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FAUX AMIS : QU’EST-CE QU’ONFRAY SANS LUI ?
Lu sur CQFD : "On avait subi l’asperge raffarineuse de Luc Ferry ; André Glucksmann, le penseur de « la France du cœur » et sarkozyste sur le tard ; Pascal Bruckner, cul serré et croisé de la guerre en Irak ; Max Gallo bandant devant le nouveau président comme devant Napoléon ; ou BHL, « royaliste » pro-américain et penseur couché. Besogneux progressistes ou apprentis grands timoniers d’autrefois, les voilà tous rendus - résultat de l’avancement de leur carrière oblige - à chanter des gammes qui vont de la réaction façon XIXe à la simple activité cosmétique. Encore un effort, et leurs œuvrettes seront publiées dans Les Veillées des Chaumières. Au tour maintenant de Michel Onfray, le philosophe épris de subversion. Anarchiste, il vit « loin des bombes », ne supporte plus le « clergé anarchiste », affirme ses préférences pour « un capitalisme libertaire », sans se prononcer clairement sur le management anarchiste ou la hiérarchie horizontale. Le philosophe, qui vient de s’illustrer dans le très libertairement capitaliste journal Libération, a dorénavant habitué son lectorat à des revirements qui permettent un rentable élargissement de son audience (125 000 exemplaires du Traité d’athéologie vendus). Malin ! En janvier 2007, il s’engage, toutes passions dehors, derrière l’anti-OGM mondialisé José Bové, tout en s’enthousiasmant pour les possibilités qu’offrent clonages et manipulations génétiques. Mais, en avril, il oblique et porte ses suffrages sur le postier, pour finalement dire qu’« un vote de conviction est désormais impossible » et qu’« on peut voter blanc ou Ségolène Royal ». C’est sûrement ce qu’il appelle, dans Lire d’octobre 2007, « des preuves concrètes d’anarchisme ».

Mais, malgré ce super cool nomadisme sur des questions aussi essentielles que la participation à une kermesse électorale, le philosophe, erratique sur les plateaux de « la veulerie télévisuelle » - comme il dit - et dans les magazines, fait quand même preuve de fermeté. On savait BHL installé, vivant sous les ors d’un luxueux logement, en compagnie de sa poupée Barbie et entouré de domestiques. Onfray, lui, nous raconte sa très culturelle intimité, comme dans Le Figaro du 28 octobre 2006. Il y donne l’adresse des restaurants où il a ses habitudes, ceux pour lesquels il a « une fidélité gourmande », ou encore « ses dernières révélations ». On apprend, émerveillé, ses préférences en matière de parfums, son attachement à une marque, puis son addiction à une autre depuis qu’« il est tombé en arrêt devant la publicité ». On connaît les hôtels où il « trouve refuge » à Paris ou à Bordeaux. On apprend qu’il a longtemps écrit en écoutant de la musique et que maintenant il ne « travaille plus que dans le silence ». « Tous les étés, je porte la djellaba, bois de l’eau plate et mange des salades. Je perds cinq à dix kilos. » Et de préciser : « Je n’ai pas d’humeur, j’ignore la dépression, les exaltations. » Aveux qui constituent une véritable concurrence déloyale pour les biographes des éditions Michel Lafon. Voilà donc un grand penseur qui entre debout dans l’Histoire. Mais rien à propos de ses fringues... Aucune photo dans le vulgaire Voici. En un mot, un rebelle, un vrai. Un véritable produit de combat, un exemple loin du doute philosophique, fermement installé dans le spectacle de lui-même, dans les linéaires des surgelés prêts à consommer, au rayon Onfray.

Publié dans CQFD n°50, novembre 2007.
Ecrit par libertad, à 11:19 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires :

  baccata
06-01-08
à 13:47

un argument de plus qui montre qu'il faut toujours savoir se demander pourquoi les medias impérialistes s'acharnent à mettre ne avant des individus tel bové ou onfray et à en faire les personnages "charismatiques" auto-proclamés des revendications écologistes et sociales.. mais il est vrai que l'état et le capital aiment et savent désigner stratégiquement des représentants lorsque ceux ci n'existent pas..
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  Kamajor
06-01-08
à 14:44

Quand peopelistion rend con.

