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L'En Dehors


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Élections 2007: le changement s’imposera par les luttes
Lu sur Alternative libertaire : "Parce que la « démocratie parlementaire » est une façade de démocratie

Les grand-e-s capitalistes détiennent l’essentiel du pouvoir économique, donc l’essentiel du pouvoir. Leur pouvoir est héréditaire et arbitraire. Ce système est en fait une aristocratie patronale.

Parce que le système est en crise,et qu’il est temps d’en changer

Comme les élections passent sans que rien ne change fondamentalement, les institutions « démocratiques » sont entrées dans une crise de représentativité et de légitimité qui se traduit par une abstention systématiquement massive aux élections. Il est dérisoire de cautionner un système à bout de souffle en y participant.

Parce que les luttes sociales sont la seule voie de transformation de la société

Même quand des candidates ou des candidats se proclament « à gauche vraiment », leur candidature ne sert généralement qu’à donner une caution « pluraliste » à un système verrouillé. Même s’ils et elles parviennent au pouvoir, leur action est annihilée par les lois du marché. Historiquement, ce sont les luttes et les mouvements sociaux qui ont permis des conquêtes significatives.

Parce que seul un projet anticapitaliste est porteur d’espoir

Sans mouvements sociaux forts, pas de possibilité de transformer la société. Mais sans projet de société alternatif au capitalisme, pas de possibilité de convergence de luttes éparses.

S’auto-organiser, lutter, c’est ça qui changera la société!

Face à la gauche gouvernementale qui n’aspire qu’à gérer le capitalisme, et nullement à changer la société, il existe aujourd’hui une « gauche de la rue » déconnectée des calculs politiciens et électoraux. C’est d’elle que peut venir l’espoir.

L’alternance gauche/droite au pouvoir masque la continuité de politiques qui aggravent d’années en années les conditions de vie et bafouent la dignité de millions d’hommes et de femmes. Il est illusoire de penser qu’une alternative progressiste est possible dans le cadre des institutions actuelles. La politique antisociale menée par la gauche depuis 1981 est là pour nous le rappeler.

Il n’y aura pas de transformation sociale sans le développement des luttes des travailleuses et des travailleurs, des chômeuses, des chômeurs et de la jeunesse. Réduction du temps de travail, congés payés, protection sociale, droits syndicaux : voilà des avancées sociales chèrement gagnées au fil de l’histoire par un rapport de force dans les entreprises et dans la rue.

Les classes populaires peuvent redevenir actrices et décideuses. Il y a urgence à ce que nous soyons toujours plus nombreuses et nombreux à participer aux mouvements sociaux, aux grèves, au syndicalisme, aux associations de lutte… Il faut donner la priorité à la mobilisation sociale, au débat et à l’action collective.

Dans les grandes grèves de 1995 et 2003 ou dans le mouvement de 2006 contre le CPE et la précarité, des centaines de milliers de personnes ont expérimenté l’autogestion de la lutte, les assemblées générales, le pouvoir à la base. C’est l’embryon d’une possible démocratie directe, différente du système politique actuel dans lequel les citoyennes et citoyens donnent un chèque en blanc à des élu-e-s qui, une fois installé-e-s au pouvoir trahissent systématiquement leurs promesses.

Développer et unifier les luttes, pour un front social

Une sorte de « gauche de la rue » existe aujourd’hui. Une gauche authentique, sincère, entière, dénuée de calculs politiciens et électoraux : c’est la gauche des syndicats combatifs, des mouvements sociaux, féministes, antiracistes, de la jeunesse, des travailleuses et travailleurs en lutte contre la marchandisation de la société, les privatisations, les licenciements, les délocalisations, la précarité, les discriminations et les exclusions.

Cette « gauche de la rue » s’oppose en tout point à la gauche gouvernementale qui n’aspire qu’à gérer le capitalisme, et nullement à changer la société.

Pour que cette « gauche de la rue » donne de la voix, il faut impulser des mobilisations sociales, les fédérer, organiser une riposte globale du monde du travail et de la jeunesse aux attaques libérales. Pour peser politiquement, cette « gauche de la rue » aux contours encore flous devrait se constituer en un Front social opposé au libéralisme et aux institutions actuelles, taillées sur mesure pour sauvegarder les privilèges des plus riches.

L’urgence aujourd’hui c’est l’émergence de ce Front social pour porter une plate-forme revendicative unifiant l’ensemble des mouvements de ces dernières années. Agissant hors du terrain institutionnel et politicien, il aurait comme stratégie centrale de gagner, par le rapport de forces, des avancées sociales dans les entreprises, dans les quartiers, dans les services publics, dans la société. Seule l’existence de ce Front social peut permettre de rendre crédible une alternative anticapitaliste.

Faisant le choix du boycott des institutions républicaines, Alternative libertaire ne donne aucune consigne de vote ni au premier ni au second tour de la présidentielle, ni aux législatives.

En politique, l’essentiel ne se joue pas dans les élections, mais dans les luttes sociales. Ce sont les mobilisations sociales qui comptent.

Anticapitalisme, autogestion, démocratie directe: oui, un autre monde est possible

Non, le capitalisme n’est pas l’horizon indépassable de la société. Non la « démocratie » indirecte n’est pas « le meilleur système possible ».

Pour passer de la résistance au libéralisme à un véritable changement de société, il faut développer les luttes sociales, des travailleuses et des travailleurs, des jeunes, des chômeuses et des chômeurs… mais il faut également un projet de société alternatif à la société que nous subissons aujourd’hui. Ce projet de société doit tirer le bilan de l’échec du capitalisme comme du communisme stalinien, qui n’ont jamais apporté l’émancipation, la liberté, la justice sociale.

Dissipons tout de suite un possible malentendu : il ne peut y avoir de démocratie authentique dans le cadre du capitalisme. Pourquoi ? Parce que le capitalisme place le champ économique « hors démocratie », entre les mains du marché, et en possession d’une minorité privilégiée, non élue, au pouvoir héréditaire. Il ne peut y avoir de démocratie que contre le capitalisme.

Aujourd’hui Les principaux moyens de production et de distribution sont la propriété d’une petite fraction du grand patronat : celle qui est au hit-parade du CAC 40, ou à la direction du Medef.

Demain Ces moyens de production et de distribution leur seraient retirés pour être confiés à la gestion directe des travailleuses et des travailleurs organisés en assemblées d’entreprises, qui en feraient un bien meilleur usage.

Aujourd’hui Les entreprises, qu’elles soient privées ou étatiques, fonctionnent comme de véritables monarchies où les salarié(e)s sont exclu(e)s de tout pouvoir de décision.

Demain L’ensemble des activités économiques serait géré par les assemblées d’entreprises et les conseils de communes. Il s’agirait bien d’autogestion, et non d’une étatisation comme ce fut le cas en URSS.

Aujourd’hui Ce sont les marchés et les États qui décident tout : inégalités sociales abyssales, surproduction d’un côté, chômage de masse de l’autre, fuite en avant dans la destruction de la planète. Les peuples subissent ces décisions.

Demain Les grands choix économiques dépendraient de choix démocratiques : l’organisation et la distribution du travail (baisse du temps de travail et extinction du chômage), production et répartition égalitaire des richesses produites, attribution des revenus, etc.

Aujourd’hui L’économie a pour but de dégager des profits financiers pour une minorité de patrons et d’actionnaires. Un bien ou un service utiles mais non rentables ne sont pas censés être produits.

Demain L’économie devrait se fixer un objectif radicalement différent : trouver l’équilibre entre la satisfaction des besoins des populations, les capacités de production et la préservation de l’éco-système.

Aujourd’hui Le capitalisme véhicule une idéologie de compétition et de domination qui attise le racisme et le sexisme. Et le système profite de la division ainsi créée chez les salarié(e)s.

Demain Le racisme et le sexisme ne disparaîtront malheureusement pas avec le capitalisme. Mais la sécurité économique et l’égalité sociale faciliteraient le combat contre les discriminations, les préjugés et les superstitions.

Aujourd’hui L’État est une parodie démocratie, qui protège les privilèges des possédantes et des possédants. Il est essentiellement un pouvoir séparé de la société. Il engendre l’existence d’une caste de politiciennes et politiciens professionnels, organiquement liée aux élites patronales et financières, et qui défend leurs intérêts.

Demain Il serait remplacé par une démocratie authentique, ancrée dans la société parce que directe, fédéraliste et autogestionnaire. La décentralisation des pouvoirs politiques et économiques, la démocratie de base appliquée à tous les échelons de la société feraient disparaître les castes décideuses que sont le patronat et la classe politique professionnelle.

Seule la lutte paie

À quoi servent les campagnes électorales, puisque c’est le marché et le patronat qui ont toujours le dernier mot ? Pour changer le cours des choses, seule la mobilisation sociale paie.

Services publics : on est encore debout !

Malgré que depuis vingt ans les gouvernements socialistes et gaullistes se soient évertués à démanteler les services publics et à brader au patronat privé leurs activités les plus rentables, la lutte pour la défense des services publics continue. Les communes rurales et les quartiers populaires, les plus touchés par leur disparition, sont les plus ardents à les défendre. Les mobilisations régulières des infirmier(e)s, des cheminot(e)s, des postier(e)s, des travailleuses et travailleurs de l’Éducation, sont dans l’intérêt des populations !

Antipatriarcat : seule la mobilisation des femmes paiera

En 1975, faut-il le rappeler, ce n’est pas l’action de Simone Veil qui a permis la légalisation de l’avortement, mais bien la mobilisation et l’action militante des femmes, qui ont fait plier un gouvernement d’hommes attachés à l’ordre moral et au contrôle du corps des femmes. Aujourd’hui c’est la mobilisation contre les violences faites aux femmes qui veut modifier profondément la structure patriarcale de la société et bouleverser les mentalités.

