L'En Dehors

Lu sur : Vegan Tekno « C'est par ce titre volontairement provocateur que Cessons de faire l'Autruche ouvre son nouveau numéro, dont le thème principal est la lutte féministe ou pro-féministe.

Sans parler "politiquement correct ", force est de constater que la majeure partie des insultes employées dans le langage courant est axée autour d'un même champ lexical : sexuel... A travers les insultes de tous les jours, c'est un rapport de domination mais aussi de discrimination... EnculéE = dénégation de la sodomie, et par la même (surtout), de l'homoséxualité... Salope = mépris de la liberté sexuelle des femmes et allusion à une morale réactionnaire. La femme se doit d'être "sage" et de rester chez elle à attendre son mari...

PD ou tapette = ne pas reconnaître l'homosexualité comme un choix de sexualité et le comparer à une vision arriérée de la femme (faible, idiote, irrationnelle...)... "Il faut avoir des couilles pour le faire", "je suis pas un tapette", "va te faire enculer" et patati et patata...

Quasi toutes les insultes ont pour cible, directement ou indirectement, les femmes et leur sexe (con, putain, ...) mais aussi l'homosexualité et les homosexuel-le-s. Celles/ceux qui cherchent, en vain, à se défendre en tentant de nous faire passer pour des "curetons du politiquement correct", veulent, ainsi, éviter toute réflexion et analyse de leurs propres rapports avec les autres... avec la différence... Quand ils nous taxent d'intégristes, nous leur parlons "de rapports respectueux avec autrui". Ce que nous dénonçons là, est du même ordre que les injures à caractère racial... j'entends "espèce de tapette" comme j'entends "sale bougnoule"... C'est un réel rapport de supériorité et de soumission de l'autre que sous-entend ce type de vocabulaire.

On peut aussi s'apercevoir que les ferventEs utilisateurs/trices de ce vocabulaire adoptent souvent un comportement paradoxal. Ils/elles décrient la liberté de choix et de comportement sexuels, tout en éprouvant des fantasmes, et/ou tout en infligeant à l'autre ce qu'ils/elles éprouvent. C'est ainsi, qu'un militant homosexuel Lyonnais, connu pour son activisme anarcho-gay, s'est fait violer par des graines de fachos il y a quelques années. Fachos pour qui "la chasse au pédés" est indispensable afin de "nettoyer" la planète des personnes ayant des relations "contre-nature". Pour nous, l'insulte dans ce cadre, ne doit pas être issue de la situation de dominé forcé (enculé)" mais plutôt issue de la situation de dominateur (enculeurs, comme exploiteurs ou bourreaux...).

Combien d'entre-eux éprouvent l'envie d'avoir une sexualité "libre", tout en refusant cette possibilité à son/sa partenaire ? Les femmes sont des salopes, les hommes des Don Juan... C'est malheureusement toujours aussi vrai... Cette approche du langage doit être évidement comparée au monde qui nous entoure. Que ce soit au niveau des classes sociales, des âges, des sexes, des races, etc... tout est axé sur un rapport de domination. Dès le plus jeune âge, nous sommes éduquéEs à nous battre, à bouffer la gueule à l'autre... être le/la premier/ère... "Sois un homme mon fils"... La loi de la jungle, en sorte.

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Notre langage n'échappe pas à ce rapport, je dirai même qu'il en est le principal vecteur. »

NiKoPoL