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Ce texte est une petite contribution que j'ai écrite il y a un peu plus d’un an dans un contexte précis.
Un nouvel an avec une bande d'amiEs militantEs (anars et trotskystes !) et au fait de ces questions, parmi lesquelLEs certainEs soutenaient "la domination masculine est universelle et a toujours existé". Quelques unEs d'entre nous avaient donc travaillé sur le sujet et nous avons vécu une sorte de happening en forme de parodie de procès stalinien. Le texte représente donc mon intervention en tribune en tant que "camarade secrétaire du bureau international des femmes". Le moment vécu fut assez "remuant", je passe sur les détails.
Bref, dans ce texte j'ai voulu aborder la phrase sur le plan langagier : qu'est-ce qui se dit quand on dit "la domination masculine est universelle et a toujours existé", et pourquoi le dit-on. Je n'aborde pas réellement les mécanismes de fond qui mènent à cette domination que l'on constate dans les faits, y compris dans des milieux où cette domination est pourtant questionnée, et surtout dans les rapports particuliers, notamment le couple.
Je suis particulièrement sensible aux faits de langage, à l'exercice du pouvoir dans la parole et aux mécanismes subtils de valorisation et dévalorisation de la parole de l'Autre. Je voudrais cependant préciser que je n'entends pas nécessairement "sexe masculin"/"sexe féminin" lorsque j'utilise les termes "masculin/féminin". Il s'agit plutôt de principes : je connais comme tout le monde des individuEs de sexe féminin qui ont un rapport très vertical à la parole, comme des individuEs de sexe masculin capables de cette horizontalité qui me semble souhaitable. Je sais que moi-même je n'échappe pas toujours à ce rapport "dominateur", notamment dans des assemblées majoritairement masculines : il m'arrive de me servir du discours comme d'une arme, ma formation philosophique m'y aide, et m'aide à prévenir le renvoi trop facile et trop fréquent à l'"émotionnel" et à l'"hystérique". Cependant, j'essaie d'être lucide sur cette tendance personnelle un peu écrasante, et de laisser la place à une approche plus sensible. Ce n'est pas toujours facile, nous avons tous et toutes beaucoup de travail à faire...
D'un point de vue logico-formel, cette proposition est soit vraie, soit fausse. Il faudrait entrer dans une analyse un peu longue (et laborieuse) pour montrer qu'il ne suffit pas d'affirmer l'universalité pour entrer dans la catégorie de l'universalité. Je n'ai pas le temps, ni l'envie, de me replonger dans l'Organon d'Aristote. En logique formelle, cette proposition s'écrit A=B et A=C. S'il n'y a pas d'incompatibilité entre B et C, cette proposition est valide d'un point de vue formel, ce qui n'élucide en rien sa valeur de vérité.
D'un point de vue épistémologique, se référer à Popper et sa théorie de la falsificabilité. Pour que cette proposition soit prouvée fausse, un seul exemple suffit. C'est-à-dire, s'il existe une seule société dans laquelle la domination masculine ne s'exerce pas, cette domination ne peut plus se prétendre universelle et on ne peut plus dire qu’elle a toujours existé.
Admettons que nous ne trouvions pas de telle société et que cette proposition soit vraie. Alors :
Cette universalité et permanence de la domination masculine s'explique soit biologiquement comme un fait de nature, soit sociologiquement comme un fait de culture (en supposant que nature et culture puissent être séparés dans le devenir humain).
Biologiquement : il existe des données physiologiques (endocrinologiques, neuronales, ADN..., pour tant qu'on reconnaisse ce savoir-là comme absolu en l'état actuel des connaissances) qui expliquent qu'au sein de cette espèce particulière de mammifères qu'est l'espèce humaine, les mâles dominent les femelles (à la différence des mantes religieuses qui font bien peur et qui servent bien les fantasmes des mâles humains)
Culturellement : il existe des faits indiscutables dans l'évolution de l'espèce humaine et dans la transmission générationnelle acquise (adaptation au milieu par la transmission) qui expliquent que les hommes dominent les femmes.
Dans ces deux hypothèses, la proposition ne dit pas si elle est dépassable ou indépassable.
Cas 1 : Elle est indépassable. Les hommes dominent les femmes. C'est universel, ça a toujours existé. On ne peut rien y changer car c'est un donné biologique indépassable et/ou c'est un donné culturel indépassable.
Exemple de donné biologique indépassable : Ce sont les femmes qui portent les enfants et qui accouchent, ce sont les hommes qui engendrent.
Exemple de donné culturel indépassable : Une société qui n'assure pas les moyens de sa subsistance en tant que société est vouée à disparaître.
Cas 2 : Cette proposition est dépassable. Dans ce cas, qu'exprime-t-on, que veut-on exprimer en avançant : "La domination masculine est universelle et elle a toujours existé" ?
Est-ce qu'on dit : Ça a toujours existé et ça existera toujours ? C'est donc indépassable (ou en tout cas on souhaiterait de manière plus ou moins inconsciente que cela le soit). De même que seraient indépassables des propositions du type :
"Il y a toujous eu des riches et des pauvres."
"Les blancs ont toujours dominé les noirs."
On peut être formellement plus proche de la proposition.
"La domination des blancs est universelle."
"La domination des exploiteurs est universelle."
Ce genre de formulation va jusqu'à nier l'existence de l'autre - le dominé - dans la phrase (femme, autre que blanc occidental, exploité...). Le dominant, de par sa domination même, est seul digne d'être explicitement mentionné.
Qu'est-ce qui se dit encore dans la proposition "La domination masculine est universelle et a toujours existé."? Enlevons l'adjectif qualificatif. Il reste «La domination est universelle et a toujours existé».