Écologie : désobéissance civile sinon rien

Alors que le dérèglement climatique s’accélère, les gouvernements de droite comme de gauche ont démontré leur incapacité à s’opposer aux lobbies du nucléaire, des OGM, du pétrole, ou de l’automobile. Sans réaction de la part des peuples, c’est le marché qui continuera à dicter sa loi. Seule l’action directe des populations est en mesure de faire changer les choses. La lutte pied à pied contre les OGM nous en donne l’exemple. Mais c’est aussi la lutte pour faire (enfin) sortir la France du nucléaire, alors que dans le reste du monde, tous les pays abandonnent tour à tour cette énergie extrêmement dangereuse, polluante et chère.

Sans-papiers : solidarité contre le racisme d’état

Alors que depuis vingt ans les gouvernements successifs Balladur, Juppé, Jospin etc. ont fait la chasse aux travailleuses et travailleurs immigrés, la population n’a pas attendu les prochaines promesses électorales pour se solidariser avec les sans-papiers. Le Réseau éducation sans frontière (RESF) l’a démontré, en créant un mouvement de masse prônant et pratiquant la désobéissance civile pour aider les familles traquées et menacées d’expulsion.

Et à Modeluxe, une blanchisserie industrielle de l’Essonne, la presque totalité des 160 salarié-e-s a fait grève cet automne pour exiger la réintégration et la régularisation de 18 collègues de travail sans papiers.

Pouvoir d’achat : n’attendons pas les promesses électorales

Alors que l’ensemble des salarié-e-s se plaignent de la régression du pouvoir d’achat, celles et ceux de l’usine General Motors à Strasbourg n’ont pas attendu les promesses électorales ou patronales pour réclamer leur dû : au bout d’une semaine de grève et de blocage, dans l’unité (jusqu’à 90% de grévistes), la direction a lâché une augmentation de 75 euros et a renoncé à la flexibilisation des horaires.

Révolte Contre la précarité : la preuve par le CPE

Depuis vingt-cinq ans, en dépit de leurs promesses, les gouvernements de gauche ou de droite ont créé des contrats précaires… sans jamais faire reculer le chômage ! Les mobilisations du printemps 2006 contre la précarité ont démontré que les jeunes et les salarié-e-s étaient les mieux placé-e-s pour défendre leurs intérêts. On peut espérer que le même accueil sera fait aux contrats précaires que ne manquera pas d’inventer le prochain gouvernement, quel qu’il soit.

Souvenez-vous c’était hier...

Juin 1936

La grande vague de grèves qui secoue toute la France obtient de nombreuses hausses de salaires, des droits syndicaux et la création des congés payés. Le patronat et la majorité gouvernementale dite de « Front populaire » (PS+PCF+centristes), épouvantés à l’idée que les grèves débouchent sur une révolution anticapitaliste, s’efforcent de faire reprendre le travail au plus vite.

Mai 1968

La plus importante grève générale qu’ait traversé le pays permet l’obtention de nombreuses avancées sociales. Le PCF s’efforce de freiner au maximum les grèves.

Mai 1981

Un gouvernement d’union PS+PCF arrive au pouvoir. Mis en confiance, le mouvement social est comme paralysé. La régression sociale commence quelques mois plus tard.

Mai 1997

Le gouvernement de « Gauche plurielle » (PS+PCF +Verts+Chevènement) trahit toutes ses promesses, expulse les sans-papiers et privatise les entreprises publiques à tour de bras.

Mai 2003

Des grèves éclatent pour lutter contre la casse des retraites par le ministre Fillon. La réforme mise en œuvre est le fruit d’un accord européen cosigné par le PS et l’UMP.

2003

Au Brésil, la gauche arrive au pouvoir avec Lula. Comme en 1981 en France, le mouvement social est anesthésié. Répression contre les paysans pauvres, casse des retraites, autorisation des OGM.

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Le changement s’imposera par les luttes
Argumentaire d’Alternative libertaire pour les élections de 2007
Ecrit par libertad, à 11:17 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires :

  Anonyme
08-02-07
à 11:43

au dela du constat,bilants et analyse a.l  comme par le passe n'appele pas a l'abstention,bizare pour une

 organisation dit libertaire,une fois de plus position pas tres clair et ambigu mais cela nous sommes habituer.

                                           @BSTENTION

Répondre à ce commentaire

  Patrick MIGNARD
08-02-07
à 16:30



« Comme les élections passent sans que rien ne change fondamentalement, les institutions « démocratiques » sont entrées dans une crise de représentativité et de légitimité qui se traduit par une abstention systématiquement massive aux élections. Il est dérisoire de cautionner un système à bout de souffle en y participant ».

Certes, les institutions sont bien entré dans une crise de représentativité et de légitimité, c’est vrai, mais de là à en conclure que le système est à bout de souffle, c’est aller un peu vite en besogne. C’est exact que c’est dérisoire de la cautionner en votant, pourtant une partie importante du peuple continue à voter… la est la question, là est le problème !

« Il est illusoire de penser qu’une alternative progressiste est possible dans le cadre des institutions actuelles. La politique antisociale menée par la gauche depuis 1981 est là pour nous le rappeler.

Il n’y aura pas de transformation sociale sans le développement des luttes des travailleuses et des travailleurs, des chômeuses, des chômeurs et de la jeunesse. »

Exact, mais qu’appelle-t-on luttes ?....

Les exemples donnés :

« Réduction du temps de travail, congés payés, protection sociale, droits syndicaux : voilà des avancées sociales chèrement gagnées au fil de l’histoire par un rapport de force dans les entreprises et dans la rue. »

Chèrement payées, mais ça n’a été qu’un succès conjoncturel… Tous ces acquis chèrement payés sont aujourd’hui menacés et en voie de disparition. La dureté de la lutte n’est certainement pas une garantie du succès durable.

« Pour que cette « gauche de la rue » donne de la voix, il faut impulser des mobilisations sociales, les fédérer, organiser une riposte globale du monde du travail et de la jeunesse aux attaques libérales »

Mais il ne s’agit là que soit de luttes conservatoires, soit de luttes en vue de réformes dans le cadre du système marchand…. Je n’exagère pas, lisez la suite…

« L’urgence aujourd’hui c’est l’émergence de ce Front social pour porter une plate-forme revendicative unifiant l’ensemble des mouvements de ces dernières années. Agissant hors du terrain institutionnel et politicien, il aurait comme stratégie centrale de gagner, par le rapport de forces, des avancées sociales dans les entreprises, dans les quartiers, dans les services publics, dans la société. Seule l’existence de ce Front social peut permettre de rendre crédible une alternative anticapitaliste. »

Il s’agit bien d’une « plateforme revendicative » en vue d’obtenir des « avancées sociales ».

Je ne vois pas très bien le lien qu’il peut y avoir entre cette stratégie et une « alternative capitaliste ».

Tout le reste de l’article n’est que reprise de ce qui vient d’être dit ou déclarations, certes sympathiques, mais simplement de principe…

Il y a toujours, dans cet article, un gouffre béant entre « aujourd’hui » et « demain », c’est ce gouffre qu’il nous faut combler, par sauter par-dessus pour rêver plus rapidement à ce que sera demain.

 

 Patrick MIGNARD

Répondre à ce commentaire

  PatBo
08-02-07
à 16:46

Re:

"pour rêver plus rapidement à ce que sera demain."

La décroissance ?

Je ne vois pas d'autre alternative.
Répondre à ce commentaire

  Patrick MIGNARD
08-02-07
à 16:56

Re: Re:

Certes, mais comment faire passer l'idée de cette décroissance.

Ou bien on croit que magiquement il suffit de dire et ça va se faire.

Ou bien on l'impose... et on sait ce que ça donne.

Ou bien on se donne les moyens d'amorcer concrètement le changement vers... Mais là il y a manifestement un déficit de propositions concrètes... et ce dans tous les mouvements et organisations politiques alternatives.
Répondre à ce commentaire

  libertad
08-02-07
à 19:28

Re: Re: Re:

Je crois qu'il existe chez nombre d'anarchistes une forme d'utopie à croire ( et c'est le discours d'alternative libertaire ) qu'il suffit d'unifier les luttes pour aboutir à l'alternative. Or celà ne suffit pas, c'est une stratégie qui date, qui provient de mai 68 ( attention mouvement que je ne critique pas comme beaucoup le font ) qui n'a guère été modifié depuis mais qui a montré ses limites et son incapcité à poser l'alternative. Les "luttes" sont un peu l'arlésienne qu'on cherche toujours mais qui n'arrivent pas... ou si elles arrivent ( mouvement des retraites, CPE ) elles n'aboutissent à aucune alternative.
Le problème est que les organisation anarchistes ne recherchent l'alternative que dans les luttes et oublient que l'alterntive est aussi économique et que tant que l'on aura pas réussi à articuler alternative économique et alterntive sociale, le système ne bougera pas d'un pouce.
Proudhon avait bien compris cela en faisant le lien entre les deux, en s'appuyant sur les luttes sociales mais en développant un projet concrêt d'alterntive économique basé sur le mutuellisme, le projet de banque du peuple, les association coopératives ouvrières de production, de consommation et les écoles populaires. Ce fut la naissance de l'anarchisme : alternative économique ET sociale. Aujour'hui on ne voit plus que l'alternative sociale mais ça ne suffit pas car l'alternative économique n'apparait pas et donc l'alternative politique n'est pas crédible.
Répondre à ce commentaire

  Patrick MIGNARD
08-02-07
à 19:50

Re: Re: Re: Re:

Je suis bien d'accord avec toi.
Répondre à ce commentaire

  libertad
08-02-07
à 21:47

Re: Re: Re: Re: Re:

