L'En Dehors

lu sur infoblog.samizdat : " Les autorités de Moscou viennent d’interdire une marche prévue le 17 décembre prochain en hommage à la mémoire des journalistes tués dans leur pays. Igor Iakovenko, le secrétaire général de l’Union des journalistes de Russie, à l’origine de cette initiative, s’en est quelque peu étonné : « C’est une histoire étrange. Les fascistes, les extrémistes et les nationalistes ont le droit d’organiser une marche, mais nous, nous n’avons pas le droit d’honorer la mémoire des journalistes tués».

Les organisateurs ont eu beau faire appel à la Constitution, qui garantit « à tous les citoyens le droit de se rassembler de manière pacifique et sans armes et d’organiser des manifestations et des marches », le Kremlin a fait la sourde oreille.

Sous la pression, les autorités ont tout de même autorisé les manifestants à observer une minute de silence sur la place Pouchkine, à Moscou. Mais pas question d’en bouger. La police moscovite s’est fendue d’un communiqué pour expliquer sa démarche : « L’organisation d’une marche un jour férié limitera considérablement la circulation des citoyens qui ne participent pas à la manifestation ».

Pour les autorités, cette marche, dont le droit est certes garanti constitutionnellement, viole un autre article de ladite Constitution. Le 3.17, qui stipule qu’une manifestation ne doit pas « porter préjudice à autrui ». Le secrétaire général de l’Union des journalistes de Russie, qui ne manque pas d’humour, a fait remarquer que pour les récentes marches de mouvements extrémistes, « une autre Constitution a probablement été appliquée »…

De l’humour, noir bien sûr, les autorités russes n’en manquent pas non plus. N’a-t-on pas pu lire, aujourd’hui même, dans le Monde, le porte-parole du Kremlin déclarer à propos de l’ancien agent des services secrets Alexandre Litvinenko : « Il n’était pas assez important pour que quelqu’un veuille le tuer. Il ne jouait aucun rôle ». Il est vrai que son patron, Vladimir Poutine, avait dit peu ou prou la même chose à propos d’Anna Politkovskaïa, après son assassinat.

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