Admettons que ce soit vrai, cela signifie donc qu'il y a des êtres faits pour dominer et d'autres faits pour être dominés. Quel est alors le sens de toute action politique, de toute volonté de changement ? S'il est vrai que certains sont faits, par nature et/ou culture, pour dominer ou pour être dominés, alors renonçons à toute forme d'action. C'est la seule cohérence que nous pouvons avoir, si vraiment nous assumons de penser cela.
Certains peuples pratiquent ce renoncement. Leur mauvais karma les a fait naître dans la caste des Intouchables. Ils ne se révolteront pas et veilleront par leur renoncement et l'acceptation de leur destin à s'assurer un meilleur karma lors de leur prochaine réincarnation.
Reste pour moi, femme-faite-pour-être-dominée, à espérer naître homme dans ma prochaine vie, et à me l'assurer par une acceptation docile et soumise de mon destin de femme-faite-pour-être-dominée.
Ou alors, "la vie n'étant qu'une vallée de larmes" conçue par quelque Dieu irascible et jaloux (mâle en tout cas dans l'imaginaire occidental), reste pour moi à m'assurer le Paradis par mon acceptation docile et soumise de mon destin de femme-faite-pour-être-dominée.
Il y a 50 ans, le destin biologique de l'humanité sexuée était clair et indépassable. Avoir des relations (hétéro)sexuelles signifiait accepter, de plus ou moins bon gré, le risque (ou le bonheur) d'avoir des enfants pour tout homme ou toute femme en âge de se reproduire. Toutes sortes d'interdits culturels existaient en Occident pour prévenir les "accidents" et au besoin on faisait appel aux "faiseuses d'anges". Mais sexe=reproduction n'était jamais absent des mentalités et des esprits. Ils étaient tellement associés qu'ils formaient presque un tout. Aujourd'hui, dans nos sociétés occidentales, l'enfant se prévoit, se planifie et les recherches en génétique semblent indiquer qu'on pourrait même bientôt programmer l'enfant à venir, comme on choisit des options sur sa bagnole.
Voilà donc bien un fait biologique dépassé, qui pourtant semblait indépassable à nos grands-parents à l'âge de leurs premiers émois.
Ceci pour dire qu'on ne pense qu'à l'intérieur d'un système de représentations donné, système culturel de quelque apparence qu'il se montre (notre représentation scientifique de la nature et du monde est lui aussi un système culturel...), et que penser vraiment, c'est mettre en doute aussi notre système de représentation, lui dénier sa prétention absolutiste à la vérité.
Quelle est la valeur de la proposition ?
Modestement, je dirais, d'après ce que j'ai compris de mes lectures, que la proposition peut bien être valide sur un plan formel, mais que la valeur, le jugement de valeur, qu'elle est susceptible de contenir n'est pas élucidable en termes rationnels : le jugement de valeur n'est lié qu'à des éléments subjectifs liés eux-mêmes à un contexte culturel et éthique (quelle "morale" véhicule telle ou telle culture ?)
Dès lors, que faire de cette domination masculine qui serait universelle ?
Je note au passage qu'on ne parle jamais de domination féminine (et je note encore, toujours au passage, qu'on parle plus aisément de manipulation féminine lorsqu'on veut parler du "pouvoir de l'ombre" des femmes, ne vous plaignez pas !), comme si les deux mots étaient incompatibles.
Etymologiquement, dominer vient du dominus latin, lui même issu de domus (maison), dominus : le maître de maison, et domina : la maîtresse de maison. En opposition, le servus : l'esclave. Nous sommes bien dans l'oïkonomikos, l'économique, toujours étymologiquement (règles de la maison).
Pour en revenir à l'incompatibilité avérée dans le vocabulaire (à défaut d'être réelle, qui ne connaît des femmes dominatrices, mais c'est forcément péjoratif, et tellement choquant au regard de l'idéal féminin tout de charme et de douceur bienveillante...), je pourrais, dans une réaction superficielle, m'en réjouir et penser que les hommes devraient peut-être s'interroger sur la si grande affinité entre les mots "domination" et "masculin", surtout s'ils revendiquent par ailleurs un monde non basé sur l'exploitation de l'homme par l'homme... Je n'en demande pas tant à Mrs. Seillière et consorts qui se satisfont très bien de cette exploitation. Y a-t-il là quoi que ce soit d'enviable ? La domination masculine est universelle et a toujours existé, y a-t-il là le moindre motif de fierté pour l'humanité ? N'est-ce pas là un problème qui se pose aux hommes plutôt qu'aux femmes ?
Et encore : Cet universel signifie-t-il une supériorité ? Je passerais sous silence, par souci de clarté, toutes les réflexions qu'engagent la seule écriture du mot "supériorité", il y aurait fort à dire.
A supposer même que l'on prouve que les hommes sont supérieurs aux femmes, encore faudrait-il savoir :
1) si la supériorité doit impliquer une aliénation et une hiérarchie, et cela s'élucide sur le mode d'une décision humaine. Ce n'est pas de l'ordre de l'évidence.
Exemple : 1000>1 se lit «mille supérieur à un». Cela signifie-t-il que 1000 vaut mieux que 1 ? La réponse est claire dans le système capitaliste, c’est oui. Dans le domaine mathématique, c’est non.
2) si les critères qui fondent cette supériorité sont masculins ou féminins.
