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Ce que voyant, le gouverneur Waite intervint et parvint à faire donner satisfaction aux ouvriers, qui obtinrent les 8 heures et 3 livres st. de salaire minimum.
Mais cette victoire ne pouvait faire l'affaire des exploiteurs. Et la lutte ne tarda pas à recommencer un peu partout. En 1898, elle atteignit son culmen à Wardner, dans l'Idaho, et là les mineurs subirent une défaite complète.
C'est là que le gouverneur Steunenberg , quoique ex-ouvrier lui-même, joua le rôle de chien de garde du capital, et mit la terreur à l'ordre du jour, enfermant dans des parcs à bestiaux tous les mineurs qui le gênaient. N'étant pas sûr de la milice, il demanda au président Mac Kinley des nègres pour venir à bout des ouvriers.
Dès lors, le patronat du Colorado n'eut plus de cesse qu'il ne fût parvenu à dompter les travailleurs, comme celui de l'Ida ho avait réussi à le faire pour sa part. Il s'y efforça surtout après 1900, lorsque la Fédération se fut prononcée pour le socialisme révolutionnaire et eut mis à sa tête les camarades Moyer et Haywood.Aussi, lorsque les patrons se furent assurés de la complicité du nouveau gouverneur de l'Etat, se crurent-ils assez forts pour rompre tous les contrats passés avec la Fédération. Mais leur haine acharnée ne put venir à bout de l'organisation ouvrière.
Dans un pamphlet, écrit par un journaliste prostitué, Walter Welman, de Chicago, ils allèrent jusqu'à accuser Moyer et Haywood de plus de mille assassinats ! La Fédération répliqua par un autre pamphlet intitulé : les vrais coupables, où elle perçait à jour la canaillerie capitaliste et défiant les patrons de faire la preuve de leurs dires.
Welman écrivit alors dans la Denver Post que Moyer et Haywood terrorisaient les ouvriers pour faire triompher les desseins criminels de la Fédération et il se trouva naturellement quelques traîtres, tel que le sinistre Tom Hyder, charpentier et éditeur du Clarion Advocate de Denver pour témoigner dans le même sens.
Au congrès de la Fédération (Denver, 1904), il fut résolu qu'on s'entendrait avec toutes les organisations ouvrières à tendances socialistes révolutionnaires qui l'année d'avant, s'étaient unies pour fonder l'Union des travailleurs industriels du Monde*, la plus haute expression du syndicalisme américain.
Au congrès suivant, Haywood, à qui une grande banque du Colorado venait d'offrir vainement une place de 5.000 l. st. par an, se déclara socialiste révolutionnaire et partisan de la lutte à outrance contre le patronat.
Quinze jours après le meurtre de Steunenberg (décembre 1905), une conférence de patrons se réunit à Denver dans le but de manigancer la perte de Moyer et de Haywood. Selon James Kirwan, l'actuel secrétaire de la Fédération, les patrons souscrivirent un million de dollars pour parer aux frais du procès, et ce avec l'assentiment des gouverneurs de l'Idaho et - du Colorado, Gooling et Mac Donald. -
C'est le capitaine des Pinkertons(1). Mac Parland qui fut chargé de cuisiner le complot.
Deux semaines plus tard, Moyer, Haywood et Pettibone étaient arrêtés à Denver et transportés par train spécial à Boise (Idaho) pour complicité dans le meurtre de Steunenberg (2). Mac Parland se vanta alors qu'il les tenait et qu'il ne les lâcherait pas vivants. Tout a été mis en œuvre pour arriver à étayer l'accusation, et notamment des Judas ont été recrutés à prix d'argent partout où on a pu en trouver.
Quant à Mac Parland, de son vrai nom Mac Kenna. il est originaire de Parsons (Kansas) et ses concitoyens ont tenu à faire connaître à tous les Etats-Unis quel homme était ce bandit. A la suite d'une réunion publique, un ordre du jour a été voté dans lequel Mac Parland est stigmatisé comme un être capable de tout faire pour de l'argent. L'ordre du jour se termine ainsi : « Nous prévenons toutes les personnes qui se trouveront mêlées au procès de ces hommes qu'il n'y a pas aujourd'hui, hors des prisons des Etats-Unis, un homme qui soit plus vil et plus criminel que Mac Parland. »
Voilà celui qui confectionne des preuves contre nos camarades. Il est vrai que ceux-ci se trouvaient le jour de l'assassinat à plus de 1.500 km du lieu où il fut commis, mais les juges américains ne sont pas embarrassés pour si peu quand il s'agit de travailleurs rebelles.
Tous les capitalistes américains ont fait de la condamnation des trois accusés leur affaire personnelle et le président Roosevelt lui-même a insinué dans un de ses derniers discours que ceux-ci pouvaient très bien être coupables.
Reste à savoir quelle sera l'attitude du prolétariat. Jusqu'à présent on s'est borné à recueillir de l'argent et à voter des ordres du jour, dont la classe capitaliste se moque évidemment bien.
La défense de William "Big Bill" Haywood : Darrow & Richardson à droite.
Les avocats de nos camarades n'auront pas de peine à démontrer que le procès est une machination odieuse. Ce sont Richardson, de Denver, avocat-conseil depuis plus de cinq ans de la Fédération, Clarence Darrow, de Chicago, et Barke Cokan, de New-York.
Quant à nous notre rôle est tracé. Ce sera, avant le procès, d'organiser par tout le pays une agitation intense en faveur de ceux qu’on veut faire disparaître. Nous ne pouvons pas oublier que la Fédération des Mineurs de l'Ouest a la première aux Etats-Unis levé le drapeau du syndicalisme révolutionnaire et que, derrière la personne des accusés, ce seront nos aspirations de classe opprimée et spoliée qui seront aux prises avec l'accusation.
(1) Bandits à la solde d'une agence privée, payés par les capitalistes pour la répression des grèves.
A.KLÉMENCIC.
Les Temps nouveaux 14 juillet 1906
*IWW
Commentaires :
libertad |
Haywood, Moyer et Pettibone furent par la suite acquittés. Le tribunal reconnut que Harry Orchard, l'auteur de l'attentat avait accusé les syndicalistes sous la pression de Mc Parland Répondre à ce commentaire
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à 00:11