Merci Patrick, nous sommes tout à fait sur la même longueur d'onde.
Pour préciser ma pensée : le mouvement anarchiste devrait s'atteler ( avec d'autres ) à reconstruire cette alternative économique que Proudhon avait intitiée mais qui doit être réactualisée en fonction des conditions actuelles  : Proudhon avait su contruire une alternative au moment de l'instauration du capitalisme industriel, à nous de faire de même maintenant que le capitalisme arrive dans des contradictions insolubles. La force du capitalisme n'est pas tellement en lui-même que dans l'absence d'alternative économique.
C'est un enjeu énorme pour les anarchistes car il n'est pas certain que notre culture politique nous permette de le concevoir du fait que depuis l'échec de Proudhon et des mutuellistes nous nous sommes reconvertis dans une culture de la lutte sociale ( qui est utile mais pas suffisante ). Je pense que les anarchistes vont devoir faire un gros aggiornamento s'ils veulent être à la hauteur des enjeux actuels : c'est à dire revenir aux sources et à Proudhon, non pour le mythifier ( ce que nous faisons trop volontiers pour nos grands encêtres ) mais pour s'en inspirer, au vu des conditions actuelles de l'alternative.
En effet l'alternative économique ne peut naître dans un premier temps qu'à l'intérieur du sytème capitaliste et si elle comporte les prémisses de ce que nous voulons, il y aura forcément des compromis car un nouveau système économique ne peut exister pleinement dans les marges de l'ordre ancien ( les capitalistes ont eu le même problème avec la féodalité ).
Ce n'est que par la liaison organique, l'unification des deux pôles : luttes sociales, alternative économique que le système capitaliste pourra basculer vers un autre système tel que nous le souhaitons.
Les luttes sociales se nourrirons du vieux capitalisme et du totalitarisme marchand dominée par l'oligarchie mondiale, d'un autre côté de nouvelles structures économiques doivent se mettre en place basées sur la gratuité, sur la coopération, sur la valeur d'usage, sur le refus de la délégation.
Il me semble primordial que ceux qui luttent contre l'ordre mondial finissant aient sous leurs yeux une autre organsation économique concrête, faute de quoi les luttes ne seront qu'un éternel recommencement.
Cela nécessite aussi une contre propagande contre les médias dominants et un refus de vouloir conquérir le pouvoir mais à construire un autre pouvoir parallèle selon nos propres modalités, comme les zapatistes en montrent la voie.
Répondre à ce commentaire

  Rakshasa
08-02-07
à 22:34

Re: Re: Re: Re: Re: Re:

Je suis tout à fait d'accord avec ce qui précède. Une question qui se pose alors: quelles activités pour quelle économie ?
Et c'est surtout la première partie de cette question qui m'intéresse, la deuxième ayant été abordée de nombreuses fois: coopérativisme, mutualisme, autogestion (autogouvernance !)...et autres pratiques de la démocratie directes.
On pourrait dire pour toutes les activités, certes, mais vu qu'il faut un début, pour qu'une réelle économie parallèle, notament rejetant une économie d'échange, ai des chances de voir le jour, quelles productions favoriser, s'il le faut?
J'aurai tendance à dire, et c'est là il me semble les carences actuelles de "l'alternative", qu'il faut en premier lieu se soucier de la production de biens et de services de première nécessité. J'enfonce peut-être ici une porte ouverte, mais, quid des expériences alternatives (réelles, pas l'ethiquable et l'équitable !), sans économie d'échange, pour ce qui est de la nourriture, des habits, de l'énergie, du logement ?
Quelques écovillage tentent l'autonomie mais n'y parviennent pas, les squats sont une solution plus qu'éphémères et précaire au logement gratuit, les lieux autogérés produisent du culturel, de l'artistique... Comment commencer à réaliser une amorce d'économie parallèle qui nuirait au capitalisme ?
Répondre à ce commentaire

  libertad
08-02-07
à 22:56

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re:

Tu poses une question difficile à laquelle je ne connais pas encore de réponse : c'est à dire une alternative économique au coeur du sytème de la production de biens et de valeurs d'usage car c'est l'endroit où la compétition capitaliste au niveau mondial joue le plus et sur une échelle énorme qu'une économie alternative ne peut trouver d'emblée et en plus qui n'est pas souhaitable, ce n'est pas la peine de refaire la même chose.
Je vois dans un premier temps plus la possibilité de commencer par la périphérie plus que d'attaquer le centre. La périphérie, c'est là où des tructures alternatives existent déjà et c'est dans un premier de les rendre visibles, peu le font, les seuls que je connaisse : S!ilence.
Il y a également tout le monde associatif, c'est déjà une mise en pratique d'une autre forme d'organisation sociale qui est concrête pour une masse énorme de gens mais qui n'ont pas conscience de faire un acte politique.
Tout ce qui tourne autour des réseaux internet et les logiciels libres : c'est un espace où se développe de nouvelles pratiques sociales horizontales.
Possibilité également de voir se développer un sytème de reprise des entreprises industrielles qui ferment par les salariés sous forme de scoops.Cela poserait un problème qu'il faudra bien aborder un jour si l'on veut s'attaquer au secteur industriel produisant des valeurs d'usage : celui du financement. Proudhon avait prévu une banque du peuple. Des salariés ne peuvent reprendre une boite à leur compte sans l'aide d'une banque et s'ils s'adressent aux banques capitalistes on se doute bien de ce qui se passera.
Répondre à ce commentaire

  Patrick MIGNARD
08-02-07
à 23:08

Re: Re: Re: Re: Re: Re:



Tout à fait d’accord Libertad quant aux précisions que tu apportes… On est, sur le fond, et même en grande partie sur la forme, effectivement sur la même longueur d’onde.

Cela dit, ce qui nous différencie, mais ne veut pas dire nous oppose, c’est la démarche en tant que… « anarchiste » pour toi, « électron libre » pour moi. Je veux dire par là que je ne me pose pas la question de la même manière que toi.

Je m’explique.

Quand tu dis :

« C'est un enjeu énorme pour les anarchistes car il n'est pas certain que notre culture politique nous permette de le concevoir du fait que… »

et plus loin :

« Je pense que les anarchistes vont devoir faire un gros aggiornamento s'ils veulent être à la hauteur des enjeux actuels : c'est à dire revenir aux sources… »

Je pourrais dire : c’est l’affaire des anarchistes, qu’ils se débrouillent. Ce n’est pourtant pas aussi simple si l’on veut faire ensemble et faire avancer l’action et les idées.

Je me demande, quoique ce que je vais dire va en choquer certain-e-s, s’il est utile de faire référence à l’étiquette « anarchiste ». Pourquoi ? Pour plusieurs raisons.

D’abord le terme « anarchiste » est quasiment toujours perçu de manière péjorative, c’est regrettable mais c’est ainsi… à quoi bon bloquer dés le départ des gens avec qui on pourrait avoir des relations simples ?

Ensuite, le sectarisme n’a pas épargné le mouvement anarchiste composé de groupes plus ou moins rivaux et dont on peut se demander s’ils dépasseront leurs « différences »… une grande énergie est gaspillée en vaines discussions…(ils ne sont pas les seuls, c’est vrai !)

Enfin, on peut parfaitement « faire », avoir une praxis, une pratique sociale alternative, sans jamais se donner une étiquette, et même faire la moindre référence à un penseur du passé…. Que souvent les gens avec qui on est ne connaissent pas.

Quand je parle et fait avec des copains de réseaux, participe à des réunions et autres, je ne fais jamais référence à qui que ce soit.(revoyez d’ailleurs mes articles à ce propos) Par contre, celle ou celui qui arrive avec son étiquette et ses références est tout de suite considéré avec suspicion. Alors quel est l’objectif : promouvoir une étiquette ou faire ? Pour ma part je n’hésite pas une seconde. Et pour faire a-t-on besoin absolument de mettre en avant une étiquette et des références ? Je ne le pense pas… car procéder de la sorte c’est courir le risque, qui généralement se réalise, de centrer le débat et l’action sur des divergences secondaires, l’étiquette et les références, et laisser tomber l’essentiel, l’action.

Répondre à ce commentaire

  Patrick MIGNARD
08-02-07
à 23:27

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re:



Réponse à Rakshasa

Je souscris parfaitement à la réponse apportée par Libertad.

C’est vrai qu’il n’y a pas de « modèle » et à fortiori de « programme ». les initiatives peuvent s’articler sur des initiatives personnelles ou collectives, mais aussi sur une dynamique de luttes ; les reprises d’entreprises comme en Argentine. Le milieu rural est aussi un excellent terrain pour le développement d’activités et la constitution de réseaux courts de distribution permettant de court circuiter les grands réseaux marchands et agro alimentaires.

Le mouvement alimentera le Mouvement. Il serait vain de s’attaquer au cœur du système, il est beaucoup trop fort, du moins actuellement, on peut par contre « miner » le système par une pratique alternative tous azimut et diversifiée impliquant des milliers, puis de plus en plus de monde.

La vraie réflexion politique stratégique elle est là, pas ailleurs...