Exemple : Une expérience montre que les femmes mettent en moyenne 55 secondes de plus que les hommes à sortir d'un même labyrinthe. Les hommes utilisent des critères abstraits, les femmes des critères sensibles. De cette expérience, on déduit que les hommes sont supérieurs aux femmes, parce que rapides et abstraits, tandis que les femmes sont lentes et sensibles. Dans une société fondée sur les valeurs de lenteur et de sensibilité, il me semble pourtant clair que la même expérience prouverait la supériorité des femmes sur les hommes.
Reste la force et l'exercice de la force. En dernier recours, la force physique des hommes est incontestablement plus grande que celle des femmes. L’usage de cette force engendre des inégalités non seulement dans les rapports hommes/femmes, mais également dans les rapports hommes/hommes. Est-ce vraiment là la supériorité ? Et plus important, est-ce vraiment là l'humanité dans laquelle hommes et femmes nous voulons vivre ?
Sur ces questions-là, je crois, les hommes doivent se positionner, clairement et honnêtement. Que des hommes affirment "la domination masculine est universelle et a toujours existé" doit amener de leur part une décision, une prise de position quant aux implications qu'ils souhaitent pour cette proposition, sinon ils risquent fort de passer pour les complices tacites de systèmes d'oppression qui s'exerce à presque tous les niveaux de relations humaines.
En définitive, la question qui se pose est toujours celle du pouvoir. Cette situation de domination, donc de pouvoir des unEs sur les autres, à mon avis existe, et aliène certes les femmes, mais également les hommes. Envisager un monde qui ne soit pas basé sur les rapports de force et d'exploitation signifie, si tant est que l’horizontalité des pouvoirs soit pour nous, hommes et femmes, un idéal à atteindre :
1) pour les femmes d'arriver à faire entendre et reconnaître leurs conceptions du monde sur un mode différent du mode dominant (si c'est pour faire pareil et calquer l'accès au pouvoir sur le modèle hiérarchique et patriarcal, merci bien ! Je préfère rester à la maison et m'occuper des enfants... Je n'ai pas non plus envie de devenir l'une de ces "féministes à grosses couilles" dont parle un de nos amis) . Cela passe également par une remise en cause des prérogatives et privilèges du sexe dit «faible».
2) pour les hommes, d'envisager qu'il faudra renoncer aux prérogatives et privilèges du sexe dit "fort" et avoir le souci d’entendre et de reconnaître l’altérité de la voix des femmes quand elle cherche à s’exprimer.
(Il y a une certaine amertume dans ces propos, que
l’on peut comprendre depuis une expérience de femme tentant
de mettre en oeuvre avec d’autres individuEs, hommes et femmes, des
moyens concrets et des pratiques d’émancipation, et
s’entendant dire cela. par des hommes.. Difficile parfois
d’échapper au «resssentiment»...)
Provisoire
Commentaires :
stupidchick |
bravo pour cet article subjectif mais très clair et bien pensé. Toutefois, la phrase de départ est ethnologiquement fausse. La domination masculine n'est pas universelle, quant à savoir si elle a toujours existé tout est subjectif. On ne connaît du passé que ce qu'on a bien voulu en archiver. Il est fort possible qu'au cours d'une vague de domination masculine tous les vestiges de la société matriarcale antérieure ait été passée à la moulinette. Il en subsiste même des preuves, notamment en Afrique. Désolée de ne pas pouvoir argumenter mes propos davantage, mais peut-être que d'autres le peuvent. Répondre à ce commentaire
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Anonyme 26-02-05
à 21:30 |
Il reste ><p>Pour pouvoir dominer, il faut que l'autre accepte le cadeau. Le cadeau ! Quel cadeau ? Celui de vivre sa petite vie en paix.</p><p>Comment l'esclave a pu bâtir la pyramide de Pharaon ? Parce qu'en échange, Pharaon laissait la vie pour un temps à l'esclave. Auriez-vous hésité à sa place ?</p><p>L'homme domine l'homme et bien sûr aussi la femme. Quel est encore l'objet de l'échange ?</p><p>L'erreur vient de loin, de celui, de celle qui le premier accepta l'échange. L'histoire de ce fameux singe dans le mauvais sens.</p><font size="2"><p><< S'il est vrai que certains sont faits, par nature et/ou culture, pour dominer ou pour être dominés, alors renonçons à toute forme d'action. C'est la seule cohérence que nous pouvons avoir, si vraiment nous assumons de penser cela. >></p><p>C'est pratiquement le cas...</p></font>
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libertad 26-02-05
à 23:36 |
Je trouve le texte de Provisoire excellent et j'en arrive aux mêmes conclusions mais en abordant le sujet totalement différemment, Provisoire se situant dans la logique du raisonnement.
