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L'En Dehors


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Alò Salò alalà
Lu sur Bellaciao : "Au début de l’année, en guise de voeux à l’Italie, une loi est arrivée au Sénat, voulue par la droite et signée par le sénateur d’Alleanza nazionale Riccardo Pedrizzi, qui assimile partisans et repubblichini (adhérents ou soldats de la République Sociale Italienne, à Saló, créée par les fascistes en 1943, ndt), en les considérant comme des "soldats belligérants". La proposition, pour le moment, est rejetée, mais cette réaction positive ne change pas la gravité du dessein. Bien entendu, on aurait inclus aussi dans cette assimilation les survivants des sinistres bandes Koch et Carità, et autres petites bandes d’assassins et de tortionnaires qui donnaient un coup de main aux nazis dans leurs carnages au dessous de la ligne gotica. De la gauche blessée, particulièrement chez de nombreux représentants des Ds, se sont élevés les cris de l’indignation.

L’Italie est un pays dépourvu de cohérence politique, étant donné que cette loi n’est rien autre que la conclusion logique d’un parcours inauguré justement, il y a quelques années, par un représentant Ds, l’onorevole Luciano Violante. C’est à lui qu’on doit, dans une rencontre avec l’onorevole Fini, l’origine du gentil syntagme "garçons de Salò" pour qualifier les militants de la République fasciste. En abaissant un peu l’âge, les responsabilités diminuent, et peu importe si de nombreux adhérents de Salò, surtout les meneurs, étaient des vieux fascistes rassis comme le maréchal Graziani.

De plus, le mot « garçon » est porteur de tendresse et d’affection : on le dit des footballeurs de l’équipe nationale, des soldats italiens en Irak, dans la suite de Bush. Avec ce vocabulaire qui nous rappelle toujours notre maman et qui a quelque chose de joyeux (parce que les garçons ça s’amuse, même « I ragazzi della via Paal » se faisaient la guerre entre eux, mais c’était une guerre pour jouer) l’Italie a beaucoup joué au siècle dernier. Rappelez-vous, « nos garçons » sont allés en Libye, en Abyssinie, en Albanie, ils ont essayé de casser les reins à la Grèce sur la plage, et autres missions de ce type. Peut-être, en Abyssinie et en Libye, ont-ils lancé aussi quelques gaz asphyxiants, bombardé Tripoli, utilisé des lance-flammes dans des villages de cabanes de paille, mais ça faisait partie du jeu. Et puis, c’étaient des garçons. En somme, pour son irréfrénable esprit juvénile que le monde entier nous envie, l’Italie n’a d’excuses à présenter à personne, et, de fait, elle ne l’a jamais fait. Et donc elle n’a aucune excuse non plus à présenter à cette partie de l’Italie que les hommes de Salò souillèrent avec des massacres obscènes, aux côtés des envahisseurs nazis. Parce que, là aussi, les tortures, les ratissages, les massacres, les complicités avec les Ss partaient d’un idéal profond que les « garçons » nourrissaient, et un idéal, comme on le sait, est toujours un idéal.

Pour bien comprendre l’idéal des gens de Salò il faut penser qu’ils firent ces choix « en croyant servir de la même manière l’honneur de leur patrie ». Ce rééquilibrage de l’idéal de Salò vient d’une grande déclaration du Président de la République Carlo Azeglio Ciampi qui, le 14 octobre 2001, lors d’une cérémonie sur la résistance, dans un village près de Bologne, prononça solennellement les paroles suivantes, que le protocole du Quirinal me fit alors parvenir par fax : « Nous avons toujours à l’esprit, dans notre ouvrage quotidien, l’importance de la valeur de l’unité de l’Italie. Cette unité que nous ressentons comme essentielle pour nous, cette unité qui, nous devons bien le dire, aujourd’hui, à un demi siècle de distance, était le sentiment qui anima de nombreux jeunes qui firent alors des choix différents et qui le firent en croyant servir pareillement l’honneur de leur patrie ».