Répondre à ce commentaire

  Rakshasa
08-02-07
à 23:55

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re:

Je ne suis pas d'accord avec le fait de ne pas s'attaquer au coeur.
Premièrement parce qu'il y a risque de cohabitation simple dans la périphérie, avec à la longue intégration à cette périphérie. Les scops par exemple sont aujourd'hui totalement dépendantes du système capitaliste, et ne visent pas l'autonomie, et pourtant cela fait 100 ans que ça existe, les scops. Le mutualisme et le coopérativisme ne se sont nullement autonomisés, bien au contraire.
Deuxièmement, parce que pour les luttes sociales s'autonomisent, et ne dépendent plus du pouvoir politique capitaliste, un soutien économique, logistique matériel est nécessaire. Et ce soutien doit être autonome de l'économie d'échange.
En somme, s'affranchir du politique par l'économie auto-organisée et de l'économique par la lutte politique.
Répondre à ce commentaire

  libertad
09-02-07
à 00:00

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re:

Tout à fait d'accord avec toi Patrick sur ton positionnement et sur ce que tu dis, sauf qu'il me semble de l'endroit où je parle, c'est à dire du mouvement anarchiste, il peut exister des possibilités d'aller vers cette stratégie politique pour les raisons que j'ai évoquées dans les posts précédents. Partir d'un mouvement politique et social existant ne me semble donc pas une mauvaise chose si ce mouvement veut aller par là et ne plus se cantonner dans une stratégie qui depuis mai 68 ( pour ne parler que de la période récente ) à prouvé qu'elle était inefficace.
Loin de moi l'idée de penser que les anarchistes peuvent proposer et agir seuls pour cette alternative, ce serait l'échec certain : "il n'y en pas un sur cent... ". Nous pouvons y tenir notre place c'est tout.
Sur la question de la peur des anarchistes et des étiquettes, cela été le cas jusqu'à quelques années mais je crois que la situation, au contraire s'inverse depuis l'effondrement des autres idéologies ( marxisme, trotskysme, etc.. ) : pas mal de gens essaye de récupérer les idées anarchistes car c'est "tendance ". Il n'est que de voir ce que l'on pratique du côté de la candidature Bové et de l'appel aux libertaires, à la LCR et Besancenot avec Loise Michel ou Corcuff avec l'individualisme anarchiste, sans parler de la jeunesse avec les divers "rebelzs". La peur de l'anar c'est finit.
Le terme anarchiste me semble actuellement bien préférable à celui de libertaire dont on voit actuellement une sorte de génération spontannée dans sa version light ( n'oublions pas le libéralisme-libertaire tendance Libération )
Tu as raison : débrouillons-nous .. mais c'est ce que nous essayons de faire ici :-)
Tu as raison sur les questions de sectarisme et d'organisations dont on ne voit plus très bien le pourquoi, sinon à remonter à quelques différences ancestrales.
L'étiquette n'est pas indispensable pour une praxis, c'est vrai mais l'inverse non plus. Je ne pense pas que la question soit vraiment là, elle est plutôt dans la question des alliances : avec qui agir ?
Ce n'est pas nous tout seuls qui pourront le faire : il faut une allaince autour de ce projet politique, économique et social. Cette alliance je ne la vois pour le moment qu'avec la mouvance dite de la gauche de la gauche : non pas avec les organsation politiques qui sont complètement obsolètes : PCF, LCR et autres mais avec les militants de ce courant. Malheusement nous perdons un temps considérable à cause de leur soumission à l'électoralisme à leurs illusions à ce sujet et à leur soumission à l'ordre médiatique dominant.
Tant qu'ils seront soumis à cela je ne vois guère d'avancée possible.
Du côté anarchiste non plus ça ne bouge pas beaucoup, si par rapport à ce que je reproche aux autres mouvement notre positionnement politique tient plus la route, les anarchistes manquent d'ouverture ( déjà entre eux ) et plus encore pour créer une alternative avec d'autres.
Donc on fait du sur place, ce n'est pas très réjouissant.
Sur le fait de revendiquer une étiquette tu as raison, ce n'est jamais bien vu mais pour ma part je suis venu à l'anarchisme justement par la rencontre avec des militants anarchistes qui intervenaient dans une lutte sans se revendiquer anarchistes mais leur but était d'amener le mouvement le plus loin possible avec les objectifs qu'il s'était donné et en favorisant l'auto-organisation. Ils n'intervenaient jamais en disant "nous les anarchistes..." mais ils faisaient des bonnes propositions au bon moment ( quand il y avait des doutes par ex ), tout le monde savait qui ils étaient mais comme leurs propostions faisaient avancer, ça passait très bien. Et naturellement ils ne se contentaient de parler.
Et comme tu dis l'essentiel est l'action.
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  libertad
09-02-07
à 00:02

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re:

Je suis ok Rakshasa si tu peux proposer quelque chose car moi je ne vois pas : s'attaquer au coeur du système vu sa toute puissance, j'ai du mal à voir ce que ça peut vouloir dire en termes économiques.
Autant au niveau de la production de nourriture, je rejoins Patrick, des alternatives peuvent assez facilement exister ( agriculture, maréchage ), sur la production d'énérgie aussi, je pense que ça peut se faire, sur la construction aussi mais sur tout ce qui a pris une dimension de masse comme tous les objets que l'on utilise je ne vois pas comment.Car c'est la production de masse qu'il faut remettre en cause avec sa standardisation et son gaspillage énorme mais dans le système capitaliste actuel revenir à autre chose allant vers la valeur d'usage ne me semble pas compatible avec la question du coût et on ne cherche pas à fabriquer des objets Hermès.
Mais si tu as des idées, je suis preneur
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  Rakshasa
09-02-07
à 00:34

Malentendu

Justement, je parlais des produits de première nécessité, répondant aux besoins primaires: agriculture, logement, énergie...je ne vois pas non plus actuellement de réelles alternatives rompant avec le systême d'échange. Il y a bien les jardins autogérés, pour la production de nourriture, mais pour l'instant cela reste "marginal". Quelques expérience d'autonomisation en énergie, et des réquisitions directes de logements par le mouvement des squats. Peut-être est-cela les pistes pour le développement d'une économie parallèle répondant aux aspirations d'émancipation ? Peut-être, faut-il entamer une réflexion sur ces bases là ? Les envisager comme des ouvertures, des libertés comme on dit au "go". Ne pas s'enfermer dans la périphérie, l'entourer sans cesse, enkyster les artères de la circulation marchande, ralentissant le coeur du systême (jusqu'à l'en faire mourrir d'une douce mort!).
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  libertad
09-02-07
à 00:50

Re: Malentendu

Ok, on ne se comprenait pas alors
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  Rakshasa
09-02-07
à 00:54

Re: Re: Malentendu

Bon, évidemment sur la fin rapide et en douceur du capitalisme, la barre est fort haute ! mais...
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  Patrick MIGNARD
09-02-07
à 08:24

Re: Re: Re: Malentendu



Libertad,

C’est vrai que le terme « anarchiste » fait moins peur, mais il est loin d’être opérationnel, je veut dire par là « référent » »… Ceci tient, je le pense au fait que les gens attendent surtout des programmes et des propositions lorsqu’ils s’adressent à un mouvement ou à un courant politique, cela vient de la « formation » débile des citoyen-nes que l’on a formé comme des consommateurs… mais pour le moment c’est ainsi.

La difficulté c’est de proposer tout en disant que l’essentiel est de faire. C’est un raisonnement politique auquel personne n’est entraîné, pas même les militants…. Ce n’est pas, par exemple, en disant « autogestion » que l’on règle le problème… et l’on peut même disserter à l’infini sur l’ « autogestion » sans finalement se mettre d’accord et finir par en conclure que c’est trop compliqué… Par contre si l’on fait, sans même parler d’autogestion, on peut donner un contenu à « autogestion ». Ce n’est pas la définition du terme qui défini les modalités de l’action, mais l’inverse. Bien sûr il faut tout de même partir de la critique du système en place (ce qui détermine la décision d’agir) et de principes que l’on souhaite appliquer (qui deviennent les fondements, l’éthique, des nouveaux rapports sociaux que l’on veut établir).

Cette démarche là je ne la vois pas dans les mouvements politiques actuels, y compris les anarchistes. Ils se déterminent tous en « positifs » ‘ (les électoralistes) ou en « négatifs » (les abstentionnistes) par rapport à la problématique centrale imposée par le système : les élections.

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  Anonyme
09-02-07
à 11:00

No problemo

Je pense que pour l'abstentionnisme, c'est une lutte de passage, c'est l'occasion qui fait le larron ! La plupart des abstentionnistes que je connais sont actifs dans des expériences autogestionnaires ou d'autonomie. C'est parce que les élections regardent la société entière, anarchistes et consors compris, que l'abstention s'exprime. C'est un moment particulier où la majorité des individus vont "agir" dans un sens (voter) et d'autres sont là pour les inviter à agir autrement. On peut très bien diffuser une contre-propagande abstentionniste tout en agissant dans d'autres activités par ailleurs, de manière autogestionnaire et auto-organisationnelle, rien d'incompatible à cela, bien au contraire .Et cela sans crier à tout bout de champ à l'anarchisme !
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  rakshasa
09-02-07
à 11:02

Problemo

Le commentaire ci-dessus était de moi...
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  miette
09-02-07
à 13:07

Re: Malentendu

A ce sujet, ben il faut infiltrer des anarchistes au MEDEF et dans le groupe Bilderberg !!!
Bon ça va y parait qu'on a le droit de rêver alors bon...
plus sérieusement, je n'arrive pas à voir comment démantibuler de telles structures...
Les AMAPS aussi sont de bonnes innitiatives en matière d'agriculture et d'autogestion.
Ces innitiatives ne pourraient elles pas s'étendre à d'autres denhrées alimentaires ?
Sinon à mon sens, la priorité d'action pour que les choses changent se situe à l'education nationale.
Si les enfants ne sont plus eduquer comme des moutons mais qu'on leur apprend à developper un esprit critique et responsable, alors forcément ils auront un autre comportement en tant qu'adultes.
En cela, je pense que le fait qu'il y est de plus en plus d'intervenants extérieurs au sein des écoles est une bonne voie d'entrée. Les profs eux mêmes biensûr mais bon il y a malheureusement beaucoup de professeurs qui ont la tête dans le guidon, qui sont extrêment préoccupés par leur propre avenir, et less enfants sont un peu laissés de côté souvent et puis ce foutu système educatif !
Maintenant je me demande comment procéder pour faire venir d'avantage la pédagogie de projet ou autre innitiatives du style dans un système éducatif aussi sclérosé. Comment faire venir de façon suffisament forte des actions permettant une réduction considérable de l'esprit de concurence et de moutonnage ?
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  Patrick MIGNARD
09-02-07
à 13:20

Re: Re: Malentendu



Je trouve tout cela, toutes ces questions forts intéressantes, c’est ce que j’appelle « poser les bonnes questions ». Bien sûr on n’a pas spontanément la réponse, certaines réponses seront plus faciles que d’autres, on aura des succès mais aussi des échecs, mais toutes ces tentatives, toutes ces actions vont dans le bon sens, celui de vivre et de faire vivre des expériences nouvelles. C’est au travers de ces expériences que se forgera un esprit nouveau, des idées nouvelles et finalement des rapports nouveaux entre les individus.