Je ne crois pas que la domination masculine soit universelle, l'étude de peuples dits "premiers" l'a montré où les femmes ont une place primordiale, voire dominante, ces sociétés sont dites matrilinéaires puisqu'on leur refuse l'étiquette matriarcales, comme le dit justement provisoire : "Je note au passage qu'on ne parle jamais de domination féminine (et je note encore, toujours au passage, qu'on parle plus aisément de manipulation féminine lorsqu'on veut parler du "pouvoir de l'ombre" des femmes, ne vous plaignez pas !), comme si les deux mots étaient incompatibles." La notion de domination masculine étant devenue une sorte de tautologie, d'évidence naturelle, la possibilité d'une domination féminine, d'un pouvoir des femmes ne peut même plus être envisagée. Ainsi les anthropologues, la plupart de tendance structuraliste, se refusent à étudier la structure du pouvoir dans ces sociétés puisqu'il existe un invariant universel : la domination des hommes toujours et partout. Pour des exemples de ces sociétés voir les pages suivantes : - les Totoperas zapotèques : http://hommefemme.joueb.com/news/107.shtml - les Mosuo : http://hommefemme.joueb.com/news/102.shtml - les Khasis : http://hommefemme.joueb.com/news/106.shtml D'autres exemples pourraient être donnés qui montreraient que c'est par pur ethnocentrisme que l'on peut dire que la domination masculine est universelle. J'irai même jusqu'à dire que le refus de voir que ces peuples sont organisés sur une autre base que la notre tient du racisme et de la volonté d'oubli du génocide des peuples premiers dont il reste bien peu aujourd'hui. On pourrait donc dire : la domination masculine est quas-universelle puisque nous avons exterminés les peuples qui étaient organisés sur une autre base et cette extermination ne date pas de la période moderne... mais du néolithique et se poursuit pour les derniers. Bien sûr nous n'avons pas exterminé que des peuples matriarcaux" ! Nous en arrivons donc à la deuxième partie du sujet, la domination masculine a toujours existé ! Eh bien non, elle n'a pas toujours existé : aussi bien l'archoélogie que l'étude des mythes montrent qu'il a existé un matriarcat avant le patriarcat et que le patriarcat s'est construit sur l'écrasement du monde matriarcal. Alors arrivé à ce point les opposant(e)s à l'idée de l'existence du matriarcat disent mais quelles preuves avez vous ? Il n'existe aucun texte qui le prouve. Evidemment puisque ce basculement s'est produit avant l'écriture ( quoique certaines formes d'écriture retrouvées restent pour le moment indéchiffrables : voir celle de la société de l'Indus par exemple ). Comme on ne peut retrouver par définition de textes sur ces sociétés matriarcales ( sans écritures déchiffrées ) on est obligés de se rabattre sur les premiers mythes écrits : ceux de Sumer. C'est à quoi s'est attachée Françoise Gange dans son livre : "les dieux menteurs" où elle décrit à travers les premiers mythes patriarcaux l'histoire du monde matriarcal de la déesse, renversé par le patriarcat à Sumer. L'archéologue Marija Gimbutas a montré pour sa part que ce monde de la déesse s'est étendu jusqu'en Europe avant d'être détruit lui-aussi par les peuples indo-européens patriarcaux. Ses livres "the language of goddess" et "the living of goddess" n'ont jamais été traduits en français bien qu'ils regorgent de preuves archéologiques de ses dires et qu'il concerne pour partie la France. Mais puisque le matriarcat n'a jamais existé ! Pourquoi traduire ces livres ? Pour lire deux exemples de ces sociétés préhistoriques matriarcales : - la civilisation de l'Indus : http://hommefemme.joueb.com/news/79.shtml - la civilisation des oasis : http://hommefemme.joueb.com/news/101.shtml De mon point de vue la domination masculine n'est ni universelle ni de tout temps, c'est un système de domination politique des hommes sur les femmes existant depuis la naissance du pariarcat - grosso-modo au néolithique - bien que des sociétés comme les Mosuo n'aient jamais connu le patriarcat. Mais disons que le début d'écrasement du matriarcat à Sumer à été le lancement du processus qui ensuite s'est répandu par le monde. Reste après à comprendre pourquoi ce basculement a eu lieu, pourquoi nous sommes passés d'une société d'agriculteurs relativement pacifique à ce monde de violence et d'exterminations qui détruit sa propre base de survie ( la terre et l'équilibre écologique ). Et là nous commençons à aborder des sujets tabous que ni les préhistoriens et anthropologues phallocates, ni les féministes radicales qui monopolisent ces domaines ne veulent étudier ( pour des raisons opposées mais convergeantes ) : comment s'est exercé le pouvoir dans des sociétés matriarcales, par quels moyens les femmes ont-elles exercé leur domination sur les hommes ? Pour une hypothèse sur cette question lire : http://hommefemme.joueb.com/news/100.shtml Répondre à ce commentaire
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Yvan du Couscous 27-02-05
à 05:55 |
Re:Excellent texte de Provisoire. Juste dommage qu'on en reste sur des objectifs distincts selon le sexe, même si ces objectifs envisagés sont convergents.
