Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
Soutenez le Secours populaire
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





Crée le 18 mai 2002

Pour nous contacter : endehors(a)no-log.org



D'où venons-nous ?


Nos références
( archives par thèmes )


Vous pouvez nous soutenir en commandant nos brochures :

Les éditions de L'En Dehors



Index des rubriques

Les collaborateurs et collaboratrices de l'En Dehors

Liens

A noter

Recherche

Archive : tous les articles

Session
Nom d'utilisateur
Mot de passe

Mot de passe oublié ?

Déchets nucléaires : ni à Bure ni ailleurs
LE 24 SEPTEMBRE sera l'occasion pour les opposants du stockage des déchets radioactifs de réaffirmer leur refus, en manifestant à Bar-le-Duc. Mais quelles sont les raisons de cette opposition? Sur quoi se fonde-t-elle?


Toute activité industrielle génère des déchets gazeux, liquides ou solides. jusqu'en 1969, l'industrie nucléaire française se débarrassait des siens en les larguant à la mer; c'était le « principe de la dilution dans l'environnement ». Aujourd'hui, les activités liées au nucléaire en-France génèrent 20000 mètres cube de déchets, chaque année, qui nécessitent du stockage. II s'agit de déchetsr provenant du secteur médical, industriel et nucléaire civil ou militaire.
Pour classer ces déchets; des catégories ont été créées. Il y a d'abord les déchets à très faible activité, qui étaient traités par les exploitants des centrales qui les stockaient sur place, et qui, parfois, les éliminaient sans précautions. Il y a ainsi eu des exemples où des métaux radioactifs étaient refondus et remis en circulation. De même, impossible de savoir combien de gaz sont ou ont été relâchés dans l'atmosphère.(1) On dirait aujourd'hui que la traçabilité, donc le contrôle, n'existait pas. Mais surtout que les autorités n'étaient pas regardantes. ,
Les déchets de classe A, de faible activité, représentent 90 % des déchets atomiques. Ces déchets ont une radioactivité qui est considérée comme négligeable au bout de 300 ans (!). Il s'agit par exemple de gants, combinaisons, outils, etc. ayant •été manipulés par les travailleurs de la filière.
Enfin, il y a dix pour cent de déchets qui sont les plus dangereux: les lasses B et C, à haute activité ou à vie longue. Certains d'entre eux deviendront inoffensifs dans quelques milliers d'années. Le plutonium, par exemple, issu du cours des réacteurs des centrales.
Que deviennent les déchets ?
Les éléments irradiés perdent leur radioactivité avec le temps, cela peut aller de quelques secondes à des milliers d'années (plutonium). Les déchets liquides ou gazeux sont réduits (filtrage, évaporation, etc.) et une portion est donc rejetée dans la nature.
Les déchets de classe A sont confinés dans des blocs de béton et mis en fûts, en attendant que leur radioactivité décroisse. On compacte dans un fût quinze pour cents de matériaux dangereux, le reste est de l'enrobage. Il en est stocké quelques 527 214 mètres cube sur le seul site saturé de` La Hague, dans la Manche.
Les déchets de classe B et C sont d'abord refroidis dans des piscines d'eau, puisque impossibles à manipuler en raison de leur chaleur. Puis ils sont eux aussi stockés en attendant que leur nocivité baisse. Une petite partie du plutonium est réutilisé pour produire un nouveau combustible, le Mox. Ce combustible que les autorités vantent comme un moyen de « recycler » du plutonium, génère à son tour une matière hautement dangereuse et toxique, qui ne règle évidemment pas le problème du plutonium stocké par tonnes à travers le monde. Il ne s'agit donc pas d'un recyclage.
Ce trop rapide exposé ne serait pas complet si on ne soulignait pas que les militaires génèrent aussi d'autres déchets. Ces déchets proviennent du renouvellement de certains composants des bombes (tritium), du démantèlement d'une partie de l'arsenal ou de manipulations diverses nécessaires à la fabrication d'armes ou de sous-marine atomiques.

Quels dangers?