Une fois de plus cher camarades , on se rend compte à quel point le culte de la personalité rend con.
Si Onfray fait tant parler de lui , ce n'est pas pour défendre l'idée libertaire ... Ni même en tant que philosophe pour éclairer le bas peuple sur le sens de la vie. C'était si bien l'idée des universités populaires.
Non , non , non , Onfray fait parler de lui pour la même raison que tout les autres qui font parler d'eux.
Onfray se vend aux média de consomation pour flatter son égo. Quitte à se contredire , quitte à débiter des aneries ,... Pourvu qu'on parle de lui !
Et oui , je ne vois là que de la pure vanité, et c'est domage. Quelqu'un comme lui , un philosophe de sa qualité aurait put comprendre le risque qu'entraine inévitablement la surmédiatisation.
C'est un cercle vicieux , mais si au départ votre message est bon , pour le transmettre à un maximum de gens vous devez vous faire connaître , et une fois que vous êtes connu , vos idées , si bonnes au départ n'ont plus de sens à vos yeux... Seule ne compte plus que votre image. L'Eclésiaste n'était pas un anar (quoique?) mais il avait déjà tout compris , longtemps avant notre ère:  Vanité de vanité , tout n'est que vanité !
Je ne connais pas ou très peu de personnes qui on su passer au delà de ce piège.
Un certain Marcos , avait trouvé jadis un subterfuge , dans un profond désir d'anonymat il avait enfilé une cagoule. Quelle ironie ! Cette cagoule est devenue  elle même un objet de culte , il a fini par devenir cette cagoule. Aujourd'hui il est découragé...
La vanité serait elle un sur-sentiment humain ? Bien plus forte que l'idéal de justice , d'égalité et de paix ?
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  Rakshasa
06-01-08
à 17:16

Quand peopelisation rend con, ceux qui lisent la presse people aussi...

Par contre les écrits d'Onfray, sa contre histoire de la philosophie "les sagesses antiques" est aujourd'hui d'un incomparable intérêt.
Je lui passe bien ses erreurs médiatiques, qui ne sont que pécadilles et même anecdotiques par rapport à un Bové, au regard de ce qu'il exprime dans son oeuvre et au regard de son action pour la création d'universités populaires.
Je dois vous avouer que je n'ai même pas lu ce qu'il a dit encore comme conneries dans les médias, car ça ne m'étonne plus et ne m'intéresse plus, seulement, et ce n'est pas pour être son avocat car il n'en a pas besoin, la lecture de ses ouvrages permet la compréhension de l'histoire de la pensée. Il ne s'agit pas non plus d'écrits de spécialistes intellos à destination des mêmes, puisque pour ma part, je suis quasiment autodidacte et que cela reste très accessible avec un dico sous la main à ouvrir de temps en temps.
Si certain-e-s en ont déjà lu, vous en pensez quoi ?
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  libertad
06-01-08
à 18:09

Re: Quand peopelisation rend con, ceux qui lisent la presse people aussi...

J'ai lu plusieurs livres d'Onfray dont le traité d'athéologie que je trouve excellent. Onfray est aussi très bon orateur, pédagogue ( voir ses cours à l'université populaire ), il arrive à faire passer avec une certaine drôlerie des idées philosophiques pas toujours évidentes ce qui l'amène parfois à regarder par le petit bout de la lorgnette mais disons comme vulgarisateur, il n'a pas son pareil.
Le prix des CD tirés de ses cours est prohibitif ce qui les rend inaccessibles au public populaire auquel il dit vouloir avoir accès, c'est pourtant par ce biais qu'il pourrait être compris du grand public. Ses livres sont parfois barbants à lire à cause du nombre de citations, des mots philosophiques employés et dont personne ne connait le sens ( hormis les philosophes ) et ce qui passe bien avec une plaisanterie dans les cours passe moins bien à l'écrit. Lire avec un dictionnaire, c'est pas ce qui me plait.
Reste le personnage médiatique qui ressemble beaucoup à Bové : aucune distance critique vis vis des médias dominants, une apparition médiatique dominée par l'égo ( parler de tout et de rien, surtout de soi ), une addiction irraisonnée aux médias. La prétention à parler en anarchiste ou libertaire alors que rien dans ses prises de positions ne peut être qualifié de tel, ce qui entretien le confusionnisme.
En résumé : un excellent diffuseur de l'athéisme, un bon conteur-vulgaristeur d'une philosophie non conformiste, un bateleur médiatique détestable.
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  Kamajor
06-01-08
à 19:54

Re: Quand peopelisation rend con, ceux qui lisent la presse people aussi...

Pour ceux qui veulent avoir accès au cours de la dernière session de l'université populaire , je tiens à signaler qu'il sont accessible gratuitement sur le site de france cul...ture. A l'adresse suivante
Malheureusement ceux des années antérieures à 2007 ne sont pas dispo en podcast.
Ecouter ses cours n'enlève rien au fait qu'il ait un égo d'ourang outan.

