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l'Humanité : "Prison . Une large pétition réclame la libération des anciens militants d’extrême gauche, qui ont achevé leur peine de sûreté. Un recours toujours refusé depuis.
Il y a dix-neuf ans, jour pour jour, les quatre principaux responsables d’Action directe (AD) étaient interpellés dans une ferme isolée de Vitry-aux-Loges (Loiret). Condamnés à perpétuité pour les meurtres du général Audran et de Georges Besse, PDG de Renault, en 1985 et 1986, leur peine de sûreté de dix-huit années a pris fin en février 2005. Depuis une année, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron, Jean-Marc Rouillan et Georges Cipriani peuvent accéder à une liberté conditionnelle. Qu’on leur refuse. Pour dénoncer cette situation, leur mouvement de soutien. Ne laissons pas faire, a rendu publique, hier, une pétition de 2 000 signataires (1). Elle sera remise dans les jours à venir au ministère de la Justice. « Les prisonniers d’AD ont terminé la peine de sûreté de leur condamnation à perpétuité. Pour nous, leur peine est accomplie. Quoi que nous pensions de leurs activités passées, nous demandons leur libération dans les plus brefs délais », indique le texte qui a suscité une mobilisation d’ampleur.
Des soutiens venus de tous les horizons
Parmi les signataires politiques, associatifs ou syndicalistes figurent notamment Jean-Claude Amara (porte-parole Droit devant !!), Gérard Aschieri (secrétaire général FSU), Denis Baupin (Verts), Olivier Besancenot (porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire), Martine Billard (député européen Verts), Nicole Borvo (sénatrice PCF), José Bové (syndicaliste paysan), Robert Bret (sénateur PCF), Jean-Pierre Dubois (président de la Ligue des droits de l’homme), Cécile Duflot (porte-parole Verts), Albert Jacquart (généticien, coprésident de Droit devant !!), Arlette Laguillier (porte-parole de Lutte ouvrière), Alain Lipietz (député européen Verts), Henri Malberg (commission justice PCF) ou Noël Mamère (députés Verts). Plusieurs personnalités réclament également la libération des ex-membres d’AD, tels les anciens résistants Raymond et Lucie Aubrac, les philosophes Étienne Balibar et Michel Onfray, les écrivains Henri Alleg, Gilles Perrault, Taslima Nasreen, Martin Winckler, les dessinateurs Jacques Tardi, Siné et Luz, l’anthropologue Emmanuel Terray ou encore le groupe des Béruriers Noirs.
« État désespéré » pour Joëlle Aubron
Samedi prochain, date du premier anniversaire de leur statut de « conditionnables », plusieurs événements vont avoir lieu en France, mais également en Allemagne ou au consulat de France à Milan (Italie). Des rassemblements sont prévus devant les prisons de Bapaume (Nord), d’Ensisheim (Haut-Rhin) et de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) où sont encore incarcérés trois anciens d’AD. En juin 2004, Joëlle Aubron a bénéficié d’une mesure de suspension de peine dans le cadre de la loi Kouchner, pour soigner un cancer au cerveau. Depuis la maladie n’a cessé de progresser, et la benjamine du groupe est actuellement dans « un état de santé désespéré », explique un de ses proches. Quant aux autres membres, ils ont été déboutés de toutes leurs démarches par la justice. Georges Cipriani s’est vu refuser deux fois une libération conditionnelle. Le 28 février, soit dans une semaine, Jean-Marc Rouillan recevra la réponse de sa seconde demande. Fin décembre 2005, Nathalie Ménigon a déposé une quatrième demande de suspension de peine pour raisons médicales. Elle est aujourd’hui gravement handicapée suite à deux accidents vasculaires cérébraux.
(1) Adresses de retour de la pétition :
http://www.action-directe.net.Défense active : 80, rue de Ménilmontant, 75020 Paris - NLPF : nlpf@samizdat.net ou http://nlpf.samizdat.net
Sophie Bouniot