de l'ASS qui - malgré les promesses de Jacques Chirac, faites il est vrai un 1er avril ! - plonge des milliers de personnes dans l'angoisse de lendemains difficiles (lire nos dépêches sur ce sujet dans les archives de l'Actu, rubrique « Luttes, mobilisations et solidarités »).
* Tous les problèmes pratiques et financiers qui se posent individuellement et collectivement aux démunis, que doivent gérer les associations de chômeurs : contrôles renforcés, radiations, tracasseries administratives, coupures d'électricité, expulsions locatives…
* Le Plan de Cohésion Sociale de Jean-Louis Borloo que dénoncent de concert les 4 organisations : « un écran de fumée, un camouflage publicitaire » pour François Desanti de la CGT Chômeurs - « une arme de destruction massive des droits sociaux » pour une militante de l'APÉIS !
* Sans parler des craintes que fait naître la mise en concurrence sur le marché du travail de chômeurs avec les salariés. Thierry d'AC ! estime que : « les patrons pourront exercer une pression terrible sur leurs salariés, notamment sur les smicards, en les menaçant d'employer un chômeur à bas prix qui sera lui-même contraint d'accepter le poste par les dispositions coercitives du Plan Borloo ».
* La non représentation des principaux intéressés - les chômeurs - et de leurs organisations dans les instances qui gèrent l'assurance-chômage, notamment à l'Unedic. Le MNCP est très actif sur ce terrain.
* L'élaboration d'une plate-forme de revendications communes aux 4 associations autour du slogan : « un travail c'est un droit, un revenu c'est un dû », avec comme indemnisation minimum de référence : 1.100 euros pour toutes les formes de chômage…
Et cette liste de mobilisations, d'actions et de revendications n'est pas exhaustive.
…/…
Nous avons introduit ce compte-rendu sur un ton léger par souci de dédramatisation (et aussi, disons-le, parce qu'il illustre une certaine réalité). Mais il convient à présent de lui imprimer une touche plus solennelle.
Actuchomage salue l'engagement de ces quelques irréductibles chômeurs qui se battent pour les millions d'autres qui, par apathie, par égoïsme, par fatalisme ou par défaitisme, ne se mobilisent pas sur ces sujets cruciaux pour leur avenir et celui de leurs enfants.
AC !, l'APÉIS, la CGT Chômeurs et le MNCP donnent rendez-vous à toutes celles et tous ceux qui veulent agir et réagir, le 4 décembre 2004 à Paris, pour une manifestation nationale… et unitaire (horaire et lieu du rassemblement restant à définir).
Source/auteur : ac-forum
à 16:24