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libertad 28-02-05
à 00:02 |
Re: altérités
Pour une question plus précise, j'aimerais aussi que l'on discute aussi du sujet de ce texte : "la domination masculine est-elle toujours universelle et a-t-elle toujours existée" car il me semble que ta nouvelle question nous éloigne un peu de la problématique de départ. Cette question me semble assez fondamentale car l'affirmation est tenue aujourd'hui à la fois par un discours masculin ( masculiniste dans son extrême, machiste dans le plus courant ) et féminin ( une partie du féminisme )
Quel peut-être notre attitude d'hommes face à un discours de dévalorisation des femmes ? Dans les faits courants je constate que ce discours n'est pas très difficile à contrer de la part d'un homme et j'observe peu de résistance de la part de ceux qui le tiennent par faute d'arguments et de légitimité. Par contre il est fort possible que des hommes qui tiennent ce discours de dévalorisation le tiennent peu face à des hommes qui ne le reprennent pas et contrent leurs arguments. C'est un phénomène assez fréquents dans les groupes d'hommes et j'imagine par exemple que ce genre de propos peut se propager facilement dans des milieux masculins genre supporters de foot ou tablées de routiers, voires réunions de travail de commerciaux mais c'est un discours qui résiste mal à la contradiction, du moins à la contradiction masculine. Dès que comme homme on s'oppose à ce discours, on assiste plutôt à une fuite. Ce qui est vrai aussi c'est que les hommes qui tiennent ce genre de discours le tiennent peu ou pas devant des hommes dont ils savent qu'ils les contrediront. Mon vécu d'homme sur cette question est bien sur totalement différent de celui d'une femme puisque le discours tenu ne nous met pas en cause et qu'il permet au contraire d'avoir une position de légitimité, ce que n'ont pas les hommes qui tiennent le discours dévalorisant. En fait je n'éprouve pas de problème particulier pour contrer le discours masculin de dévalorisation des femmes par contre j'éprouve plus de difficulté à me sentir légitime lorsque le discours de dévalorisation de femmes provient d'autres femmes. Ma position reste la même mais elle est plus instable, travaillant dans un environnement majoritairement féminin, j'y suis de plus en plus confronté. Répondre à ce commentaire
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ibubolo 28-02-05
à 10:52 |
Re: Re: altéritésje pense qu'il faut aussi évoquer la construction sociale du genre qui fait des filles des auxiliaires de soin et des garçons des petits soldats. si l'on prend des enfants élevéEs de manière différente de ce que l'on use à connaître, l'on s'aperçoit vite que la plupart des attributs de genre sont remis en questions jusqu'à s'effacer... en ce qui concerne les sociétés matriarcales ou matrilinéaires, je ne pense pas qu'il s'agisse d'un confortable et doux passé dont nous devons souhaiter le retour ou le mimétisme... (mais je reste bien conscient au fait que les connaître permet de démonter plus efficacement le postulat de domination masculine). ...ne voulons-nous pas précisement d'une société anarcale ? Répondre à ce commentaire
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libertad 28-02-05
à 11:35 |
Re: Re: Re: altéritésje te rejoins Ibubolo sur les sociétés matriarcales, je ne les considère pas comme un paradis perdu mais importantes dans la définition d'une société anti-sexiste future car leur étude pourrait permettre de comprendre pourquoi le patriarcat est né et comment arriver à une société où ni hommes, ni femmes ne dominent et où le sexe biologique n'apporte aucune espèce de pouvoir.
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libertad 28-02-05
à 13:27 |
Re: Re: Re: Re: altéritésTu as raison Provisoire : la norme sociale est très forte et j'observe avec mes propres enfants qui même si on les éduque avec principes anti-sexiste, ces idées ont peu de poids par rapport au contexte dont ils font partie. Je veux dire que le principal vecteur de reproduction des normes sexiste est le groupe de pair(e)s. C'est au sein des groupes de garçons et de ces groupes par rapport aux filles que se perpétuent les normes sexistes. Je pense qu'actuellement l'éducation familale pèse de peu de poids. Bien sur il vaut mieux donner une éducation qui aille à l'encontre de ces normes car cela finira toujours par sevir, à l'adolescence par exemple, lors de le construction d'une personnalité autonome et peut-être même beaucoup plus tard ( je pense à un saut de génération ). Ce discours qui s'élabore dans les goupes de pair(e)s est de pure identification, c'est un discours de norme identitaire. Enfant il est très difficile à combattre car il signifie l'exclusion de ce groupe ( ce n'est pas facile à vivre pour un enfant ) par contre devenu adulte c'est un discours assez facile à démonter car il est sans argumentation. Répondre à ce commentaire
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Cercamon 28-02-05
à 20:05 |
Re: Re: Re: Re: Re: altérités
Il y a tellement de chose à dire, le format web est ici mal adapté, je garderai donc certaines choses « de part moi », jusqu’au jour où on pourra discuter de ça autour d’un verre.