Notez que toutes ces questions, pourtant essentielles, ces perspectives d’action envisagées, sont totalement absentes du fameux « débat politique » actuel… débat qui ne porte que sur du marketing politique et des promesses plus ou moins fumeuses…

Notez également que l’on n’a pas besoin de s’étriper sur l’interprétation de tel ou tel auteur pour poser les questions et tenter d’y répondre.

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  Anonyme
10-02-07
à 11:42

Pas besoin de mentionner l'abstention

L'abstention et le vote ne sont que des outils. Ils n'ont rien de sacré, rien d'absolu.

En "omettant" de mentionner l'abstentionnisme, Alternative libertaire permet, je trouve, de réfléchir sur ce qui est le plus important : la lutte / les luttes. Parce que de toute manière qu'on vote ou qu'on ne vote pas (à gauche of course), ça ne change pas grand chose : l'organisation sociale actuelle survivra à l'abstention. Ce n'est pas même 60% d'abstention qui la ferait vaciller. Le gouvernement et les patrons retomberaient de toute manière sur leurs pattes. Le plus important pour bousculer le système et poser les bases d'un un autre futur c'est de construire des alternatives concrètes.

Mais... nous sommes actuellement trop peu, trop dispersés, trop enfermés dans nos étiquettes exigües (entre anars et gauchos) pour construire de vraies alternatives durables. Et nous manquons également de connaissances théoriques et pratiques de l'économie qui nous permettrait d'affuter nos arguments et de relever nos manches à bon escient.

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  libertad
10-02-07
à 14:40

Re: Pas besoin de mentionner l'abstention

Je signale à tous ceux que celà peut intéresser un bon article dans le dernier Plan B de fév-mars 2007 : "Les ex-Lustucru refusent de passer à la casserole". Ce texte me semble monter les limites de la stratégie, soutien aux lutttes et globalisation des luttes. Dans ce cas précis la boîte a bel et bien fermé et les salariés se retrouvent dans la "merde" faute d'une alternative économique dont l'idée fut lancée à un moment mais pas avec suffisamment de moyens : celle de créer une coopérative ouvrière. C'est ce que les argentins ont entrepris avec les usines récupérées.
Ici nous sommes bien incapables de proposer une telle alternative aux salariés quand la boîte ferme concrêtement et qu'ils se retrouvent au chômage : comment faire, avec qui, quel financement ? voilà des questions auxquelles nous ne savons pas répondre et encore moins de proposer. Evidemment la solution qui pourrait en émerger ne sera pas ce que nous souhaitons car toute structure de ce genre passerait des compromis avec le système mais au moins celà monterait qu'on peut se passer de l'Etat et des patrons, c'est déjà ça : une "propagande par le fait", en sommes.
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  Anonyme
11-02-07
à 12:26

Re: Re: Pas besoin de mentionner l'abstention


anonyme:11h42

pas d'accord avec ton commentaire, l'abstention est une question de principe pour
les anarchistes. bizare pour une organisation(al) se disant anarchiste de faire
abstraction d'une maniere reguliere a l'abstention,demarche bizare qui cache
alliances et perspectives tout autres que l'anarchisme.
l'ambiguitee et le confusionisme voir l'hypocrisie tres peu pour les anarchistes.
l'anarchisme n'est pas un fourre tout. a bon entendeurs!

ABSTENTION
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  Patrick MIGNARD
11-02-07
à 12:38

Re: Re: Re: Pas besoin de mentionner l'abstention



Je ne suis certes pas pour nier les principes et je pense qu’ils constituent l’éthique de toute action, mais attention, il ne faudrait pas que, quand on dit « c’est une question de principe », cette phrase constitue un interdit qui empêche toute adaptation à une situation imprévue. Je me méfie de cette expression figée qui "interdit" toute possibilité d’adaptation. Je suis convaincu, par expérience, que l'on peut, tout en étant fidèle à ses principes, moduler la manière d'être et de faire,... tout est question de circonstances. C’est la conséquence de ce type d’attitude rigide que parfois l’on perd pied avec la réalité et que l’on se coupe des autres.

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  Rakshasa
11-02-07
à 13:48

Re: Re: Re: Re: Pas besoin de mentionner l'abstention

Oui enfin, Patrick  faire aussi d'un principe ce que tu énonces "C’est la conséquence de ce type d’attitude rigide que parfois l’on perd pied avec la réalité
et que l’on se coupe des autres.", est aussi exagéré. Dans le cas présent, ce n'est pas en appelant à l'abstention qu'on perd pied avec la réalité. La réalité, c'est que dans le vote, l'individu perd bien le contrôle en cédant son pouvoir décisionnel. La situation actuelle confirme chaque jour les résultats de cette expérience menée maintenant depuis 200 ans par des millions d'individus.
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  Rakshasa
11-02-07
à 14:24

Je suis très géné par ce mot "d'adaptation" employé pour parler d'acte qui découleraient d'une réflexion. Pour le vote par exemple, les réponses que l'on y trouve dépendent de l'échelle de temps sur laquelle on raisonne. Une grande échelle, historique, permet d'aboutir au constat d'illusion de démocratie.
Une très courte en revanche, de l'ordre du mensuel, de l'hebdomadaire, du quotidien, amène à penser sur un mode adaptatif et envisager les choix de manière pragmatique. Et c'est précisemment ce que veulent les puissances médiatiques. On ne s'adapte que quand on est soumis à un stress. Etre en perpétuelle état vigilance, et vouloir s'y maintenir, voilà effectivement l'idéologie dominante du libéralisme: la compétition et la lutte pour la survie. Est-ce de cela que nous voulons ?
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  satya
11-02-07
à 14:34

Re: Re: Re: Re: Re: Pas besoin de mentionner l'abstention

en plus, il faudrait peut être aussi considérer ce que signifie vraiment "se couper des autres" !!!
en ce qui me concerne j'y lis un rappel à "rentrer dans l'ordre social organisé" et brandir une peur de solitude non assumée en voulant la faire passer pour de l'isolement, or je trouve et j'ai pu constater tout au long de ma vie, que même si je suis encore et toujours en dehors ou en bordure de cet ordre social organisé; d'une part vivre la solitude est un élément positif dans une vie et aussi, j'ai toujours été en contact très facilement, très proche et parfois très intime de "mes autres", en général des personnes que j'ai rencontré au cours de ma vie et je dirais que dans quel pays que ce fut (plus difficile en france je dois l'avouer); nous nous sommes toujours reconnus très facilement ...
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  Patrick MIGNARD
11-02-07
à 16:08

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Pas besoin de mentionner l'abstention



Une fois écrit mon commentaire je me doutais les réactions qu’il entraînerait. Je n’ai pas été, à l’évidence, suffisamment explicite.

Prenons un exemple : Imaginons, ce que j’espère un jour ça se produira, que nous ayons un système alternatif qui fonctionne dans quelques domaine, et qui devient un concurrent « politique » au système dominant. Qu’une élection, présidentielle ou autre se présente. Question : devons nous participer ou pas ? Je pense que si le système alternatif en place est suffisamment élaboré, rien ne nous empêche de présenter un ou plusieurs candidats. Pourquoi ? Parce que ça peut être une opportunité d’utiliser des moyens, mis à notre disposition pour élargir notre audience et renforcer votre dynamique alternative.

Est-ce une entorse à nos principes qui consiste à ne pas jouer le jeu de l’adversaire ?

Peut-être pas. Si nous avons suffisamment de garantie dans notre pratique, que nous sachions exactement ce qui se joue et que nous ayons la maîtrise des évènements à venir, je pense qu’il serait stupide de passer à côté d’une telle opportunité. Y a-t-il un danger de récupération de notre mouvement ? Bien sûr que oui, et le système fera tout pour récupérer. C’est à nous de savoir et de maîtriser ce qui se joue. Dans le cas où il y a risque important de récupération, il est évident qu’il ne faut pas y aller, mais dans le cas contraire c’est se priver d’une situation que l’on peut retourner.

Je veux démontrer quoi ? Qu’une « position de principe » qui consiste à dire que « dans tous les cas il ne faut pas y aller » est politiquement tactiquement et stratégiquement stupide.

Bien sûr, dans le cas des élections aujourd’hui, le problème ne se pose même pas… la participation électorale ne représente rien, sinon les intérêts du système en place

Quant à « se couper des autres » j’entends quoi ? Simplement, si j’ose dire, « ne pas être compris » et donc marginalisé, c'est-à-dire considéré comme quelqu’un qui dit n’importe quoi, sans porté politique sérieuse. Je ne veux évidemment pas dire entrer dans la médiocrité ambiante qui consiste en un suivisme moutonnier imposé par le système dominant.