A cette occasion je publiai sur Le Monde un article où je dis que Ciampi avait « prononcé des paroles impropres pour une république née de l’antifascisme ». Le Corriere della Sera, où j’écrivais à l’époque, refusa de le traduire. La Stampa, qui a un accord avec Le Monde, aussi. Je m’adressai à L’Unità. Furio Colombo me le publia (« L’Italia alla deriva », le 21 octobre 2001). Le lendemain l’onorevole Pierro Fassino intervenait avec un article indigné à mon égard. Comment avais-je pu oser contredire la grande idée de Carlo Azeglio Ciampi ? Notre pays n’aurait-il pas besoin peut-être d’unité et non de ces déchirements qui avaient fait tant de mal dans le passé ? Et puis, reprenait Fassino, celui des gens de Salò était aussi un idéal, fut-il erroné. Voilà : il s’agissait de garçons qui s’étaient « trompés ». En toute bonne foi.

Ah, la bonne foi ! Mais le monde est plein de bonne foi, il l’a toujours été.

Quand l’Inquisition envoyait les « hérétiques » au bûcher, elle le faisait de bonne foi et pour la bonne foi, la vraie. Quant aux « garçons » des Ss qui faisaient des carnages dans notre pays, quant aux adeptes des fours crématoires, dont beaucoup furent volontaires, ne le faisaient-ils pas de bonne foi ? N’était-ce pas, dans le fond, un idéal, chez eux ? Il est vrai, cet idéal prévoyait de nettoyer de la surface de la terre les races considérées comme inférieures, surtout les juifs, et voulait la domination absolue de la race aryenne (dont nous savons d’ailleurs que le phénotype n’existe pas). Mais on ne peut pas nier que c’était un idéal.

Moi je crois que dans une Europe unie comme la notre, le gouvernement italien devrait unir ses efforts à ceux des assimilateurs analogues des autres pays afin que leurs « soldats belligérants » jouissent du même statut que ceux qui combattirent pour l’autre idéal. Le ministre des affaires étrangères Fini devrait avoir la force de demander à ses homologues allemand et français, au Parlement Européen, de reconnaître que les militants des SS, les membres de la Gestapo et les miliciens de Vichy ont lutté pour un idéal. Faire cette réhabilitation, tous seuls, semblerait d’un autisme insensé dans une Europe des droits. Pour continuer toujours dans cette logique, les mêmes personnes devraient reconnaître que les pilotes d’Al Qaeda qui se sont plantés dans les tours jumelles étaient aussi des « garçons » qui avaient leur idéal, même erroné. De même que, toujours par idéal, fut-il erroné, certains « garçons » palestiniens montent dans des bus avec une ceinture de dynamite sous leur veste. La logique impose que si on part de A on doit aller jusqu’à la lettre Z. De ce fait, si on reconnaît un idéal, qu’on ait le courage d’aller jusqu’au bout. De cette manière, les assimilateurs arriveront probablement à établir cette harmonie et cette paix dont l’absence déchire dramatiquement le monde aujourd’hui.

Donc, tout à fait contradictoires apparaîtront aujourd’hui les lamentations de cette gauche qui, après avoir reconnu l’égalité des idéaux, voudrait s’arrêter là, en refusant de façon incongrue d’accepter les conséquences pratiques d’un tel principe. Si cependant ces assimilateurs avaient quelques doutes à en venir au fait, qu’ils lisent alors Primo Levi, Walter Benjamin, Ana Harendt, Habermas et d’autres historiens et philosophes de l’histoire. C’est-à-dire que, secrétaires ou présidents, onorevoli ou onorevolissimi, sous-secrétaires ou porte-parole, ils se fassent une culture, même minime, même élémentaire. Parce qu’on a l’impression que leur formation s’est plutôt faite à partir des textes d’Oriana Fallacci et de Giampaolo Pansa. Il est tard, on le sait, et l’université se trouve dans les conditions qu’on connaît. Mais il existe encore d’excellentes écoles du soir, écoles pour les personne âgées qui veulent apprendre ce que signifie une affirmation qui touche l’histoire d’une nation et ses blessures les plus profondes.