Vous un sujet dont je voulais discuter depuis longtemps avec toi Libertad, histoire d’entendre l’expérience de parents » sur le sujets… « Je pense qu’actuellement l'éducation familale pèse de peu de poids » J’ai donc ici ma réponse sans avoir eu besoin de te poser la question ;-) J’ai pas encore de minots, mais j’ai frère et sœur, et tous trois nous avons été élevés par, on va dire, des « 68ards », dans un village comparable (quoique plus grand peut-être) à celui que provisoire décrit (et bien que je n’ai jamais par chez moi entendu parlé de « chasse au PD »). Or malgré cette éducation commune nous n’avons pas aujourd’hui (1) nécessairement les mêmes conceptions des relations entre individus « alter » (2) vécu de la même façon notre altérité à nous face à l’environnement social, en terme de souffrance, expériences, leçons tirées, etc. etc. En avant pour une courte auto-biographie, je m’excuse d’infliger ça aux touristes, mais, infatué de ma personne au plus haut point, j’ai la certitude que cela peut apporter quelque chose au débat, vu que ce n’est pas un témoignage de parent, mais d’enfant devenu grand, élevé dans un contexte de « pas trop de domination » (restons modeste) confronté à un monde de « domination ». A la campagne (*) il a été difficile pour moi d’être attractif pour mes camarades (nous avions 13-14ans, première moitié des années 90) alors que je n’affichait pas des posters de Ferrari dans ma chambre avec une blonde à gros sein allongée sur le capot, parce que je ne participais pas à l’échange rituel des cassettes porno le matin avant les cours, parce que les joggings et les chaussures de sports me faisaient horreur, à cause de mes cheveux à peine plus long que la normale, ou parce qu’il m’était difficile de jouer au football un bouquin à la main. La situation était plus complexe que ce qu’on en peut comprendre en lisant ce que je viens d’écrire : si vous étiez fils de paysans, avec certaines valeurs, vous étiez aussi stigmatisé car décrété d’un autre temps, et que vous ne sacrifiez pas non plus aux pratiques idolâtres du moment. Rien de plus affligeant que des ploucs méprisants. Enfin, la différence que j’ai remarquée par rapport aux jeunes qui avait quelques années de moins que nous, c’est qu’il n’y avait pas d’alternative possible. Enfin si : soit bourrin, soit encore plus gros bourrin, soit à côté. Bien sûr j’ai quand même fréquenté du monde, et, grâce (ou à cause ?) des jeux vidéos, j’ai aussi perdu quelques après midi à échanger des mandales virtuelles avec mes petits camarades, sans que cela fasse de moi un viriliste forcené. En fait ma mise « à côté » (j’ose à peine dire « en-dehors » ;-) date de la maternelle. Premières expériences socialisatrices, premières expériences traumatisantes. Une anecdote qui en fut le sommet (il y en a plein d’autres) : j’étais, alors, fan de Candy (je devais avoir 4 ou 5 ans). Eprouvant beaucoup de compassion pour la pauvre orpheline, j’arborai fièrement une paire de bretelle (roses) à son effigie. Je n’aurais jamais pu concevoir de quelque manière que ce soit la brutale réaction de mes camarades de classe : tou(te)s me pointant du doigt : « ouh la fille, ouh la fille ». Comme j'ai un fond plutôt violemment réactif, esclandre. La maîtresse me voyant au centre de la tourmente, de loin, m’appelle (une charitable amie l’était allée chercher en renfort), pour que je vienne m’expliquer auprès d’elle. Interprétant mal l’intervention, je me sens mis en accusation, abandonné de tous. Je sais que je ne pourrai pas casser la gueule à toute la classe, la maîtresse y compris (je n’avais pourtant pas hésité un jour précédent à la frapper d’un bâton à plusieurs reprises alors qu’elle avait osé me donner un ordre). Je me suis donc rendu compte très tôt (1) que les personnes qu’on m’obligeait de côtoyer n’avait rien à faire dans mon monde, (2) que malgré mon caractère colérique, face à la masse, il valait mieux souvent battre en retraite – ce qui n’empêcha pas d’autres (mais fort rares) confrontations épiques dans ma prime jeunesse, seul contre tous. Mais dans ces cas là, c’était toujours en prenant la défense de quelqu’un d’autre, et non pour moi-même, auquel cas j’appliquai le remède de la patience. Malgré ça, j’ai toujours été assez mégalo pour penser que c’était les autres qui avaient un problème. Et je ne me suis jamais remis en cause moi-même. Selon les humeurs, je n’ai jamais éprouvé à leur égard qu’indifférence, mépris ou indulgence. Cela a eu des conséquences, quelquefois douloureuses. Par exemple j’ai de beaucoup différé les débuts de ma vie amoureuse, et le plus dur c’est parce que j’ai quand même été amoureux avant, mais je ne voulais pas, pas dans ce milieu là, pas avec ces gens là. Et je ne vois pas cela comme une injustice, comme un droit qui m’a été refusé : il ne me vient même pas à l’idée de réclamer une évolution sociale parce que ça aurait pu changer cela. Ces choix et ce comportement m’ont appartenu et m’ont rendu ce que je suis actuellement, et franchement, je me trouve très bien ;-) Donc je ne changerai un élément de mon histoire pour rien au monde. Donc on peut très bien vivre l’exclusion, mais était-ce parce que ma personnalité volontaire me l’a permis ? Parce que les conditions précises des expériences que j’ai vécu ne m’ont pas laissé d’autres choix ? Parce que je lisais livre sur livrequi me racontaient que j'avais le temps, que les épreuves seraient nombreuse avant que j'arrive quelque part ou à quelque chose, - peut être à rien ? Je donnerai moins de détail concernant mon frère et ma sœur (c’est eux que ça concerne). Ils ont mal vécu leur différence. Petit, mon frère aimait les dînettes et les poupées. Mais il n’en a pas fait la publicité, et très vite il s’est retourné vers des jouets virils, et s’est assimilé au groupe. Il faut dire qu’avec les enfants qu’il côtoyait en classe, c’était beaucoup plus facile, car ils étaient plus ouverts et attentionnés que dans mon cas. Mais il est clair pour lui que « les hommes et les femmes, c’est pas pareil », il a des poses beaucoup plus « viriles », etc. que moi, et ce n’est pas un révolutionnaire ;) Il faut dire aussi que parmi les gens de son âge, des « rebelz » commençaient à apparaître. Même marginal, ça devient plus dur d’échapper à un groupe... J’aurai pu m’adjoindre à eux, mais je les trouvais trop puérils et trop peu profonds (des rebelz quoi !) Pour ma sœur ça a été beaucoup plus difficile. Est-ce parce que c’est une fille ? Est-ce parce que c’est la plus jeune ? Est-ce parce qu’elle a rejoins les rebelz qui valaient pas mieux (voire moins) que la