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  satya
11-02-07
à 17:14

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Pas besoin de mentionner l'abstention

Je pense que si le système alternatif en place est suffisamment élaboré, rien ne nous empêche de présenter un ou plusieurs candidats. Pourquoi ?

et moi je pense et dis que si le système alternatif en place est suffisamment élaboré et pratiqué, la question de candidats et de présidentielles ne se posera même pas/plus!!

allez patrick aux travaux pratiques, faut sortir du cérébral et de l'écrit !!! :D :D :D
 
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  Patrick MIGNARD
11-02-07
à 17:31

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Pas besoin de mentionner l'abstention



Mais pas du tout, tu as une vison un peu idyllique des choses. Tu as l’air de croire que les situations sont toutes « blanches ou toutes noires »… erreur… Revois l’Histoire. Il y a des situations intermédiaires dans lesquelles le rapport des forces est incertain et dans lesquelles il y a des situations qui peuvent être exploitées opportunément. Présenter un candidat ne veut pas dire « jouer le jeu du système » mais l’utiliser. Se priver de ce genre de possibilité c’est s’affaiblir. Donner l’illusion que l’on joue le jeu peut être une manière de débloquer une situation qui peut entraîner le renversement du système.

Quand la bourgeoisie commerçante accepte de participer en mai 1789 aux Etat généraux, elle n’a aucun projet véritablement révolutionnaire et apparaît comme participant à une assemblée convoquée par le Roi… c’est pourtant à partir de là que tout va s’accélérer.

Satya, tu devrais faire un peu plus de « cérébral » comme tu dis, et ne pas prendre tes désirs pour la réalité… ton attitude est bien sympathique mais peu efficace en terme stratégique.

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  satya
11-02-07
à 17:51

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Pas besoin de mentionner l'abstention

tst tst tst tst, relis toi patrick !! ;)))

Présenter un candidat ne veut pas dire «jouer le jeu du système»
mais l’utiliser. Se priver de ce genre de possibilité c’est s’affaiblir. Donner l’illusion que l’on joue le jeu peut être une manière de débloquer une situation qui peut entraîner le renversement du système.


tu me dis "idyllique, entre le noir et le blanc"; que je "prends mes désirs pour la réalité" et pourtant c'est bien toi qui propose directement et concrètement d'utiliser des "illusions" !!!
et moi je dis et pense dans la totalité de mon être et dans toute la diversité du spectre des couleurs de l'arc en ciel qui est en moi: c'est à dire aussi bien émotionnel, intuitif que cérébral que d'utiliser ce genre d'illusions c'est s'affaiblir et ne pas vivre/connaitre sa pratique qui elle; est le véritable acteur potention de renverser un système ;))

là c'est toi l'illusioniste et moi la réaliste :D :D :D




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  libertad
11-02-07
à 18:11

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Pas besoin de mentionner l'abstention

Je suis d'accord que l'histoire peut éclairer certains sujets mais dans l'exemple que tu cites Patrick, je ne crois pas que celà prouve grand chose. En effet si la bourgeoisie s'est servie du processus révolutionnaire en France pour asseoir sa position et changer de sytème pour passer à la République, je suis par contre moins certain qu'elle disposait déjà des bases économiques de cette alternative. On peut s'interroger si cette participation, et celà sera se vérifiera plus tard, n'est pas un moyen de contrôler un mouvement populaire dans lequel elle n'est pas majoritaire.
Le processus révolutionnaire n'est pas obligaoire pour que la bourgeoisie assure sa domination : on l'a vu en Angleterre où le capitalisme industriel est né : il s'est développé sans problème à partir des structures de "l'ancien régime", sans révolution.
Les Etats généraux ne constituaient en rien un processus électoral habituel comme les élections maintenant, ils étaient très rarement convoqués par le roi. De plus les règles d'élection et de fonctionnement étaient peu dangereuses pour la bourgeoisie ( il fallait payer l'impot ) ce qui lui permit de contrôler complètement le la représentation du tiers états et donc de présenter ses cahiers doléances. Les règles de fonctionnement étaient peu structurées puisqu'en quelques jours, les Etats généraux, lors du serment du Jeu de paume ont défié le roi.
La comparaison avec des élections dans le sytème actuel et le fait que la bourgeoisie y ait participé ( sans doute pour contrôler un mouvement populaire incontrolable ) me parait hasardeuse.
La bourgeoisie n'eut vraiment les moyens économiques de son pouvoir que lors de la révolution industrielle qui eut lieu beaucoup plus tard. Il me semble que la révolution française est plutôt un coup de force d'une classe, la bourgeoisie qui n'a pas les moyens économiques de son pouvoir, ce qui peut expliquer sa "violence", tout comme le coup de force des bolchéviks en Russie qui n'avait pas non plus les moyens économiques de leur pouvoir. D'ailleurs ce n'est pas un hasard si la révolution russe s'est inspirée de le révolution française.
Il y a plus d'un point commun entre le Comité de Salut public et le Conseil des commissaires du peuple.
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  Patrick MIGNARD
11-02-07
à 18:17

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Pas besoin de mentionner l'abstention



Tu comprends mal, ou j’ai mal exprimé, l’utilisation du terme « illusion ». Quand je parle d’illusion j’entend par rapport au système. Si l’on « marche » à un moment donné dans sa logique, il est évident qu’il va voir là une « acceptation de sa problématique ».

Quand la bourgeoisie commerçante participe aux Etats Généraux en mai 1789, le Roi est persuadé qu’il y a une possibilité d’entente et un dépassement probable de la crise… Dans ce cas il est victime d’une illusion, lui et la Noblesse et le Clergé.

Si la pratique alternative est suffisamment développée, sa dynamique est première, essentielle, détermine celles et ceux qui y participent, et ce n’est pas la participation tactique à un processus étatique, électoral en la circonstance, qui prendra le dessus. Cela dit, les choses sont à apprécier précisément. Si par exemple, comme c’est le cas aujourd’hui, la pratique électorale constitue la problématique centrale de l’action, alors bien sûr, il faut s’en abstenir. Mais je maintiens qu’une « position de principe » comme tu l’as définie nous priverait de moyens qu’il serait stupide de négliger.

« Illusionner » le système en place ne me pose aucun problème moral. De toute manière celui-ci est tellement sûr de son « bon droit » et de « sa vérité », pour ne pas dire de « son invincibilité » qu’un jour ou l’autre il sera victime d’une illusion, ne serait ce que le jour où il s’écroulera véritablement… mais alors il sera trop tard… pour lui.

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  Rakshasa
11-02-07
à 18:29

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Pas besoin de mentionner l'abstention

Bon, et puis un petit rappel du grand classique, en Espagne en 1936, les anars avaient le pouvoir économique, la CNT et l'UGT contrôlaient la production, ils se sont fait piéger en ayant des ministres anarchistes au gouvernement, alors qu'ils avaient le choix d'abolir l'Etat...
Et puis, je t'avouerai Patrick, que ça ressemble énormément à la stratégie de transition prônée par les trotskystes/léninistes. On prend le pouvoir d'Etat pour le déconstruire au fur et à mesure afin de s'acheminer vers le paradis "alternatif"... on a déjà vu ce que ça donnait, on le voit encore avec des Chavez par exemple. Concentration du pouvoir dans les mains d'une élite populaire, qui de toute manière devient incontrolable...non cette stratégie là est obsolète et n'a jamais fait ses preuves en qualité de stratégie émancipatrice.
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  Patrick MIGNARD
11-02-07
à 18:36

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Pas besoin de mentionner l'abstention



Mon commentaire précédent s’adressait à Satya.

Ce que tu dis Libertad est je pense en partie vrai. Il est exact que l’on ne peut pas faire de similitude entre la réunion de Etats Généraux en mai 1789 et le processus électoral actuel. On peut simplement en parler en terme de principe.

Ces Etats généraux ne s’étaient pas réuni depuis 1614 ( ?) et Louis 16 pense pouvoir désamorcer la crise en les réunissant. De même qu’aujourd’hui l’élection sert à « régler », « réguler » le système en place.

Pour ce qui est du pouvoir de la Bourgeoisie, en 1789, il est réel, certes il n’a rien à voir évidemment avec ce qu’il sera au moment de la Révolution industrielle, mais les processus économiques pré capitalistes existent – l’industrie, le commerce – la bourgeoisie finance même dans certains cas les rois, les princes,… La révolution française est bien le moment de basculement, politique, du système d’Ancien Régime au Capitalisme.. En Angleterre c’est un peu différent puisque il y aura une entente entre la bourgeoisie et l’Aristocratie… ce qui n’empêchera pas le capitalisme de s’installer.

La Restauration au 19e siècle en France est intéressante car elle montre que le « retour en arrière » n’est plus possible, pourtant la « réaction » détient les pouvoirs politiques et la situation politique européenne n’est pas encore favorable au « idées nouvelles ».

Il est exact que la Bourgeoisie a réglé ses comptes avec le peuple dès la révolution de 1789, mais ça n’infirme pas, je le pense, l’analyse précédente.

Différente est la Révolution Russe qui est un véritable coup d’Etat, sans formes économique et sociales alternatives… Et elle a connu une dégénérescence et une restauration réussie… faut voir ce qu’est la Russie aujourd’hui.

