Lu sur
Hacktivist news service : "RMIste, militant associatif multiple, François Thonier s'est installé en Ariège où conformément au contenu de son contrat d'insertion, il développe un projet portant sur la création d'un éco-village. François entretient des liens familiaux, sociaux et humains. C'est ainsi que régulièrement, pratiquement une fois par mois, il entreprend un voyage sur quelques jours qui lui permet de rencontrer ses amis à Bordeaux, ses enfants et ses petits-enfants à Nantes, sa vieille maman et son frère à Tours, ensuite il retourne à ses activités en Ariège.
Quoi de plus banal, en somme, me direz-vous ! Pas de crimes, pas de délits, quel intérêt ?
Eh ! bien, détrompez-vous. Selon le législateur François menace votre sécurité quotidienne. Ne vous fiez pas à son sourire, à son air affable, ni même à ses cheveux blancs, c'est un délinquant !
Eh ! oui ! François, écologiste plus vrai que nature, utilise les transports en commun. Il prend le train. Et il prend le train sans billet ! Une fois, c'est une infraction. Onze fois, c'est un délit sévèrement sanctionné par la LSQ (Loi sur la Sécurité Quotidienne) élaborée par le gouvernement Jospin et votée à l'automne 2001 par le PS (Parti Socialiste). Et c'est au nom de cette loi inique que, depuis le début de l'été 2002, l'on condamne à de lourdes amendes et que l'on emprisonne les chômeurs, les précaires, les immigré-e-s, les pauvres, tou-te-s ceux et celles qui ne peuvent pas payer, qui ont déjà bien du mal à survivre avec les revenus de misère que sont le RMI, l'ASS et le plus souvent les indemnités de chômage.
Des peines de prison allant jusqu'à 6 mois ferme ont été prononcées. Il n'y a pas longtemps encore, un handicapé, SDF depuis l'âge de 15 ans, a pris le métro de Lyon une fois de trop. Alors qu'il se rendait dans un lieu d'hébergement, il a été contrôlé par les agents de la TCL (Transports en Commun Lyonnais), interpellé par la police, condamné par le Tribunal correctionnel à 2 mois de prison ferme et écroué immédiatement. De source syndicale (Sud Rail), on estime que 15 ou 20 procès de ce genre ont lieu tous les mois à Paris.
François Thonier, lui, est tombé sous le coup de 2 procédures presque simultanées.
Première procédure
Interpellé une première fois en février 2002 à Bordeaux, il a été jugé et condamné par le tribunal correctionnel de cette ville à 800 euros d'amende et à payer 769,40 euros de dommage à la SNCF. Compte tenu des "déjà embastillés" pour les mêmes faits, cette condamnation aurait pu lui paraître clémente et l'inciter à rentrer dans le rang des bons pauvres, ceux qui savent rester humbles et soumis. Mais François a une âme de militant, il a aussitôt fait appel de ce jugement en solidarité avec tous ceux qui ne peuvent pas payer. Ce premier procès en appel a eu lieu le 30 octobre 2003 en l'absence de François et de son avocat qui n'avaient pas été prévenus et il a été condamné à 2 mois de prison ferme. Lorsqu'il a eu connaissance de cette condamnation, François a pris Š le train pour Bordeaux pour faire opposition à ce jugement. Le 4 novembre 2004, François a de nouveau été condamné à deux mois de prison ferme et aussi à payer 1570 euros (amendes, dommages et intérêts).
Deuxième procédure
François a aussi été interpellé par la police dans le train, à La Rochelle, le 2 février 2004. Suite à quoi, il a été jugé en première instance le 13 septembre 2004 par le Tribunal correctionnel de La Rochelle. Là, le procureur n'a pas requis de peine de prison mais une amende, plus des dommages à verser à la SNCF (Il n'a pas été prévu par le législateur que celle-ci transporte les pauvres gratis). Le juge est allé plus loin que les requêtes du procureur puisqu'il a condamné François à 15 jours de prison avec sursis assortis de 2 ans de mise à l'épreuve, à verser les dommages réclamés par la SCNF et à 150 euros de frais de justice. François a fait appel de cette décision, il sera rejugé à Poitiers le 3 février prochain à 14h00.
Ce n'est pas fini. Le 16 septembre 2004, François est à nouveau interpellé par la police en gare de Nantes puis emmené au commissariat central pour y être auditionné. Une fois de plus, François avait indûment occupé un des nombreux sièges vides que transporte quotidiennement la SNCF sur tout le Réseau Ferré de France (RFF).
Affaire à suivre...
François n'est pas seul !
Les voyageurs sans billet sont des milliers, chômeurs, précaires, RMIstes qui exercent leur droit à la mobilité.
La mobilité correspond à un besoin fondamental et c'est le rôle du service public d'assurer les besoins fondamentaux de tous. A quoi servirait-il de défendre un service public qui condamnerait les pauvres à regarder passer les trains ou à la prison ?
La mobilité, c'est un facteur de mixité et de cohésion sociale. La loi LSQ criminalise les pauvres et fabrique jour après jour l'apartheid social.
François n'est pas seul !
Un comité de soutien a été constitué dès 2002. Organisations et individu-e-s se sont déjà mobilisé-e-s à maintes reprises, en allant soutenir François lors de ses procès LSQ ainsi que Marlène, jeune femme de 22 ans, poursuivie, elle aussi, pour délit de fraude d'habitude. Nous avons été présent-e-s quand il le fallait devant et dans les gares, devant le train de Bordeaux, devant le train de Lille et bien sûr dans les tribunaux (Bordeaux, La Rochelle, Nantes).
Nous sommes et nous resterons mobilisé-e-s jusqu'à ce que nous obtenions : la relaxe de François Thonier, l'arrêt de toutes plaintes contre les usagers socialement précaires, l'amnistie de toutes les amendes déjà prononcées, l'abrogation de cette loi indigne : la dite LSQ, et à la gratuité des transports.
P.N.
Pour joindre François Thonier :
thonier.francois@voila.fr
Pour joindre le comité de soutien :
soutien.ft@free.fr
06.77.21.31.22
(Pour demander et signer l'appel, adressez-vous à :
- à AC ! Nantes (comité de soutien à François Thonier) 21 allée Baco, 44000 Nantes
- ou à soutien.ft@free.fr
- ou signez l'appel en ligne sur le site d'AC ! à http://www.ac.eu.org
(Les procès coûtent cher. Envoyez vos chèques à Comité de soutien à François Thonier, AC ! Nantes, 21 allée Baco, 44000 Nantes ;
Chèques à libeller à l'ordre d'AC ! Nantes, mention au dos : " Comité de soutien ".)
Source/auteur : ac-info