moyenne, tout en se donnant des airs ? Je ne pense pas que les pressions directes soient plus ou moins dures. Ce qui est clair, c’est un manque d’assurance et d’affirmation de soi, pour tenir le coup hors de tout. Est-ce qu’une fille solitaire c’est encore moins pensable qu’un garçon solitaire ? La solitude c’est l’autosuffisance, et une fille autosuffisante ça n’existe pas (et je ne parle pas encore de liberté dans un groupe, je parle d’une fille hors d’un groupe) ? Je ne saurais être définitif sur ce point. Est-ce bêtement une question de caractère ? Est-ce même que l’analyse est biaisée ? Parce que finalement, ma sœur est désormais pompier volontaire, et qu’en caserne, elle se confronte à un bel échantillon de macho en tout genre, et pas des tendres ! Et elle lutte et elle tient le coup, et elle s’éclate… Ce que je fais c’est pas un plaidoyer pour dire : allez-y éduquez vos enfants hors des normes, forcez-les à s’exclure, on peut survivre. Je n'aurais pas assez de mépris pour ce genre d'éducateurs/tortionnaires là. Ce que je dis, c’est qu’il n’y a aucun mal à proposer autre chose à ses enfants. Après, un peu le hasard des rencontres, des situations vécus, feront ce qu’ils vivront (bien ou mal). S’il vous plaît, ne sombrez pas dans le déterminisme : si je fais bien la recette j’aurai un enfant comme il faut. Il a ses choix à faire aussi. Ne pas chercher à tout contrôler, mais ne pas non plus offrir autre chose que ce qu’on peut offrir. Leurs interactions avec le monde, y compris social, leur appartient aussi à eux. Et surtout ne lisez pas le livre de Belloti ! Sinon, une ch’tite expérience d’éducateur. Durant mes études, il y avait une cité au bout d’un cul de sac, coincée entre un cimetière, la fac où j’allais et un lycée pro. Les gens de l’extérieur déposaient leurs ordures devant la voie d’accès à la cité, car ça ressemblait à un terrain vague. Je consacrais quelques uns de mes week-ends à « sortir » des garçons de cette cité. L’objectif : leur apprendre à vivre et à faire des choses à plusieurs… Les plus grands n’avaient pas 14 ans, et la question du rapport aux filles étaient épineuse (en fait tout était épineux). Sincèrement ça m’a conforté dans l’idée que le caractère joue un rôle important, mais on voyait très bien dans les comportements ceux qui étaient élevés ensembles. Seulement l’éducation ne se traduit pas toujours de la manière dont on l’attend, et où on l’attend. Bref. Parents, soyez humbles ! Ensuite, comment leur apprendre à se comporter comme il faut ? Avec le temps deux stratégies, qui m’ont semblé universelles, quel que soit le sujet. Il y a ceux à qui ont pouvait dire comme ça : « Non, on ne fait pas comme ça ! » (Des fois il fallait le dire très fort) Et puis après on expliquait. Une autre, qui marchait plus largement, et que j’ai trouvée un peu par hasard (et qui m'a fait me poser des questions au début) : il fallait montre que d'un côté il y avait le comportement des « Vrais hommes », et des « t’es pas un homme si tu fais ça, t’es rien ». Il faut savoir le dire (ça peut être assez subtil), mais en général, ça permettait d’intégrer le comportement, ou au moins de l’interroger, et après d’en discuter. Si on ne donnait pas cette garantie préalable, on pouvait parler trois jours, ça servait à rien. Pour moi, c’était un moyen de formuler la question : « Ce que tu fais fait ce que tu es. Si tu fais ceci ou cela, que seras-tu ? », mais de manière plus brutalement émotionelle-identitaire que du point de vue mou-analytique. Le pire c’est que j’ai pu remarquer que ça peut marcher aussi ailleurs (genre « conversation » de bar) : (prendre l’air meurtri et « avé l’accent ») : « Non, tu déconnes, on parle pas des femmes comme ça… T’y es un homme, quand même ?! et tu parles comme ça ? et le respect…dis-moi, tu le penses vraiment ça ?... etc. »). Mais c’est pas un exercice facile : il faut vite capter ce qui va toucher le type en face (parce que on peut se planter), donner l’air de parler d’un truc important qui nous tient à cœur sans que ça soit un blocage, et sans agresser… le plus important c’est de pas montrer une émotion trop forte mais une assurance ferme, très ferme, et avoir un style qui « parle » à l’interlocuteur. C’est épuisant, et il y a plein de paramètres (composition du groupe, autorité qu’on peut « recruter », qui on est par rapport au groupe, etc. etc.). Donc franchement, à part occasionnellement, j’ai arrêté ce sport depuis un moment. C’est trop un jeu « social » pour moi. Et il suffit qu’il y ait un « jusqu’au boutiste » au milieu, c’est suffisant pour mener la discussion dans l’impasse. (*) : j’utilise une formule abusivement généralisatrice parce que je campe un contexte… cette remarque résulte simplement de mon expérience personnelle et de la comparaison avec les pratiques et le vécu des gens que j’ai rencontré plus tard en ville, qui doivent avoir leur lots de travers, peu être plus insidieux. Répondre à ce commentaire
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libertad 28-02-05
à 22:30 |
Re: Re: Re: Re: Re: Re: altéritésCercamon, j'observe que nos parcours ont assez semblables du côté de l'enfance :-)
Je trouve très intéressante aussi ta présentation de la façon de discuter avec un groupe d'hommes à propos des femmes pour contrer des idées sexistes. J'ai observé aussi que de ce point de vue c'est la fermeté ( mais non l'hostilité à celui qui parle ) qui marche : plus tu es ferme et déterminé, plus le discours de l'autre s'effondre car je le redis c'est un discours identaire sans fondement logique et sans arguments, c'est un discours pour dire : "on est des hommes nous". Donc lorsque l'on tient un discours que je qualifierais même de "viril" face à des propos machistes, le discours machiste ne tient pas la route. Mon expérience est plus en fait des discussions inter-individus que de groupes car je fréquente peu , sinon pas les groupes d'hommes, par manque total d'intérêt de ce qui peut se dire et se vivre dans ces groupes. C'est assez difficile à expliquer mais il est possible de tenir devant des hommes un discours anti-sexiste qui soit plus viril que le leur : par exemple leur dire qu'ils sont incapables de se débrouiller seuls, sans un femme, ça ils aiment pas trop qu'on leur dise, car ils savent que c'est vrai. Il ne faut pas oublier que le macho a souvent besoin, sinon toujours d'une "moman" pour s'occuper de lui. Je pense que pour des hommes il est plus facile de tenir des arguments masculins antisexistes face à des machistes que de reprendre les propos féministes, car en général ça ne passe pas trop, le discours "victimiste" par exemple me semble assez inopérant. Répondre à ce commentaire