Le stockage de ces déchets se réalise dans divers lieux en France, sites de production ou sites de stockage, selon leur classification: La Hague dans la Manche, Cadarache dans les Bouches-du-Rhône, Marcoule dans le Gard, Soulaine-Dhuys dans l'Aube, etc. Les déchets civils sont sous gestion de fANDRA (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs). Les déchets militaires sont gérés par le CEA (Commissariat à l'énergie atomique). Les opérations de démantèlement des centrales en arrêt vont augmenter le volume des matières dangereuses de façon spectaculaire: il suffit de penser aux milliers de tonnes de métaux et de béton qui ont servir à construire les centrales, par exemple.
L'afflux croissant, la durée du stockage et la saturation des sites d'accueil obligent l'ANDRA à trouver un nouveau site. Le lieu pressenti est Bure, à la limite de la Meuse et de la Haute-Marne. Une décision parlementaire aura lieu en 2006.
Les déchets sont la conséquence d'une industrie dont le caractère polluant est inédit dans l'histoire, par la longévité de leur nocivité autant que par son incidence sur le vivant. Leur entreposage pose des problèmes: leur transport, par route et par train (ou par mer pour les déchets américains, par exemple), ne nous met pas à l'abri d'un accident possible, par définition imprévisible. Ces transports se faisant sans que les populations et les élus des communes traversées ne soient avertis, comment prévenir les conséquences d'un accident grave qui toucherait la population?
Le caractère sanitaire doit aussi être pris en compte: comment croire qu'il n'y a pas de disséminations radioactives lors des centaines de manipulations quotidiennes? Est-on sûr qu'elle sont sans incidences sur l'environnement?
Comment envisager sereinement que des déchets radioactifs resteront sous surveillance constante, sans défaillances humaines ou institutionnelles, durant plusieurs générations? Peut-on sérieusement être certain que des changements climatiques ou des catastrophes naturelles à venir n'auront pas d'impact sur les sites, aujourd'hui réputés stables, accueillant ce poison?
Enfin, dès le début de son exploitation, cette filière généra des déchets dont on nous assura que, plus tard, on trouverait un procédé pour les neutraliser. Aujourd'hui, pas plus qu'hier, les apprentis alchimistes n'ont de solutions alors qu'ils continuent à produire.
Toutes ces questions sont sérieuses. Les partisans du nucléaire qualifient d'alarmistes leurs opposants. Les raisons d'être inquiets sont pourtant fondées. Cette activité a déjà fait la preuve de son opacité, a un caractère « secret défense », et reste sous contrôle de l'État, des militaires, de la puissante Areva (2), et appuyée par toute une cohorte d'affairistes et de scientifiques apprentis sorciers. Le mensonge a été avéré à plusieurs reprises, même lorsqu'il y avait homicide ou mise en danger d'autrui. (3)
Les « erreurs » passées de gestion des déchets sont maintenant connues, des aberrations dues notamment à des connaissances incomplètes ou des croyances scientistes ont eu lieu. Comment ne pas comprendre les inquiétudes des habitant de la région de Bure?

Que faire des déchets ?

La question de l'enfouissement est technique. Les antinucléaires considèrent généralement qu'enfouir les déchets est une erreur technologique. Le stockage en surface serait plus sûr. Disons qu'au-delà de cette question, le problème reste entier. Pourquoi produit-on ces déchets? Pour servir quelles fins et quels intérêts? La filière nucléaire et ses déchets nocifs à très long terme. est-elle humainement et écologiquement acceptable? La meilleure façon de ne pas fabriquer de déchets est de remettre en cause la filière qui les génère, tant dans le civil que dans le militaire. L'intervention inefficace de Dominique Voynet au ministère de l'Environnement du gouvernement Jospin a bien montré que la revendication institutionnelle et politicienne consistant à voter pour les Verts afin de contrôler le devenir du nucléaire est vain. C'est un rapport de force sur le terrain et dans l'opinion qu'il faut construire.
Du point de vue tactique, il est certain que le stockage des déchets sur les sites de production est la bonne réponse immédiate. Cela évite les transports, la dissémination, l'éparpillement. Et surtout, cela saturerait assez vite les sites de production, ce qui poserait le bonnes questions aux exploitants des cen traies. Il est donc cohérent de soutenir le luttes et les initiatives des opposants de Bure e d'ailleurs. A terme, il faut remettre en cause 1. société nucléaire pour ne plus avoir de déchet à stocker.

S'opposer pourquoi?

Il est certain que le rejet en France de la toute puissance nucléaire n'est pas à la hauteur de enjeux posés. Sans négliger les outils existant et les réseaux actifs, le clivage entre le mouve ment antinucléaire et l'essentiel des organisa rions syndicales, ou l'opposition franche enta antinucléaires et salariés d'EDF, sans parler de incompréhensions entre opposants à des projets spéculatifs de champs d'éoliennes et les anti-nucléaires qui y sont favorables, son autant d'obstacles au renforcement et à l'élargissement des mobilisations.
Les anarchistes ont déserté cette lutte, laissant le mouvement prendre une orientation réformiste, presque corporatiste parfois et surtout sans succès sérieux contre l'adversité. Comment le lui reprocher si nous ne sommes pas capables de nous réinvestir? La première urgence est donc de construire un mouvement antinucléaire aux mots d'ordre autogestionnaires et anticapitalistes. La convergence des libertaires contre le nucléaire civil et militaire, constituée à l'occasion des manifestations nationales de 2003 et janvier 2004 à Paris, avaient été des réussites.
Il faut travailler à faciliter des convergences entre antinucléaires, travailleurs l'énergie, et usagers, et accepter parfois de s'associer avec d'autres composantes non libertaires. Mais nous devrons être capables de formuler des perspectives crédibles s'appuyant sur une critique sociale de la croissance capitaliste (dévoreuse d'énergies) et sur un projet libertaire intégrant aussi les questions énergétiques et écologiques.

Daniel

1. Il y en a eu: cf. le livre de Bruno Barrit Complexe nucléaire, éd. CRDPC, 2005; p. 65. Aujourd'hui existe des doses de rejets gazeux ou liquides pratiquées par les exploitants des installations.
2. Areva est une puissante société fiançaise : chiffre d'affaire de 9,4 milliards d'euros en qui tentera bientôt la cotation en Bourse. Son activité, c'est le nucléaire, et elle est très bien implantée aux États-Unis, par exemple.
3. Les exemples avérés des essais nucléaires d'Algérie et de Moruroa, par exemple.

Sur la mobilisation du 24 septembre de Bar le Duc (Meuse), consulter le site des opposants au projet: http://www.burestop.org ou téléphoner au 03.25.04.91.41

Le Monde libertaire #1406 du 8 au 14 septembre 2005
Ecrit par libertad, à 19:50 dans la rubrique "Ecologie".



Modèle de mise en page par Milouse - Version  XML   atom