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  satya
11-02-07
à 18:56

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Pas besoin de mentionner l'abstention

je ne parle pas d'une "position de principe" mais tout au contraire d'une position de pratique.

la soit disante "révolution française" est pour moi depuis très longtemps la prise du pouvoir des marchands sur la noblesse et rien d'autre !
on voit aujourd'hui ce que les marchands ont fait de ce pouvoir !!
qui va les renverser??? et comment ??
par des pratiques actives et concrètes et qui existent dans les pratiques des anars amha (et je suis sage je ne parle pas des pratiques des booms ici ;)).

cependant, si tu arrives à "illusionner" le système en place, je t'offre le chapeau et la cape de magicien malgré mes faibles ressources :D :D :D


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  Patrick MIGNARD
11-02-07
à 18:56

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Pas besoin de mentionner l'abstention



« On prend le pouvoir d'Etat pour le déconstruire au fur et à mesure afin de s'acheminer vers le paradis "alternatif"... on a déjà vu ce que ça donnait, on le voit encore avec des Chavez par exemple »

Mais pas du tout, ce n’est absolument pas ce que je veux dire et dis.

Je n’ai pas dit qu’il fallait « prendre le pouvoir pour le déconstruire ». J’ai simplement dit qu’il fallait savoir utiliser intelligemment toutes les faiblesses du pouvoir en place, toutes ses contradictions pour renforcer les structures alternatives en place et que l’attitude qui consiste, pour des « raison de principe », à négliger ces possibilités est stupide.

Exemple : En période de montée conséquente d’une alternative (circuits courts de production/consommation, occupation d’usine et relance de la production,…) je ne vois, mais c’est probablement là que nous allons diverger, pas pourquoi on n’utiliserai pas l’appareil de propagande, les médias, et autres moyens pour faire connaître les luttes leurs objectifs, et que si pour cela il faut nommer un ou des porte paroles… pourquoi pas ? Le tout et l’essentiel étant de savoir ce que l’on fait, ce qu’il se joue et de garder le contrôle du processus. Si l’organisation à la base est solide et sérieuse c’est jouable. Et je vais même plus loin… Si l’on ne joue pas cette carte, d’autres la joueront de manière beaucoup plus cynique et bien moins démocratique et l’on sera bien avancé (sic).

Il n’est pas question de se substituer au pouvoir central pour le remplacer… cela dit se posera à un moment ou à un autre la structuration du pouvoir et si à la base les choses ne sont pas claires, c’est la catastrophe garantie. Voir l’Espagne.

Cela dit il y a toujours risque, c’est évident, mais désolé, l’Histoire ne s’est jamais faite sans risque.

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  ibubolo
11-02-07
à 19:27

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Pas besoin de mentionner l'abstention

sommes nous condamnéEs à l'histoire ?
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  Rakshasa
11-02-07
à 19:28

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Pas besoin de mentionner l'abstention

Un porte-parole, soit, mais dans quelles conditions, avec quel mandat (on en revient là)? Un président n'est pas un porte-parole. Le mandat d'un président est défini par des lois, qui elles ont été pondues par une élite pour une élite. Ton président va devoir assumer des fonctions, et c'est là que le contrôle par la base se perd. Il ne peut y avoir de président providentiel, premièrement parce que c'est de l'ordre du mythe, et deuxiémement parce que le statut même de président contient les germes du pourissement par le pouvoir.
Je rappelle au passage, que la Constitution interdit tout autre forme de mandatement que le représentatif. Autrement dit, pour exercer un réel contrôle sur les représentants, il faudrait réformer tout le cadre légal...Là, on s'éloigne à toute vitesse des alternatives.
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  Patrick MIGNARD
11-02-07
à 20:44

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Pas besoin de mentionner l'abstention



Mais enfin Rakshasa qui parle de président ? Tu es entrain de plaquer une hypothèse sur la réalité actuelle… Ca n’a rien à voir. Ce dont je parle c’est d’une démarche à envisager dans des conditions politiques qui n’ont rien à voir avec la situation actuelle. Je ne peux même pas imaginer qu’elle sera la situation au moment ou cette hypothèse se réalisera. La discussion porte sur des modalités d’action qui seront évidemment dépendantes de la situation à ce moment là. Il est d’autre part probable que, dans un rapport de force favorable aux forces alternatives la situation ne restera pas statique, déterminée par les lois et les règlements et la constitution.

« Sommes nous condamnés par l’Histoire » Je ne pense pas que la question se pose en ces termes. Je ne pense pas cependant que l’on puisse faire n’importe quoi, n’importe quand… et j’ajouterai n’importe comment ;  que tout soit possible simplement parce que se serait souhaitable ou évident. L’Histoire nous permet de comprendre comment fonctionnent généralement les sociétés humaines mais ne nous dit pas comment s’y prendre concrètement et dans le détail… chaque situation est unique.

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  libertad
11-02-07
à 21:30

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Pas besoin de mentionner l'abstention

Patrick, je ne suis pas très convaincu qu'historiquement, il soit prouvé que les changements de rapports de production aient entrainé ou nécessité des changements de système politique : par exemple dans le cas que nous évoquons du passage du système féodal au capitalisme : la différence entre la France et l'Angleterre le montre bien.
Dans la France de 1789 je ne vois guère de changement par rapport aux structures économiques de tout l'ancien régime : pas d'alternatives concrêtes capitalistes, certe il peut exister une bourgeoisie financière qui appuie la royauté mais cela ne fait pas des rapports de production nouveaux entre les gens, l'écrasante majorité de la population est agricole, y compris l'industrie d'ailleurs. Je ne vois pas les nouvelles industries ou même d'autres structures commerciales qui rendraient inécluctable la chute de la royauté.
L'avant 89 est surtout un mouvement paysan contre les privilèges seigneuriaux, donc même le mouvement social n'a pas de perspective capitaliste. Je ne suis d'ailleurs pas convaincu que la bourgeoisie ait réllement conscience d'elle-même et qu'elle agit pour imposer un nouvel ordre capitaliste, hormis la loi le Chapellier qui va dans ce sens mais c'est quand même modeste. D'ailleurs les suites avec Napoléon montrent que la bourgeosie d'alors n'aspire... qu'à la noblesse. Il y aura d'ailleurs après la restauration concurrence entre les deux noblesses. La bourgeoisir aspire en fait à la restauration de l'ordre ancien, mais à son profit, chose qu'elle ne pouvait faire durant l'ancien régime. On voit que ses perspectives sont assez bornées.
Les nouveaux rapports de production ne s'intallent qu'à partir de 1830-1848, avec des répression féroces contre le mouvement ouvrier qui résiste à l'industrialisation et tente de mettre en place de nouveaux rapports de production : coopératives de production, de consommation, mutuellisme, etc...
Je vois donc plutôt l'arrivée de la bourgeoisie aux commandes comme un coup de bluf ( les Etats généraux ) suivi d'un coup de force ( la Terreur ) pour, non pas instaurer un système économique nouveau qui ne reposerait d'ailleurs sur rien au niveau économique, mais pour bénéficier à son tour des fastes du pouvoir ancien qui lui était barré par le système féodal ( devenir des nobles ).
Une fois aux commandes de l'Etat, c'est certain qu'elle instaura le nouvel ordre industriel par la force (répression, déportation ).
C'est à mon avis pourquoi il faut aussi remettre en cause une fausse analyse marxiste de l'histoire qui présenta en particulier Proudhon comme un réactionnaire petit-bourgeois issu et défendant l'artisanat.
Or c'est une mascarade marxiste pour masquer la véritable fonction du marxisme : accepter le nouvel ordre social capitaliste industriel, alors que Proudhon était le théoricien de l'alternative au capitalisme industriel reposant sur toutes les structures économiques mises en place par les ouvriers, mouvement qui fut écrasé par la force de la bourgeoisie. En fait le marxisme ne fut qu'une acceptation de tout celà, avec la promesse de lendemains qui chanteraient. On voit aujourd'hui ce qu'il en est.
On ne pourra créer quelque chose de neuf sans revenir à la source de tout celà et sans le comprendre, faute à rééditer les mêmes erreurs.Il y a aussi une vision mécaniste dans le marxisme qui doit être remise ne cause.
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  Rakshasa
12-02-07
à 00:04

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Pas besoin de mentionner l'abstention

Pour le président, Patrick, c'est juste un malentendu de ma part...matraquage électoraliste oblige. Ceci dit, j'espère bien que dans des conditions différentes qu'actuellement, nous saurions user d'autres mandatements que le représentatif indirect.
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  Rakshasa
12-02-07
à 00:05

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Pas besoin de mentionner l'abstention

et que de l'emploi du vote, of course!
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  Patrick MIGNARD
12-02-07
à 09:49

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Re: Pas besoin de mentionner l'abstention



Libertad, la question que tu abordes est redoutable, et d’autant plus redoutable qu’il n’y a pas de réponse absolue, je veux dire par là que l’Histoire n’est pas une mécanique de précision dans laquelle on pourrait repérer précisément des liens de cause à effet.

Je ne ferai donc pas une démonstration absolument incontestable et convaincante.

J’entends bien ce que tu dis et les observations que tu fais sont exactes le problème c’est que je n’en ai pas la même appréciation quant à leurs conséquences.

Tu as raison à propos des révoltes paysannes : c’est vrai que la paysannerie est la classe la plus exploitée (dans toute l’Europe), mais c’est vrai aussi que la paysannerie, en tant que classe, n’a pas renversé l’Ancien Régime, ce qui montre que ce n’est pas la classe la plus exploitée qui est le « moteur » de l’Histoire (faire un parallèle avec la « mission historique » que devait avoir la « classe ouvrière »).

Si c’est la bourgeoisie commerçante qui est ce « fer de lance » c’est parce qu’elle y a des intérêts et immédiats (les impôts, la liberté du commerce, la sécurité des affaires,…) et historique (son développement). Quand on regarde dans le détail le fonctionnement économique de l’Ancien régime, il est évident, mais c’est une question d’appréciation, qu’il est, un frein au développement du système porté par la bourgeoisie. Il en est de même en Angleterre mais dans des conditions politiques différentes.