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Cercamon 01-03-05
à 02:41 |
Re: fille de... mère de...-> "j'ai découvert les limites de cette attitude qui peut aussi conduire à l'isolement orgueilleux"
Je dirai que ce n'est pas une attitude à part entière. J'ai dit en préambule qu'il y a beaucoup de chose que je n'avais pas la place de dire... c'est plutôt un des pôles de mon attitude. Bien sûr que si tu en restes là, il n y a plus que froideur, et pis que de l'orgueil, une dureté et une insensibilité sans nom. Ce qui permet de voler dans ces hauteurs, ce sont justement une trés grande sensibilité et une très grande générosité, sinon on asphyxie son coeur. Pour aller vite, prendre (intérieurement) de la hauteur (certes bienveillante) sur ses pairs, permet d'éviter de les haïr, ou de se haïr soi-même. Enfin, je pense que c'est ce qui m'a épargné cela. Si on ne t'apprends qu'à donner sans compter, être confiant, naturel, à te dévoiler sans calcul, comment survivre dans un monde qui n'a pas choisi les mêmes règles ? A force de te prendre des coups, soit tu te révoltes méchamment contre les autres, soit tu persévères et tu te détruis. Alors il faut arriver à bien reconnaître les situations, et bien tenter d'acquérir l'acuité qui te permets d'apprécier ce qui est opportun de ce qui ne l'est pas (et à savoir arrêter les frais quand il faut). Mais comment savoir, à 5 ans, à 10 ans, à 15 ans et même plus ou encore plus ? Sachant que tu n'es pas déjà au bout du chemin (auquel cas ce serait facile...). Je constate que certains ont plus de facilité à s'extraire de leur environnement ou plutôt de "plonger dans le monde sans se mouiller" que d'autres. J'ai peut être un peu forcé le trait sur cet aspect, mais c'est parce qu'il me semblait qu'il fallait souligner la spécificité qui m'a permis de m'en sortir. Certes, cela ne m'a pas épargné des expériences douloureuses, mais je ne les ai pas vécues comme injustes ou exagérément menaçantes. Je me les suis approprié. C'est plus une question, à mon sens, de "ne pas souffrir de souffrir" que de souffrir tout cours. Mais là ça commence à être trop difficile à expliquer sur un blog. Ensuite, je ne suis pas certains que mes petits camarades souffraient moins. Ce qu'il y a aussi, c'est qu'il est plus facile de pointer une origine, parce qu'elle est plus visible. "Mes parents sont marginaux, il ne m'ont pas fait semblables aux autres, c'est à cause de ça que j'ai des problèmes avec eux" (en gros). Mais les autres ne portent ils pas une souffrance sans nom ? Là je ne dis pas qu'il ne faut pas s'en inquiéter ou échanger/rassurer sur ce point (bien que moi je n'en ai pas eu trop besoin), mais simplement que cette situation n'est pas "pire" qu'une autre (c'est au moins pour ça qu'on vit différemment non ?) . Enfin je dis ça, c'est parce qu'à un moment, mes parents ont commencé à culpabiliser sur ce point, et c'est en ces termes que j'ai cherché alors à les rassurer. Mais ils ont eu raison de se poser de telles questions... ;-) Les autres souffrent d'autres choses. Mais pourquoi moi je souffre de ça ? Ben parce que toi tu es là, et eux là-bas. On ne peut rien dire de plus. Après c'est bien sûr la question : si vous parents vous aviez changé moi je n'aurai pas souffert de ça. Le problème c'est qu'on ne connaît que sa souffrance à soi. Il y a une nouvelle de Lord Dunsany que j'aime beaucoup : Le Bureau Universel d'Echanges de Maux : vous payiez vingt francs, que le vieil homme entreprit de me réclamer, pour entrer au bureau et avoir le droit alors d'échanger avec quiconque qui se trouvait là quelque mal ou infortune que ce fût, contre le mal ou l'infortune que l'autre pût se permettre. Inutile de préciser la morale de l'histoire. Je pense qu'on imagine qu'une souffrance issue d'un choix est "pire" qu'une souffrance issue de la simple inconscience. Vu qu'on peut désigner un responsable. Mais un "je ne sais pas" vaut-il mieux qu'un "peut-être" ? Mais comment expliquer cela ? J'ai eu beaucoup de mal à faire passer le message à ma soeur par exemple. J'ai un temps été moins certain de ma position. C'est après que j'ai compris qu'il valait mieux exposer souvent cette idée, enfin, cette façon de voir, dès qu'un problème se posait (sans faire un cours), plutôt que de tenter de sortir la grande artillerie théorique lors que ça allait très mal. Comment expliquer une certaine absence de raison, une absence de fondement ? ->"dans les milieux "marginaux",[...] En revanche, [...] les bonnes volontés sont beaucoup moins nombreuses..." Je vois parfaitement ce que tu veux dire. Et encore, si on ne te traîte pas "d'angoissée", de "mère castratrice" etc. etc. Enfin toutes ces chouettes inventions qui permettent de fuir ses responsabilités avec la meilleure conscience du monde car oeuvrant pour une société meilleure et a fortiori, le bien être de son enfant... ;-) -> "La dévalorisation peut être beaucoup plus subtile et dans des contextes où on la soupçonnerait beaucoup moins. " Difficile de répondre : on peut on moins faire une étude de cas ? (un exemple, please) Répondre à ce commentaire
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à 18:19