(antonio tabucchi)

Le titre, évoquant une ritournelle de chant fasciste, est difficilement traduisible même si la prosodie pour des lecteurs français, est peu agréable à l’oreille. La bande Koch, du nom de son chef, fasciste et collaborateur de la Gestapo, a torturé sauvagement et assassiné de nombreux partisans, au moment de la République de Salò. C’est eux qui avaient arrêté, torturé et condamné à mort Luigi Pintor, co-fondateur de il manifesto. La linea gotica était la frontière, vers Monte Cassin, en 1943, entre la partie libérée de l’Italie et celle qui était occupée par les nazis et république de Salò. Giampaolo Pansa, journaliste et essayiste, vient de publier un livre « Il sangue dei vinti » (Le sang des vaincus), « mettant en lumière la face cachée de la résistance italienne », voir http://www.repid.com/article.php3?i... . Voir aussi un autre article, plus ancien, de Leonardo Sciascia, critique des positions de Pansa à propos des méthodes de la lutte anti-mafia, http://web.radicalparty.org/pressre...

Edition de samedi 14 janvier 2005 de il manifesto http://www.ilmanifesto.it/Quotidian...

ANTONIO TABUCCHI, traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
Ecrit par libertad, à 18:37 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires :

  anonyme
01-02-06
à 09:19

A la fin de sa vie Mitterand a assimilé l'uniforme allemand avec les autres...A Berlin Helmut Kohl faisait un monument dédié aux victimes de la guerre, sans distinctions, les soldats allemands compris...

Pasolini est mort après avoir tourné "Salo ou les 120 jours de Gomorre"

Et la chanson de Brassens "les deux oncles" m'a toujours paru suspecte....

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  Anonyme
01-02-06
à 09:43

Re:

Les 120 journées de Pasolini n'étaient pas vraiment une ode à Salo. L'as tu vu ?   

Pour Mitterrand et Kohl, il faut y aller mollo car le cas de la France et l'Allemagne (leur passé et leur présent) est un exemple pour le moment unique au monde. A tel point qu'il est justement qu'il est sans cesse cité en exemple par ceux qui dans tel ou tel pays (hors d'Europe surtout) tentent de se battre contre les haines inter-nationales.

C'est facile de ricanner sur le couple franco-allemand, mais à condition de le faire en se souvenant du passé et surtout en ayant une vision lucide du monde présent (constitué de pas mal de pays régulièrement tentés de foutre sur la gueule du voisin - ce qui n'est pas/plus le cas de la France et de l'Allemagne entre eux).  Tu veux une liste des voisins qui se detestent ?  Attention elle sera longue.

En ce qui concerne les monuments aux morts (allemands , japonais, ou.. français)  De deux choses l'une : soit on accepte de vivre dans un monde qui glorifie les boucheries et manieurs de mitrailettes, et dans ce cas chaque pays à le droit d'honorer ceux qui sont "tombés pour la patrie",  et pas seulement les pays "vainqueurs". Soit on refuse ces conneries et on les combat toutes.

Pour l'Italie, c'est un peu différent, il se trouve simplement que comme le gouvernement est à moitié fasciste , il tente (il le fait d'ailleurs de façon "officielle") de rehabiliter Musso. C'est de "bonne guerre". Ca ne marchera pas, et je dirais meme au contraire, car ce faisant il permet à tous les italiens de se remémorer quelques pages peu joyeuses de leur histoire  et de trouver un nouvel élan pour condamner le duce et ses acolytes. L'effet sera inverse à celui recherché.