Vive l'anarchie
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  okounine
07-01-08
à 21:40

Re: Quand peopelisation rend con, ceux qui lisent la presse people aussi...

Onfray, BHL, Bruckner, Finkelkraut, sont de bords politiques différents, et pourtant nous les ressentons semblables car ils s'expriment pareillement, une apparence de propos raisonnables, vite arrêtés par les a priori moralisateurs auxquels ils s'adossent, qui leur servent à faire taire leurs contradicteurs, et disqualifier tout effort de pensée remettant en cause ce dont ils veulent nous convaincre.
Ou, si tu préfères, et pour faire simple, il y a toujours un moment dans leurs démonstrations où ils jouent aux cons pour nous forcer à l'être.
Ils s'agit de purs et simples crétinisateurs, et il ne faut pas s'en étonner, certains sont enseignants, et c'est bien le revers de la médaille de ce beau métier, comme l'échec scolaire le prouve : on y fait constemment usage des arguments d'autorité, qui certes sont structurants, mais n'aident pas beaucoup au développement de l'esprit critique.
J'ai lu le traité d'athéologie : j'ai trouvé que ce titre au parfum de philosophie était une imposture, tant le propos manquait de consistance.
Je connais un peu Bové, d'avant l'affaire du McDo, et je l'ai tôt condamné, car je suivais Riesel. Il n'a sans doute pas la tête mieux faite que celle d'Onfray, mais il a une qualité qu'on n'a pas encore remarqué chez ce dernier : il s'agit d'un combattant.
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  aludra
11-01-08
à 15:35

Re: Quand peopelistion rend con.

Si ça ne rend pas "con", car Onfray ne l'est pas (selon moi) - ça rend riche et célèbre. Cela permet de s'entretenir avec un analphabète (genre Sarko) en démontrant sa propre intelligence et sa tolérance. Cela autorise à diffuser ses conférences (fort bien construites) sur France-Culture (radio confidentielle), entre la propagande du rabin et celle du monastère, ou de l'Imam ( toujours dans le cadre le la grande tolérance !)

Beaucoup de connaissances et surtout pas une trace d'esprit critique, du savoir et pas trop de Lumières.

Coups de griffes à Voltaire (complètement caviardé depuis la fin du 19ème siècle) et prosternation devant le féodal en chiffon jaune (dalai lama). Une bonne technique de communication, une remarquable puissance de travail (d'équipe ???) et un talent de vulgarisateur. Lire Montaigne est fastidieux, la synthèse d'Onfray devient accessible. On peut aussi lire le Montaigne de Chaban-Delmas...

Malgré tout, je l'aime bien, cet Onfray Pas vous ?

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  j0n
14-01-08
à 02:52

Re:

Quelques lectures rapides me le rendait également assez sympathique, entre autres pour son travail de diffusion des idées. Mais, actuellement entrain d'écouter les conférences de France culture, par ailleurs forts intéressantes, je viens de subir une heure bien pénible : dans ses réponses aux questions des auditeurs, lors de la série consacré à Bentham, il n'arrête pas de se poser comme défenseur de la république, surement avec un grand R. En fait, ses critiques à l'égard de Sarkozy (de multiples piques lancées pendant ses conférences), des communautarismes ( une phrase du genre : "comment peut-on vivre dans un pays sans en parler la langue ni voter ?" ), de l'extrême-gauche (à laquelle il préfère une gauche) ou du soviétisme (complètement associé à Marx), ces critiques se font toute au profit d'une république qui serait à refonder. Laquelle serait aussi une alternative au libéralisme et devrait se pencher sur "les valeurs positives du colonialisme".
Je l'ai senti complètement paniqué, genre "tout se délite, y'a plus de valeurs" : il regrette la 4° république et le général De Gaulle (sans rire...). Il a l'air bien dans ce mouvement anti-sarko  et ça ne le rend pas très lucide. Qu'il flirte avec les médias dominants ne me pose pas tant de problèmes que ça ; par contre, faut qu'il arrête de les regarder...
Je balance tout ça en vrac mais n'ai pas le courage de réecouter. Si ca tente quelqu'un :
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions_ete/caen/fiche.php?diffusion_id=54901

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  Rakshasa
14-01-08
à 17:01

Re:

"n'arrête pas de se poser comme défenseur de la république, surement avec un grand R"
ce qui est d'ailleurs étonnant car dans sa contre-histoire de la philosophie il taille la République de Platon à laquelle il oppose le Jardin d'Epicure sorte de milieu libre anarchisant.
Je suis en train de lire le 2ème tome sur les chrétiens hédonistes, les hérésies et la gnose, c'est tout à fait incroyable ! Je me contenterai de ce Onfray là.
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