Je ne pense pas qu’il y avait, et qu’il y ai, « inéluctabilité », quant au moment ou le renversement se fait. Si l’on pouvait le dire ça voudrait dire que l’on pourrait mesurer avec précision l’état d’une « masse critique » des contradictions, au seuil de laquelle il y aurait « inéluctablement » rupture. Je pense que la rupture, si elle est le produit de l’incompatibilité des rapports sociaux, la structure sociale, avec l’état du développement économique, les conditions et les possibilités offertes par la production, elle ne se fait qu’en fonction de circonstances et d’opportunité qu’il est impossible de prévoir.

Toutes les revendications avant la révolution et toutes les mesures après vont dans le sens du renforcement et le développement du système marchand, de même que ,comme tu le précises, le nouveau système prend ses dispositions pour se défendre contre la nouvelle classe exploitée.

« Je vois donc plutôt l'arrivée de la bourgeoisie aux commandes comme un coup de bluf ( les Etats généraux ) suivi d'un coup de force ( la Terreur ) pour, non pas instaurer un système économique nouveau qui ne reposerait d'ailleurs sur rien au niveau économique, mais pour bénéficier à son tour des fastes du pouvoir ancien qui lui était barré par le système féodal ( devenir des nobles ). »

Je pense que là tu caricatures :

 

- les Etats Généraux ne sont pas un « coup de bluff », ils sont une démarche que l’on pourrait qualifier aujourd’hui de « réformiste »,

- le système marchand est en plein développement, depuis le Moyen Age, et est entrain de structurer la société. la revendication du « libre développement des affaires » en est le symbole.

- La Bourgeoisie au pouvoir ne remet pas en place les principes de la Noblesse : le régime de la propriété, l’abolition des privilèges seigneuriaux,

Il est évident qu’elle va instaurer ses propres privilèges, c’est tout à fait exact, mais ils sont de nature sociale différente du fait que le système qu’elle représente est différent de l’Ancien… C’est d’ailleurs cela qui va faire partie de l’illusion de la démocratie du système économique et politique qu’elle met en place… et l’illusion dure encore aujourd’hui.

La Terreur est un aléas politique, je n’ose pas dire un détail de l’Histoire, je veux dire par là, que si la Terreur avait été évitée, ça n’aurait rien changé aux évènements de fond… mais là je ne peux évidemment rien prouver.

Il est enfin exact que Marx a donné une vision « mécaniste » de l’Histoire, largement accentué par ses épigones, sous couvert de « dialectique »… le « matérialisme historique »… C’est d’ailleurs au nom de cette « erreur » que ce sont faites toutes les « révolutions socialistes » du 20e siècle… et qu’elles ont toute échoué… et pour cause !

Cela dit, les différences d’appréciation ne sauraient fondamentalement altérer les impératifs actuels. Nous avons désormais sur les évènements du 20e siècle un recul suffisant, en particulier depuis la chute du système soviétique, pour tirer des leçons permettant de revoir la stratégie des luttes et du changement… C’est ce à quoi nous devons nous atteler.

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  ibubolo
12-02-07
à 10:21

La lutte enchantée, ou La flûte finale

un petit extrait de jean baudrillard :


[...]C'est la fin définitive de la dialectique. Fin de la grande promesse marxiste. "La condition de la libération de la classe ouvrière est la liquidation de toute classe, tout comme la libération du Tiers Etat (de l'ordre bourgeois) fut la liquidation de tous les états.

 

Ceci est faux, car la dialectique est passée - ou plutôt, c'est là la maladie infantile de la théorie marxiste -, elle n'a jamais cessé d'être du côté capitaliste. Et ce qui s'éclaire à travers l'impossibilité pour les communistes d'assumer le pouvoir, c'est l'incapacité historique du prolétariat d'accomplir cela même que la bourgeoisie a su faire en son temps : la révolution.

 

Quand la bourgeoisie met fin à l'ordre féodal, elle subvertit vraiment un ordre et un code total des rapports sociaux (naissance, honneur, hiérarchie) pour lui en substituer un autre (production, économie, rationalité, progrès). Et c'est parce qu'elle se vit comme classe (non comme ordre et état : "Tiers-état" est un terme qu'on lui assigne), c'est-à-dire comme quelque chose de radicalement nouveau, une conception radicalement nouvelle du rapport social, qu'elle peut ébranler, l'ordre de la caste.

 

Le prolétariat, lui, n'a rien à opposer radicalement à l'ordre d'une société de classes. Contrairement à la bourgeoisie qui joue sa partie (l'économie) en imposant son code, le "prolétariat" prétend se libérer au nom de la production, c'est-à-dire que les termes au nom desquels la bourgeoisie s'est libérée en tant que classe seraient ceux mêmes au nom desquels le prolétariat se nierait en tant que classe ! Méfaits de la dialectique, dont la bourgeoisie a infecté le prolétariat. La bourgeoisie, elle, ne "dépasse" pas "dialectiquement" l'ordre féodal, elle lui substitue un ordre de valeur sans précédent - l'économie, la production, la classe comme code antagoniste - et sans commune mesure avec le code féodal. Et sa vraie stratégie est de piéger le prolétariat dans le statut de classe, voire dans la lutte de classes - pourquoi pas ? - parce que la classe est un code, dont elle a le monopole ; la bourgeoisie est la seule classe au monde : si elle réussit à amener le prolétariat à se reconnaître comme classe, même si c'est pour se nier en tant que telle, c'est gagné pour elle. [...]

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  satya
12-02-07
à 15:16

les bourgeois

et nous y (re) voilà: ce sont les bourgeois marchands qui font les révolutions car ils ont des intérêts et aspirent à l'échelle supérieure !!
il n'y a pas longtemps une femme que je connais m'a dit tout crument et directement: "les pauvres ont s'en fout car ce ne sont pas eux qui font les changements ni les révolutions ce sont les bourgeois, la classe dont je fais partie".

une belle tentation de me faire taire dans mes interpellations...
devrait- on penser que les anars qui parlent de révolution sont des bourgeois ??
et la masse des pauvres ne restera-t-elle donc à tout jamais des esclaves dont les lois bougeoises décident de leur vie et de leur mort, jusqu'à leur droits à la reproduction en quantité et qualité??

je trouve que les schémas dits "historiques" sont de véritables tartuferies de mensonges et de manipulations qui arrangent bien justement ces bourgeois et les plus riches... il est impératif de manipuler les visions des choses, d'extrapoler, d'illusionner et surtout de refuser que deviennent visibles des pratiques qui elles sont vraiment révolutionnaires et dérangeraient trop l'ordre établi !!!

qui gobe un oeuf, gobe un boeuf non?? ;)))
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  ibubolo
12-02-07
à 15:37

Re: les bourgeois

dans ces termes, la révolution est un changement de régime, donc oui, ta bourgeoise n'a pas tout à fait tort.

Y en a qui veulent changer de régime, moi je veux abattre le corps social.

Puis c'est comme tout, y a révolution et révolution, liberté et liberté... L'idée même de révolution ou de liberté a été confisquée par la tyrannie de l'idéal ; ces mots sont vides de sens, creux comme les crânes de celles et ceux qui les scandent à tout va.

Se dire révolutionnaire, c'est aussi accepter la charge implicite que ce terme a acquis. Notre culture voit la révolution comme la démocratisation de l'aliénation ; on se révolte pour du travail, pour la liberté bourgeoise, pour avoir des droits, des frontières, des prisons et des écoles à soumission.

Je ne connais pas beaucoup d'exemple qui me contredisent...
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  Patrick MIGNARD
12-02-07
à 15:51

Re: Re: les bourgeois



Mais non Satya, tu as une interprétation un peu trop restrictive de l’Histoire.

Par contre je pense, mais peut-être que je me trompe, pour qu’il y ai une dynamique de changement par une classe sociale il faut deux choses :

- un développement économique alternatif – lui-même « formateur » de nouvelles valeurs et éthique sociales,

- une volonté politique qui sache se saisir d’opportunités, c'est-à-dire de moments qui permettent un renversement des rapports sociaux…

On peut prendre en contre exemple le passage de l’Empire Romain au système féodal qui se fait dans un chaos social assez caractéristique… En effet, ce ne sont pas les esclaves qui ont renversé l’Empire Romain mais des circonstances qui leur étaient extérieures… comme les invasions… et c’est vrai qu’il a fallu quelques siècles pour revenir à une structure sociale stable et codifiée.

Pour ce qui est de la classe ouvrière, contrairement aux « prédictions » du 19e siècle, et même du 20e, on ne peut pas dire qu’elle se soit donnée les moyens de renverser le système capitaliste. Faudrait aussi faire l’analyse du pourquoi ?

Les schémas historiques ne sont pas des fariboles, mais c’est vrai qu’ils sont difficiles à interpréter en terme opérationnel, c’est ce qui fait tout l’intérêt mais aussi toute l’imprécision de l’Histoire.

Je pense qu’il faut savoir, vouloir lire l’Histoire, elle est pleine d’enseignement mais il ne faut pas systématiser les observations que l’on fait… plusieurs interprétations peuvent être faites, il faut essayer de trouver des « tendances lourdes » qui elles sont significatives du fonctionnement des sociétés.

Par contre, Ibubolo, je ne vois pas trop ce que tu veux dire quand tu parles de « je veux abattre le corps social ». Qu’est ce que tu appelle exactement le « corps social » ? Est-ce l’ensemble des individus qui le constituent ? Sont ce les rapports économiques et sociaux qui le structurent ? Est-ce autre chose ? Si oui quoi ?

Quand tu dis « Se dire révolutionnaire, c'est aussi accepter la charge implicite que ce terme a acquis ». Non pas du tout, je ne te suis pas là-dessus. Ce n’est pas parce qu’un terme a pris un certain sens que celui-ci doit déterminer notre attitude et même notre discours.

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