 
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  Anonyme
01-02-06
à 09:50

Re: Re:

Et j'oubliais Brassens.  Oui les deux oncles est une chanson un peu particulière (quel courage d'écrire un truc comme ça si peu de temps après la guerre !), mais en réalité ce n'est rien de plus que la version chantée d'une des conception anarchistes du pacifisme. (avec laquelle on peut ne pas etre tout à fait d'accord, car on peut estimer qu'il y a parfois des raisons de mourrir pour des idées (37 ?) mais le débat n'est pas clos, et surement pas chez les anarchistes)

Antonin  (meme auteur que précédent)
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  de passage
01-02-06
à 10:20

Re: Re: Re:

oui, mais de mort lente...
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  anonyme
01-02-06
à 13:02

Re: Re: Re: Re:

Oui .... je n'ai jamais dit que "Salo.." de Pasolini était une ode au fascisme. Je l'ai vu. Curieux de me prêter de tels propos. Il me semblait clair que je déplorais la mort du cinéaste... Surtout après avoir bien entendu que j'étais révolté par l'attitude commune franco-allemande vis à vis de la mémoire de la guerre.... J'essaye d'être cohérent si c'est possible....La cohérence c'est de dire qu'entre les fascistes qui ont tué Pasolini (c'est pratiquement avéré désormais) et ceux qui prétendent combattre le nazisme en niant qu'il ait existé (le couple franco-allemand avec les deux exemples cités), il n'y a guère de places pour la vérité... Même dans les milieux anars on côtoie des gens qui n'ont pas ce souci de vérité. La phrase de Pasolini après l'article de Battisti me donne à croire qu'ici aussi on entre dans une ère où la vérité ne fait pas bon ménage avec la politique...

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  Anonyme
01-02-06
à 15:13

Re: Re: Re:

Euh je crois que le "grand timmonier" a vaguement écrit qu'un révolutionnaire mort est un imbécile ....

faut pas revendiquer de "mourir pour des idées" .....

juste de lutter avec suffisament d'intelligence ....

pas de gout pour le martyr version catho moi .....

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  Anonyme
01-02-06
à 17:32

Re: Re: Re: Re:

Je t'avais mal compris sur Pasolini.  Sur le reste, tandem franco -allemand notamment, je ne vois pas ou tu veux en venir. Déni du nazisme ? Quel déni ? On écrase les allemands depuis 60 ans sous le poids de la honte, et en France on ne fait que parler du danger fasciste (Le Pen etc.). Tu apelle ça du déni ?

Je peux te certifier qu'il existe peu, bien peu, de peuples dans le monde qui sont aussi conscients que les français (ou les allemands) qu'il peut exister un danger fasciste.

Mais peut-etre je ne comprends pas ou tu veux en venir.Si tu as le temps de developper un peu, ça m'aiderait.  

Antonin
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  anonyme
01-02-06
à 20:14

Re: Re: Re: Re: Re:

Ne trouves-tu pas que la mémoire perd de sa consistance si l'on met sur le même plan toutes les victimes de la deuxième guerre mondiale? Ne trouves-tu pas que malgré la diabolisation de Le Pen, il a atteint le second tour et son programme de stigmatisation des étrangers a été repris par l'actuel gouvernement, succédant en cela aux chevenementistes?

Ne trouves-tu pas que ne tombe pas par hasard ces camps d'internements d'étrangers montés par les pays européens en afrique du nord?

"Celui qui ne se souvient pas du passé est condamné à la revivre" c'est d'un auteur albanais. Justement les pouvoirs politiques, médiatiques se sont fait un devoir, dans leur ensemble, de ne parler du passé que d'une manière qui convienne aux Grands projets du siècle.....

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  Zampano
02-02-06
à 12:33

odeurs

Bienheureuse Italie, où ces choses font encore scandale, tandis qu'en France un ancien Premier ministre (Raymond Barre) peut encore, sans susciter de scandale majeur, définir le nommé Gollnisch comme "quelqu'un de bien", sic, et comme "un homme sympathique", resic.
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