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L’Homme comme unité : chapitre II

Quant à lui-même, il est permis de dire que l’individu est le monde puisque celui-ci cesse d’exister pour lui au moment de sa mort. Il ne devrait pas être soumis à ce qui, pour lui, n’existe que par lui.

L’individu est sa propre fin, sa patrie, le temps est la durée de son existence, l’histoire son histoire.

Il devrait avoir le droit de vivre librement, s’il respecte toutes les libertés des autres. Mais il n’en va pas ainsi. Sous le prétexte d’ordonner la vie commune, des lois ont été établies qui restreignent la liberté individuelle, sans justification comme sans motif avouable.

Depuis qu’il y a une société, la dépendance de l’individu est telle qu’il abandonne toujours plus qu’il ne reçoit.

Au cours des âges la société a perfectionné sa mainmise, tendant vers une sorte de gigantesque caserne où l’individu ne sera plus que le jouet ou plutôt, selon la formule appliquée aux esclaves romains « l’instrumentum vocale », l’outil qui parle, de chefs infaillibles.

L’oppression de l’individu par la société est chaque jour plus grande, plus dure, plus totale. Le monde s’appesantit sans cesse d’obligations et d’interdictions nouvelles. Un des plus typiques exemples d’oppression est l’interdiction de la liberté de la conception. Ici la raison d’état – main-d’œuvre et soldats abondants – s’allie au fanatisme religieux « Croissez et multipliez, dieu reconnaîtra les siens ».

Les notions de liberté et d’intérêt individuels disparaissent devant celles de pouvoir illimité de la communauté et d’intérêt dit général, cette dernière expression recouvrant une somme de puissants et sordides intérêts particuliers.

De plus en plus les grands problèmes qui conditionnent la vie de l’individu sont traités en fonction de la communauté à laquelle il appartient, même si l’intérêt de cette communauté – en fait celui de ses chefs – s’oppose à ceux de la majorité des individus qui la composent.

Les maîtres sont gens habiles. Ils laissent, chaque fois qu’ils le peuvent sans nuire à leur autorité, l’illusion de l’indépendance à ceux qu’ils dominent. Ils ont recours à des notions, des formules et des mots qui flattent la paresse naturelle autant que la vanité, pervertissent le sens critique et aident les hommes à supporter la servitude : nation, patrie, intérêt général, solidarité entre générations, droit de vote, pérennité… l’énumération complète serait longue.

Une nation est un ensemble d’hommes et de femmes vivant sur un territoire constitué au hasard des conquêtes et des défaites, régis par l’état qui n’est, quelle que soit sa forme, que le directoire des appareils de coercition.

La patrie est une sorte de projection sentimentale du pays natal. L’amour de la patrie, la douceur d’y vivre célébrés à l’envi par les officiels ne mentionnent jamais les difficultés que l’on rencontre pour subsister décemment dans un autre pays : langue différente, protection des autochtones à qui les possibilités de travail sont réservées.

Les pérégrinations des oisifs fortunés montrent qu’il est facile de changer de patrie lorsqu’on peut vivre aussi bien ailleurs. Par contre, les émigrants venus de contrées pauvres cherchent à demeurer dans le pays riche où ils ont trouvé un sort meilleur et très souvent ils essaient de s’en faire conférer la nationalité.

Quant au fait d’être gouverné par l’un plutôt que par l’autre, il est impossible d’en formuler l’indifférence plus simplement que l’a fait La Fontaine : « Notre ennemi c’est notre maître ». Mieux vaudrait un régime extérieur s’imposant dans le pays natal et respectant les libertés individuelles qu’un gouvernement national les supprimant.

Intérêt général, solidarité entre générations ? Pièges anciens mais trop souvent efficaces. Combien de volontaires écoutant des exhortations intéressées se sont fait tuer entre 1914 et 1918 pour que leurs enfants ne connaissent plus la guerre ? A quoi ont servi les sacrifices imposés à chaque génération sous le prétexte d’assurer le bien-être des suivantes ?

Une des plus subtiles déviations de la notion de la liberté est le prétendu partage du pouvoir que constitue le droit de vote. Certes chacun est libre de présenter sa candidature lors d’une élection, mais l’indépendant n’a aucune chance d’être élu, à moins que de disposer d’une importante fortune personnelle. Ne peut espérer le succès que celui qui s’est agrégé à un parti. Quant au référendum, dans sa sécheresse, c’est le type achevé de l’imposture du vote. Ici la faible nuance du choix entre plusieurs mandataires disparaît car on ne demande que de répondre par oui ou non à une question choisie par les gouvernants et qui, apparemment, ne concerne peut-être pas l’intention réelle : l’approbation à un homme, à la faveur de la consultation. Dans les pays où le vote est obligatoire, la seule réponse à un référendum est le non au chef.

De toute façon, dans les circonstances importantes, pour décider d’une guerre par exemple, les individus ne sont pas consultés. Au contraire alors les dirigeants n’agissent que selon leur bon plaisir, abrités derrière le commode paravent de l’intérêt dit général.

Les gouvernants ont volontiers recours à un argument qui n’est, lui aussi qu’un sophisme : la pérennité. La France éternelle, l’Allemagne éternelle, l’impérissable souvenir d’un régime, d’une victoire ou d’un homme.

En supposant que la terre ne se refroidisse pas ou ne soit pas calcinée par l’explosion du soleil, en admettant – si une de ces éventualités se réalisait – que les hommes aient pu se réfugier avant sa destruction sur une autre planète ou dans une autre galaxie, que restera-t-il de tous ces pays éternels et de ces hommes « immortels » non pas dans l’inconcevable éternité mais dans mille milliards de millénaires ?

Gustave Arthur Dassonville – L'Homme comme unité : Chapitre deuxième – Le Brûlot n°100
Chapitre premier

Ecrit par Mirobir, à 03:27 dans la rubrique "Pour comprendre".



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