Quinzaine presque ordinaire en Italie. Berlusconi devait avoir un oeil braqué sur ses rues et l'autre sur celles des banlieues françaises. Il faut dire que la contestation en Italie a eu assez rapidement une lecture des faits et gestes de nos banlieues sensiblement différente de celles que l'on a pu voir , en particulier dans les premiers temps, en France.
Pendant que la
France se perdait en analyses de toutes sortes sur fond de morosité chronique,
l'Italie, comme beaucoup de pays du monde ainsi qu'un survol des médias
alternatif planétaires peut le confirmer, s'est souvenue que la France était aussi autre chose. Rendant hommage
aux appels du pied réguliers qui jalonnent l'histoire de France de 1789 à 1968,
cette partie conséquente de la gauche italienne qui a repris depuis quelques
années une solide habitude d'arpenter les rues de ses villes en toute occasion
a rapidement décrété , avec toutes sortes de nuances, que des banlieues
françaises était parti un appel s'inscrivant plus ou moins dans cette tradition dont tant de
français sont , en définitive, si fiers.
Il faut dire que l'Italie connait aussi de sérieux
problèmes dans ses banlieues à elle, et que par ailleurs la classe politique
locale sait que si la contagion avait gagné l'Italie, il y avait quelques risques
que la contestation italienne n'abandonne pas à la répression ses banlieues.
Maintenant que le calme est revenu en France, Chirac peut souffler, et
Berlusconi peut-être encore plus.
Le 16 novembre,
un solide cortège de 4000 personnes défilait à Paris contre la répression, le
lendemain 300 000 étudiants et lycéens italiens profitaient de la journée
mondiale des étudiants pour témoigner une fois de plus de leur affection à
l'égard du gouvernement Berlusconi en général et de ses projets de reforme de
l'éducation en particulier.
On ne manquera
pas de remarquer à nouveau que la politique berlusconienne de la matraque,
officiellement entrée en vigueur et exhibée à la face du monde lors des
journées de Gênes contre le G8, n'a pas eu les effets escomptés puisque l'arpentage
de masse du pavé est devenu une activité très régulière de la jeunesse
italienne, celle-là même dont on disait à la veille du G8 de Gênes qu'elle
avait définitivement perdu tout intérêt pour la politique. Comme quoi avant de
taper à bras raccourcis sur le peuple, il faut toujours y réfléchir à deux
fois.
Manifestation
étudiante à Milan:
http://italy.indymedia.org/news/2005/11/925061_comment.php#925109
Quelques autres
photos de cette journée étudiante en Italie :
http://www.repubblica.it/2005/j/gallerie/scuola/manif17nov/manif17nov.html
http://www.repubblica.it/2005/j/gallerie/scuola/manif17nov2/manif17nov2.html
Photo trouvée sur
Indymedia Paris reflétant assez bien, malgré la faute d'orthographe,
l'interprétation d'une partie de la jeunesse contestataire italienne des
évènements survenus dans les banlieues françaises:
Berlusconi va
mal. Les sondages de cette semaine le donnent encore une fois largement
perdant, phénomène d'autant plus remarquable qu'il a en face de lui une gauche
italienne presque aussi décomposée que la gauche française et tout autant
incapable que cette dernière de formuler le moindre projet hors des sentiers
battus du libéralisme triomphant.
Berlusconi va
d'autant plus mal que, contrairement à la France, le danger fasciste n'est plus
d'aucune utilité politique en Italie puisque les fascistes sont déjà au
gouvernement, qu'ils sont en passe de s'en faire éjecter, et que même "dans
la rue" ou ils essaient désespérément de s'imposer depuis quelques années
ils sont totalement dominés par leurs
adversaires de gauche. Peut-être que certains français, aussi dévoués
soient-ils à la lecture pessimiste de toute chose, pourraient se poser la
question de savoir si l'ère du danger d'extrême droite,ou danger fasciste, probablement inaugurée en Europe par
l'explosion électorale de Le Pen il y a 20 ans, n'est pas en train, en réalité,
et malgré les démentis constants des oracles français de l'apocalypse perpétuel,de
se refermer progressivement, et s'il n'y aurait pas lieu de penser un peu plus à la misère et aux inégalités, et aux
façons de les combattre.
Les derniers
sondages électoraux italiens:
http://www.repubblica.it/speciale/2006/elezioni_sondaggi/index.html
A propos de religion,
toujours dans La Republica un responsable de la CGIL (CGT Italienne en gros)
fait remarquer que la réforme Berlusconienne de l'enseignement tente
d'introduire de façon subtile la religion (catholique), parmi les matières obligatoires.
à 22:39